[3,10] κατορθώσας δὲ τὰ κατὰ τὴν ἀνατολὴν ὁ Σεβῆρος ἐς
τὴν Ῥώμην ἐπείγετο, ἄγων καὶ τοὺς παῖδας ἐς ἡλικίαν
ἐφήβων ἤδη τελοῦντας. ἀνύσας δὲ τὴν ὁδοιπορίαν, τά
τε ἐν τοῖς ἔθνεσι διοικήσας ὡς ἑκάστῳ ἀπῄτει τὸ χρειῶδες, τά τε ἐν Μυσοῖς
καὶ Παίοσι στρατόπεδα ἐπελθών,
νικηφόρος ὑπὸ τοῦ Ῥωμαίων δήμου μετὰ μεγάλης εὐφημίας τε καὶ θρησκείας
ὑπεδέχθη, θυσίας τε καὶ ἑορτὰς θέας τε καὶ πανηγύρεις τῷ δήμῳ παρέσχε· νομάς
τε μεγαλοφρόνως ἐπιδοὺς καὶ θέας τελέσας ἐπινικίους, ἐτῶν
οὐκ ὀλίγων ἐν τῇ Ῥώμῃ διέτριψε, δικάζων τε συνεχῶς
καὶ τὰ πολιτικὰ διοικῶν, τούς τε υἱεῖς παιδεύων καὶ
σωφρονίζων. οἳ δέ (ἤδη μειράκια ἤστην) ὑπὸ τῆς ἐν
Ῥώμῃ τρυφῆς καὶ διαίτης τῆς τε περὶ τὰ θεάματα ὑπερβαλλούσης
σπουδῆς ἡνιοχείας τε καὶ ὀρχήσεως τὰ ἤθη
διεφθείροντο. πρός τε ἀλλήλους ἐστασίαζον οἱ ἀδελφοί,
τὰ πρῶτα μὲν ὑπὸ παιδαριώδους φιλονεικίας δι´ ὀρτύγων μάχας καὶ
ἀλεκτρυόνων συμβολὰς πάλας τε παίδων
ἀλλήλοις ἐρίζοντες. ἥ τε περὶ τὰ θεάματα αὐτῶν ἢ τὰ
ἀκροάματα σπουδὴ φιλονείκως ἑκάστοτε ἐμερίζετο· καὶ
οὐδενὶ ἀμφότεροι ὁμοίως ἠρέσκοντο, ἀλλὰ πᾶν τὸ τῷ
ἑτέρῳ φίλον τῷ ἄλλῳ ἐχθρὸν ἦν. συνέκρουον δὲ αὐτοὺς
ἑκατέρωθεν οἵ τε κόλακες καὶ οἱ θεράποντες, πρὸς τὸ
ἡδὺ τῆς ἡλικίας κολακεύοντες καὶ ἀνθέλκοντες. ὁ δὲ Σεβῆρος
ταῦτα πυνθανόμενος συνάγειν τε καὶ σωφρονίζειν ἐπειρᾶτο.
τὸν δὲ πρεσβύτερον, ᾧ γνήσιον μὲν ἦν ὄνομα Βασσιανὸς πρὶν
ἐς τὸν βασίλειον οἶκον παρελθεῖν, ὅτε δὲ
τὴν τῆς ἀρχῆς τιμὴν εὐτύχησε, Σεβῆρος Ἀντωνῖνον
ὠνόμασε, Μάρκου θελήσας αὐτὸν προσηγορίαν φέρειν·
ἠγάγετό τε αὐτῷ γυναῖκα, γάμῳ σωφρονίσαι θέλων. ἦν
δὲ ἐκείνη θυγάτηρ τοῦ ἐπάρχοντος τῶν στρατοπέδων·
Πλαυτιανὸς δὲ ἦν ὄνομα αὐτῷ· τοῦτον τὰ μὲν πρῶτα
τῆς ἡλικίας εὐτελῆ (τινὲς αὐτὸν καὶ πεφυγαδεῦσθαι ἔλεγον ἁλόντα
ἐπὶ στάσεσι καὶ πολλοῖς ἁμαρτήμασιν), ὄντα
δὲ πολίτην ἑαυτοῦ (Λίβυς γὰρ κἀκεῖνος ἦν), ὡς μέν
τινες ἔλεγον, πρὸς γένους αὐτῷ ὑπάρχοντα, ὡς δ´ ἕτεροι
μᾶλλον διέβαλλον, ἀκμαζούσῃ τῇ ἡλικίᾳ γενόμενον παιδικά, πλὴν ἀλλ´ ὁ
Σεβῆρος ἐκ μικρᾶς καὶ εὐτελοῦς τύχης ἐς μεγάλην προήγαγεν ἐξουσίαν,
πλούτῳ τε ὑπερβάλλοντι ἐκόσμησε, τῶν ἀναιρουμένων χαριζόμενος τὰς
οὐσίας, οὐδὲν ἕτερον ἀλλ´ ἢ μερισάμενος πρὸς αὐτὸν
τὴν ἀρχήν. ᾗπερ ἐκεῖνος ἀποχρώμενος οὔτε ὠμότητος
οὔτε βίας ἐν πᾶσιν οἷς ἔπραττεν ἀπείχετο, φοβερώτερος
τῶν πώποτε ἀρχόντων γενόμενος. τούτου τὴν θυγατέρα
ζεύξας ὁ Σεβῆρος τῷ υἱῷ τὸν οἶκον ἥνωσεν.
ὁ δὲ Ἀντωνῖνος οὐ πάνυ τι ἡδόμενος τῷ γάμῳ, ἀνάγκῃ δὲ μᾶλλον ἢ προαιρέσει
συνεζευγμένος, ἀπεχθῶς
πάνυ πρὸς τὴν κόρην διέκειτο καὶ πρὸς τὸν πατέρα αὐτῆς,
ὡς μήτε εὐνῆς μήτε ἑστίας κοινωνεῖν, μυσάττεσθαί
τε τὴν κόρην, ἀπειλεῖν τε ἑκάστοτε ἀποκτενεῖν καὶ αὐτὴν καὶ τὸν πατέρα, ἐπὰν
τῆς ἀρχῆς ἐγκρατὴς γένηται μόνος. ταῦτα δὴ ἡ κόρη ἑκάστοτε ἀπήγγελλε
τῷ πατρί, καὶ τοῦ γάμου τὸ μῖσος διηγουμένη παρώξυνεν αὐτόν.
| [3,10] Ayant ainsi terminé sa campagne d'Orient, il prit le chemin de
Rome avec ses deux fils, qui entraient déjà dans l'adolescence.
XXXII. Sur son passage, il mit l'ordre dans les provinces dont les
affaires avaient besoin d'être réglées, passa en revue les armées de Mysie
et de Pannonie, et fit enfin dans Rome une entrée triomphale, au milieu de
toutes les acclamations du peuple et des cérémonies les plus pompeuses. Il
y eut des sacrifices, des spectacles et des jeux qui attirèrent un
concours immense ; l'empereur distribua au peuple des sommes
considérables. Après toutes ces fêtes, il resta à Rome, où il passa
plusieurs années, rendant assidûment la justice, s'occupant des affaires
de l'État et donnant le plus grand soin à l'éducation de ses enfants.
XXXIII. Mais le bon naturel de ces jeunes princes se corrompait par la vie
molle et voluptueuse de Rome : ils se livraient avec excès au goût des
spectacles ; ils aimaient avec passion l'exercice des chars et la danse.
En outre, ces deux frères nourrissaient entre eux une haine qui s'était
manifestée dès leurs premiers ans. Soit qu'alors ils fissent lutter des
cailles et des coqs, soit qu'ils figurassent dans ces combats simulés qui
sont un des jeux de l'enfance, ils prenaient toujours un parti différent :
ils montrèrent les mêmes sentiments dans les jeux du cirque et pour le
choix de leurs plaisirs. Souvent opposés l'un à l'autre, ils étaient
toujours séparés et n'avaient aucun goût commun : ce qui plaisait à l'un
déplaisait nécessairement à l'autre. Ils étaient assiégés de courtisans,
de favoris officieux qui flattaient les passions de leur âge et
entretenaient leur animosité mutuelle. Sévère, qui les observait, fit tous
ses efforts pour les rapprocher et leur faire changer de conduite.
XXXIV. Il maria son fils aîné: ce jeune prince se nommait Bassien avant
que son père fût empereur ; mais Sévère, lors de son avènement au trône,
l'avait fait appeler Antonin, en mémoire d'Antonin le Pieux. Espérant que
le mariage changerait son caractère, il lui donna pour épouse la fille de
Plautien, chef des cohortes prétoriennes. Ce Plautien avait vécu très
obscur dans sa jeunesse ; on dit même qu'il avait été banni, comme
convaincu de complot et de plusieurs crimes. Il était Africain, comme
Sévère, et son parent, selon quelques historiens. D'autres prétendent
qu'il dut son élévation à la passion infâme qu'avait conçue pour lui
l'empereur. Quoi qu'il en soit, Sévère le fit passer de la condition la
plus humble au plus haut pouvoir, et l'enrichit des dépouilles qu'il
arrachait alors à ses nombreuses victimes. Il aurait partagé l'empire avec
Sévère, qu'il n'aurait pas joui d'une autorité plus grande. Mais il en
abusait : sa vie était une suite de cruautés et de violences, et aucun des
tyrans de cette époque n'inspira plus de terreur. Tel était l'homme dont
l'empereur unit la maison à la sienne.
XXXV. Mais Antonin, mécontent de ce mariage, qu'il n'avait conclu que par
nécessité, avait de l'éloignement pour son beau-père et pour sa femme : il
ne partageait avec elle ni son lit, ni même sa maison. En un mot, il la
détestait, et la menaçait chaque jour de la faire périr, elle et son père,
dès qu'il serait seul maître de l'empire. La jeune princesse allait tout
rapporter à Plautien, et l'exaspérait par ses justes plaintes.
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