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[7,175] οἱ δὲ Ἕλληνες ἐπείτε ἀπίκατο ἐς τὸν Ἰσθμόν, ἐβουλεύοντο πρὸς τὰ λεχθέντα ἐξ Ἀλεξάνδρου τῇ
τε στήσονται τὸν πόλεμον καὶ ἐν οἵοισι χώροισι. ἡ νικῶσα δὲ γνώμη ἐγίνετο τὴν ἐν Θερμοπύλῃσι
ἐσβολὴν φυλάξαι· στεινοτέρη γὰρ ἐφαίνετο ἐοῦσα τῆς ἐς Θεσσαλίην καὶ ἅμα ἀγχοτέρη τῆς ἑωυτῶν· (2)
τὴν δὲ ἀτραπόν, δι᾽ ἣλωσαν οἱ ἁλόντες Ἑλλήνων ἐν Θερμοπύλῃσι, οὐδὲ ᾔδεσαν ἐοῦσαν πρότερον ἤ περ
ἀπικόμενοι ἐς Θερμοπύλας ἐπύθοντο Τρηχινίων. ταύτην ὦν ἐβουλεύσαντο φυλάσσοντες τὴν ἐσβολὴν
μὴ παριέναι ἐς τὴν Ἑλλάδα τὸν βάρβαρον, τὸν δὲ ναυτικὸν στρατὸν πλέειν γῆς τῆς Ἱστιαιώτιδος ἐπὶ
Ἀρτεμίσιον. ταῦτα γὰρ ἀγχοῦ τε ἀλλήλων ἐστὶ ὥστε πυνθάνεσθαι τὰ κατὰ ἑκατέρους ἐόντα, οἵ τε
χῶροι οὕτω ἔχουσι.
| [7,175] CLXXV. Les Grecs, de retour à l'isthme, mirent en délibération, d'après
le conseil d'Alexandre, de quelle manière ils feraient la guerre et en
quels lieux ils la porteraient. Il fut résolu, à la pluralité des voix, de
garder le passage des Thermopyles; car il paraissait plus étroit que
celui par lequel on entre de Macédoine en Thessalie, et en même
temps il était plus voisin de leur pays. Quant au sentier par où furent
interceptés ceux d'entre les Grecs qui étaient aux Thermopyles, ils n'en
eurent connaissance qu'après leur arrivée aux Thermopyles, et ce
furent les Trachiniens qui le leur firent connaître. On prit donc la
résolution de garder ce passage, afin de fermer aux Barbares l'entrée
de la Grèce. Quant a l'armée navale, on fut d'avis de l'envoyer dans
l'Artémisium, sur les côtes de l'Histiaeotide. Ces deux endroits
(les Thermopyles et l'Artémisium) sont près l'un de l'autre, de sorte
que l'armée navale et celle de terre pouvaient se donner
réciproquement de leurs nouvelles.
| [7,176] τοῦτο μὲν τὸ Ἀρτεμίσιον· ἐκ τοῦ πελάγεος τοῦ Θρηικίου ἐξ εὐρέος συνάγεται ἐς στεινὸν ἐόντα
τὸν πόρον τὸν μεταξὺ νήσου τε Σκιάθου καὶ ἠπείρου Μαγνησίης· ἐκ δὲ τοῦ στεινοῦ τῆς Εὐβοίης ἤδη τὸ
Ἀρτεμίσιον δέκεται αἰγιαλός, ἐν δὲ Ἀρτέμιδος ἱρόν. (2) ἡ δὲ αὖ διὰ Τρηχῖνος ἔσοδος ἐς τὴν Ἑλλάδα ἐστὶ
τῇ στεινοτάτη ἡμίπλεθρον. οὐ μέντοι κατὰ τοῦτό γε ἐστὶ τὸ στεινότατον τῆς χώρης τῆς ἄλλης, ἀλλ᾽
ἔμπροσθέ τε Θερμοπυλέων καὶ ὄπισθε, κατὰ τε Ἀλπηνοὺς ὄπισθε ἐόντας ἐοῦσα ἁμαξιτὸς μούνη, καὶ
ἔμπροσθε κατὰ Φοίνικα ποταμὸν ἀγχοῦ Ἀνθήλης πόλιος ἄλλη ἁμαξιτὸς μούνη. (3) τῶν δὲ
Θερμοπυλέων τὸ μὲν πρὸς ἑσπέρης ὄρος ἄβατόν τε καὶ ἀπόκρημνον, ὑψηλόν, ἀνατεῖνον ἐς τὴν Οἴτην·
τὸ δὲ πρὸς τὴν ἠῶ τῆς ὁδοῦ θάλασσα ὑποδέκεται καὶ τενάγεα. ἔστι δὲ ἐν τῇ ἐσόδῳ ταύτῃ θερμὰ λουτρά,
τὰ Χύτρους καλέουσι οἱ ἐπιχώριοι, καὶ βωμὸς ἵδρυται Ἡρακλέος ἐπ᾽ αὐτοῖσι. ἐδέδμητο δὲ τεῖχος κατὰ
ταύτας τὰς ἐσβολάς, καὶ τό γε παλαιὸν πύλαι ἐπῆσαν. (4) ἔδειμαν δὲ Φωκέες τὸ τεῖχος δείσαντες, ἐπεὶ
Θεσσαλοὶ ἦλθον ἐκ Θεσπρωτῶν οἰκήσοντες γῆν τὴν Αἰολίδα τήν νῦν ἐκτέαται. ἅτε δὴ πειρωμένων τῶν
Θεσσαλῶν καταστρέφεσθαι σφέας, τοῦτο προεφυλάξαντο οἱ Φωκέες, καὶ τὸ ὕδωρ τὸ θερμὸν τότε
ἐπῆκαν ἐπὶ τὴν ἔσοδον, ὡς ἂν χαραδρωθείη ὁ χῶρος, πᾶν μηχανώμενοι ὅκως μή σφι ἐσβάλοιεν οἱ
Θεσσαλοὶ ἐπὶ τὴν χώρην. (5) τὸ μέν νυν τεῖχος τὸ ἀρχαῖον ἐκ παλαιοῦ τε ἐδέδμητο καὶ τὸ πλέον αὐτοῦ
ἤδη ὑπὸ χρόνου ἔκειτο· τοῖσι δὲ αὖτις ὀρθώσασι ἔδοξε ταύτῃ ἀπαμύνειν ἀπὸ τῆς Ἑλλάδος τὸν
βάρβαρον. κώμη δὲ ἐστὶ ἀγχοτάτω τῆς ὁδοῦ Ἀλπηνοὶ οὔνομα· ἐκ ταύτης δὲ ἐπισιτιεῖσθαι ἐλογίζοντο οἱ
Ἕλληνες.
| [7,176] CLXXVI. Voici la description de ces lieux : l'Artémisium se rétrécit au
sortir de la mer de Thrace, et devient un petit détroit entre l'île de
Sciathos et les côtes de Magnésie. Après le détroit de l'Eubée, il est
borné par un rivage sur lequel on voit un temple de Diane.
L'entrée en Grèce par la Trachinie est d'un demi-plèthre à l'endroit où
il a le moins de largeur. Mais le passage le plus étroit du reste du pays
est devant et derrière les Thermopyles; car derrière, près d'Alpènes, il
ne peut passer qu'une voiture de front; et devant, près de la rivière de
Phénix, et proche de la ville d'Anthela, il n'y a pareillement de passage
que pour une voiture. À l'ouest des Thermopyles est une montagne
inaccessible, escarpée, qui s'étend jusqu'au mont Oeta. Le côté du
chemin à l'est est borné par la mer, par des marais et des ravins. Dans
ce passage il y a des bains chauds, que les habitants appellent chytres
(chaudières), et près de ces bains est un autel consacré à
Hercule. Ce même passage était fermé d'une muraille dans laquelle on
avait anciennement pratiqué des portes. Les habitants de la Phocide
l'avaient bâtie parce qu'ils redoutaient les Thessaliens, qui étaient
venus de la Thesprotie s'établir dans l'Éolide (la Thessalie) qu'ils
possèdent encore aujourd'hui. Ils avaient pris ces précautions parce
que les Thessaliens tâchaient de les subjuguer, et de ce passage ils
avaient fait alors une fondrière en y lâchant les eaux chaudes, mettant
tout en usage pour fermer l'entrée de leur pays aux Thessaliens. La
muraille, qui était très ancienne, était en grande partie tombée de
vétusté. Mais les Grecs, l'ayant relevée, jugèrent à propos de
repousser de ce côté-là les Barbares. Près du chemin est un bourg
nommé Alpènes, d'où les Grecs se proposaient de tirer leurs vivres.
| [7,177] οἱ μέν νυν χῶροι οὗτοι τοῖσι Ἕλλησι εἶναι ἐφαίνοντο ἐπιτήδεοι· πάντα γὰρ προσκεψάμενοι καὶ
ἐπιλογισθέντες ὅτι οὔτε πλήθεϊ ἕξουσι χρᾶσθαι οἱ βάρβαροι οὔτε ἵππῳ, ταύτῃ σφι ἔδοξε δέκεσθαι τὸν
ἐπιόντα ἐπὶ τὴν Ἑλλάδα. ὡς δὲ ἐπύθοντο τὸν Πέρσην ἐόντα ἐν Πιερίῃ, διαλυθέντες ἐκ τοῦ Ἰσθμοῦ
ἐστρατεύοντο αὐτῶν οἳ μὲν ἐς Θερμοπύλας πεζῇ, ἄλλοι δὲ κατὰ θάλασσαν ἐπ᾽ Ἀρτεμίσιον.
| [7,177] CLXXVII. Après avoir considéré et examiné tous les lieux, celui-ci
parut commode aux Grecs, parce que les Barbares ne pourraient faire usage
de leur cavalerie, et que la multitude de leur infanterie leur deviendrait
inutile. Aussi résolurent-ils de soutenir en cet endroit le choc de
l'ennemi. Dès qu'ils eurent appris l'arrivée du roi dans la Piérie, ils
partirent de l'isthme, et se rendirent, les uns par terre aux
Thermopyles, et les autres par mer à Artémisium.
| [7,178] οἱ μὲν δὴ Ἕλληνες κατὰ τάχος ἐβοήθεον διαταχθέντες, Δελφοὶ δ᾽ ἐν τούτῳ τῷ χρόνῳ
ἐχρηστηριάζοντο τῷ θεῷ ὑπὲρ ἑωυτῶν καὶ τῆς Ἑλλάδος καταρρωδηκότες, καί σφι ἐχρήσθη ἀνέμοισι
εὔχεσθαι· μεγάλους γὰρ τούτους ἔσεσθαι τῇ Ἑλλάδι συμμάχους. (2) Δελφοὶ δὲ δεξάμενοι τὸ μαντήιον
πρῶτα μὲν Ἑλλήνων τοῖσι βουλομένοισι εἶναι ἐλευθέροισι ἐξήγγειλαν τὰ χρησθέντα αὐτοῖσι, καί σφι
δεινῶς καταρρωδέουσι τὸν βάρβαρον ἐξαγγείλαντες χάριν ἀθάνατον κατέθεντο. μετὰ δὲ ταῦτα οἱ
Δελφοὶ τοῖσι ἀνέμοισι βωμόν τε ἀπέδεξαν ἐν Θυίῃ, τῇ περ τῆς Κηφισοῦ θυγατρὸς Θυίης τὸ τέμενος ἐστί,
ἐπ᾽ ἧς καὶ ὁ χῶρος οὗτος τὴν ἐπωνυμίην ἔχει, καὶ θυσίῃσι σφέας μετήισαν.
| [7,178] CLXXVIII. Tandis que les Grecs portaient en diligence du secours aux
lieux qu'ils avaient ordre de défendre, les Delphiens, inquiets et pour
eux et pour la Grèce, consultèrent le dieu. La Pythie leur répondit
d'adresser leurs prières aux Vents, qu'ils seraient de puissants
défenseurs de la Grèce. Les Delphiens n'eurent pas plutôt reçu cette
réponse, qu'ils en firent part à tous ceux d'entre les Grecs qui étaient
zélés pour la liberté; et comme ceux-ci craignaient beaucoup le roi, ils
acquirent par ce bienfait un droit immortel à leur reconnaissance. Les
Delphiens érigèrent ensuite un autel aux Vents à Thya, où l'on voit un
lieu consacré à Thya, fille de Céphisse, qui a donné son nom à ce
canton, et leur offrirent des sacrifices. Ils se les rendent encore
actuellement propices en vertu de cet oracle.
| [7,179] Δελφοὶ μὲν δὴ κατὰ τὸ χρηστήριον ἔτι καὶ νῦν τοὺς ἀνέμους ἱλάσκονται. ὁ δὲ ναυτικὸς Ξέρξεω
στρατὸς ὁρμώμενος ἐκ Θέρμης πόλιος παρέβαλε νηυσὶ τῇσι ἄριστα πλεούσῃσι δέκα ἰθὺ Σκιάθου, ἔνθα
ἦσαν προφυλάσσουσαι νέες τρεῖς Ἑλληνίδες, Τροιζηνίη τε καὶ Αἰγιναίη καὶ Ἀττική. προϊδόντες δὲ οὗτοι
τὰς νέας τῶν βαρβάρων ἐς φυγὴν ὅρμησαν.
| [7,179 ]CLXXIX. Tandis que l'armée navale de Xerxès partait de la ville de
Therme, dix vaisseaux, les meilleurs voiliers de la flotte, cinglèrent
droit à l'île de Sciathos, où les Grecs avaient trois vaisseaux
d'observation, un de Trézen, un d'Égine, et un d'Athènes. Ceux-ci,
apercevant de loin les Barbares, prirent incontinent la fuite.
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