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[7,165] λέγεται δὲ καὶ τάδε ὑπὸ τῶν ἐν τῇ Σικελίῃ οἰκημένων, ὡς ὅμως καὶ μέλλων ἄρχεσθαι ὑπὸ
Λακεδαιμονίων ὁ Γέλων ἐβοήθησε ἂν τοῖσι Ἕλλησι, εἰ μὴ ὑπὸ Θήρωνος τοῦ Αἰνησιδήμου
Ἀκραγαντίνων μουνάρχου ἐξελασθεὶς ἐξ Ἱμέρης Τήριλλος ὁ Κρινίππου τύραννος ἐὼν Ἱμέρης ἐπῆγε ὑπ᾽
αὐτὸν τὸν χρόνον τοῦτον Φοινίκων καὶ Λιβύων καὶ Ἰβήρων καὶ Λιγύων καὶ Ἐλισύκων καὶ Σαρδονίων
καὶ Κυρνίων τριήκοντα μυριάδας καὶ στρατηγὸν αὐτῶν Ἀμίλκαν τὸν Ἄννωνος, Καρχηδονίων ἐόντα
βασιλέα, κατὰ ξεινίην τε τὴν ἑωυτοῦ ὁ Τήριλλος ἀναγνώσας καὶ μάλιστα διὰ τὴν Ἀναξίλεω τοῦ
Κρητίνεω προθυμίην, ὃς ῾Ρηγίου ἐὼν τύραννος τὰ ἑωυτοῦ τέκνα δοὺς ὁμήρους Ἀμίλκᾳ ἐπῆγε ἐπὶ τὴν
Σικελίην τιμωρέων τῷ πενθερῷ· Τηρίλλου γὰρ εἶχε θυγατέρα Ἀναξίλεως, τῇ οὔνομα ἦν Κυδίππη. οὕτω
δὴ οὐκ οἷόν τε γενόμενον βοηθέειν τὸν Γέλωνα τοῖσι Ἕλλησι ἀποπέμπειν ἐς Δελφοὺς τὰ χρήματα.
| [7,165] CLXV. Les peuples de Sicile disent cependant aussi que sans les
circonstances où se trouva Gélon, ce prince aurait donné du secours
aux Grecs, quand même il aurait dû servir sous les Lacédémoniens.
Térille, fils de Crinippe, tyran d'Himère, se voyant chassé de cette ville
par Théron, fils d'Aenésidémus, monarque des Agrigentins, avait fait
venir dans le même temps, sous la conduite d'Hamilcar, fils d'Hannon,
roi des Carthaginois, une armée de trois cent mille hommes composée
de Phéniciens, de Libyens, d'Ibériens, de Ligyens, d'Hélisyces, de
Sardoniens et de Cyrniens. Le général carthaginois s'était laissé
persuader par l'hospitalité qu'il avait contractée avec Térille, et surtout
par le zèle que lui avait témoigné Anaxilas, fils de Crétines, tyran de
Rhégium, en lui donnant ses enfants en otage, afin de l'engager à
venir en Sicile venger son beau-père. Il avait en effet épousé Cydippe,
fille de Térille. Les Siciliens disent donc que Gélon, n'ayant pu par cette
raison secourir les Grecs, envoya de l'argent à Delphes.
| [7,166] πρὸς δὲ καὶ τάδε λέγουσι, ὡς συνέβη τῆς αὐτῆς ἡμέρης ἔν τε τῇ Σικελίῃ Γέλωνα καὶ Θήρωνα
νικᾶν Ἀμίλκαν τὸν Καρχηδόνιον καὶ ἐν Σαλαμῖνι τοὺς Ἕλληνας τὸν Πέρσην. τὸν δὲ Ἀμίλκαν
Καρχηδόνιον ἐόντα πρὸς πατρός, μητρόθεν δὲ Συρηκόσιον, βασιλεύσαντά τε κατ᾽ ἀνδραγαθίην
Καρχηδονίων, ὡς ἡ συμβολή τε ἐγίνετο καὶ ὡς ἑσσοῦτο τῇ μάχῃ, ἀφανισθῆναι πυνθάνομαι· οὔτε γὰρ
ζῶντα οὔτε ἀποθανόντα φανῆναι οὐδαμοῦ γῆς· τὸ πᾶν γὰρ ἐπεξελθεῖν διζήμενον Γέλωνα.
| [7,166] CLXVI. Ils disent encore que le même jour que les Grecs battirent le
roi à Salamine, Gélon et Théron défirent en Sicile Hamilcar. Cet Hamilcar
était, suivant eux, Carthaginois du côté de son père, et Syracusain par
sa mère : sa valeur l'avait élevé au trône de Carthage. J'ai ouï dire
qu'ayant perdu la bataille, il disparut, et qu'on ne put le trouver nulle
part, ni vif, ni mort, quoique Gélon l'eût fait chercher partout.
| [7,167] ἔστι δὲ ὑπ᾽ αὐτῶν Καρχηδονίων ὅδε λόγος λεγόμενος, οἰκότι χρεωμένων, ὡς οἱ μὲν βάρβαροι
τοῖσι Ἕλλησι ἐν τῇ Σικελίῃ ἐμάχοντο ἐξ ἠοῦς ἀρξάμενοι μέχρι δείλης ὀψίης (ἐπὶ τοσοῦτο γὰρ λέγεται
ἑλκύσαι τὴν σύστασιν), ὁ δὲ Ἀμίλκας ἐν τούτῳ τῷ χρόνῳ μένων ἐν τῷ στρατοπέδῳ ἐθύετο καὶ
ἐκαλλιερέετο ἐπὶ πυρῆς μεγάλης σώματα ὅλα καταγίζων, ἰδὼν δὲ τροπὴν τῶν ἑωυτοῦ γινομένην, ὡς
ἔτυχε ἐπισπένδων τοῖσι ἱροῖσι, ὦσε ἑωυτὸν ἐς τὸ πῦρ· οὕτω δὴ κατακαυθέντα ἀφανισθῆναι. (2)
ἀφανισθέντι δὲ Ἀμίλκᾳ τρόπῳ εἴτε τοιούτῳ ὡς Φοίνικες λέγουσι, εἴτε ἑτέρῳ ὡς Καρχηδόνιοι καὶ
Συρηκόσιοι, τοῦτο μέν οἱ θύουσι, τοῦτο δὲ μνήματα ἐποίησαν ἐν πάσῃσι τῇσι πόλισι τῶν ἀποικίδων, ἐν
αὐτῇ τε μέγιστον Καρχηδόνι.
| [7,167] CLXVII. Mais les Carthaginois racontent la chose de cette manière,
qui me parait très vraisemblable. La bataille, disent-ils, que les Barbares
livrèrent aux Grecs en Sicile, commença au lever de l'aurore et
continua jusqu'au coucher du soleil. L'on assure qu'elle dura tout ce
temps-là. Hamilcar, resté dans le camp pendant l'action, immolait des
victimes, dont les entrailles lui promettaient d'heureux succès, et les
brûlait tout entières sur un vaste bûcher. Mais s'étant aperçu, pendant
qu'il était occupé à faire des libations sur les victimes, que ses troupes
commençaient à prendre la fuite, il se jeta lui-même dans le feu, et,
bientôt dévoré par les flammes, il disparut entièrement. Enfin, soit qu'il
ait disparu de cette manière, comme le racontent les Phéniciens, soit
d'une autre, comme le rapportent les Syracusains, les Carthaginois lui
offrent des sacrifices, et lui ont élevé des monuments dans toutes les
villes où ils ont établi des colonies, dont le plus grand est à Carthage.
Mais en voilà assez sur les affaires de Sicile.
| [7,168] τὰ μὲν ἀπὸ Σικελίης τοσαῦτα. Κερκυραῖοι δὲ τάδε ὑποκρινάμενοι τοῖσι ἀγγέλοισι τοιάδε
ἐποίησαν· καὶ γὰρ τούτους παρελάμβανον οἱ αὐτοὶ οἵ περ ἐς Σικελίην ἀπίκοντο, λέγοντες τοὺς αὐτοὺς
λόγους τοὺς καὶ πρὸς Γέλωνα ἔλεγον. οἳ δὲ παραυτίκα μὲν ὑπίσχοντο πέμψειν τε καὶ ἀμυνέειν,
φράζοντες ὡς οὔ σφι περιοπτέη ἐστὶ ἡ Ἑλλὰς ἀπολλυμένη· ἢν γὰρ σφαλῇ, σφεῖς γε οὐδὲν ἄλλο ἢ
δουλεύσουσι τῇ πρώτῃ τῶν ἡμερέων· ἀλλὰ τιμωρητέον εἴη ἐς τὸ δυνατώτατον. (2) ὑπεκρίναντο μὲν
οὕτω εὐπρόσωπα· ἐπεὶ δὲ ἔδει βοηθέειν, ἄλλα νοέοντες ἐπλήρωσαν νέας ἑξήκοντα, μόγις δὲ
ἀναχθέντες προσέμιξαν τῇ Πελοποννήσῳ, καὶ περὶ Πύλον καὶ Ταίναρον γῆς τῆς Λακεδαιμονίων
ἀνεκώχευον τὰς νέας, καραδοκέοντες καὶ οὗτοι τὸν πόλεμον τῇ πεσέεται, ἀελπτέοντες μὲν τοὺς
Ἕλληνας ὑπερβαλέεσθαι, δοκέοντες δὲ τὸν Πέρσην κατακρατήσαντα πολλὸν ἄρξειν πάσης τῆς
Ἑλλάδος. (3) ἐποίευν ὦν ἐπίτηδες, ἵνα ἔχωσι πρὸς τὸν Πέρσην λέγειν τοιάδε. “ὦ βασιλεῦ, ἡμεῖς,
παραλαμβανόντων τῶν Ἑλλήνων ἡμέας ἐς τὸν πόλεμον τοῦτον, ἔχοντες δύναμιν οὐκ ἐλαχίστην οὐδὲ
νέας ἐλαχίστας παρασχόντες ἂν ἀλλὰ πλείστας μετά γε Ἀθηναίους, οὐκ ἠθελήσαμέν τοι ἐναντιοῦσθαι
οὐδέ τι ἀποθύμιον ποιῆσαι”. τοιαῦτα λέγοντες ἤλπιζον πλέον τι τῶν ἄλλων οἴσεσθαι· τά περ ἂν καὶ
ἐγένετο, ὡς ἐμοὶ δοκέει. (4) πρὸς δὲ τοὺς Ἕλληνάς σφι σκῆψις ἐπεποίητο, τῇ περ δὴ καὶ ἐχρήσαντο.
αἰτιωμένων γὰρ τῶν Ἑλλήνων ὅτι οὐκ ἐβοήθεον, ἔφασαν πληρῶσαι μὲν ἑξήκοντα τριήρεας, ὑπὸ δὲ
ἐτησιέων ἀνέμων ὑπερβαλεῖν Μαλέην οὐκ οἷοί τε γενέσθαι· οὕτω οὐκ ἀπικέσθαι ἐς Σαλαμῖνα, καὶ
οὐδεμιῇ κακότητι λειφθῆναι τῆς ναυμαχίης.
| [7,168] CLXVIII. Les ambassadeurs qui avaient été en Sicile tâchèrent aussi
d'engager les Corcyréens à prendre le parti de la Grèce, et leur firent
les mêmes demandes qu'à Gélon. Les Corcyréens répondirent d'une
façon et agirent d'une autre. Ils promirent sur-le-champ d'envoyer des
troupes à leur secours, ajoutant qu'ils ne laisseraient pas périr la Grèce
par leur négligence, puisque, si elle venait à succomber, ils se
verraient eux-mêmes réduits au premier jour à une honteuse
servitude; mais qu'ils la secourraient de toutes leurs forces. Cette
réponse était spécieuse. Mais quand il fallut en venir aux effets,
comme ils avaient d'autres vues, ils équipèrent soixante vaisseaux et,
ne les ayant fait partir qu'avec peine, ils s'approchèrent du
Péloponnèse et jetèrent l'ancre près de Pylos et de Ténare, sur les
côtes de la Laconie, dans la vue d'observer quels seraient les
événements de la guerre. Car, loin d'espérer que les Grecs
remportassent la victoire, ils pensaient que le roi, dont les forces
étaient de beaucoup supérieures, subjuguerait la Grèce entière. Ils
agissaient ainsi de dessein prémédité, afin de pouvoir tenir ce langage
au roi : « Seigneur, devaient-ils lui dire, les Grecs nous ont engagés à
les secourir dans cette guerre. Mais quoique nous ayons des forces
considérables, et un plus grand nombre de vaisseaux, du moins après
les Athéniens, qu'aucun autre État de la Grèce, nous n'avons pas voulu
nous opposer à vos desseins, ni rien faire qui vous fût désagréable. »
Ils espéraient par ce discours obtenir des conditions plus avantageuses
que les autres; ce qui, à mon avis, aurait bien pu arriver. Cependant ils
avaient une excuse toute prête à l'égard des Grecs; aussi s'en
servirent-ils. Car, les Grecs leur reprochant de ne les avoir pas
secourus, ils répondirent qu'ils avaient équipé soixante trirèmes, mais
que les vents étésiens les ayant mis dans l'impossibilité de doubler le
promontoire Malée, ils n'avaient pu se rendre à Salamine, et que s'ils
n'étaient arrivés qu'après le combat naval, ce n'était point par aucune
mauvaise volonté de leur part. Ce fut ainsi qu'ils cherchèrent à tromper
les Grecs.
| [7,169] οὗτοι μὲν οὕτω διεκρούσαντο τοὺς Ἕλληνας. Κρῆτες δέ, ἐπείτε σφέας παρελάμβανον οἱ ἐπὶ
τούτοισι ταχθέντες Ἑλλήνων, ἐποίησαν τοιόνδε· πέμψαντες κοινῇ θεοπρόπους ἐς Δελφοὺς τὸν θεὸν
ἐπειρώτων εἴ σφι ἄμεινον τιμωρέουσι γίνεται τῇ Ἑλλάδι. (2) ἡ δὲ Πυθίη ὑπεκρίνατο “ὦ νήπιοι,
ἐπιμέμφεσθε ὅσα ὑμῖν ἐκ τῶν Μενελάου τιμωρημάτων Μίνως ἔπεμψε μηνίων δακρύματα, ὅτι οἳ μὲν οὐ
συνεξεπρήξαντο αὐτῷ τὸν ἐν Καμικῷ θάνατον γενόμενον, ὑμεῖς δὲ ἐκείνοισι τὴν ἐκ Σπάρτης
ἁρπασθεῖσαν ὑπ᾽ ἀνδρὸς βαρβάρου γυναῖκα”. ταῦτα οἱ Κρῆτες ὡς ἀπενειχθέντα ἤκουσαν, ἔσχοντο τῆς
τιμωρίης.
| [7,169] CLXIX. Les Crétois, se voyant sollicités par les députés des Grecs,
envoyèrent demander au dieu de Delphes, au nom de toute la nation,
s'il leur serait avantageux de secourir la Grèce. « Insensés! leur
répondit la Pythie, vous vous plaignez des maux que Minos vous a
envoyés dans sa colère à cause des secours que vous donnâtes à
Ménélas, et parce que vous aidâtes les Grecs à se venger du rapt d'une
femme que fit à Sparte un Barbare, quoiqu'ils n'eussent pas contribué
à venger sa mort arrivée à Camicos; et vous voudriez encore les
secourir! » Sur cette réponse, les Crétois refusèrent aux Grecs les
secours qu'ils leur demandaient.
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