[10] ἔστιν, ἀδελφοί, τὸ ἀγαθὸν ὃ ζητοῦμεν, ἔστι καὶ οὐκ ἀπόλωλεν.
μᾶλλον δὲ μικρότερον εἶπον τῆς ἀληθείας· οὐ μόνον γὰρ
ἔστι τὸ ἀγαθόν, ἀλλὰ καὶ ἐν ὑψηλοτέροις ἢ πρότερον. τὴν
βασιλίδα ζητεῖς; ἐν τοῖς βασιλείοις τὴν διαγωγὴν ἔχει.
ἀλλ´ ὀφθαλμῷ γνῶναι τοῦτο ποθεῖς; οὐκ ἔξεστί σοι βασιλίδος
θέαν περιεργάζεσθαι, φοβερὰ περὶ αὐτὴν ἡ τῶν δορυφόρων
φρουρά, οὐ τούτων λέγω τῶν δορυφόρων οἷς σίδηρος τὸ
ὅπλον ἐστίν, ἀλλὰ τῶν τῇ φλογίνῃ ῥομφαίᾳ καθωπλισμένων
ὧν τὸ εἶδος ἀνθρώπων ὄψις οὐχ ὑποδέχεται. ἐν τοῖς ἀπορρήτοις
τῆς βασιλείας ἡ οἴκησις· τότε ὄψει ὅταν καὶ σὺ προκύψῃς
(p. 484) τοῦ σώματος, οὐ γὰρ ἔστιν ἄλλως ἐντὸς τῶν ἀδύτων τῆς
βασιλείας γενέσθαι μὴ διασχόντα τὸ τῆς σαρκὸς παραπέτασμα.
Ἢ κρεῖττον οἴει τὸ διὰ σαρκὸς μετέχειν τοῦ βίου; οὐκοῦν
παιδευσάτω σε ὁ θεῖος ἀπόστολος ὁ τῶν ἀρρήτων τοῦ
παραδείσου μετεσχηκὼς μυστηρίων. τί λέγει περὶ τῆς ὧδε
ζωῆς τάχα ἐκ τοῦ κοινοῦ τῶν ἀνθρώπων φθεγγόμενος;
Ταλαίπωρος ἐγὼ ἄνθρωπος· τίς με ῥύσεται ἀπὸ τοῦ σώματος
τοῦ θανάτου τούτου; διὰ τί τοῦτο λέγει; ὅτι Τὸ ἀναλῦσαι
καὶ σὺν Χριστῷ εἶναι πολλῷ κρεῖττον εἶναί φησιν. τί δὲ
ὁ μέγας Δαυὶδ ὁ τοσαύτῃ δυναστείᾳ κομῶν ὁ πάντα πρὸς
ἡδονὴν καὶ κατ´ ἐξουσίαν εἰς ἀπόλαυσιν ἔχων; οὐ στενοχωρεῖται
τῷ βίῳ; οὐ φυλακὴν ὀνομάζει τὴν ὧδε ζωήν; οὐ βοᾷ πρὸς
τὸν κύριον· Ἐξάγαγε ἐκ φυλακῆς τὴν ψυχήν μου; οὐ πρὸς
τὴν παράτασιν τῆς ζωῆς δυσχεραίνει Οἴμοι, λέγων, ὅτι ἡ
παροικία μου ἐμακρύνθη; ἢ οὐκ ᾔδεισαν διακρῖναι οἱ ἅγιοι
τὸ καλὸν ἐκ τοῦ χείρονος καὶ διὰ τοῦτο προτιμοτέραν ᾤοντο
τῇ ψυχῇ τὴν ἀπὸ τοῦ σώματος ἔξοδον; σὺ δὲ τί καλόν, εἰπέ
μοι, παρὰ τὸν βίον ὁρᾷς; κατανόησον ἐν τίσιν ἡ ζωὴ θεωρεῖται.
οὐ λέγω σοι τὴν τοῦ προφήτου φωνὴν ὅτι Πᾶσα σὰρξ χόρτος·
σεμνύνει γὰρ ἐκεῖνος μᾶλλον τῷ ὑποδείγματι τὴν τῆς
φύσεως ἡμῶν ἀθλιότητα· τάχα γὰρ κρεῖττον ἦν χόρτον
εἶναι μᾶλλον ἢ ὅπερ ἐστίν· διὰ τί; ὅτι οὐδεμίαν ὁ χόρτος
ἐκ φύσεως ἀηδίαν ἔχει, ἡ δὲ σὰρξ ἡμῶν ὀσμῆς ἐστιν
ἐργαστήριον ἅπαν τὸ ληφθὲν εἰς διαφθορὰν ἀχρειοῦσα.
(p. 485) τὸ δὲ τὸν ἅπαντα χρόνον ὑποκεῖσθαι τῇ τῆς γαστρὸς
λειτουργίᾳ ποίας τιμωρίας οὐκ ἔστιν ἀνιαρώτερον; ὁρᾶτε γὰρ τοῦτον
τὸν διηνεκῆ φορολόγον, τὴν γαστέρα λέγω, ὅσην ἐπάγει καθ´
ἡμέραν τὴν ἀνάγκην τῆς ἐπαιτήσεως, ᾧ κἄν ποτε πλέον τοῦ
τεταγμένου προκαταβάλωμεν, οὐδὲν τοῦ ἐφεξῆς χρέους
προεξετίσαμεν. οὐ καθ´ ὁμοιότητα τῶν ἐν τῷ μυλῶνι
ταλαιπωρούντων ζῴων κεκαλυμμένοις τοῖς ὀφθαλμοῖς τὴν
τοῦ βίου μύλην περιερχόμεθα ἀεὶ διὰ τῶν ὁμοίων περιχωροῦντες
καὶ ἐπὶ τὰ αὐτὰ ἀναστρέφοντες; εἴπω σοι τὴν κυκλικὴν
ταύτην περίοδον; ὄρεξις, κόρος, ὕπνος, ἐγρήγορσις, κένωσις,
πλήρωσις· ἀεὶ ἀπ´ ἐκείνων ταῦτα καὶ ἀπὸ τούτων ἐκεῖνα καὶ
πάλιν ταῦτα καὶ οὐδέποτε κύκλῳ περιϊόντες παυόμεθα, ἕως
ἂν ἔξω τοῦ μυλῶνος γενώμεθα.
| [10] Ce bien que nous regrettons vit encore ; il est plein de vie, il n’a point péri. Je reste même
au-dessous de la vérité ; car non seulement il existe, mais il est encore supérieur à ce qu’il
était avant. Vous cherchez l’impératrice ? sa demeure est un palais. Vous voulez, dites-vous,
la voir de vos propres yeux ? Mais vous feriez d’inutiles efforts pour contempler votre reine.
Autour d’elle veille une garde terrible, non point de ces guerriers armés de fer, mais d’anges
qui portent un glaive de flamme dont nos yeux terrestres ne pourraient soutenir l’aspect. C’est
dans ce mystérieux séjour qu’elle habite, et vous ne pourrez la voir que lorsque vous serez
vous-mêmes resplendissants de beauté ; car il est impossible de pénétrer dans le sanctuaire de
ce royaume avec l’enveloppe de la chair. Pensez-vous, mes frères, que cette vie charnelle soit
préférable à cette demeure ? Ecoutez les conseils du divin apôtre qui a été initié aux sacrés
mystères de ce royaume de gloire. Que dit-il de cette vie, en écrivant ces paroles que tout les
monde devrait s’adresser : Misérable que je suis ! qui me délivrera de ce corps destiné à la
mort ? Pourquoi ce langage ? Ah ! il sait que, dépouillés de la vie, nous serons bien plus
heureux avec le Christ. Que dit encore le grand David, au milieu de toute sa splendeur ? Lui
qui possédait en abondance tous les biens destinés aux plaisirs des hommes, n’est-il pas
accablé de la vie ? n’appelle-t-il pas notre existence une prison ? ne dit-il pas en s’adressant
au Seigneur : Retirez mon âme de sa prison ! N’est-il pas abattu sous ce fardeau ? Hélas,
continue-t-il, pourquoi mon séjour dans cette maison étrangère est-il prolongé ? Ces saints
personnages avaient appris à discerner le bien du mal ; mais aussi combien était supérieure à
leurs yeux l’âme dépouillée de son corps ! Et vous, je vous le demande, que voyez-vous de
bon dans la vie ? quels sont les biens qu’elle procure ? Je ne vous citerai point le prophète qui
compare la chair au foin ; car, par cette comparaison, les misères de cette vie deviennent en
quelque sorte belles et précieuses, le foin valant mieux que la chair, puisqu’il n’a dans sa
nature rien de désagréable, tandis que notre chair est un réservoir d’odeur fétide, exhalant en
corruptions tout ce qu’elle reçoit. Quel supplice pour nous d’avoir en tout temps à satisfaire
aux besoins de notre existence matérielle ! Voyez cette constante et avide exigence de notre
estomac, voyez quelles nécessités elle engendre chaque jour ? Si nous lui donnons parfois
plus qu’il ne lui faut, plus même que nous ne lui destinions, vous le savez, mes frères, nous ne
retirerons aucun avantage pour les jours suivants de cet espèce de surplus, il faudra encore
recommencer. Semblables à ces animaux qu’on emploie à moudre le blé, nous sommes
attachés à la roue de la vie, les yeux fermés, tournant toujours, et revenant sans cesse vers les
mêmes besoins et les mêmes nécessités. Voulez-vous connaître ce mouvement circulaire que
nous avons à parcourir ? c’est l’appétit, puis la satiété ; le sommeil, puis les veilles ; les repas,
puis la digestion ; et chacun de ces états succédant forcément à l’autre, nous ne cessons jamais
de tourner dans le cercle que lorsque nous sommes jetés hors du moulin.
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