HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Hérodien, Histoire romaine, livre III

Chapitre 6

  Chapitre 6

[3,6] γνοὺς δὲ ταῦτα Σεβῆρος, καὶ πάντα μὲν ἐκθύμως πράττων, ὀργῆς δὲ ἥττων ὢν φύσει, οὐκέτι τὴν ἔχθραν ἔκρυπτεν, ἀλλὰ συγκαλέσας πᾶν τὸ στρατιωτικὸν ἔλεξε πρὸς αὐτοὺς τοιάδε· „μήτε κουφότητά τις μετάνοιαν ἐπὶ τοῖς πεπραγμένοις ἡμῖν ἐγκαλείτω, μήτ´ ἄπιστον ἐμὲ ἀγνώμονα πρὸς τὸν νομισθέντα φίλον ἡγείσθω. τὰ μὲν γὰρ παρ´ ἡμῶν πάντα ὑπῆρχεν αὐτῷ, βεβαίας βασιλείας κοινωνίᾳ, πράγματος οὗ μόλις τις καὶ ἀδελφοῖς γνησίοις μεταδίδωσιν· δὲ ἐμοὶ μόνῳ ὑμεῖς ἐχειροτονήσατε, τοῦτ´ ἐγὼ πρὸς ἐκεῖνον ἐνειμάμην. μεγάλων τέ μοι κατατεθεισῶν ἐς αὐτὸν εὐεργεσιῶν ἀχαρίστους τὰς ἀμοιβὰς Ἀλβῖνος ἀποδίδωσιν. ὅπλα καὶ στρατὸν ἐφ´ ἡμᾶς συσκευάζεται, καταφρονήσας μὲν τῆς ὑμετέρας ἀνδρείας, ἀμελήσας δὲ τῆς πρὸς ἐμὲ πίστεως, ἀπλήστῳ τε ἐπιθυμίᾳ βουλόμενος λαβεῖν μετὰ κινδύνων οὗ τὸ μέρος εἶχεν ἄνευ πολέμου καὶ μάχης, οὔτε θεοὺς αἰδεσθείς, οὓς πολλάκις ὤμοσεν, οὔτε τῶν ὑμετέρων καμάτων φεισάμενος, οὓς μετὰ τοσαύτης δόξης τε καὶ ἀρετῆς ὑπὲρ ἡμῶν ἐκάμετε. ἐν γὰρ οἷς κατωρθώσατε, κἀκεῖνος τὸ μέρος ἐκαρποῦτο· ἔσχε δ´ ἄν τι καὶ μεῖζον, εἰ καὶ τὸ πιστὸν ἐτήρει, τῆς ἀμφοτέροις ἡμῖν παρ´ ὑμῶν μεμερισμένης τιμῆς. ὥσπερ δὲ ἄδικον τὸ ἄρχειν ἔργων πονηρῶν, οὕτως ἄνανδρον τὸ μὴ ἀμύνεσθαι προαδικούμενον. καὶ Νίγρῳ μὲν πολεμοῦντες οὐχ οὕτως εὐλόγους εἴχομεν αἰτίας ἔχθρας ὡς ἀναγκαίας· οὐ γὰρ παρ´ ἡμῖν προϋπάρχουσαν ἀρχὴν ὑφαρπάζων μεμίσητο, ἐν μέσῳ δὲ ἐρριμμένην καὶ ἀμφήριστον οὖσαν ἑκάτερος ἡμῶν ἐξ ἰσοτίμου φιλοτιμίας ἐς αὑτὸν ἀνθεῖλκεν· Ἀλβῖνος δὲ σπονδῶν καὶ ὅρκων καταφρονήσας, καὶ τούτου παρ´ ἐμοῦ τυχὼν οὗ μόνῳ τις υἱῷ γνησίῳ μεταδίδωσιν, ἐχθρὸς μὲν ἀντὶ φίλου πολέμιος δὲ ἀντὶ οἰκείου γενέσθαι προῄρηται. ὥσπερ δὲ αὐτὸν εὐεργετοῦντες πρότερον τιμῇ καὶ δόξῃ ἐκοσμήσαμεν, οὕτως καὶ νῦν αὐτοῦ τὸ ἄπιστον καὶ ἄνανδρον τοῖς ὅπλοις ἐλέγξωμεν. οὐδὲ γὰρ ὑπομενεῖ ἐκείνου στρατὸς ὀλίγος ὢν καὶ νησιώτης τὴν ὑμετέραν δύναμιν. οἳ γὰρ μόνοι καὶ καθ´ αὑτοὺς προθυμίᾳ καὶ ἀνδρείᾳ τοσούταις μάχαις ἐνικήσατε καὶ πᾶσαν ἀνατολὴν ὑπετάξατε, πῶς οὐχὶ καὶ νῦν, προσελθούσης ὑμῖν τοσαύτης συμμάχου δυνάμεως, σχεδόν τε παντὸς τοῦ Ῥωμαίων στρατοῦ ἐνταῦθα ὄντος, ῥᾷστα κρατήσετε ὀλίγων τε ὄντων καὶ μηδὲ ὑπὸ γενναίῳ καὶ νήφοντι ἀνδρὶ στρατηγουμένων; τίς γὰρ αὐτοῦ τὸ ἁβροδίαιτον οὐκ οἶδεν, ὡς χοροῖς αὐτοῦ μᾶλλον ἁρμόζειν τὸν βίον φάλαγξιν; ἴωμεν οὖν τῇ συνήθει χρώμενοι προθυμίᾳ τε καὶ ἀνδρείᾳ γενναίως ἐπ´ αὐτόν, θεούς τε ἔχοντες βοηθούς, ἐς οὓς ἐπιορκήσας ἠσέβησε, τρόπαιά τε πολλάκις ἠγείραμεν, ὧν ἐκεῖνος κατεφρόνησεν.“ τοιαῦτά τινα εἰπόντος τοῦ Σεβήρου στρατὸς ἅπας τὸν μὲν Ἀλβῖνον πολέμιον ἀνηγόρευσεν, εὐφημήσαντες δὲ τὸν Σεβῆρον, πᾶσάν τε προθυμίαν διὰ τῆς βοῆς ὑποσχόμενοι, ἔτι καὶ μᾶλλον παρώρμησαν αὐτὸν ἀγαθάς τε ὑπέφηναν τὰς ἐλπίδας. δὲ ἐπιδοὺς αὐτοῖς μεγαλοφρόνως δωρεάς, τῆς ἐπὶ τὸν Ἀλβῖνον ὁδοῦ εἴχετο. ἔπεμψε δὲ καὶ τοὺς τὸ Βυζάντιον πολιορκήσοντας· ἔμενε γὰρ ἔτι κεκλεισμένον, τῶν στρατηγῶν τοῦ Νίγρου ἐκεῖσε καταφυγόντων. ὅπερ ἑάλω ὕστερον λιμῷ, πᾶσά τε πόλις κατεσκάφη, καὶ θεάτρων τε καὶ λουτρῶν παντός τε κόσμου καὶ τιμῆς ἀφαιρεθὲν τὸ Βυζάντιον κώμη δουλεύειν Περινθίοις δῶρον ἐδόθη, ὥσπερ καὶ Ἀντιόχεια Λαοδικεῦσιν. ἔπεμψε δὲ καὶ χρήματα πλεῖστα ἐς ἀνοικισμὸν τῶν πόλεων ἃς ἦν λυμηνάμενος Νίγρου στρατός. αὐτὸς δὲ τῆς ὁδοῦ εἴχετο, μηδεμίαν ἀνοχὴν ἀναπαύλης διδοὺς μήτε ἑορταῖς μήτε καμάτοις, κρύους καὶ θάλπους ὁμοίως καταφρονῶν. πολλάκις γοῦν διὰ τῶν δυσχειμέρων καὶ ὑψηλοτάτων ὀρῶν τὴν ὁδοιπορίαν ποιούμενος ὑπὸ νιφετοῖς καὶ χιόσιν ἀκαλύπτῳ τῇ κεφαλῇ ὡδοιπόρει, προθυμίας καὶ ἀνδρείας τὸ ἐνδόσιμον τοῖς στρατιώταις ἔργῳ διδούς, ὡς μὴ μόνον αὐτοὺς φόβῳ καὶ νόμῳ ἀντέχειν πρὸς τοὺς καμάτους, ἀλλὰ καὶ μιμήσει καὶ ζήλῳ τοῦ βασιλέως. ἔπεμψε δὲ καὶ στρατηγὸν μετὰ δυνάμεως τὸν τὰ στενὰ τῶν Ἄλπεων καταληψόμενον καὶ φρουρήσοντα τῆς Ἰταλίας τὰς εἰσβολάς. [3,6] Ces nouvelles parviennent à Sévère. Ce général, d'une extrême violence et incapable de maîtriser son ressentiment, ne garde plus de mesure; il convoque ses troupes et leur tient ce discours : XVIII. « Je ne pense pas qu'aucun de vous trouve dans ma conduite passée quelque motif de me taxer de légèreté ; je ne pense pas que vous m'accusiez de trahison et d'ingratitude envers un homme que je croyais mon ami. J'ai tout fait pour lui, puisque je l'ai associé à mon empire, déjà affermi par mes succès ; puisque j'ai partagé avec lui un bien qu'on partage à peine avec un frère. J'ai consenti à lui donner la moitié de ce trône que vous aviez offert à moi seul ; et pour prix de tant de bienfaits, c'est en ennemi que veut me traiter Albinus. II rassemble contre moi des armes, des soldats; il méprise votre valeur; il viole la fidélité qu'il m'a promise; dans son insatiable ambition, il espère conquérir, pour lui seul, et au péril de sa vie, cette couronne qu'il pouvait posséder avec moi sans trouble et sans dangers. Il outrage les dieux, au nom desquels il a juré; il n'a point de ménagement, soldats, pour ces glorieuses fatigues que vous avez supportées pour nous avec tant d'éclat et de courage; car ne jouissait-il pas, comme moi, du fruit de vos victoires? S'il avait su garder ses serments, il eût conservé quelque chose de plus précieux que cet empire que vous aviez partagé entre nous : il eût conservé l'honneur. Mais s'il y a de l'injustice à jouer le rôle d'agresseur, il y aurait de la lâcheté à ne point se venger des injures qu'on a reçues. Quand nous avons marché contre Niger, c'était la nécessité, plutôt que de véritables sujets de plainte, qui nous portait à cette guerre. Niger avait-il mérité ma haine en voulant m'enlever un trône qui m'appartint? Non, le trône était vacant, à l'abandon, et chacun de nous se le disputait avec une égale ardeur. Mais Albinus a rompu le traité, les serments qui nous unissaient. Après avoir obtenu de moi ce qu'un fils seul pourrait espérer de son père, c'est la haine, et non son amitié qu'il me donne; il veut que je sois son ennemi! Je le serai. Autant il a reçu de moi de bienfaits, autant je l'ai comblé jusqu'ici de gloire et d'honneurs; autant je veux aujourd'hui le couvrir d'opprobre, et prouver, en l'écrasant, qu'il est aussi faible que perfide. Non , soldats, sa petite armée d'insulaires ne pourra vous résister. Seuls, sans autre auxiliaire que votre courage et votre ardeur, vous avez triomphé dans vingt batailles; vous avez soumis tout l'Orient : pourquoi, maintenant que tant de troupes sont venues se joindre à vous, et que vous formez presque toute l'armée romaine, ne vaincriez-vous pas sans peine une poignée d'hommes, conduits par un chef sans expérience et amolli par la débauche? Qui de vous ignore sa vie voluptueuse et efféminée? Il est plus digne, vous le savez, de commander à une troupe de danseurs qu'à des légions. Marchons donc contre ce traître avec notre bravoure et notre impétuosité habituelles! Marchons, soutenus par la protection des dieux que son parjure a outragés, et par le souvenir de ces innombrables trophées, qu'il a méprisés dans son audace ! » XIX. Aussitôt que Sévère eut ainsi parlé, l'armée entière déclara Albinus ennemi de Rome. Les soldats poussent des acclamations en l'honneur de leur général ; ils témoignent par leurs cris la plus vive impatience; leur confiance redouble l'ardeur et les espérances de Sévère. Après leur avoir distribué de fortes sommes, il se met en marche. Auparavant, il avait envoyé des troupes assiéger Byzance ; cette ville, où s'étaient réfugiés les généraux de Niger, ne lui avait pas encore ouvert ses murs. Elle fut prise plus tard par famine; la ville entière fut détruite; on renversa ses théâtres, ses bains publics et tous les édifices qui l'embellissaient : cette superbe capitale, devenue un faible bourg, perdit encore sa liberté, et fut donnée aux Périnthiens, de même qu'Antioche se vit livrée aux habitants de Laodicée. Sévère consacra en outre de fortes sommes à relever les villes qu'avaient dévastées les soldats de Niger. Cependant il s'avançait avec une extrême rapidité, ne prenant aucun repos, ne s'arrêtant pas même les jours de fête, bravant également des froids excessifs et les chaleurs les plus fortes. On le voyait franchir tête nue les plus hautes montagnes, au milieu des glaces amoncelées, de la pluie et des neiges, inspirant aux soldats, par son exemple, l'activité et le courage. Aussi faisaient-ils tous leur devoir, non par crainte ni par nécessité, mais par un noble désir d'imiter leur empereur et de rivaliser avec lui. XX. Sévère avait aussi envoyé une armée occuper les défilés des Alpes, et fermer l'accès de l'Italie.


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Dernière mise à jour : 26/04/2007