[2,15] τὰ μὲν δὴ πρὸς τὸν πόλεμον γενναίως εὐτρέπιζεν, ἅτε
δὲ ἀνὴρ προμηθής τε καὶ νήφων ὑπώπτευε τὴν ἐν Βρεττανίᾳ δύναμιν
πολλήν τε οὖσαν καὶ μεγίστην ἀνδρῶν
τε μαχιμωτάτων. ἦρχε δ´ αὐτῆς πάσης Ἀλβῖνος, ἀνὴρ
τὸ μὲν γένος τῶν ἐκ τῆς συγκλήτου εὐπατριδῶν, ἐν
πλούτῳ δὲ καὶ τρυφῇ ἐκ πατέρων ἀνατραφείς. τοῦτον
τοίνυν ἠθέλησεν ὁ Σεβῆρος σοφίσματι προλαβὼν οἰκειώσασθαι, μή
πως ἄρα τοιαῦτα ἔχων ἐναύσματα ἐς βασιλείας ἐπιθυμίαν, θαρρῶν {ἢ}
πλούτῳ καὶ γένει δυνάμει τε στρατοῦ γνώσει τε τῇ παρὰ Ῥωμαίοις,
ἐπιθῆται τοῖς πράγμασι καὶ τὴν Ῥώμην οὐ πολύ τι ἀφεστῶσαν ἐκείνου
κατὰ τὴν ἀνατολὴν ἀσχοληθέντος ὑποποιήσηται.
τιμῇ τοίνυν προσποιήτῳ δελεάζει τὸν ἄνθρωπον, καὶ
ἄλλως μὲν ὄντα τὴν γνώμην χαῦνον καὶ ἁπλοϊκώτερον,
τότε δὲ καὶ πολλὰ διὰ γραμμάτων ὀμόσαντι τῷ Σεβήρῳ
πιστεύσαντα. Καίσαρα δὴ αὐτὸν ἀποδεικνύει, φθάσας
αὐτοῦ τὴν ἐλπίδα καὶ τὴν ἐπιθυμίαν τῇ τῆς ἐξουσίας
κοινωνίᾳ. ἐπιστέλλει δὲ αὐτῷ φιλικώτατα γράμματα δῆθεν, ἱκετεύων
ἐπιδοῦναι αὑτὸν ἐς τὴν τῆς ἀρχῆς φροντίδα· δεῖσθαι γὰρ ἀνδρὸς
εὐγενοῦς καὶ τοιούτου τήν τε
ἡλικίαν ἔτι ἀκμάζοντος αὐτὸν ὄντα πρεσβύτην καὶ ὑπὸ
νόσου ἀρθρίτιδος ἐνοχλούμενον, τῶν τε παίδων αὐτῷ
ὄντων πάνυ νηπίων. οἷς πιστεύσας ὁ Ἀλβῖνος τὴν τιμὴν ὑπεδέξατο
ἀσπαστῶς, ἀγαπήσας ἄνευ μάχης καὶ κινδύνου λαβεῖν ταῦτα ὧν
ὠρέγετο. ὁ δὲ Σεβῆρος καὶ πρὸς
τὴν σύγκλητον τὰ αὐτὰ ἀνενεγκών, ὡς ἂν μᾶλλον αὐτὸν
ἐς πίστιν ὑπαγάγοιτο, νομίσματά τε αὐτοῦ κοπῆναι ἐπέτρεψε, καὶ
ἀνδριάντων ἀναστάσεσι ταῖς τε λοιπαῖς τιμαῖς
τὴν δοθεῖσαν χάριν ἐπιστώσατο. ἐπεὶ δὲ αὐτῷ τὰ πρὸς
τὸν Ἀλβῖνον διὰ σοφίας ἀσφαλῶς εἶχεν, οὐδέ τι δέος ἦν
ἀπὸ Βρεττανίας, τό τε Ἰλλυρικὸν στράτευμα σὺν αὑτῷ
πᾶν εἶχε, διῳκῆσθαι νομίζων πάντα λυσιτελῶς τῇ ἑαυτοῦ
ἀρχῇ ἐπὶ τὸν Νίγρον ἠπείγετο.
τῆς μὲν οὖν ὁδοιπορίας τοὺς σταθμούς, καὶ τὰ καθ´
ἑκάστην πόλιν αὐτῷ λεχθέντα, καὶ σημεῖα θείᾳ προνοίᾳ
δόξαντα πολλάκις φανῆναι, χωρία τε ἕκαστα καὶ παρατάξεις, καὶ τὸν
τῶν ἑκατέρωθεν πεσόντων ἀριθμὸν στρατιωτῶν ἐν ταῖς μάχαις,
ἱστορίας τε πολλοὶ συγγραφεῖς
καὶ ποιηταὶ μέτρῳ πλατύτερον συνέταξαν, ὑπόθεσιν
ποιούμενοι πάσης τῆς πραγματείας τὸν Σεβήρου βίον.
ἐμοὶ δὲ σκοπὸς ὑπάρχει ἐτῶν ἑβδομήκοντα πράξεις πολλῶν
βασιλέων συντάξαντι γράψαι, ἃς αὐτὸς οἶδα. τὰ
κορυφαιότατα τοίνυν καὶ συντέλειαν ἔχοντα τῶν κατὰ
μέρος πεπραγμένων Σεβήρῳ ἐν τοῖς ἑξῆς διηγήσομαι,
οὐδὲν οὔτε πρὸς χάριν ἐς ὕψος ἐξαίρων, ὥσπερ ἐποίησαν
οἱ κατ´ ἐκεῖνον γράψαντες, οὔτε παραλείπων εἴ τι λόγου
καὶ μνήμης ἄξιον.
| [2,15] XLVIII. Cependant sa circonspection et sa prévoyance avaient conçu
quelque inquiétude des armées de la Bretagne, armées nombreuses, redoutables,
et composées de soldats belliqueux. Elles étaient toutes sous les ordres
d'Albinus, patricien et sénateur, homme nourri dès l'enfance dans le luxe
et dans la mollesse. Sévère voulut se l'attacher par la ruse : il
craignait qu'encouragé par sa richesse, sa naissance, le nombre de ses
troupes et l'éclat dont son nom jouissait à Rome, Albinus ne vînt à
désirer et à espérer l'empire, ne marchât sur la capitale, peu éloignée de
la Bretagne, et ne s'en emparât, pendant que lui-même serait engagé dans
la guerre d'Orient. Il amorça, en flattant sa vanité, cet homme d'un
esprit léger, d'un caractère simple, et qui ajouta foi aux nombreuses
protestations dont Sévère remplissait ses lettres. Sévère lui donna le
titre de César, et prévint les désirs de son ambition en lui offrant le
partage du trône. Il ne cessait de lui écrire du style le plus affectueux,
le suppliant de se charger des soins de l'empire : « L'État avait besoin
d'un homme qui fût, comme lui, d'une naissance illustre et dans la force
de l'âge. Quant à lui Sévère, il était vieux, attaqué de la goutte, et ses
fils encore dans l'enfance. » Le trop confiant Albinus accepta l'honneur
qu'on lui offrait, joyeux d'obtenir sans combats et sans péril cet empire,
l'objet de ses voeux.
XLIX. Sévère, pour mieux tromper sa crédulité, communiqua au sénat la
résolution qu'il avait prise, fit battre monnaie à l'effigie d'Albinus,
lui érigea des statues, et en lui prodiguant des honneurs de toute espèce,
lui inspira une confiance entière dans ses intentions. Quand par ces
prudentes manoeuvres il se fut ainsi rassuré sur Albinus et sur la
Bretagne, quand il eut réuni autour de lui toute l'armée d'Illyrie, et
préparé tout ce qui pouvait servir à ses succès, il marcha contre Niger.
Plusieurs historiens ont fidèlement rapporté les diverses stations qu'il
fit dans sa route, les discours qu'il prononça à son entrée dans chaque
ville, les signes divins qui apparurent fréquemment sur son passage, les
vastes régions qu'il traversa, les batailles qu'il livra, et jusqu'au
nombre des morts de part et d'autre. Ces détails ont surtout occupé les
poètes, dont la muse féconde a trouvé dans la vie de Sévère le sujet d'un
poème entier. Mais, pour moi, le but que je me suis proposé, c'est de
réunir dans un seul tableau les faits importants dont j'ai été le témoin
sous le règne de plusieurs princes et dans une période de soixante-dix
ans. Je continuerai donc de décrire sommairement les principales actions
de Sévère, et je choisirai tout ce que son règne offre d'éclatant. Je
n'imiterai pas la plupart de ceux qui ont écrit sur sa vie : je serai
exempt de toute partialité, de toute flatterie; mais je n'omettrai rien
non plus de ce qui me paraîtra digne d'être rapporté et transmis au souvenir.
|