[9] εἶδον δὲ ἐγὼ
τότε ἕτερον θέαμα τῶν εἰρημένων παραδοξότερον· εἶδον
διπλοῦν ὄμβρον τὸν μὲν ἐκ τοῦ ἀέρος τὸν δὲ ἐκ τῶν δακρύων
ἐπὶ τὴν γῆν καταρρέοντα καὶ οὐκ ἦν ὁ ἐξ ὀφθαλμῶν ὑετὸς
τοῦ ἐκ τῶν νεφῶν ἐνδεέστερος· ἐν γὰρ τοσαύταις μυριάσι
τῶν συμπαρόντων οὐκ ἦν ὀφθαλμὸς ὁ μὴ καταβρέχων τὴν
γῆν ταῖς τῶν δακρύων σταγόσιν.
Ἀλλ´ οὐ καλῶς τάχα τῆς τοῦ διδασκάλου γνώμης ἐστοχασάμεθα
πλέον ἢ ἔδει τοῖς σκυθρωποῖς ἐμβαθύναντες.
(p. 483) ἴσως γὰρ βούλεται θεραπεῦσαι μᾶλλον ἢ ἀνιᾶσαι τὴν ἀκοήν,
ἡμεῖς δὲ τὸ ἐναντίον νῦν πεποιήκαμεν, ὥσπερ ἂν εἴ τις ἰατρὸς
τραυματίαν λαβὼν μὴ μόνον ἀμελοίη τῆς θεραπείας, ἀλλὰ καὶ
βρωτικοῖς τισι φαρμάκοις προσεπιτρίβοι τὸν ὀδυνώμενον.
οὐκοῦν ἐπαντλητέον τὸν ἐλαιώδη λόγον τῇ διοιδούσῃ πληγῇ·
οἶδε γὰρ καὶ ἡ εὐαγγελικὴ ἰατρεία τῇ στύψει τοῦ οἴνου
καταμιγνύειν τὸ ἔλαιον. ἐπικλίνωμεν οὖν ὑμῖν παρὰ τῆς
γραφῆς λαβόντες τὸν τοῦ ἐλαίου καμψάκην, ὥς ἐστι δυνατόν,
τὸ σκυθρωπὸν τῶν εἰρημένων εἰς παραμυθίαν παλινῳδήσαντες.
ἀλλά μοι μηδεὶς ἀπιστείτω τῷ λεγομένῳ κἂν παράδοξον ᾖ·
| [9] Pour moi, j’ai vu un spectacle plus extraordinaire, plus admirable ; j’ai vu deux espèces de
pluies, l’une tombant du ciel, l’autre coulant des yeux vers la terre ; et celle qui tombait des
yeux n’était pas moins abondante que celle des nuages. Sur tant de spectateurs, pas un dont
l’oeil n’arrosât la terre de ses larmes. Mais ici nous allons contre la louable intention de notre
chef, et nous nous éloignons peut-être d’autant plus que nous nous arrêtons trop longtemps sur
un souvenir triste et déchirant ; peut-être nous demande-t-il des paroles de consolations plutôt
que des souvenirs pénibles, et jusqu’à présent nous avons fait le contraire de ce qu’il fallait
faire. J’imite ce médecin qui, s’engageant à traiter avec soin une blessure, non content de
négliger le malade, lui fait encore souffrir des douleurs plus cruelles par l’emploi de certains
remèdes dévorants. Aussi, puisque j’ai en quelque sorte rouvert les plaies du coeur, donnons à
ce discours une autre forme, et que mes paroles soient comme un baume consolateur. C’est
ainsi que l’entend la médecine de l’Evangile, qui mêle toujours l’huile à la nature excitante du
vin. Je m’emparerai donc de ce baume précieux de l’Ecriture sainte, et, renonçant au langage
que je vous ai fait entendre, j’essaierai de trouver des consolations dans ces pénibles
souvenirs. Ecoutez, je vous en conjure, mes frères, écoutez avec recueillement ce discours,
quand même, ce qui est loin de ma pensée, vous ne partageriez pas ma manière de voir.
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