[11] καλῶς ὁ Σολομὼν πίθον
τετρημένον καὶ οἶκον ἀλλότριον ὀνομάζει τὸν ὧδε βίον.
ὄντως γὰρ ἀλλότριος οἶκος καὶ οὐχ ἡμέτερος, ὅτι οὐκ ἐφ´ ἡμῖν
ἐστιν ἢ ὅτε βουλόμεθα ἢ ἐφ´ ὅσον ἐπιποθοῦμεν ἐν αὐτῷ
εἶναι· ἀλλὰ καὶ εἰσαγόμεθα ὡς οὐκ οἴδαμεν καὶ ἐξοικιζόμεθα
ὅτε οὐκ οἴδαμεν. τὸ δὲ τοῦ πίθου αἴνιγμα νοήσεις ἐὰν εἰς τὸ
ἀπλήρωτον τῶν ἐπιθυμιῶν ἀποβλέψῃς. ὁρᾷς πῶς ἐπαντλοῦσιν
ἑαυτοῖς οἱ ἄνθρωποι τὰς τιμάς, τὰς δυναστείας, τὰς δόξας καὶ
πάντα τὰ τοιαῦτα; ἀλλ´ ὑπορρεῖ τὸ βαλλόμενον καὶ οὐ
παραμένει τῷ ἔχοντι· ἡ μὲν γὰρ περὶ τὴν δόξαν καὶ τὴν
δυναστείαν καὶ τὴν τιμὴν σπουδὴ πάντοτε ἐνεργεῖται, ὁ δὲ
τῆς ἐπιθυμίας πίθος μένει ἀπλήρωτος. τί δὲ ἡ φιλοχρηματία;
(p. 486) οὐκ ἀληθῶς πίθος τετρημένος ἐστὶν ὅλῳ τῷ πυθμένι ῥέων
ᾧ κἂν πᾶσαν ἐπαντλήσῃς τὴν θάλασσαν πληρωθῆναι φύσιν
οὐκ ἔχει;
Τί οὖν λυπηρὸν εἰ τῶν τοῦ βίου κακῶν ἡ μακαρία κεχώρισται
καὶ ὥσπερ τινὰ λήμην τὸν τοῦ σώματος ῥύπον ἀποβαλοῦσα
καθαρᾷ τῇ ψυχῇ πρὸς τὴν ἀκήρατον ζωὴν μετανίσταται,
ἐν ᾗ ἀπάτη οὐ πολιτεύεται, διαβολὴ οὐ πιστεύεται, κολακεία
χώραν οὐκ ἔχει, ψεῦδος οὐ καταμίγνυται, ἡδονή τε καὶ λύπη
καὶ φόβος καὶ θράσος καὶ πενία καὶ πλοῦτος καὶ δουλεία
καὶ κυριότης καὶ πᾶσα ἡ τοιαύτη τοῦ βίου ἀνωμαλία ὡς
πορρωτάτω τῆς ζωῆς ἐκείνης ἐξώρισται; Ἀπέδρα ἐκεῖθεν,
καθώς φησιν ὁ προφήτης, ὀδύνη καὶ λύπη καὶ στεναγμός. ἀντὶ
δὲ τούτων τί; ἀπάθεια, μακαριότης, κακοῦ παντὸς ἀλλοτρίωσις,
ἀγγέλων ὁμιλία, τῶν ἀοράτων θεωρία, θεοῦ μετουσία,
εὐφροσύνη τέλος οὐκ ἔχουσα.
| [11] C’est avec raison que Salomon nomme cette vie un tonneau percé, une maison étrangère ;
car c’est bien une habitation étrangère, et non la nôtre, puisqu’il n’est point en notre pouvoir
de l’habiter selon notre volonté et notre désir ; nous ignorons même comme nous y avons été
introduits. Or vous comprendrez l’énigme du tonneau et notre existence terrestre, si vous
examinez nos passions insatiables et nos désirs sans cesse renaissants. Voyez les hommes
amasser avidement honneur, gloire, pouvoir et autres biens de cette espèce. Et cependant tous
ces trésors se dissipent, ils ne restent point aux mains de celui qui les possède ; tourmenté sans
cesse de la soif du pouvoir et des honneurs, c’est le tonneau de la cupidité qui n’est jamais
rempli. Que vous dirai-je de la passion de l’or ? n’est-ce pas un véritable tonneau percé et
sans fond ? Y verseriez-vous toutes les eaux de la mer, que (telle est sa nature) vous ne
pourriez venir à bout de le remplir. Est-il donc si triste et si désolant pour nous que cette
princesse ait échappé aux misères de ce monde, et que son âme, purifiée des souillures
matérielles, ait passé (des jours de cette vie) à une vie immortelle et incorruptible ? Là point
de fraudes, point de calomnies, et la flatterie et le mensonge y sont inconnus. Là point de
passions ni d’inquiétudes, de craintes ni de confiance, de pauvreté ni de richesse, d’esclavage
ni de domination ; point de cette inégalité d’ici-bas, et, comme le dit le prophète, la douleur, la
tristesse et les gémissements ont fui de cette demeure. Et qu’y a-t-il pour remplacer ces
misères ? Le bien-être, l’absence des maux et des souffrances ; le bonheur éternel, la fin de
toutes les douleurs, la société des anges, les contemplations des merveilles invisibles, la vue
de Dieu et une joie qui durera éternellement.
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