HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Hérodien, Histoire romaine, livre IV

Chapitre 9

  Chapitre 9

[4,9] δὴ ὁρῶν δῆμος ὑπερέχαιρε, παννυχίζων τε καὶ ἑορτάζων, οὐκ εἰδὼς τὴν τοῦ βασιλέως λανθάνουσαν γνώμην· ταῦτα γὰρ πάντα ἐκεῖνος ὑπεκρίνατο βουλόμενος τὸ πλῆθος αὐτῶν διαφθεῖραι. δ´ αἰτία τοῦ λανθάνοντος μίσους τοιάδε τις ἦν. ἀπηγγέλλετο αὐτῷ διατρίβοντι ἐπὶ τῆς Ῥώμης ἔτι, καὶ τοῦ ἀδελφοῦ περιόντος καὶ μετὰ τὸν ἐκείνου φόνον, ὅτι ἄρα εἶεν πολλὰ ἐς αὐτὸν ἀποσκώψαντες. πεφύκασι δέ πως εἶναι φιλοσκώμμονες καὶ λέγειν εὐστόχους ὑπογραφὰς παιδιάς, ἀπορριπτοῦντες ἐς τοὺς ὑπερέχοντας πολλὰ χαρίεντα μὲν αὐτοῖς δοκοῦντα, λυπηρὰ δὲ τοῖς σκωφθεῖσι· τῶν γὰρ τοιούτων κνίζει μάλιστα ὅσα ἐλέγχει τῶν ἁμαρτημάτων τὴν ἀλήθειαν. πολλὰ τοίνυν ἐκείνων αὐτὸν σκωψάντων ἔς {τε} τὴν τοῦ ἀδελφοῦ ἀναίρεσιν, καὶ τὴν πρεσβῦτιν Ἰοκάστην καλούντων, ἐκεῖνον δὲ χλευαζόντων ὅτι δὴ μικρὸς ὢν Ἀλέξανδρον καὶ Ἀχιλλέα γενναιοτάτους καὶ μεγίστους ἥρωας ἐμιμεῖτο, τοιαῦτά τινα παίζειν αὐτῶν δοκούντων, ὀλέθρια καὶ ἐπίβουλα κατ´ αὐτῶν σκέψασθαι τὸν Ἀντωνῖνον ἠνάγκασαν, φύσει ὄντα ὀργίλον καὶ φονικόν. συμπανηγυρίσας τοίνυν αὐτοῖς καὶ συνεορτάσας, ὡς εἶδε πᾶσαν τὴν πόλιν πλήθους μεγίστου πεπληρωμένην τῶν ἀπὸ πάσης περὶ αὐτὴν χώρας ἐκεῖ συνελθόντων, διὰ προγράμματος πᾶσαν τὴν νεολαίαν ἔς τι πεδίον κελεύει συνελθεῖν, φήσας ἐς τὴν Ἀλεξάνδρου τιμὴν φάλαγγα βούλεσθαι συστήσασθαι, ὥσπερ Μακεδονικὴν καὶ Σπαρτιᾶτιν, οὕτω καὶ τοῦ ἥρωος ἐπωνύμους. κελεύει δὴ στιχηδὸν τοὺς νεανίας πάντας διαστῆναι, ὡς ἂν ἐπελθὼν ἕκαστον ἴδῃ πῶς τε ἡλικίας ἔχοι καὶ μεγέθους σώματος καὶ εὐεξίας ἐς στρατείαν ἐπιτηδείου. ταύταις αὐτοῦ ταῖς ὑποσχέσεσι πιστεύσαντες οἱ νεανίαι πάντες, ἐοικότα τε ἐλπίσαντες διὰ τὴν προϋπάρξασαν παρ´ αὐτοῦ ἐς τὴν πόλιν τιμήν, συνῆλθον ἅμα γονεῦσί τε καὶ ἀδελφοῖς συνηδομένοις αὐτῶν ταῖς ἐλπίσιν. δ´ Ἀντωνῖνος διεστῶτας αὐτοὺς ἐπιών, ἑκάστου ἐφαπτόμενος καὶ ἄλλου ἄλλο λέγων ἐγκώμιον παρῄει, ἔστε αὐτοὺς οὔτε τι ὁρῶντας οὔτε προσδοκῶντας τὸ στρατιωτικὸν πᾶν ἐκυκλώσατο. ὡς δὲ ἐτεκμήρατο ἤδη αὐτοὺς εἶναι ἐντὸς τῶν ὅπλων περιειλημμένους καὶ ὥσπερ ἐν δικτύοις σεσαγηνευμένους, {ἐπελθὼν πάντας} αὐτὸς μὲν ὑπεξέρχεται μεθ´ ἧς εἶχε φρουρᾶς περὶ ἑαυτόν, ὑφ´ ἑνὶ δὲ σημείῳ προσπεσόντες πανταχόθεν οἱ στρατιῶται τὴν ἐν μέσῳ πᾶσαν νεολαίαν, καὶ εἴ τινες ἄλλως παρῆσαν, παντὶ τρόπῳ φόνων ἀναιροῦσιν, ὡπλισμένοι τε ἀόπλους καὶ πανταχόθεν περιειληφότες. τῶν δὲ στρατιωτῶν οἳ μὲν ἐφόνευον οἳ δ´ ἔξωθεν ὤρυττον ὀρύγματα μέγιστα ἕλκοντές τε τοὺς πίπτοντας ἐνέβαλλον, πληροῦντες σωμάτων· καὶ τὴν γῆν ἐπιχέοντες μέγιστον ἤγειραν ταχέως πολυάνδριον. πολλοί τε καὶ ἡμιθνῆτες εἱλκύσθησαν, ἔτι τε ἄτρωτοι συνώσθησαν. ἀλλὰ μὴν καὶ τῶν στρατιωτῶν οὐκ ὀλίγοι προσαπώλοντο· ὅσοι γὰρ ἔτι ἐμπνέοντες καὶ δυνάμεως μετρίως ἔχοντες συνωθοῦντο, περιπλεκόμενοι συγκαθεῖλκον αὐτούς. τοσοῦτος δὲ ἐγένετο φόνος ὡς ῥείθροις αἵματος διὰ τοῦ πεδίου τάς τε ἐκβολὰς τοῦ Νείλου μεγίστας οὔσας τόν τε περὶ τὴν πόλιν αἰγιαλὸν πάντα φοινιχθῆναι. τοιαῦτα δὴ ἐργασάμενος τὴν πόλιν, ἀπάρας ἐς Ἀντιόχειαν ἀφίκετο. [4,9] Enivré du spectacle de sa piété, le peuple se livrait jour et nuit à de continuelles réjouissances, ignorant ce que lui préparait la pensée secrète de l'empereur. XVI. Toutes ces démonstrations religieuses étaient autant de moyens que sa perfidie employait pour égorger plus à son aise la population d'Alexandrie. Voici quelle était la cause de son ressentiment : il avait appris à Rome, du vivant de son frère, et même après la mort de Géta, qu'on tenait sur lui dans cette ville des propos injurieux. Les habitants d'Alexandrie sont en effet naturellement moqueurs; ils ont l'art de saisir les ridicules, de manier le sarcasme et l'épigramme, et ils n'épargnent, dans leur humeur satirique, ni la vertu ni la puissance. Ces railleries, qui ne sont, à leurs yeux, qu'un badinage, n'en sont pas moins une insulte pour ceux à qui elles s'adressent : les plaisanteries qui portent sur des vérités blessent surtout profondément. L'esprit caustique des habitants d'Alexandrie s'était exercé sur Antonin, et au lieu de garder sur l'assassinat de Géta le silence de la circonspection, ils appelaient la mère des deux empereurs une Jocaste, et riaient de voir un pygmée comme Caracalla jouer les grands héros Achille et Alexandre. Ces plaisanteries, qu'ils croyaient sans importance, allumèrent contre eux l'humeur irascible et sanguinaire d'Antonin, qui, dès lors, médita leur perte. XVII. Après avoir pris part aux réjouissances et aux fêtes publiques, remarquant l'affluence que ces solennités attiraient de toutes parts dans la ville, il saisit cette occasion pour ordonner par un édit à toute la jeunesse de se réunir dans une plaine, voulant, disait-il, ajouter à ses deux phalanges une cohorte en l'honneur d'Alexandre : tous ces jeunes gens devaient se ranger sur une seule ligne, afin que le prince pût examiner leur âge, leur taille, et juger de leur aptitude au service militaire. Abusés par ces promesses, dont la sincérité semblait garantie par les honneurs dont le prince comblait alors leur ville, ils se réunissent tous au rendez-vous, accompagnés de leurs parents, de leurs frères qui les félicitent. Cependant l'empereur parcourt les rangs, s'approche de chacun des jeunes gens en particulier, distribue à tous des éloges, jusqu'à ce que son armée les ait insensiblement, et à leur insu, investis de toutes parts. Lorsqu'il les vit renfermés dans ce cercle immense de soldats et pris comme dans un vaste filet, il congédia l'assemblée et se retira lui-même avec sa suite. Aussitôt le signal est donné ; ses soldats fondent de tous côtés sur la multitude, massacrant au hasard les jeunes gens surpris, désarmés, et la foule des spectateurs. Tandis que les uns étaient occupés au carnage, les autres creusaient de grandes fosses, et les remplissaient de corps qu'ils précipitaient pêle-mêle. La terre dont ils les recouvraient forma bientôt un tertre immense; on jetait dans ces fosses des malheureux qui respiraient encore; il y en eut même qu'on ensevelit sans blessure. Des soldats en assez grand nombre périrent victimes de leur barbarie : car les blessés qu'un reste de vie et de force soutenait encore, s'attachant à ceux qui les précipitaient dans ces vastes tombeaux, les y entraînaient avec eux. Le carnage fut tel que les ruisseaux de sang qui coulaient à travers la plaine rougirent l'immense embouchure du Nil et le quai dont est bordée la ville. Après cet acte de férocité, Antonin quitta Alexandrie et retourna à Antioche.


Recherches | Texte | Lecture | Liste du vocabulaire | Index inverse | Menu | Site de Philippe Remacle |

 
UCL | FLTR | Hodoi Elektronikai | Itinera Electronica | Bibliotheca Classica Selecta (BCS) |
Ingénierie Technologies de l'Information : B. Maroutaeff - C. Ruell - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 26/04/2007