HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Hérodien, Histoire romaine, livre III

Chapitre 4

  Chapitre 4

[3,4] δὲ Νίγρος μαθὼν τὰ συμβάντα, πολλὴν στρατιὰν ἀθροίσας, πλὴν ἄπειρον μάχης καὶ πόνων, μετὰ σπουδῆς τὴν πορείαν ἐποιεῖτο· πολὺ γάρ τι πλῆθος καὶ σχεδὸν πᾶσα νεολαία τῶν Ἀντιοχέων ἐς στρατείαν καὶ τὸν ὑπὲρ αὐτοῦ κίνδυνον ἐπέδωκεν αὑτήν. τὸ μὲν οὖν πρόθυμον τοῦ στρατοῦ ὑπῆρχεν αὐτῷ, τοῦ δὲ ἐμπείρου καὶ γενναίου πολὺ τῶν Ἰλλυριῶν ἀπέλειπον. συνέρχεται δὴ ἑκατέρωθεν στρατὸς ἐς τὸ κατὰ τὸν Ἰσσικὸν καλούμενον κόλπον πεδίον πλατύτατόν τε καὶ ἐπιμηκέστατον, περίκειται μὲν λόφος ἐς θεάτρου σχῆμα, αἰγιαλὸς δὲ ἐπὶ θαλάσσης μέγιστος ἐκτείνεται, ὥσπερ τῆς φύσεως εἰργασμένης στάδιον μάχης. ἐκεῖ φασὶ καὶ Δαρεῖον Ἀλεξάνδρῳ τὴν ὑστάτην καὶ μεγίστην μάχην συμβαλόντα ἡττηθῆναί τε καὶ ἁλῶναι, τῶν ἀπὸ τῶν ἀρκτῴων μερῶν καὶ τότε τοὺς ἀνατολικοὺς νενικηκότων. μένει δὲ ἔτι νῦν τρόπαιον καὶ δεῖγμα τῆς νίκης ἐκείνης, πόλις ἐπὶ τοῦ λόφου Ἀλεξάνδρεια καλουμένη, ἄγαλμά τε χαλκοῦν οὗ τὴν προσηγορίαν τόπος φέρει. συνέβη δὲ καὶ τῶν στρατοπέδων τοῦ Σεβήρου τε καὶ τοῦ Νίγρου μὴ τὴν σύνοδον μόνον κατ´ ἐκεῖνο γενέσθαι τὸ χωρίον, ἀλλὰ καὶ τὴν τύχην ὁμοίαν τῆς μάχης. ἀντιστρατοπεδευσάμενοι γὰρ ἑκατέρωθεν περὶ ἑσπέραν, πάσης τῆς νυκτὸς ἐν φροντίσιν ἑκάτεροι καὶ δέει διαγρηγορήσαντες, ἅμα ἡλίῳ ἀνίσχοντι ἐπ´ ἀλλήλους ἠπείγοντο, παρορμώντων ἑκατέρωθεν τῶν στρατηγῶν. προθυμίᾳ δὴ πάσῃ ἐνέπιπτον ὡς ὑπὲρ λοιπῆς καὶ τελευταίας ἐκείνης μάχης, κἀκεῖ τῆς τύχης διακρινούσης τὸν βασιλέα. ἐπὶ πολὺ δὲ αὐτῶν διαγωνισαμένων πολλοῦ τε ἐργασθέντος φόνου, ὡς καὶ τὰ ῥεῖθρα τῶν διὰ τοῦ πεδίου ποταμῶν ῥεόντων αἵματος πλεῖον ὕδατος κατάγειν ἐς θάλασσαν, τροπὴ τῶν ἀνατολικῶν γίνεται. ἐκβιασάμενοι δὲ αὐτοὺς οἱ Ἰλλυριοὶ τοὺς μὲν ἐς τὴν παρακειμένην θάλασσαν τιτρώσκοντες ἐξωθοῦσι, τοὺς δὲ φεύγοντας ἐπὶ τοὺς λόφους διώκοντες αὐτούς τε φονεύουσι καὶ πολύ τι πλῆθος ἄλλων ἀνθρώπων, ὅπερ ἔκ τε τῶν περικειμένων πόλεων καὶ ἀγρῶν ἤθροιστο, ὡς ἀπ´ ἀσφαλοῦς τοῦ τόπου τὰ γινόμενα θεάσοιντο. δὲ Νίγρος ἵππῳ γενναίῳ ἐποχούμενος φεύγει μετ´ ὀλίγων, ἔς τε τὴν Ἀντιόχειαν ἀφικνεῖται. καταλαβὼν δὲ φεύγοντα τὸν λοιπὸν δῆμον, εἴ τέ τις καταλέλειπτο, οἰμωγήν τε καὶ πένθος ἐν τῇ πόλει παῖδάς τε καὶ ἀδελφοὺς θρηνούντων, γενόμενος ἐν ἀπογνώσει καὶ αὐτὸς ἐκ τῆς Ἀντιοχείας ἀποδιδράσκει. καὶ ἔν τινι προαστείῳ κρυπτόμενος, εὑρεθείς τε ὑπὸ τῶν διωκόντων ἱππέων καὶ συλληφθεὶς τὴν κεφαλὴν ἀπετμήθη. τέλει μὲν δὴ τοιούτῳ Νίγρος ἐχρήσατο, μελλήσεως καὶ βραδυτῆτος δοὺς δίκας, τὰ ἄλλα, ὥς φασι, γενόμενος μὴ φαῦλος ἄνθρωπος, μήτε ἄρχων μήτε ἰδιώτης· δὲ Σεβῆρος καθελὼν τὸν Νίγρον, τοὺς μὲν φίλους αὐτοῦ, καὶ εἴ τινες οὐ μόνον ἐκ προαιρέσεως ἀλλὰ δι´ ἀνάγκης προσέθεντο αὐτῷ, πάντας ἀφειδῶς ἐκόλασε, τοὺς δὲ στρατιώτας, ὅσοι διαδεδράκεσαν, πυνθανόμενος περαιουμένους τὸν Τίγριδα ποταμὸν διά τε τὸ ἐκ Σεβήρου δέος ἀπιόντας πρὸς τοὺς βαρβάρους, ἐπανήγαγε δοὺς ἀμνηστίαν, οὐ πάντας δέ. πολὺ γὰρ πλῆθος αὐτῶν ἀνεχώρησεν ἐς τὴν ἀλλοδαπήν. ὅπερ καὶ μάλιστα αἴτιον ἐγένετο μαχιμώτερα ὕστερον γενέσθαι πρὸς τὴν συστάδην μάχην Ῥωμαίων τὰ τῶν ἐπέκεινα βαρβάρων. πρότερον μὲν γὰρ τοξεύειν μόνον ἵπποις ἐποχούμενοι ᾔδεσαν, μήτε πανοπλίᾳ φράσσοντες αὑτοὺς μήτε τῇ διὰ δοράτων καὶ ξιφῶν θαρροῦντες μάχῃ, κούφαις δὲ καὶ παρῃωρημέναις ἐσθῆσι κοσμούμενοι· τὰ πλεῖστα γοῦν φεύγοντες ἐς τοὐπίσω τε τοξεύοντες ἐμάχοντο. τῶν δὲ φυγάδων στρατιωτῶν, πολλῶν τε ἐν αὐτοῖς τεχνιτῶν παρ´ αὐτοῖς γενομένων καὶ τὸν ἐκεῖ βίον ἑλομένων, οὐ μόνον χρῆσθαι ἀλλὰ καὶ ἐργάζεσθαι ὅπλα ἐδιδάχθησαν. [3,4] XII. Quand Niger eut appris cet échec, il pressa sa marche, après avoir rassemblé une armée nombreuse, mais tout à fait inhabile aux combats et à la fatigue. Une immense multitude de Syriens et presque toute la jeunesse d'Antioche s'étaient rangés sous ses drapeaux, prêts à partager ses périls et sa fortune. C'étaient des troupes fidèles et résolues, mais bien inférieures aux Illyriens en bravoure et en expérience. Les deux armées se rencontrèrent près du golfe d'Issus, dans une longue et large plaine que bordent des collines élevées en amphithéàtre, et qui forme à la mer un vaste rivage. Il semble que la nature ait voulu faire de ce lieu un champ de bataille. Ce fut là, dit-on, que Darius livra à Alexandre un terrible et dernier combat, et qu'il fut vaincu et pris par des hommes du Nord, qui alors aussi triomphaient de ceux d'Orient. On voit encore comme preuve et trophée de cette victoire, une ville nommée Alexandrie, bâtie sur la colline, et où l'on montre une statue d'Alexandre en airain. XIII. La fortune voulut que non seulement Sévère et Niger en vinssent aux mains dans ce même lieu, mais encore que le sort du combat fût le même. Les deux armées établirent leur camp, vers le soir, vis-à-vis l'une de l'autre ; toute la nuit se passa des deux côtés en précautions et en craintes. Au lever du soleil, les deux partis, guidés et animés par leurs chefs, se mettent en mouvement et s'attaquent avec la plus vive fureur ; ils paraissaient deviner que, dans cette dernière bataille, la fortune encore allait décider de la possession d'un empire. Le combat fut long; le carnage fut terrible; les fleuves qui traversent la plaine ne semblaient rouler vers la mer que des flots de sang ; les Orientaux enfin furent mis en déroute. Les Illyriens les poursuivent, ils en blessent et en jettent une partie jusqu'à la mer; ils pressent l'épée dans les reins de ceux qui fuient du côte des montagnes, et les égorgent avec un grand nombre d'hommes du pays, qui, accourus des villes et des campagnes environnantes, s'étaient rassemblés sur les coteaux, croyant qu'ils pourraient y contempler la bataille en sûreté. XIV. Niger, monté sur un cheval vigoureux, parvient à Antioche avec une suite peu nombreuse. Là il trouve les débris fugitifs d'un peuple entier (si même il en restait des débris) ! Il voit la désolation, il entend les plaintes d'une foule de malheureux pleurant leurs fils et leurs frères. Désespéré, il s'enfuit lui-même d'Antioche, il se cache dans un faubourg; mais il est découvert par les cavaliers romains qui le poursuivent, et on lui tranche la tête. Telle fut la fin de ce prince ; c'est ainsi qu'il subit la peine de ses retards et de sa funeste indolence. Du reste, il fut, dit-on, homme de bien dans sa vie privée comme dans ses fonctions publiques. XV. Sévère, après s'être ainsi délivré de Niger, n'épargna aucun des partisans de son compétiteur, et fit périr non seulement ceux qui s'étaient joints volontairement à sa cause, mais encore des malheureux qui s'étaient vus contraints de la soutenir. Quant aux soldats qui avaient pris la fuite, Sévère apprit qu'ils avaient traversé le Tigre et s'étaient retirés chez les Barbares, dans la terreur que leur inspirait son nom : il en ramena une partie par la promesse d'une amnistie. Mais un nombre immense de ces soldats avait passé chez l'étranger, et fut la principale cause de la résistance inattendue que déployèrent plus tard les barbares de ces contrées dans les batailles rangées que les Romains leur livrèrent. Jusqu'à cette époque, en effet, ils n'avaient connu que l'usage de l'arc, dont ils se servaient à cheval; ils ne savaient point se couvrir d'une pesante armure ; ils n'osaient point combattre avec le javelot et l'épée. Couverts de vêtements légers et flottants, ils combattaient presque toujours en fuyant, et en lançant leurs traits derrière eux. Mais quand les soldats de Niger et un grand nombre des ouvriers de cette armée se furent réfugiés chez ces barbares, et eurent adopté leur contrée pour patrie, on les vit apprendre alors non seulement l'usage, mais encore la fabrication des armes.


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Dernière mise à jour : 26/04/2007