[22,1] Κεφάλαιον κβʹ
Ὅτι οὐ δεῖ πέρα τοῦ δέοντος ἀσκεῖν τὴν ἐγκράτειαν καὶ
ὅτι ὁμοίως ἐναντιοῦται τῇ ψυχῇ πρὸς τελείωσιν
ἥ τε πολυσαρκία τοῦ σώματος καὶ ἡ
ἄμετρος κακοπάθεια.
Ἀλλ´ ἐπειδὴ πολλοὶ ἐπὶ τὸ ἕτερον εἶδος τῆς ἀμετρίας
κατολισθήσαντες διὰ τῆς ὑπερβαλλούσης ἀκριβείας ἔλαθον
ὑπεναντία σπουδάζοντες τῷ ἰδίῳ σκοπῷ, καὶ ἄλλῳ τρόπῳ
τῶν ὑψηλῶν τε καὶ θειοτέρων τὴν ψυχὴν ἀποστήσαντες
εἰς ταπεινὰς φροντίδας καὶ ἀσχολίας κατήγαγον πρὸς τὰ
σωματικὰ παρατηρήματα τὴν διάνοιαν ἑαυτῶν κλίναντες,
ὡς μηκέτι αὐτοῖς ἐν ἐλευθερίᾳ μετεωροπορεῖν τὸν νοῦν
καὶ τὰ ἄνω βλέπειν, ἀλλ´ ἐπὶ τὸ πονοῦν καὶ συντριβόμενον
τῆς σαρκὸς ἐπικλίνεσθαι, καλῶς ἂν ἔχοι καὶ τούτου ποιεῖσθαι
τὴν ἐπιμέλειαν καὶ τὰς ἐξ ἑκατέρων ἀμετρίας ἐπίσης
παραφυλάττεσθαι, μήτε διὰ πολυσαρκίας καταχωννύντας
τὸν νοῦν μηδ´ αὖ πάλιν ταῖς ἐπεισάκτοις ἀσθενείαις ἐξίτηλον
αὐτὸν καὶ ταπεινὸν ποιεῖν καὶ περὶ τοὺς σωματικοὺς
πόνους ἠσχολημένον, μεμνῆσθαι δὲ τοῦ σοφοῦ παραγγέλματος
τοῦ ἐπίσης ἀπειρηκότος τήν τε ἐπὶ τὰ δεξιὰ καὶ τὴν ἐπὶ τὰ
ἐναντία παρατροπήν. Ἤκουσα δέ τινος ἰατρικοῦ τὰ ἐκ
τῆς τέχνης διεξιόντος, ὅτι ἐκ τεσσάρων ἡμῖν οὐχ ὁμοειδῶν
στοιχείων ἀλλ´ ἐναντίως διακειμένων τὸ σῶμα συγκέκραται,
θερμοῦ τε καὶ ψυχροῦ, ὑγροῦ τε καὶ ξηροῦ.
| [22,1] Chapitre 22 : Il ne faut pas pratiquer l'abstinence au delà du nécessaire:
c'est d'une manière semblable que s'opposent au perfectionnement de l'âme
la prospérité excessive du corps et son accablement sans mesure.
Mais puisque beaucoup, par leur rigueur excessive, ont glissé à leur insu dans l'autre espèce de
démesure, en se souciant de choses contraires à leur propre but, et, qu'en écartant d'une autre
manière de leur âme les préoccupations terre-à-terre, inclinant leur pensée vers les observances
corporelles, au point que leur intelligence ne chemine plus librement dans les hauteurs, ni ne
regarde plus les réalités d'en haut, mais incline vers ce qu'il y a de souffrant et de broyé dans leur
chair, il serait bon de se soucier aussi de ce problème et de se garder également des manques de
mesure de part et d'autre, en veillant à ce que la prospérité excessive de la chair n'ensevelisse pas
l'intelligence et qu'inversement son exténuation gratuite ne la rende pas débile, terre-à-terre,
absorbée dans les souffrances corporelles. Il serait bon aussi de se souvenir de la sage prescription
interdisant également de s'écarter à droite et dans la direction contraire. J'ai entendu dire à un
homme; habile médecin, qui exposait les secrets de son art, que notre corps est un mélange de
quatre éléments non point entièrement semblables mais disposés de façon contraire: de chaud et
de froid, d'humide et de sec. Il y a en effet un mélange inattendu de chaud avec du froid, et
d'humide avec du sec, car ces éléments sont unis à leur contraire par une affinité qui s'exerce par
l'intermédiaire des couples. Et dissertant avec une certaine subtilité sur les principes de la nature, il
donnait cette explication: chacun de ces éléments, diamétralement opposé de par sa nature à
l'élément antithétique, est uni à son contraire par leur parenté (commune) avec les qualités
voisines. En effet, comme le froid et le chaud se trouvent à un égal degré dans les éléments
humides et secs, et qu'à l'inverse l'humide et le sec entrent pareillement en composition dans les
éléments chauds et froids, l'identité des qualités qui apparaît également dans les contraires produit
d'elle-même la réunion des éléments antithétiques. Mais à quoi bon exposer minutieusement, pour
chacun de ces éléments pris en particulier, comment ils sont coupés les uns des autres par
l'opposition de leur nature et comment au contraire ils s'unissent pour former un tout, en se mêlant
les uns aux autres par la parenté de leurs qualités. Si nous avons rappelé ces faits, c'est parce que
le médecin, qui avait compris la nature du corps grâce à cette spéculation, conseillait de veiller
autant que possible à l'égalité des forces entre ces qualités, car en cela consiste la santé qu'aucun
élément ne l'emporte en nous sur l'autre. Nous devons donc prendre soin d'une telle constitution
pour demeurer en bonne santé.
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