[4,3] ταύτην δὴ τὴν τιμὴν ἐκθειάσαντες οἱ παῖδες τὸν πατέρα
ἐπανῆλθον ἐς τὰ βασίλεια. ἐξ ἐκείνου δὲ ἤδη φανερῶς
ἐστασίαζον πρὸς ἀλλήλους, ἐμίσουν τε καὶ ἐπεβούλευον·
πάντα τε ἔπραττεν ἑκάτερος πειρώμενος τὸν ἀδελφὸν
ἀποσκευάσασθαι ἐς αὑτόν τε μόνον περιαγαγεῖν τὴν ἀρχήν.
ἐμερίζοντο δὲ καὶ πάντων αἱ γνῶμαι, ὅσοι ἐν ἀξιώσει ἢ
τιμῇ τινὶ ἦσαν κατὰ τὴν πόλιν· ἰδίᾳ γὰρ αὐτῶν ἑκάτερος
ἐπέστελλέ τε λανθάνων καὶ ᾠκειοῦτο, μεγάλαις ὑποσχέσεσι
πρὸς αὑτὸν ἀνθέλκων. καὶ τό γε πλεῖστον μέρος
ἐς τὸν Γέταν ἔβλεπε· φαντασίαν γάρ τινα ἐπιεικείας
ἐπεδείκνυτο, μέτριόν τε καὶ πρᾶον ἑαυτὸν τοῖς προσιοῦσι
παρεῖχεν, ἐπιτηδεύμασί τε σπουδαιοτέροις ἐχρῆτο,
προσιέμενός τε τοὺς ἐπὶ παιδείᾳ ἐπαινουμένους, ἐσπουδακώς
τε περὶ παλαίστραν καὶ γυμνάσια ἐλεύθερα· χρηστός
τε ὢν καὶ φιλάνθρωπος τοῖς συνοῦσι, φήμῃ καὶ
δόξῃ ἀρίστῃ πλείους ἐς εὔνοιαν καὶ φιλίαν προυκαλεῖτο.
ὁ δ´ Ἀντωνῖνος ἐμβριθῶς τὰ πάντα καὶ θυμοειδῶς ἔπραττε,
πολὺ δὲ ἀπάγων ἑαυτὸν τῶν προειρημένων στρατιωτικοῦ
τε καὶ πολεμικοῦ βίου ἐραστὴς εἶναι προσεποιεῖτο·
ὀργῇ τε πάντα πράττων, καὶ ἀπειλῶν μᾶλλον ἢ πείθων,
φόβῳ καὶ οὐκ εὐνοίᾳ φίλους ἐκτᾶτο.
ὡς στασιάζοντας δὲ τοὺς ἀδελφοὺς ἐν ἅπασιν οἷς
ἔπραττον, μέχρι τῶν εὐτελεστάτων ἔργων, ἡ μήτηρ συνάγειν
ἐπειρᾶτο. καί ποτε ἔδοξεν αὐτοῖς, ἵνα δὴ μὴ μένοντες
ἐν τῇ Ῥώμῃ ἀλλήλοις ἐπιβουλεύοιεν, νείμασθαι
τὴν ἀρχήν. συναγαγόντες δὴ τοὺς πατρῴους φίλους, τῆς
τε μητρὸς παρούσης, ἠξίουν διαιρεθῆναι τὴν βασιλείαν,
καὶ τὰ μὲν ὑπ´ Εὐρώπην πάντα ἔχειν τὸν Ἀντωνῖνον,
τὴν δὲ ἀντικειμένην ἤπειρον Ἀσίαν τε καλουμένην πᾶσαν
Γέτᾳ παραδοθῆναι· οὕτω γὰρ ἔλεγον καὶ θείᾳ τινὶ
προνοίᾳ τὰς ἠπείρους διῃρῆσθαι τῷ Προποντίδος ῥεύματι.
ἤρεσκε δὲ τὸν μὲν Ἀντωνῖνον ἐπὶ τῷ Βυζαντίῳ
ἱδρῦσαι στρατόπεδον, τὸν δὲ Γέταν ἐν Χαλκηδόνι τῆς
Βιθυνίας, ὡς ἀντικείμενα ἀλλήλοις τὰ στρατόπεδα φρουροίη
τε τὴν ἑκατέρου ἀρχὴν καὶ κωλύοι τὰς διαβάσεις.
ἐδόκει τε τῆς συγκλήτου βουλῆς τοὺς μὲν Εὐρωπαίους
πάντας ἀπομεῖναι, τοὺς δὲ ἐκεῖθεν ἀπελθεῖν σὺν τῷ
Γέτᾳ. τῇ τε βασιλείᾳ τῇ αὑτοῦ αὐτάρκη ἔσεσθαι ὑποδοχὴν
ὁ Γέτας ἔλεγεν ἢ τὴν Ἀντιόχειαν ἢ τὴν Ἀλεξάνδρειαν,
οὐ πολύ τι τῆς Ῥώμης, ὡς ᾤετο, μεγέθει ἀποδεούσας.
τῶν δὲ ὑπὸ μεσημβρίᾳ ἐθνῶν Μαυρουσίους
μὲν καὶ Νομάδας Λιβύης τε τὰ παρακείμενα Ἀντωνίνῳ
παραδοθῆναι, τὰ δὲ ἐπέκεινα μέχρις ἀνατολῆς προσήκειν
τῷ Γέτᾳ. ταῦτα δὴ αὐτῶν διατυπούντων οἱ μὲν ἄλλοι
πάντες σκυθρωποῖς προσώποις ἐς γῆν ἔνευσαν· ἡ δὲ
Ἰουλία „γῆν μέν“ ἔφη „καὶ θάλασσαν, ὦ τέκνα, εὑρίσκετε
ὅπως νείμησθε, καὶ τὰς ἠπείρους, ὥς φατε, τὸ
Πόντιον ῥεῖθρον διαιρεῖ· τὴν δὲ μητέρα πῶς ἂν διέλοισθε,
καὶ πῶς ἡ ἀθλία ἐγὼ ἐς ἑκάτερον ὑμῶν νεμηθείην
ἢ τμηθείην; πρῶτον δὴ ἐμὲ φονεύσατε, καὶ διελόντες
ἑκάτερος παρ´ ἑαυτῷ τὸ μέρος θαπτέτω· οὕτω γὰρ
ἂν μετὰ γῆς καὶ θαλάττης ἐς ὑμᾶς μερισθείην.“ ταῦτα
δὲ λέγουσα μετὰ δακρύων καὶ οἰμωγῆς, ἀμφοτέροις τε
τὰς χεῖρας περιβάλλουσα καὶ ὑπὸ τὰς ἀγκάλας ἄγουσα,
συνάγειν ἐπειρᾶτο. πάντας δὲ οἴκτου καταλαβόντος διελύθη
τὸ συνέδριον, ἥ τε σκέψις ἀπεδοκιμάσθη, ἑκάτερός
τε ἐς τὰ ἑαυτοῦ βασίλεια ἀνεχώρησε.
| [4,3] IV. Les deux princes, après avoir ainsi rendu hommage à la mémoire de leur
père, retournèrent dans leur palais. Aussitôt éclatèrent entre eux la
discorde, la haine, les complots. On vit de nouveau chacun d'eux mettre
tout en oeuvre pour se débarrasser de son frère et occuper le trône sans
partage. Ils se disputaient l'attachement de tous les citoyens considérés
à Rome par leur rang ou par leur naissance ; chacun de son côté
entretenait avec eux des correspondances secrètes et cherchait par la
séduction des promesses à les engager dans les intérêts de sa haine.
Cependant presque toutes les affections se tournaient vers Géta ; il
annonçait de la modération ; il prévenait par la douceur de son abord. Ses
goûts étaient nobles ; il aimait à recevoir les hommes distingués par leur
mérite ; il se plaisait à la lutte et à tous les exercices généreux. Son
caractère doux et aimable l'avait rendu populaire et appelait sur lui la
bienveillance et le dévouement du plus grand nombre. Antonin, au
contraire, portait partout la rudesse et la dureté de ses mœurs. Il
méprisait les goûts de son frère, il affectait d'aimer la vie des camps.
Violent dans toutes ses actions, il ne cherchait pas à persuader; c'était
par la terreur et non par la bienveillance qu'il voulait se faire des amis.
V. Leur mère essaya vainement de rapprocher deux frères divisés de
sentiments jusque sur les objets les moins importants. Enfin, craignant
les embûches mutuelles auxquelles le séjour de Rome les exposait, ils
prennent la résolution de se partager l'empire. Ils assemblent les amis de
leur père, et en présence de Julie, ils demandent que l'empire soit
divisé; qu'Antonin reste maître de l'Europe, tandis que Géta régnera sur
le continent opposé, sur l'Asie. La providence elle-même, suivant eux,
avait fait ce partage, en jetant la Propontide entre les deux continents :
« Antonin, ajoutaient ils, aurait une armée campée près de Byzance; Géta
aurait la sienne à Chalcédoine en Bithynie; ces deux armées, ainsi
opposées l'une à l'autre, défendraient les frontières des deux empires et
fermeraient le passage à tout ennemi. Les sénateurs nés en Europe
resteraient à Rome. Ceux dont l'origine était asiatique devaient suivre
Géta. Ce prince trouvait pour son empire un siège convenable à Antioche ou
à Alexandrie, villes dont la grandeur, disait-il, le cédait à peine à
celle de Rome. Les peuples du midi de l'Afrique, les Maures, les Numides
et toute la patrie occidentale de la Libye devaient échoir à Antonin ; le
reste de l'Afrique jusqu'à l'Orient appartiendrait à Géta. »
VI. Tandis qu'ils réglaient ainsi le partage, et que, les yeux attachés à
la terre, les assistants gardaient un morne silence; tout à coup Julie
s'écrie : « Ô mes enfants, vous avez trouvé le moyen de diviser la terre
et la mer ; les flots de la Propontide séparent, dites-vous, les deux
continents ; mais votre mère, comment vous la partagerez-vous?
Malheureuse, comment puis-je me diviser entre vous, et vous distribuer à
tous deux une portion de moi-même? Commencez donc par me frapper ; que
chacun de vous ensevelisse une moitié de mon corps dans sa moitié
d'empire; c'est ainsi que vous pourrez faire de votre mère le même partage
que de la terre et des ondes. » En prononçant ces mots mêlés de sanglots
et de larmes, elle serrait ses deux fils dans ses bras, les réunissait sur
son coeur et s'efforçait de les réconcilier. A ce spectacle, l'assemblée,
vivement émue, se sépare en rejetant le projet des empereurs, qui se
retirent dans leur palais.
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