[3,5] διοικήσας δὲ ὁ Σεβῆρος τὰ ἐπὶ τῆς ἀνατολῆς, ὡς ᾤετο,
ἄριστα καὶ ἑαυτῷ λυσιτελέστατα, ἠθέλησεν εὐθέως ὁρμῆσαι
ἐπὶ τὸν Ἀτρηνῶν βασιλέα ἔς τε τὴν Παρθυαίων
γῆν διαβῆναι· ἐνεκάλει γὰρ ἀμφοτέροις φιλίαν Νίγρου.
ἀλλὰ ταῦτα μὲν ἐς ὕστερον ἀνέθετο, πρῶτον δὲ πᾶσαν
τὴν ἀρχὴν Ῥωμαίων ἐς ἑαυτὸν καὶ τοὺς παῖδας μεταγαγεῖν
καὶ βεβαιώσασθαι ἠθέλησε. καθῃρημένου γὰρ τοῦ Νίγρου
ὀχληρὸς καὶ περιττὸς αὐτῷ ὁ Ἀλβῖνος ἐνομίζετο· ἔτι τε
καὶ ἤκουεν αὐτὸν βασιλικώτερον ἐντρυφῶντα τῷ τοῦ
Καίσαρος ὀνόματι, πολλούς τε, μάλιστα τοὺς ἐξέχοντας
τῆς συγκλήτου βουλῆς, ἰδίᾳ καὶ κρύβδην ἐπιστέλλοντας
αὐτῷ, ἔς τε τὴν Ῥώμην ἐλθεῖν πείθοντας ἀπόντος καὶ
ἀσχολουμένου τοῦ Σεβήρου. ᾑροῦντο γὰρ οἱ εὐπατρίδαι
ἐκεῖνον μᾶλλον ἄρχοντα, ἅτε ἐκ προγόνων εὖ γεγονότα
καὶ χρηστὸν τὸ ἦθος εἶναι λεγόμενον. ἅπερ πυνθανόμενος
ὁ Σεβῆρος φανερὰν μὲν εὐθὺς πρὸς αὐτὸν ἔχθραν
ἄρασθαι καὶ πόλεμον ἐγεῖραι πρὸς ἄνδρα μηδεμίαν εὔλογον
παρεσχημένον αἰτίαν παρῃτήσατο· ἔδοξε δὲ αὐτῷ
ἀπόπειραν ποιήσασθαι, εἰ δύναιτο ἀποσκευάσασθαι λαθὼν
καὶ ἐξαπατήσας αὐτόν. μεταπεμψάμενος οὖν τοὺς
πιστοτάτους τῶν εἰωθότων τὰ βασιλικὰ γράμματα διακομίζειν, δίδωσιν αὐτοῖς
ἐντολάς {ἀπορρήτων,} εἰ γένοιντο παρ´ αὐτῷ, τὰ μὲν γράμματα δημοσίᾳ
ἀποδοῦναι, ἀξιῶσαι δὲ αὐτὸν ἰδιαίτερον ἀποστάντα ἐπακοῦσαι ἀπορρήτων
ἐντολῶν, πεισθέντι δὲ δορυφόρων ἐρήμῳ ἐπιπεσεῖν αἰφνιδίως καὶ φονεῦσαι.
ἔδωκε δὲ αὐτοῖς καὶ δηλητήρια φάρμακα, ὅπως τινὰς πείσαιεν, εἰ δυνηθεῖεν, ἢ
τῶν ὀψοποιῶν ἢ τῶν πρὸς ταῖς κύλιξι, λαθεῖν καὶ ἐπιδοῦναι
αὐτῷ - - - ὑποπτευόντων, τῶν περὶ αὐτὸν φίλων
συμβουλευόντων αὐτῷ φυλάττεσθαι ἄνδρα ἀπατεῶνα
σοφόν τε πρὸς ἐπιβουλήν· διαβεβλήκεσαν γὰρ αὐτοῦ τὸ
ἦθος αἱ πρὸς τοὺς ἡγεμόνας τοῦ Νίγρου πράξεις· πείσας γὰρ αὐτοὺς διὰ τῶν
παίδων, ὡς προείρηται, προδοῦναι τὰ τοῦ Νίγρου πράγματα, μετὰ τὸ
ἀποχρήσασθαι αὐτῶν τῇ ὑπηρεσίᾳ καὶ κατορθῶσαι πάντα ἃ ἐβούλετο
ἀνεῖλεν αὐτούς τε καὶ τοὺς παῖδας. τὸ οὖν ὕπουλον
αὐτοῦ ἦθος μάλιστα ἐκ τῶν ἔργων ἐδηλοῦτο. διὰ ταῦτα
ὁ Ἀλβῖνος καὶ φρουρᾷ μείζονι ἔφραττεν ἑαυτόν· οὐδὲ
γάρ τις αὐτῷ τῶν ἀπὸ τοῦ Σεβήρου ἀφικνουμένων ἄλλως προσῄει, εἰ μὴ
πρότερον ἀποθέμενος ὅπερ περιέκειτο ξίφος στρατιωτικὸν ἐρευνηθείς τε, μή τι
φέροι ὑπὸ κόλπον.
ὡς δ´ οὖν ἀφίκοντο οἱ τοῦ Σεβήρου ἀγγελιαφόροι, τά τε γράμματα δημοσίᾳ
ἀποδόντες ἠξίουν αὐτὸν ἀποστάντα ἐπακοῦσαι τινῶν ἀπορρήτων, ὑποπτεύσας
ὁ Ἀλβῖνος συλληφθῆναι κελεύει αὐτούς, ἰδίᾳ τε βασανίσας πᾶσαν μανθάνει
τὴν ἐπιβουλήν, καὶ τοὺς μὲν κολάζει, αὐτὸς δὲ ἤδη ὡς πρὸς ὁμολογούμενον
ἐχθρὸν παρεσκευάζετο.
| [3,5] XVI. Quand Sévère eut réglé les affaires d'Orient de la manière qui lui
parut la plus sage et la plus conforme à ses intérêts, sa première pensée
fut d'attaquer le roi des Atréniens et de marcher ensuite sur le pays des
Parthes. Il reprochait au premier de ces deux peuples l'amitié qu'il avait
montrée pour Niger; mais il remit sa vengeance à un autre temps. Il voulut
d'abord affermir dans ses mains et dans celles de ses enfants l'empire
romain tout entier. Niger n'était plus; mais Albinus restait, et cet
associé au trône lui semblait incommode et importun : on lui disait
d'ailleurs qu'Albinus affichait un faste royal et faisait parade du nom de
César; on lui disait surtout que plusieurs des membres les plus distingués
du sénat entretenaient avec lui une correspondance secrète, et
l'engageaient à marcher sur Rome, pendant l'absence de Sévère et sa lutte
contre les peuples d'Orient. Les patriciens en effet préféraient pour
empereur un Romain d'une haute naissance et renommé pour la douceur de son
caractère. Sévère se décida à ces nouvelles; cependant il ne voulut pas
agir ouvertement contre Albinus et déclarer la guerre à un homme qui ne
lui en avait pas fourni de prétexte ostensible : il aima mieux essayer de
se débarrasser de son rival par des voies détournées et par la ruse. Il
mande donc auprès de lui ceux de ses courriers sur lesquels il croit
pouvoir le plus compter, et leur donne des ordres cachés : ils devaient,
une fois parvenus auprès d'Albinus, lui remettre d'abord leurs dépêches,
le prier ensuite de se retirer quelque temps à l'écart avec eux, pour
écouter les nouvelles secrètes dont ils étaient porteurs; et, s'il y
consentait, profiter de l'éloignement de ses gardes pour l'assaillir et le
percer de coups. Sévère leur donna en outre du poison, pour s'en servir
dans le cas où ils parviendraient à engager quelques-uns des cuisiniers ou
des échansons. d'AIbinus de le faire prendre à leur maître; car le premier
projet pouvait ne pas réussir. Les amis d'AIbinus étaient en effet sur
leurs gardes, et ils ne cessaient de conseiller à ce prince de se méfier
de Sévère et de se prémunir contre sa perfidie : il devait cette
réputation à sa conduite envers les généraux de Niger. Après les avoir
entraînés, par les prières de leurs propres fils (comme nous l'avons dit
plus haut), à trahir la cause de Niger; après avoir usé de leurs secours
et réussi, grâce à eux, dans son entreprise, il les fit périr, eux et
leurs enfants. Sa mauvaise foi était donc manifeste à tous les yeux. Aussi
Albinus avait-il doublé les gardes de sa personne, et il ne laissait point
parvenir auprès de lui aucun des envoyés de Sévère, avant qu'on leur eût
fait déposer leur épée et qu'on se fût assuré qu'ils n'avaient point
d'armes cachées dans leur sein.
XVII. Cependant des courriers impériaux arrivent d'Orient; ils remettent
publiquement leurs dépêches à Albinus, et le prient ensuite de s'éloigner
avec eux pour entendre quelques communications secrètes. Albinus
soupçonne un crime; il fait arrêter ces messagers, les fait mettre, chacun
séparément, à la question, apprend de leur bouche tout le complot, les
livre au supplice, regarde, dès ce moment, Sévère comme ennemi et se
prépare à la guerre ouvertement.
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