[3,8] ὁ δὲ Σεβῆρος θυμῷ καὶ ὀργῇ εὐθέως πρὸς τοὺς ἐν Ῥώμῃ φίλους αὐτοῦ ἐχρῆτο.
καὶ πέμψας τὴν κεφαλὴν τοῦ Ἀλβίνου δημοσίᾳ ἀνασταυρωθῆναι κελεύει·
γράμμασί τε τῷ δήμῳ τὴν νίκην ἑαυτοῦ δηλώσας ἐπὶ τέλει καὶ τοῦτο προσέθηκε,
πεπομφέναι τὴν κεφαλὴν αὐτοῦ δημοσίᾳ περίοπτον, ἵνα - - -
οἷόν περ - - - καὶ τὴν - - - ὀργήν - - - διοικήσας δὲ τὰ
κατὰ Βρεττανίαν καὶ διελὼν ἐς δύο ἡγεμονίας τὴν τοῦ
ἔθνους ἐξουσίαν, τά τε κατὰ τὰς Γαλλίας, ὡς ᾤετο, ἄριστα διαθείς, πάντας τε
τοὺς Ἀλβίνου φίλους εἴτε ἑκουσίως εἴθ´ ὑπὸ ἀνάγκης αὐτῷ γνωρισθέντας
φονεύσας, τάς τε οὐσίας αὐτῶν δημεύσας, ἐς τὴν Ῥώμην ἠπείγετο,
ἄγων ἅπαντα τὸν στρατὸν σὺν αὑτῷ, ὡς φανείη φοβερώτερος. ἀνύσας δὴ πολλῷ
τάχει τὴν ὁδοιπορίαν, ὥσπερ ἦν ἔθος αὐτῷ, χαλεπαίνων πρὸς ἔτι περιόντας
τοὺς ἐκείνου φίλους ἐς τὴν Ῥώμην εἰσήλασεν. ὁ δὲ δῆμος αὐτὸν
δαφνηφορῶν μετὰ πάσης τιμῆς καὶ εὐφημίας ὑπεδέξατο,
ἥ τε σύγκλητος προσηγόρευσαν, οἱ πλεῖστοι ἐν μεγίστῳ
δέει καθεστῶτες, λογιζόμενοι ὅτι αὐτῶν οὐ φείσεται,
φύσει μὲν ὢν ἐχθρὸς χαλεπώτατος καὶ μικρᾶς προφάσεως δεόμενος ἐς τὸ
ἀδικῆσαι, τότε δὲ δοκῶν καὶ εὐλόγους ἔχειν αἰτίας. ὁ δ´ οὖν Σεβῆρος ἐς τὸ τοῦ Διὸς
τέμενος ἀνελθὼν καὶ τὰς λοιπὰς τελέσας ἱερουργίας ἐπανῆλθεν ἐς τὰ βασίλεια,
καὶ τῷ δήμῳ προύθηκεν ἐπὶ ταῖς νίκαις μεγίστας νομάς.
τοῖς τε στρατιώταις ἐπέδωκε χρήματα πλεῖστα, ἄλλα τε πολλὰ συνεχώρησεν
ἃ μὴ πρότερον εἶχον· καὶ γὰρ τὸ σιτηρέσιον πρῶτος ηὔξησεν αὐτοῖς, καὶ
δακτυλίοις χρυσοῖς χρήσασθαι ἐπέτρεψε γυναιξί τε συνοικεῖν, ἅπερ ἅπαντα
σωφροσύνης στρατιωτικῆς καὶ τοῦ πρὸς τὸν πόλεμον ἑτοίμου τε καὶ εὐσταλοῦς
ἀλλότρια ἐνομίζετο. καὶ πρῶτός γε ἐκεῖνος τὸ πάνυ αὐτῶν ἐρρωμένον καὶ τὸ
σκληρὸν τῆς διαίτης τό τε εὐπειθὲς πρὸς τοὺς πόνους καὶ εὔτακτον μετ´ αἰδοῦς
πρὸς ἄρχοντας ἐπανέτρεψε, χρημάτων τε ἐπιθυμεῖν διδάξας
καὶ μεταγαγὼν ἐς τὸ ἁβροδίαιτον. διοικήσας δὲ ταῦτα, ὡς ᾤετο, ἄριστα,
κατελθὼν ἐς τὴν σύγκλητον βουλήν, ἀνελθών τε ἐς τὸν βασίλειον θρόνον,
πικρῶς κατηγόρησε τῶν Ἀλβίνου φίλων, ὧν μὲν ἐπιστολὰς προκομίζων
ἀπορρήτους, ἃς ἐν τοῖς ἐκείνου ἀποθέτοις εὗρε γράμμασιν, οἷς δὲ δῶρα ὀνειδίζων
πεμφθέντα ἐκείνῳ πολυτελέστερα· ἄλλοις δὲ ἄλλας ἐπιφέρων αἰτίας,
τοῖς μὲν ἐξ ἀνατολῆς ἀνθρώποις φιλίαν Νίγρου τοῖς
δ´ ἐπὶ θάτερα γνῶσιν Ἀλβίνου, πάντας τοὺς ἐξέχοντας
τότε τῆς συγκλήτου βουλῆς καὶ τοὺς κατὰ ἔθνη πλούτῳ
ἢ γένει ὑπερέχοντας ἀφειδῶς ἀνῄρει, ὡς μὲν προσεποιεῖτο, χαλεπαίνων πρὸς
ἐχθρούς, τὸ δ´ ἀληθές, ὑπερβαλλούσης ἐν αὐτῷ φιλοχρηματίας· οὐδεὶς γοῦν
βασιλέων οὕτω χρημάτων ἡττήθη. ὡς γὰρ καρτερίᾳ ψυχῆς καὶ
ἀνεξικακίᾳ πόνων διοικήσει τε στρατιωτικῶν πραγμάτων
οὐδενὸς τῶν ἐπαινουμένων ἀπελείπετο, οὕτως ἐν αὐτῷ
ἐπλήθυνε τὸ φιλοχρήματον ἐξ ἀδικίας, φονῶν ἐκ τῆς
τυχούσης αἰτίας. φόβῳ γοῦν ἦρξε μᾶλλον τῶν ἀρχομένων ἢ εὐνοίᾳ. τῷ μέντοι
δήμῳ ἐπειρᾶτο ποιεῖν κεχαρισμένα· καὶ γὰρ θέας πολυτελεῖς καὶ παντοδαπὰς
συνεχῶς ἐπετέλει, καὶ θηρίων ἑκατοντάδας ἀνεῖλε πολλάκις
τῶν ἀπὸ πάσης γῆς ἡμετέρας τε καὶ βαρβάρου, νομάς
τε μεγαλοφρόνως ἐπεδίδου. ἐπετέλεσε δὲ καὶ ἐπινίκιον
ἀγῶνα, τοὺς πανταχόθεν μούσης τε ὑποκριτὰς καὶ ἀνδρείας μαθητὰς
μεταπεμψάμενος. εἴδομεν δὲ ἐπ´ αὐτοῦ
καὶ θέας τινῶν παντοδαπῶν θεαμάτων ἐν πᾶσι θεάτροις
ὁμοῦ, ἱερουργίας τε καὶ παννυχίδας ἐπιτελεσθείσας ἐς
μυστηρίων ζῆλον· αἰωνίους δὲ αὐτὰς ἐκάλουν οἱ τότε,
ἀκούοντες τριῶν γενεῶν διαδραμουσῶν ἐπιτελεῖσθαι.
κήρυκες γοῦν κατά τε τὴν Ῥώμην καὶ τὴν Ἰταλίαν διεφοίτων καλοῦντες ἥκειν
καὶ θεάσασθαι πάντας ἃ μήτε
εἶδον μήτε ὄψονται. οὕτως ὁ μεταξὺ χρόνος τῆς παρελθούσης ἑορτῆς καὶ τῆς
μελλούσης ἐδηλοῦτο, πᾶσαν ἡλικίαν ἀνθρώπων ὑπερβαίνων.
| [3,8] XXIV. Sévère tourna sa fureur contre les amis que ce sénateur avait à
Rome. Il envoya dans cette capitale la tête d'Albinus, qu'il fit exposer
sur la place publique au bout d'un poteau, et il termina par ces mots la
lettre qu'il adressa au peuple pour lui annoncer sa victoire : « J'ai
envoyé à Rome la tête de mon ennemi, et j'ai ordonné qu'on l'exposât à
tous les yeux, pour apprendre au peuple romain jusqu'où va ma colère
contre ceux qui m'offensent, et jusqu'où ira mon ressentiment contre les
partisans d'Albinus. » Après avoir réglé les affaires de la Bretagne,
divisé cette contrée en deux gouvernements, organisé avec soin celui des
Gaules, et privé de leurs biens et de la vie tous ceux qui dans ces deux
provinces avaient été attachés à Albinus, soit par inclination, soit par
nécessité, il se dirigea vers Rome, traînant après lui toute son armée
pour inspirer plus de terreur.
XXV. Il fit cette marche avec sa vitesse accoutumée, qu'augmentait encore
son ressentiment pour les amis d'Albinus qui se trouvaient à Rome, et il
entra bientôt dans la capitale. Le peuple, accouru au-devant de lui avec
des branches de laurier, poussa de vives acclamations et lui fit un
brillant accueil. Les sénateurs le complimentèrent. Tous tremblaient
néanmoins : ils savaient que Sévère, implacable dans ses haines, et se
livrant sous les plus légers prétextes à des actes de violence, ne les
épargnerait point dans une circonstance où il semblait avoir des motifs
suffisants de plainte. L'empereur entra dans le temple de Jupiter, et
après les sacrifices accoutumés, se retira dans son palais. Il fit de
grandes largesses au peuple en l'honneur de sa victoire, et distribua de
fortes sommes aux soldats, dont il augmenta les privilèges. Le premier, il
leur fit donner plus de blé, leur permit de porter au doigt un anneau d'or
et de demeurer avec leurs femmes. Toutes ces concessions, contraires à la
discipline, ne pouvaient que nuire au courage et à l'activité des troupes.
Sévère fut donc le premier qui détruisit cette vigueur, cette tempérance,
cette aptitude aux fatigues, cette discipline et cette docilité qui
distinguaient le soldat romain; il le rendit cupide et efféminé.
XXVI. Après ces dispositions diverses, il vint au sénat, monta sur le
siège impérial, et s'emporta violemment contre les amis d'Albinus; il
produisit contre les uns des lettres secrètes qu'il avait trouvées dans
les papiers de ce général, accusa les autres de lui avoir fait des
présents trop considérables. Il reprochait à tous un crime différent :
« Ceux-ci, qui s'étaient trouvés en Orient, avaient servi Niger; ceux-là
étaient coupables d'avoir seulement connu Albinus. Il sut ainsi se défaire
des plus puissants sénateurs, et de tous les gouverneurs de provinces
distingués par leur naissance ou par leur fortune. C'était en apparence le
ressentiment, mais en réalité son insatiable avarice qui le portait à ces
violences : jamais empereur, en effet, ne poussa si loin la soif de l'or;
et s'il se montra l'égal des plus grands capitaines par sa fermeté, sa
patience dans les fatigues, son habileté dans le commandement, il se
dégrada, en retour, par une cupidité qui, pour se satisfaire, ne reculait
ni devant le sang, ni devant aucune espèce d'excès. Aussi, ne régnant que
par la crainte et non par l'amour, il s'efforçait de se rendre populaire :
il donnait sans cesse au peuple de magnifiques spectacles et des jeux où
l'on tuait souvent jusqu'à cent animaux, tant de nos climats que des
régions barbares. Il distribuait l'argent en abondance. Il fit concourir
publiquement des musiciens et d'habiles athlètes, qu'il envoyait chercher
au loin. Nous vîmes aussi, sous ce règne, des jeux de toute espèce sur
tous les théâtres à la fois, des sacrifices et des cérémonies nocturnes, à
l'imitation des mystères de Cérès. Ces fêtes étaient les Jeux séculaires,
qu'on n'avait pas, disait-on, célébrés depuis un siècle. Des hérauts
parcoururent la capitale et toute l'Italie pour inviter tous les habitants
à assister à un spectacle qu'ils n'avaient jamais vu et qu'ils ne devaient
point revoir. C'était faire entendre qu'entre la célébration de ces
solennités s'écoule un espace de temps que la vie humaine ne peut remplir.
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