HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Hérodien, Histoire romaine, livre III

Chapitre 7

  Chapitre 7

[3,7] ὡς δὲ ἀπηγγέλη τῷ Ἀλβίνῳ μὴ μέλλων Σεβῆρος ἀλλ´ ἤδη παρεσόμενος, ὑπτιάζοντι καὶ τρυφῶντι μεγάλην ταραχὴν ἐνέβαλε. περαιωθεὶς δὲ ἀπὸ τῆς Βρεττανίας ἐς τὴν ἀντικειμένην Γαλλίαν ἐστρατοπέδευσεν. ἔπεμψέ τε ἐς πάντα τὰ γειτνιῶντα ἔθνη, τοῖς τε ἡγουμένοις ἐπέστειλε χρήματά τε πέμπειν καὶ τροφὰς τῷ στρατῷ. καὶ οἱ μὲν πεισθέντες ἔπεμψαν ὀλεθρίως· ὕστερον γὰρ ἐκολάσθησαν· ὅσοι δὲ οὐκ ἐπίστευσαν, εὐτυχῶς μᾶλλον γνόντες εὐβούλως ἐσώθησαν. γὰρ ἀπόβασις καὶ τύχη τοῦ πολέμου τὰς ἑκατέρων γνώμας ἔκρινεν. ἀφικομένης δὲ τῆς τοῦ Σεβήρου δυνάμεως ἐς τὴν Γαλλίαν γεγόνασι μέν τινες ἀκροβολισμοὶ καθ´ ἕτερα χωρία, δὲ τελευταία περὶ Λουγδοῦνον, μεγάλην πόλιν καὶ εὐδαίμονα, ἐν κατακλείσας ἑαυτὸν Ἀλβῖνος ἔμενε, τὸν δὲ στρατὸν ἐς τὴν μάχην ἐξέπεμψε. γενομένης δὲ συμβολῆς καρτερᾶς ἐπὶ πλεῖστον μὲν ἰσόρροπος ἔμενεν ἑκατέροις τῆς νίκης τύχη. καὶ γὰρ οἱ Βρεττανοὶ ἀνδρείᾳ τε καὶ θυμῷ φονικῷ οὐδὲν τῶν Ἰλλυριῶν ἀπολείπονται· γενναίων οὖν στρατῶν μαχομένων, οὐδετέρων ῥᾳδία ἦν τροπή. ὡς δέ τινες τῶν τότε ἱστόρησαν, οὐ πρὸς χάριν ἀλλὰ πρὸς ἀλήθειαν λέγοντες, πολύ τι ὑπερέσχεν φάλαγξ τοῦ Ἀλβίνου στρατοῦ, καθ´ μέρος τέτακτο Σεβῆρος καὶ σὺν αὐτῷ στρατός, ὡς φυγεῖν τε αὐτὸν καὶ τοῦ ἵππου ἐκπεσεῖν, ἀπορρίψαντα δὲ τὴν χλαμύδα τὴν βασιλικὴν λαθεῖν. ἤδη δὲ διωκόντων καὶ παιωνιζόντων τῶν Βρεττανῶν ὡς δὴ νενικηκότων, ἐπιφανῆναι Λαῖτον, στρατηγὸν ὄντα Σεβήρου, σὺν τῷ στρατῷ οὗ ἦρχεν, ἀκμῆτί τε ὄντι καὶ ἔξω μάχης γεγονότι. διαβάλλουσι δὲ αὐτὸν ὡς καραδοκήσαντα τὴν ἀπόβασιν τῆς μάχης καὶ ἑκόντα βραδύναντα, τὸν δὲ ὑφ´ ἑαυτῷ στρατὸν ἀκμῆτα τηρήσαντα, τὴν ἀρχὴν ἑαυτῷ μνώμενον, τότε ἐπιφανῆναι ὅτε ἔμαθε τὸν Σεβῆρον πεπτωκότα. πιστοῦται δὲ τὴν διαβολὴν ταύτην ἀπόβασις· ὕστερον γὰρ Σεβῆρος, μετὰ τὸ πάντα κατορθῶσαι καὶ εἶναι ἐν ἀμερίμνῳ βίῳ, τοὺς μὲν ἄλλους πάντας στρατηγοὺς αὑτοῦ μεγάλως ἠμείψατο, τὸν δὲ Λαῖτον μόνον, ὡς εἰκός, μνησικακήσας διεχρήσατο. ἀλλὰ ταῦτα μὲν ὕστερον ἐγένετο, τότε δ´ οὖν, ὡς προείρηται, τοῦ Λαίτου ἐπιφανέντος σὺν νεαρῷ στρατῷ οἱ μὲν τοῦ Σεβήρου ἐπερρώσθησαν, τόν τε Σεβῆρον τοῦ ἵππου ἐπεβίβασαν καὶ τὴν χλαμύδα περιέθεσαν· οἱ δὲ τοῦ Ἀλβίνου οἰόμενοι ἤδη νενικηκέναι καὶ ἀτακτότεροι εὑρεθέντες, αἰφνιδίως αὐτοῖς ἐπιπεσούσης γενναίας καὶ οὐ προηγωνισμένης δυνάμεως, ἐπ´ ὀλίγον ἀντισχόντες εἶξαν, τροπῆς τε καρτερᾶς γενομένης ἐδίωξαν αὐτοὺς φονεύοντες οἱ Σεβήρου, μέχρις οὗ ἐς τὴν πόλιν ἐσέβαλον. τὸ μὲν οὖν πλῆθος τῶν ἑκατέρωθεν ἀνῃρημένων ἁλόντων, ὡς ἕκαστος ἐβουλήθη τῶν τότε συγγραψάντων, ἱστόρησεν· οἱ δὲ τοῦ Σεβήρου τήν τε Λουγδοῦνον διαρπάσαντες καὶ ἐμπρήσαντες, τόν τε Ἀλβῖνον συλλαβόντες καὶ τῆς κεφαλῆς ἀφελόντες, κομίσαντες αὐτὴν τῷ Σεβήρῳ δισσὰ καὶ μέγιστα ἤγειραν τρόπαια, τὸ μὲν ἐν ἀνατολῇ τὸ δ´ ὑπ´ ἄρκτῳ, ὡς μηδὲν ταῖς Σεβήρου μάχαις νίκαις παραβάλλεσθαι μήτε πλήθει δυνάμεως μήτε ἐθνῶν κινήσεσιν ἀριθμῷ τε παρατάξεων ὁδοιπορίας τε μήκει καὶ τάχει. μεγάλαι μὲν γὰρ καὶ αἱ Καίσαρος πρὸς Πομπήιον ἑκατέρωθεν στρατοπέδων Ῥωμαϊκῶν μάχαι, καὶ αὖ τοῦ Σεβαστοῦ πρὸς Ἀντώνιον τοὺς Πομπηίου παῖδας, εἴ τέ τι πρότερον Σύλλᾳ Μαρίῳ ἐν ἐμφυλίοις καὶ Ῥωμαϊκαῖς μάχαις ἄλλοις πέπρακται· ἕνα δὲ ἄνδρα τρεῖς καθελόντα βασιλέας ἤδη κρατοῦντας, καὶ τοῦ μὲν ἐν Ῥώμῃ στρατοῦ σοφίᾳ περιγενέσθαι καὶ τὸν ὄντα ἐν τῇ βασιλείῳ αὐλῇ καθῃρηκέναι εὐτυχήσαντα, τὸν δὲ τῶν ἐν τῇ ἀνατολῇ κρατοῦντα πάλαι καὶ ὑπὸ Ῥωμαίων βασιλέα κληθέντα, τὸν δὲ ἐν Καίσαρος τιμῇ καὶ ἐξουσίᾳ γεγονότα χειρωσάμενον ἀνδρείᾳ, οὐκ ἔστιν ἄλλον ῥᾳδίως εἰπεῖν. τέλει μὲν δὴ τοιούτῳ Ἀλβῖνος ἐχρήσατο, πρὸς ὀλίγον ἀπολαύσας ὀλεθρίου τιμῆς· [3,7] Quand on apprit à Albinus la marche de son compétiteur et sa prochaine arrivée, cette nouvelle, qui le surprit au milieu de l'indolence et des plaisirs, le jeta dans le plus grand trouble. Il passa de la Bretagne dans les Gaules, prit position avec son armée, et envoya des courriers aux gouverneurs de toutes les provinces voisines, pour leur ordonner de lui faire parvenir de l'argent et des vivres. Quelques-uns eurent le malheur de lui obéir : ils en furent punis plus tard ; ceux qui n'eurent pas égard à ses ordres se trouvèrent bien d'une conduite moins prudente cependant qu'heureuse, car ce fut l'événement qui décida du bon et du mauvais parti. XXI. L'armée de Sévère entra enfin dans les Gaules ; il y eut quelques engagements de part et d'autre ; mais ce fut près de Lyon, grande et riche cité, qu'on en vint à une affaire décisive. Albinus s'était enfermé dans cette ville après avoir envoyé son armée au combat. La bataille fut sanglante, le succès fut longtemps douteux : les Bretons ne le cèdent en rien aux peuples d'Illyrie pour le courage et la férocité : le combat devait donc être opiniâtre et acharné entre deux armées également fortes et belliqueuses. Selon le récit de plusieurs historiens sans flatterie, les troupes de l'armée d'Albinus opposées à l'aile que commandait Sévère en personne eurent un avantage si marqué, que ce prince prit la fuite, et, étant tombé de cheval, se dépouilla, pour n'être point reconnu, de la chlamyde impériale. XXII. Les Bretons s'étaient mis à la poursuite des fuyards et poussaient déjà le cri de victoire, quand Laetus, un des généraux de Sévère, tomba tout à coup sur eux avec des troupes fraîches; on accusa ce général d'avoir attendu l'événement, et d'avoir à dessein différé de prendre part au combat : on dit qu'ambitieux de l'empire, il gardait, pour s'en servir à propos, les troupes qu'il avait sous ses ordres; et en effet, on ne le vit se mettre on mouvement, que lorsqu'il crut que Sévère avait péri. La suite des événements confirma ces soupçons : quand tous les efforts de Sévère furent couronnés d'un plein succès, quand ce prince se vit paisible possesseur du trône, il récompensa magnifiquement tous ses généraux, mais, se ressouvenant probablement de la trahison de Laetus, il le condamna à mort. Reprenons notre récit sans anticiper sur l'avenir. L'arrivée de Laetus avec son corps d'armée rallia les fuyards ; les soldats de Sévère replacèrent ce prince sur son cheval, et le couvrirent de son manteau. Les troupes d'Albinus, attaquées tout à coup par des troupes qui n'avaient pas encore donné , et au moment où la certitude de la victoire avait mis le désordre dans leurs rangs, plièrent après une courte résistance. L'ennemi victorieux en fit un grand carnage, et les poursuivit jusqu'à Lyon. Les écrivains du temps ne s'accordent point sur le nombre de soldats qui furent tués ou pris de part et d'autre. XXIII. Les troupes de Sévère pénètrent dans Lyon, pillent et incendient cette ville, s'emparent d'Albinus, lui coupent la tête et l'apportent à leur général. Elles dressent ensuite deux trophées, l'un à l'orient, l'autre au nord, emblème de leur double victoire. Il nous semble que rien ne peut se comparer aux campagnes de Sévère, ni pour la force des armées, ni pour le nombre de nations en mouvement, ni pour la multiplicité des combats, ni pour la longueur et la rapidité des marches. Sans doute les guerres civiles de César contre Pompée, d'Auguste contre les enfants de ce dernier et contre Antoine, furent sanglantes; sans doute Marius et Sylla ont fait de grandes choses dans le cours de leurs guerres intestines et extérieures; mais qu'un seul homme soit parvenu à détruire trois compétiteurs, déjà maîtres de l'empire; qu'il ait été renverser le premier jusque dans son palais de Rome, après avoir triomphé, sans verser de sang, des prétoriens qui le gardaient ; qu'il ait ensuite vaincu par sa valeur deux nouveaux ennemis, dont l'un, maître de tout l'Orient, avait été désigné empereur par les Romains mêmes, et dont l'autre était revêtu du nom et de l'autorité des Césars : c'est une gloire dont il n'est point facile de trouver dans l'histoire un second exemple. Albinus ne jouit donc que peu de temps des dangereux honneurs de la royauté.


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Dernière mise à jour : 26/04/2007