[3,13] ὁ δὲ Σεβῆρος τοῦ μὲν λοιποῦ ἐπάρχοντας δύο τῶν στρατοπέδων κατέστησεν,
αὐτὸς δὲ τὰ πλεῖστα τοῦ βίου διέτριβεν ἐν τοῖς βασιλικοῖς
προαστείοις καὶ τοῖς παραλίοις τῆς Καμπανίας χωρίοις,
δικάζων τε καὶ πολιτικὰ διοικῶν. ἀπάγειν γὰρ ἤθελε
τοὺς παῖδας τῆς ἐν Ῥώμῃ διαίτης, χρηστῆς δὲ ἀπολαύειν, ἐπείπερ αὐτοὺς ἑώρα
περὶ τὰ θεάματα ἐσπουδακότας ἀπρεπέστερον ἢ βασιλεῦσιν ἥρμοζεν. ἥ τε περὶ
ἐκεῖνα σπουδὴ καὶ φιλονεικία, διάφορον ἔχουσα καὶ ἀντίπαλον ἀεὶ τὴν γνώμην,
τῶν ἀδελφῶν ἐτάραττε τὰς
ψυχάς, ἐναύσματά τε ἔριδος καὶ ἔχθρας παρεῖχε. μάλιστα
δὲ ὁ Ἀντωνῖνος ἀφόρητος ἦν ἀποσκευασάμενος τὸν Πλαυτιανόν. ᾐδεῖτο δὲ καὶ
ἐφοβεῖτο - - - τῇ τε θυγατρὶ
μὲν ἐκείνου γυναικὶ δὲ αὑτοῦ παντὶ τρόπῳ θάνατον ἐμηχανᾶτο. ὁ δὲ Σεβῆρος
αὐτήν τε ἐκείνην καὶ τὸν ἀδελφὸν
αὐτῆς ἐς Σικελίαν ἐξέπεμψεν, αὐτάρκη δοὺς περιουσίαν ἐς
τὸ διαβιοῦν δαψιλῶς, μιμησάμενος τὸν Σεβαστόν· καὶ γὰρ
ἐκεῖνος τοῖς Ἀντωνίνου παισί, πολεμίου γενομένου, οὕτως
ἐχρήσατο. αὐτὸς δὲ ἐπειρᾶτο συνάγειν ἀεὶ τοὺς παῖδας
ἐς φιλίαν καὶ προτρέπειν ἐς ὁμόνοιαν καὶ συμφωνίαν,
μύθων τε ἀρχαίων καὶ δραμάτων ὑπεμίμνησκεν, ἀεὶ
βασιλέων ἀδελφῶν συμφορὰς ἐκ στάσεως διηγούμενος.
θησαυρούς τε καὶ νεώς, πάντας ἐδείκνυ χρημάτων πλήρεις, πλοῦτόν τε καὶ
δύναμιν τοιαύτας οἵαις μὴ ἔσεσθαι ἔξωθεν ἐπιβουλεῦσαι, τοσαύτης μὲν οὔσης
οἴκοι περιουσίας ὡς ἀφειδῶς καὶ δαψιλῶς τοῖς στρατιώταις
χορηγεῖν, τῆς τε ἐν Ῥώμῃ δυνάμεως αὐτῆς τετραπλασιασθείσης, καὶ
στρατοπέδου τοσούτου πρὸ τῆς πόλεως ἱδρυθέντος ὡς μηδεμίαν μεῖναι δύναμιν
ἔξωθεν ἐχέγγυον μηδ´ ἀντίπαλον μήτε πλήθει στρατοῦ μήτε μεγέθει σωμάτων
μήτε χρημάτων περιουσίᾳ. πλὴν οὐδὲν ὄφελος
τούτων πάντων ἔλεγε στασιαζόντων πρὸς ἀλλήλους, τοῦ
τε πολέμου ἔνδον ὄντος. ὃ μὲν δὴ τοιαῦτά τινα λέγων
ἑκάστοτε, ποτὲ μὲν λιπαρῶν ποτὲ δὲ ἐπιπλήττων, σωφρονίζειν
αὐτοὺς ἅμα καὶ συνάγειν ἐπειρᾶτο· οἳ δ´ οὔτι
γε ἐπείθοντο, ἀφηνίαζον δὲ καὶ ἐπεδίδοσαν ἐς τὸ χεῖρον.
ἅτε δὲ νεανίας σφριγῶντας καὶ ὑπὸ βασιλικῆς ἐξουσίας
ἐς πάσας ἡδονῶν ὀρέξεις ἀπλήστως ὁρμωμένους ἕκαστοι
τῶν κολακευόντων ἀνθεῖλκον πρὸς αὑτούς, οὐ μόνον
ὑπηρετούμενοι ταῖς ἐπιθυμίαις αὐτῶν καὶ ταῖς περὶ τὰ
αἴσχιστα σπουδαῖς, ἀλλὰ καὶ ἀεί τι καινὸν ἐξευρίσκοντες,
δι´ οὗ εὐφρανοῦσι μὲν ὃν ἐκολάκευον, λυπήσουσι
δὲ τὸν ἀδελφόν. ἤδη γοῦν τινὰς καὶ λαβὼν ἐπὶ τοιαύταις ὑπηρεσίαις
ὁ Σεβῆρος ἐκόλασεν.
| [3,13] XLIII. Averti par le danger qu'il avait couru, Sévère partagea entre deux
officiers le commandement des cohortes prétoriennes, et depuis ce jour
passa la plus grande partie de son temps dans ses maisons de campagne aux
environs de Rome et sur les côtes de la Campanie. Il y rendait la justice
et s'y occupait des affaires publiques. Il laissait à Rome ses fils, dont
l'éducation occupait toutes ses pensées; mais il les voyait avec peine se
livrer au goût des spectacles avec une ardeur peu convenable à leur rang.
En outre, la rivalité qui existait dans leurs plaisirs, leurs goûts
toujours divers, toujours opposés, nourrissaient entre eux un éloignement
mutuel et attisaient le feu de leur haine et de leur animosité. Antonin
surtout, qui se voyait délivré de Plautien, était d'un orgueil
insupportable; la crainte seule l'empêchait de se porter ouvertement à des
actes de violence; et il tâchait par mille moyens secrets de se défaire
d'une femme qu'il haïssait, comme il avait détesté son père. Mais Sévère
la fit partir pour la Sicile avec son frère, et leur assigna un revenu
suffisant pour y vivre d'une manière brillante. C'est ainsi qu'Auguste en
avait usé envers les enfants d'Antoine, son ennemi.
XLIV. L'empereur faisait de continuels efforts pour ramener ses fils à
l'amitié, les exhorter à l'union et à la concorde. Il leur rappelait les
anciennes fables et les tragédies grecques, pour leur faire remarquer que
la discorde entre frères avait souvent causé la chute des trônes. Il leur
disait que son trésor était immense, que tous les temples étaient remplis
de ses richesses, qu'il n'y avait point d'homme assez puissant ni assez
riche pour leur porter aucun ombrage, puisque par leurs largesses ils
pouvaient s'assurer l'attachement des soldats : « les cohortes
prétoriennes étaient quatre fois plus nombreuses qu'auparavant; hors de la
ville campait une armée considérable; enfin aucune puissance étrangère
n'était capable de leur résister, ni de soutenir avec eux la comparaison,
soit pour le nombre et la beauté des troupes, soit pour les ressources
pécuniaires. » « Mais, ajoutait-il, tous ces avantages deviendront nuls,
si vous continuez à vous haïr, à vous faire une guerre intestine. » Il ne
se passait pas de jour qu'il n'essayât de les ramener par de tels discours,
employant tour à tour, pour les réconcilier, le reproche ou la prière.
XLV. Mais, loin d'avoir égard à ses paroles, ils ne connaissaient plus de
frein, et leur haine devenait plus violente de jour en jour. Brûlant de
tout le feu de la jeunesse, élevés dans la licence du pouvoir suprême et
toujours altérés de nouveaux plaisirs, ils avaient en outre des flatteurs
qui entretenaient leur division. Ces hommes vils ne se contentaient point
d'être les ministres de leurs passions et de leurs débauches, mais ils
cherchaient sans cesse de nouveaux moyens de plaire à celui qu'ils
servaient, en offensant son frère. Sévère en convainquit plusieurs de ces
manoeuvres, et les punit de mort.
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