[6] Τοιαῦτα καὶ μέχρι τούτου τὰ διηγήματα. τὰ δὲ ἐπὶ
τούτοις οἷα· πάλιν βοᾶν ἀναγκάζομαι καί μοι σύγγνωτε
(p. 480) ὑπερβοῶντι τὸ πάθος· ὦ Θρᾴκη τὸ φευκτὸν ὄνομα, ὦ
δυστυχὲς ἔθνος ἐκ συμφορῶν γνωριζόμενον, ὦ πρότερον
μὲν πολεμίῳ πυρὶ ταῖς τῶν βαρβάρων ἐπιδρομαῖς δῃωθεῖσα,
νῦν δὲ τὸ κεφάλαιον τῆς κοινῆς συμφορᾶς ἐν ἑαυτῇ δεξαμένη.
ἐκεῖθεν τὸ ἀγαθὸν ἀναρπάζεται, ἐκεῖ ὁ φθόνος κατὰ τῆς
βασιλείας ἐκώμασεν, ἐκεῖ γέγονεν τὸ τῆς οἰκουμένης
ναυάγιον, ἐκεῖ καθάπερ ἐν κλύδωνι τῷ προβόλῳ προσπταίσαντες
τῷ τῆς λύπης βυθῷ κατεδύημεν. ὦ πονηρᾶς ἐκδημίας
ἐκείνης, ἣ τὴν ὑποστροφὴν οὐκ ἀπέδωκεν, ὦ πικρῶν ὑδάτων,
ὧν τὰς πηγὰς ἐπεπόθησεν, ὡς οὐκ ὤφελεν, ὦ χωρίον, ἐν ᾧ
τὸ πάθος ἐγένετο, διὰ τὸ πάθος τῇ σκοτομήνῃ ἐπώνυμον.
(ἀκούω γὰρ κατὰ τὴν πάτριον αὐτῶν γλῶσσαν Σκοτούμην
τὸν τόπον ἐπονομάζεσθαι.) ἐκεῖ ἐσκοτίσθη ὁ λύχνος, ἐκεῖ
κατεσβέσθη τὸ φέγγος, ἐκεῖ αἱ ἀκτῖνες τῶν ἀρετῶν ἠμαυρώθησαν.
οἴχεται τῆς βασιλείας τὸ ἐγκαλλώπισμα, τὸ τῆς
δικαιοσύνης πηδάλιον, ἡ τῆς φιλανθρωπίας εἰκών, μᾶλλον
δὲ αὐτὸ τὸ ἀρχέτυπον. ἀφῃρέθη τῆς φιλανδρίας ὁ τύπος,
τὸ ἁγνὸν τῆς σωφροσύνης ἀνάθημα, ἡ εὐπρόσιτος σεμνότης, ἡ
ἀκαταφρόνητος ἡμερότης, ἡ ὑψηλὴ ταπεινοφροσύνη, ἡ
πεπαρρησιασμένη αἰδώς, ἡ σύμμικτος τῶν ἀγαθῶν ἁρμονία.
οἴχεται ὁ τῆς πίστεως ζῆλος, ὁ τῆς ἐκκλησίας στῦλος, ὁ
τῶν θυσιαστηρίων κόσμος, ὁ τῶν πενομένων πλοῦτος, ἡ
πολυαρκὴς δεξιά, ὁ κοινὸς τῶν καταπονουμένων λιμήν.
| [6] Voici ce qu’on en raconte partout ; mais écoutez ce qui va suivre, et de nouveau je dois
m’écrier ici (pardonnez si je vais trop loin dans ma douleur) : O Thrace, nom que j’abhorre ! ô
terre fatale ! nation fameuse des pervers ! jadis ravagée par le feu et l’invasion des barbares, et
aujourd’hui devenue l’asile de celle dont la perte cause nos malheurs ! C’est toi qui nous
enlèves les jours fortunés ; c’est toi dont la haine s’est déchaînée contre l’Empire ! C’est de là
qu’est venue fondre sur nous cette catastrophe épouvantable ; c’est là qu’entraînés par la
tempête et brisés contre les rochers, nous avons été précipités dans l’abîme de la tristesse et de
la douleur ! Voyage maudit, d’où la princesse n’a pu revenir ! Ruisseaux amers ! plût à dieu
qu’elle n’eût pas désiré vos ondes ! ô terre témoin de notre malheur, et qui pour ce motif as
reçu ton nom de l’obscurité de la nuit ! car dans leur langue ils appellent cette contrée
scotumin (ou ténèbres). C’est là que cette lumière s’est couverte de ténèbres, que cette
splendeur s’est éteinte, et que l’éclat de ses vertus s’est couvert d’un voile éternel ! C’est là
qu’elle a rendu son dernier soupir, cette femme, l’ornement de l’Empire et de la justice, le
guide du monde, l’image de l’humanité. Que dis-je ? l’humanité en personne. Nous avons
perdu en elle l’exemple et l’emblème parfait de l’amour conjugal, celle qui avait reçu en
partage le sublime don de la continence, de la chasteté et de la pudeur ! Bien que son air fût
majestueux, son accueil était facile, et sa bonté et son indulgence faisaient naître le respect ; la
plus douce humilité, la modestie la plus parfaite, la pudeur la plus réservée, enfin un
assemblage harmonieux de toutes les vertus, venaient encore rehausser tant de grâces. Voilà la
princesse que nous pleurons, celle qui était si zélée pour la foi, celle que nous regardions tous
comme l’appui de l’Eglise, l’ornement des autels, la richesse des pauvres, la main qui savait
diriger toutes choses, celle enfin qui était comme l’asile des naufragés et des malheureux.
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