[8] Ἆρά μοι συγγνώσεσθε, ἀδελφοί, εἴ τι διὰ τὸ πάθος
παραληρήσαιμι; τάχα, καθώς φησιν ὁ ἀπόστολος, καὶ αὐτὴ
ἡ κτίσις τῷ ἡμετέρῳ κακῷ συνεστέναξεν. ὑπομνήσω δὲ
τῶν γεγονότων ὑμᾶς καὶ οἶμαι τοὺς πολλοὺς τοῖς λεγομένοις
συνθήσεσθαι· ὅτε χρυσῷ καὶ πορφυρίδι κεκαλυμμένη ἐπὶ
τὴν πόλιν ἡ βασιλὶς ἐκομίζετο (κλίνη δὲ ἦν ἡ κομίζουσα)
καὶ πᾶσα ἀξία καὶ ἡλικία πᾶσα προχεθεῖσα τοῦ ἄστεος
ἅπαν ἐστενοχώρει ἀπὸ πλήθους τὸ ὕπαιθρον πάντων ἐκ
ποδῶν καὶ τῶν ὑπερεχόντων τοῖς ἀξιώμασι προπομπευόντων
(p. 482) τοῦ πάθους (μέμνησθε πάντως ὅπως ὁ ἥλιος ταῖς νεφέλαις
τὰς ἀκτῖνας ἑαυτοῦ συνεκάλυψεν, ὡς ἂν μὴ ἴδοι τάχα καθαρῷ
τῷ φωτὶ μετὰ τοιούτου σχήματος εἰσελαύνουσαν τὴν
βασιλίδα τῇ πόλει, οὐκ ἐπὶ ἅρματός τινος ἢ χρυσοδέτου ἀπήνης
κατὰ τὸν βασίλειον κόσμον τοῖς δορυφόροις ἀγαλλομένην, ἀλλ´
ἐν σορῷ κεκαλυμμένην, ἐπικρυπτομένην τὸ εἶδος ἐκείνῳ τῷ
σκυθρωπῷ προκαλύμματι, θέαμα δεινόν τε καὶ ἐλεεινόν,
δακρύων ἀφορμὴν προκειμένην τοῖς ἐντυγχάνουσιν, ἣν
ἅπας τῶν συνειλεγμένων ὁ δῆμος ὁ ἔπηλύς τε καὶ ὁ ἐγχώριος
οὐκ εὐφημίαις, ἀλλὰ θρήνοις εἰσιοῦσαν ἐδέχετο), τότε καὶ ὁ
ἀὴρ πενθικῶς ἐσκυθρώπασεν οἷον ἱμάτιόν τι πενθικὸν τὸν
ζόφον περιβαλλόμενος, ἀλλὰ καὶ αἱ νεφέλαι καθὼς δυνατὸν
αὐταῖς ἦν ἐπεδάκρυον ἁπαλὰς ψεκάδας ἀντὶ δακρύων
ἐπαφιεῖσαι τῷ πάθει. ἢ ταῦτα μὲν ὄντως λῆρός ἐστι καὶ
οὐδὲ λέγειν ἄξιον; εἰ γάρ τι καὶ γέγονεν ἐν τῇ κτίσει τοιοῦτον
οἷον ἐπισημῆναι τὴν συμφορὰν, οὐ παρὰ τῆς κτίσεως γέγονε
πάντως, ἀλλὰ παρὰ τοῦ δεσπότου τῆς κτίσεως τιμῶντος
δι´ ὧν ἐποίει τῆς ὁσίας τὸν θάνατον· Τίμιος γάρ, φησίν,
ἐναντίον κυρίου ὁ θάνατος τῶν ὁσίων αὐτοῦ.
| [8] N’aurez-vous pas quelque indulgence pour moi, mes frères, si, au souvenir de cette grande
perte, je m’égare et divague ! Peut-être, comme dit l’Apôtre, la créature elle-même a gémi à
cause de ce malheur. Je vais vous rappeler les circonstances du convoi funèbre, et plusieurs,
j’ose le croire, approuveront mes paroles. Revêtue d’un manteau d’or et de pourpre,
l’impératrice était portée par la ville en litière ; autour d’elle s’empressait une foule composée
de personnes de tout rang, de tout âge, accourues de toutes parts ! Tous, même les plus élevés
en dignité, suivaient à pied le convoi. Vous vous souvenez encore comment le soleil voila ses
rayons de nuages, comme pour ne point éclairer de sa brillante lumière la princesse, ainsi
portée, non sur un char ou une voiture, parée des ornements royaux, escortée de satellites,
mais enfermées dans un cercueil. Beauté cachée par de bien tristes vêtements ! spectacle
déchirant et déplorable ! sujet de larmes pour tous ceux qui accouraient ! Elle était accueillie
dans sa marche, non par des acclamations joyeuses, mais par les lamentations d’un peuple
immense, tant d’étrangers que de citoyens. Alors aussi l’air fut triste, comme s’il eût été
couvert d’un voile lugubre et enveloppé de ténèbres. Que dis-je, les nuages eux-mêmes,
autant qu’il fut en eux, répandirent leurs pleurs, laissant tomber goutte à goutte sur ce deuil
général une pluie semblable à une douce rosée. Ces prodiges sont-ils enfantés par la folie et
par l’extravagance, et sont-ils indignes d’être rapportés ? Bien qu’arrivés pour une création,
afin de signaler et de rendre à jamais mémorable une calamité si grande, ils n’ont pas été pour
cela l’oeuvre d’une créature : c’est Dieu qui honorait ainsi la mort d’une sainte. Il nous le dit
lui-même dans les livres saints : La mort des bien-aimés du Très-Haut est précieuse devant le
Seigneur.
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