[1,15] τὸν μὲν οὖν ἀνδριάντα μετὰ τὴν ἐκείνου τελευτὴν
καθελοῦσα ἡ σύγκλητος Ἐλευθερίας εἰκόνα ἵδρυσεν· ὁ
δὲ Κόμοδος μηκέτι κατέχων ἑαυτοῦ δημοσίᾳ θέας ἐπετέλεσεν, ὑποσχόμενος τά
τε θηρία πάντα ἰδίᾳ χειρὶ κατακτενεῖν καὶ τοῖς ἀνδρειοτάτοις τῶν νεανιῶν
μονομαχήσειν. διαδραμούσης δὲ τῆς φήμης συνέθεον ἔκ τε τῆς
Ἰταλίας πάσης καὶ τῶν ὁμόρων ἐθνῶν, θεασόμενοι ἃ
μὴ πρότερον μήτε ἑωράκεσαν μήτε ἠκηκόεσαν. καὶ γὰρ
διηγγέλλετο αὑτοῦ τῆς χειρὸς τὸ εὔστοχον, καὶ ὅτι ἔμελεν αὐτῷ ἀκοντίζοντι καὶ
τοξεύοντι μὴ πταίειν. συνῆσαν
δὲ παιδεύοντες αὐτὸν Παρθυαίων οἱ τοξικὴν ἀκριβοῦντες καὶ Μαυρουσίων οἱ
ἀκοντίζειν ἄριστοι, οὓς πάντας
εὐχειρίᾳ ὑπερέβαλλεν. ἐπεὶ δὲ κατέλαβον αἱ τῆς θέας
ἡμέραι, τὸ μὲν ἀμφιθέατρον πεπλήρωτο, τῷ δὲ Κομόδῳ
περίδρομος κύκλῳ κατεσκεύαστο, ὡς μὴ συστάδην τοῖς
θηρίοις μαχόμενος κινδυνεύοι, ἄνωθεν δὲ καὶ ἐξ ἀσφαλοῦς
ἀκοντίζων εὐστοχίας μᾶλλον ἢ ἀνδρείας παρέχοιτο
δεῖξιν. ἐλάφους μὲν οὖν καὶ δορκάδας ὅσα τε κερασφόρα
πλὴν ταύρων, συνθέων αὐτοῖς καὶ καταδιώκων ἔβαλλε
φθάνων τε αὐτῶν τὸν δρόμον καὶ πληγαῖς καιρίοις ἀναιρῶν·
λέοντας δὲ καὶ παρδάλεις ὅσα τε ζῷα γενναῖα περιθέων ἄνωθεν
κατηκόντιζεν. οὐδέ τις εἶδεν ἀκόντιον
δεύτερον οὐδὲ τραῦμα ἄλλο πλὴν τοῦ θανατηφόρου·
ἅμα γὰρ τῇ τοῦ ζῴου ὁρμῇ κατὰ τοῦ μετώπου ἢ κατὰ
καρδίας ἔφερε τὴν πληγήν, καὶ οὐδέποτε σκοπὸν ἄλλον
ἔσχεν οὐδὲ ἐπ´ ἄλλο μέρος ἦλθε τὸ ἀκόντιον τοῦ σώματος, ὡς μὴ ἅμα τε τρῶσαι
καὶ φονεῦσαι. τὰ δὲ πανταχόθεν ζῷα ἠθροίζετο αὐτῷ. τότε γοῦν εἴδομεν ὅσα ἐν
γραφαῖς ἐθαυμάζομεν· ἀπό τε γὰρ Ἰνδῶν καὶ Αἰθιόπων, εἴ
τι πρότερον ἄγνωστον ἦν, μεσημβρίας τε καὶ τῆς ἀρκτῴας γῆς ζῷα πάντα
φονεύων Ῥωμαίοις ἔδειξε. τὸ δ´
εὔστοχον τῆς χειρὸς αὐτοῦ πάντες ἐξεπλήττοντο. λαβὼν
οὖν ποτὲ βέλη ὧν αἱ ἀκμαὶ ἦσαν μηνοειδεῖς, ταῖς Μαυρουσίαις στρουθοῖς
ὀξύτατα φερομέναις καὶ ποδῶν τάχει
καὶ κολπώσει πτερῶν ἐπαφιεὶς τὰ βέλη κατ´ ἄκρου τοῦ
τραχήλου ἐκαρατόμει, ὡς καὶ τῶν κεφαλῶν ἀφῃρημένας
ὁρμῇ τοῦ βέλους ἔτι περιθεῖν αὐτὰς ὡς μηδὲν παθούσας.
παρδάλεως δέ ποτε ὀξυτάτῳ δρόμῳ τὸν ἐκκαλούμενον
καταλαβούσης φθάσας τῷ ἀκοντίῳ μέλλουσαν δήξεσθαι,
τὴν μὲν ἀπέκτεινε τὸν δὲ ἐρρύσατο, φθάσας τῇ τοῦ δόρατος
αἰχμῇ τὴν τῶν ὀδόντων ἀκμήν. λεόντων δέ ποτε
ἐξ ὑπογαίων ἑκατὸν ἅμα ἀφεθέντων ἰσαρίθμοις ἀκοντίοις πάντας ἀπέκτεινεν,
ὡς ἐπὶ πολὺ κειμένων τῶν πτωμάτων δι´ αὐτὸ τοῦτο ἐπὶ σχολῆς πάντας
ἀριθμῆσαι καὶ μηδ´ ἓν ἰδεῖν περιττὸν ἀκόντιον.
μέχρι μὲν οὖν τούτων, εἰ καὶ βασιλείας τὰ πραττόμενα
ἦν ἀλλότρια, πλὴν ἀνδρείας καὶ εὐστοχίας παρὰ τοῖς
δημώδεσιν εἶχέ τινα χάριν. ἐπεὶ δὲ καὶ γυμνὸς ἐς τὸ
ἀμφιθέατρον εἰσῆλθεν ὅπλα τε ἀναλαβὼν ἐμονομάχει,
τότε σκυθρωπὸν εἶδεν ὁ δῆμος θέαμα, τὸν εὐγενῆ Ῥωμαίων
βασιλέα μετὰ τοσαῦτα τρόπαια πατρός τε καὶ
προγόνων οὐκ ἐπὶ βαρβάρους ὅπλα λαμβάνοντα στρατιωτικὰ
ἢ Ῥωμαίων ἀρχῇ πρέποντα, καθυβρίζοντα δὲ
τὸ ἀξίωμα αἰσχίστῳ καὶ μεμιασμένῳ σχήματι. ὃ μὲν οὖν
μονομαχῶν ῥᾳδίως τῶν ἀνταγωνιστῶν περιεγίνετο καὶ
μέχρι τραυμάτων προεχώρει ὑπεικόντων ἁπάντων καὶ
τὸν βασιλέα οὐ τὸν μονομάχον ἐννοούντων, ἐς τοσοῦτον
δὲ προεχώρησε μανίας, ὡς μηκέτι βούλεσθαι μηδὲ
τὴν βασίλειον οἰκεῖν ἑστίαν· ἀλλὰ γὰρ μετοικισθῆναι
ἐβούλετο ἐς τὸ τῶν μονομάχων καταγώγιον. ἑαυτὸν δὲ
οὐκέτι Ἡρακλέα, ἀλλὰ τῶν μονομαχούντων ἐνδόξου τινὸς
προτετελευτηκότος ὀνόματι καλεῖσθαι προσέταξε. τοῦ
δὲ μεγίστου ἀγάλματος κολοσσιαίου, ὅπερ σέβουσι Ῥωμαῖοι
εἰκόνα φέρον ἡλίου, τὴν κεφαλὴν ἀποτεμὼν ἱδρύσατο τὴν ἑαυτοῦ,
ὑπογράψας τῇ βάσει {οὐχ} ἃς εἰώθασι βασιλικὰς καὶ πατρῴας προσηγορίας,
ἀντὶ δὲ Γερμανικοῦ „μονομάχους χιλίους νικήσαντος“.
| [1,15] Mais, après sa mort, le sénat fit enlever ce marbre, et le remplaça
par une statue de la liberté.
XLVII. Commode ne gardait plus de mesure. Il fit annoncer des jeux où il
promettait de tuer de sa propre main toutes les bêtes qu'on lâcherait dans
l'arène, et de combattre ensuite corps à corps les plus habiles
gladiateurs. Dès que cette nouvelle se répandit, il vint de toute l'Italie
et des contrées voisines une grande affluence, attirée par l'espoir d'un
spectacle qui jamais n'avait eu lieu, et dont l'on n'avait même point
d'idée. Son adresse à lancer le javelot et à tirer de l'arc était devenue
célèbre ; il avait la réputation de ne jamais manquer le but. Il avait
pour maîtres des Parthes, très habiles archers, et des Maures qui
excellaient au maniement du javelot ; mais l'élève triomphait de tous ses
maîtres. Quand le jour des jeux fut arrivé, une foule immense remplit
l'amphithéâtre. On avait élevé à l'entour une galerie du haut de laquelle
Commode, sans s'exposer aux dangers d'un combat, lançait en sûreté des
javelots sur les bêtes féroces du cirque, et faisait parade d'adresse,
mais non de courage. Il tua d'abord des cerfs, des daims et des bêtes à
corne de toute espèce, excepté des taureaux. Il descendit de sa galerie
pour combattre ces animaux; il les poursuivait, et prévenait la vitesse de
leur fuite par la rapidité et la sûreté de ses coups. II tua ensuite, du
haut de la galerie, qu'il parcourait en lançant des traits, des lions, des
panthères et des bêtes fauves de toute espèce. Jamais il ne visa deux fois
le même animal, et tous ses coups étaient mortels. A peine la bête
s'était-elle élancée dans l'arène, qu'elle tombait frappée au front et au
coeur. Il ne dirigeait ses traits que vers ces parties de leur corps;
aussi le javelot ne frappait jamais ailleurs, et l'animal recevait la mort
avec la blessure. On, rassemblait pour lui des animaux de toutes les
parties du monde ; et nous vîmes alors pour la première fois en réalité
des monstres que nous n'avions encore vus qu'en peinture. De l'Inde , de
l'Éthiopie, du midi et du septentrion, on lui amenait des animaux
jusqu'alors inconnus dans nos climats; Commode les donnait en spectacle
aux Romains, et les faisait tomber sous ses coups. On ne se lassait point
d'admirer sa prodigieuse adresse. Quelquefois il se servait de flèches
armées d'un fer en croissant, contre des autruches de Mauritanie. Ces
oiseaux, sans quitter la terre, courent avec la plus grande rapidité,
poussés par leurs ailes comme par des voiles. Commode les visait avec tant
d'adresse et de force qu'il leur coupait le cou, et dans cet état,
l'impétuosité de leur élan les entraînait quelque temps encore. Un jour,
une panthère s'était jetée avec la rapidité du vent sur un homme descendu
dans le cirque; déjà elle avait saisi le malheureux et allait le déchirer.
Commode lance son javelot, abat la panthère, sauve l'homme, et par un
heureux coup prévient la morsure des dents acérées du monstre. Un autre
jour, on fit sortir de leurs loges cent lions, qu'il tua les uns après les
autres avec un pareil nombre de javelots. On les laissa longtemps étendus
sur l'arène, chacun les compta à loisir; tous les javelots avaient porté.
XLVIII. Jusqu'alors, quoique cette conduite de l'empereur fût contraire à
la dignité d'un prince, elle ne laissait point de plaire au peuple, parce
qu'elle prouvait de la force et de l'adresse. Mais lorsque Commode vint à
se montrer nu dans l'amphithéâtre et à combattre, armé de l'épée, des
gladiateurs, ce fut pour le peuple un triste et douloureux spectacle, de
voir un empereur romain, d'une si auguste origine, et dont le père et les
ancêtres avaient obtenu tant de triomphes, au lieu de combattre les
barbares, au lieu de prendre des armes vraiment dignes d'un souverain de
Rome, déshonorer la majesté de l'empire par le honteux appareil d'un
gladiateur. Dans ces luttes infâmes, Commode n'avait point de peine à être
vainqueur. Aussi se contentait-il de blesser ses adversaires, qui
n'avaient garde de lui disputer la victoire, et qui dans leur antagoniste
reconnaissaient toujours l'empereur. Son extravagance franchit bientôt
toutes les limites : il voulut quitter sa demeure impériale, pour habiter
le gymnase des gladiateurs. Il renonça au nom d'Hercule et se fit donner
celui d'un gladiateur célèbre qui venait de mourir. Il fit ôter la tête de
la statue colossale du Soleil, si révérée des Romains,
la remplaça par la sienne, et fit inscrire sur le piédestal, non pas la liste
des vertus qu'il eût pu tenir de son père, ou qu'on devait exiger de son rang, non
pas le titre de vainqueur des Germains, mais ces mots : Commode, vainqueur
de mille gladiateurs.
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