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[7,160] πρὸς ταῦτα ὁ Γέλων, ἐπειδὴ ὥρα ἀπεστραμμένους τοὺς λόγους τοῦ Συάγρου, τὸν τελευταῖόν
σφι τόνδε ἐξέφαινε λόγον. “ὦ ξεῖνε Σπαρτιῆτα, ὀνείδεα κατιόντα ἀνθρώπῳ φιλέει ἐπανάγειν τὸν
θυμόν· σὺ μέντοι ἀποδεξάμενος ὑβρίσματα ἐν τῷ λόγῳ οὔ με πείσεις ἀσχήμονα ἐν τῇ ἀμοιβῇ γενέσθαι.
(2) ὅκου δὲ ὑμεῖς οὕτω περιέχεσθε τῆς ἡγεμονίης, οἰκὸς καὶ ἐμὲ μᾶλλον ὑμέων περιέχεσθαι, στρατιῆς τε
ἐόντα πολλαπλησίης ἡγεμόνα καὶ νεῶν πολλὸν πλεύνων. ἀλλ᾽ ἐπείτε ὑμῖν ὁ λόγος οὕτω προσάντης
κατίσταται, ἡμεῖς τι ὑπείξομεν τοῦ ἀρχαίου λόγου· εἰ τοῦ μὲν πεζοῦ ὑμεῖς ἡγέοισθε, τοῦ δὲ ναυτικοῦ
ἐγώ. εἰ δὲ ὑμῖν ἡδονὴ τοῦ κατὰ θάλασσαν ἡγεμονεύειν, τοῦ πεζοῦ ἐγὼ θέλω. καὶ ἢ τούτοισι ὑμέας
χρεόν ἐστι ἀρέσκεσθαι ἢ ἀπιέναι συμμάχων τοιῶνδε ἐρήμους”.
| [7,160] CLX. Gélon, apercevant assez par cette réponse l'éloignement qu'on
avait pour ses demandes, leur fit enfin cette autre proposition :
«Spartiates, les injures qu'on dit à un homme de cour excitent
ordinairement sa colère; mais vous aurez beau me tenir des propos
insultants, vous ne m'engagerez point à vous faire une réponse
indécente. Si vous êtes si épris du commandement, il est naturel que
je le sois encore plus, puisque je fournis beaucoup plus de troupes et
de vaisseaux que vous n'en avez. Mais, puisque ma proposition vous
révolte, je veux bien relâcher quelque chose de mes premières
demandes. Si vous prenez pour vous le commandement des troupes
de terre, je me réserve celui de l'armée navale; si vous aimez mieux
commander sur mer, je commanderai sur terre. Il faut ou vous
contenter de l'une de ces deux conditions, ou retourner chez vous, et
vous passer d'un allié tel que moi. »
| [7,161] Γέλων μὲν δὴ ταῦτα προετείνετο, φθάσας δὲ ὁ Ἀθηναίων ἄγγελος τὸν Λακεδαιμονίων ἀμείβετό
μιν τοῖσιδε. “ὦ βασιλεῦ Συρηκοσίων, οὐκ ἡγεμόνος δεομένη ἡ Ἑλλὰς ἀπέπεμψε ἡμέας πρὸς σέ, ἀλλὰ
στρατιῆς. σὺ δὲ ὅκως μὲν στρατιὴν πέμψεις μὴ ἡγεύμενος τῆς Ἑλλάδος οὐ προφαίνεις, ὡς δὲ
στρατηγήσεις αὐτῆς γλίχεαι. (2) ὅσον μέν νυν παντὸς τοῦ Ἑλλήνων στρατοῦ ἐδέεο ἡγέεσθαι, ἐξήρκεε
ἡμῖν τοῖσι Ἀθηναίοισι ἡσυχίην ἄγειν, ἐπισταμένοισι ὡς ὁ Λάκων ἱκανός τοι ἔμελλε ἔσεσθαι καὶ ὑπὲρ
ἀμφοτέρων ἀπολογεύμενος· ἐπείτε δὲ ἁπάσης ἀπελαυνόμενος δέεαι τῆς ναυτικῆς ἄρχειν, οὕτω ἔχει τοι·
οὐδ᾽ ἢν ὁ Λάκων ἐπιῇ τοι ἄρχειν αὐτῆς, ἡμεῖς ἐπήσομεν· ἡμετέρη γὰρ ἐστὶ αὕτη γε, μὴ αὐτῶν
βουλομένων Λακεδαιμονίων. τούτοισι μὲν ὦν ἡγέεσθαι βουλομένοισι οὐκ ἀντιτείνομεν, ἄλλῳ δὲ
παρήσομεν οὐδενὶ ναυαρχέειν. (3) μάτην γὰρ ἂν ὧδε πάραλον Ἑλλήνων στρατὸν πλεῖστον εἴημεν
ἐκτημένοι, εἰ Συρηκοσίοισι ἐόντες Ἀθηναῖοι συγχωρήσομεν τῆς ἡγεμονίης, ἀρχαιότατον μὲν ἔθνος
παρεχόμενοι, μοῦνοι δὲ ἐόντες οὐ μετανάσται Ἑλλήνων· τῶν καὶ Ὅμηρος ὁ ἐποποιὸς ἄνδρα ἄριστον
ἔφησε ἐς Ἴλιον ἀπικέσθαι τάξαι τε καὶ διακοσμῆσαι στρατόν. οὕτω οὐκ ὄνειδος οὐδὲν ἡμῖν ἐστι λέγειν
ταῦτα”.
| [7,161] CLXI. Telles furent les offres de Gélon. L'ambassadeur d'Athènes,
prévenant celui de Lacédémone, répondit en ces termes : « Roi de
Syracuse, la Grèce n'a pas besoin d'un général, mais de troupes, et
c'est pour vous en demander qu'elle nous a députés vers vous.
Cependant vous nous déclarez que vous n'en enverrez pas, si l'on ne
vous reconnaît pour général, tant est grande l'envie que vous avez de
nous commander. Quand vous demandâtes le commandement de
toutes nos forces, nous nous contentâmes, nous autres Athéniens, de
garder le silence, persuadés que l'ambassadeur de Lacédémone saurait
vous répondre et pour lui et pour nous. Exclu du commandement
général, vous vous bornez maintenant à celui de la flotte; mais les
choses sont au point que, quand même le Lacédémonien vous
l'accorderait, nous ne le souffririons jamais ; car il nous appartient, du
moins au refus des Lacédémoniens. S'ils veulent prendre celui de la
flotte, nous ne le leur disputerons point ; mais nous ne le céderons à
nul autre. Et en effet, ce serait bien en vain que nous posséderions la
plus grande partie de l’armée navale des Grecs. Quoi donc ! nous
autres Athéniens, nous abandonnerions le commandement à des
Syracusains, nous qui sommes le plus ancien peuple de la Grèce ; nous
qui, seuls entre tous les Grecs, n'avons jamais changé de sol ; nous
enfin qui comptons parmi nos compatriotes ce capitaine qui alla au
siège de Troie, et qui était, comme le dit Homère le poète épique, des
plus habiles pour mettre une armée en bon ordre et pour la ranger en
bataille? Après un pareil témoignage, nous ne devons point rougir de
parler avantageusement de notre patrie. »
| [7,162] ἀμείβετο Γέλων τοῖσιδε. “ξεῖνε Ἀθηναῖε, ὑμεῖς οἴκατε τοὺς μὲν ἄρχοντας ἔχειν, τοὺς δὲ
ἀρξομένους οὐκ ἕξειν. ἐπεὶ τοίνυν οὐδὲν ὑπιέντες ἔχειν τὸ πᾶν ἐθέλετε, οὐκ ἂν φθάνοιτε τὴν ταχίστην
ὀπίσω ἀπαλλασσόμενοι καὶ ἀγγέλλοντες τῇ Ἑλλάδι ὅτι ἐκ τοῦ ἐνιαυτοῦ τὸ ἔαρ αὐτῇ ἐξαραίρηται”. (2)
οὗτος δὲ ὁ νόος τοῦ ῥήματος τὸ ἐθέλει λέγειν· δῆλα γὰρ ὡς ἐν τῷ ἐνιαυτῷ ἐστὶ τὸ ἔαρ δοκιμώτατον, τῆς
δὲ τῶν Ἑλλήνων στρατιῆς τὴν ἑωυτοῦ στρατιήν· στερισκομένην ὦν τὴν Ἑλλάδα τῆς ἑωυτοῦ συμμαχίης
εἴκαζε ὡς εἰ τὸ ἔαρ ἐκ τοῦ ἐνιαυτοῦ ἐξαραιρημένον εἴη.
| [7,162] CLXII. « Athénien, repartit Gélon, vous ne manquez point, à ce qu'il
paraît, de généraux mais de soldats. Au reste, puisque vous voulez
tout garder, sans vous relâcher en rien, retournez au plus tôt en
Grèce, et annoncez-lui que des quatre saisons de l'année on lui a ôté le
printemps. » Il comparait par ce propos la Grèce, privée de son
alliance, à une année de laquelle on aurait retranché le printemps.
| [7,163] οἱ μὲν δὴ τῶν Ἑλλήνων ἄγγελοι τοιαῦτα τῷ Γέλωνι χρηματισάμενοι ἀπέπλεον· Γέλων δὲ πρὸς
ταῦτα δείσας μὲν περὶ τοῖσι Ἕλλησι μὴ οὐ δύνωνται τὸν βάρβαρον ὑπερβαλέσθαι, δεινὸν δὲ καὶ οὐκ
ἀνασχετὸν ποιησάμενος ἐλθὼν ἐς Πελοπόννησον ἄρχεσθαι ὑπὸ Λακεδαιμονίων ἐὼν Σικελίης
τύραννος, ταύτην μὲν τὴν ὁδὸν ἠμέλησε, ὁ δὲ ἄλλης εἴχετο. (2) ἐπείτε γὰρ τάχιστα ἐπύθετο τὸν Πέρσην
διαβεβηκότα τὸν Ἑλλήσποντον, πέμπει πεντηκοντέροισι τρισὶ Κάδμον τὸν Σκύθεω ἄνδρα Κῷον ἐς
Δελφούς, ἔχοντα χρήματα πολλὰ καὶ φιλίους λόγους, καραδοκήσοντα τὴν μάχην τῇ πεσέεται, καὶ ἢν
μὲν ὁ βάρβαρος νικᾷ, τά τε χρήματα αὐτῷ διδόναι καὶ γῆν τε καὶ ὕδωρ τῶν ἄρχει ὁ Γέλων, ἢν δὲ οἱ
Ἕλληνες, ὀπίσω ἀπάγειν.
| [7,163] CLXIII. Après cette réponse de Gélon, les ambassadeurs des Grecs
remirent à la voile. Cependant Gélon, qui craignait que les Grecs ne
fussent pas assez forts pour vaincre le roi, et qui d'un autre côté aurait
cru insupportable et indigne d'un tyran de Sicile d'aller servir dans le
Péloponnèse sous les ordres des Lacédémoniens, négligea ce plan pour
s'attacher à un autre. Il n'eut pas plutôt appris que le roi avait traversé
l'Hellespont, qu'il donna trois vaisseaux à cinq rangs de rames à
Cadmus, fils de Scythès, de l'île de Cos, et l'envoya à Delphes avec des
richesses considérables et des paroles de paix. Il avait ordre d'observer
l'événement du combat, et si le roi était vainqueur, de lui présenter
l'argent qu'il portait, et de lui offrir en même temps la terre et l'eau
pour toutes les villes de ses États ; et si les Grecs au contraire
remportaient la victoire, de revenir en Sicile.
| [7,164] ὁ δὲ Κάδυος οὗτος πρότερον τούτων παραδεξάμενος παρὰ πατρὸς τυραννίδα Κῴων εὖ
βεβηκυῖαν, ἑκών τε εἶναι καὶ δεινοῦ ἐπιόντος οὐδενὸς ἀλλὰ ὑπὸ δικαιοσύνης ἐς μέσον Κῴοισι καταθεὶς
τὴν ἀρχὴν οἴχετο ἐς Σικελίην, ἔνθα παρὰ Σαμίων ἔσχε τε καὶ κατοίκησε πόλιν Ζάγκλην τὴν ἐς
Μεσσήνην μεταβαλοῦσαν τὸ οὔνομα. (2) τοῦτον δὴ ὁ Γέλων τὸν Κάδμον καὶ τοιούτῳ τρόπῳ ἀπικόμενον
διὰ δικαιοσύνην, τήν οἱ αὐτὸς ἄλλην συνῄδεε ἐοῦσαν, ἔπεμπε· ὃς ἐπὶ τοῖσι ἄλλοισι δικαίοισι τοῖσι ἐξ
ἑωυτοῦ ἐργασμένοισι καὶ τόδε οὐκ ἐλάχιστον τούτων ἐλίπετο. κρατήσας γὰρ μεγάλων χρημάτων τῶν
οἱ Γέλων ἐπετράπετο, παρεὸν κατασχέσθαι οὐκ ἠθέλησε, ἀλλ᾽ ἐπεὶ οἱ Ἕλληνες ἐπεκράτησαν τῇ
ναυμαχίῃ καὶ Ξέρξης οἰχώκεε ἀπελαύνων, καὶ δὴ καὶ ἐκεῖνος ἀπίκετο ἐς τὴν Σικελίην ἀπὸ πάντα τὰ
χρήματα ἄγων.
| [7,164] CLXIV. Ce Cadmus avait auparavant hérité de son père la souveraineté
de Cos. Quoiqu'elle fût alors dans un état de prospérité et que sa
puissance y fût bien affermie, il l'avait cependant remise aux habitants
sans y être forcé par des circonstances fâcheuses, mais
volontairement, et par amour pour la justice. Étant ensuite parti pour
la Sicile, il fixa sa demeure avec les Samiens à Zancle, dont le nom a
été changé en celui de Messène. Gélon, persuadé des motifs qui
l'avaient fait venir en Sicile, et de l'amour qu'il lui avait vu pour la
justice en plusieurs autres occasions, l'envoya a Delphes. Il faut
joindre à ses autres actions pleines de droiture celle-ci, qui n'est pas la
moindre. Maître de richesses considérables que Gélon lui avait
confiées, il ne tenait qu'à lui de se les approprier; cependant il ne le
voulut pas. Mais, après la victoire que remportèrent les Grecs sur mer
et le départ de Xerxès, il retourna en Sicile avec toutes ces richesses.
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