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[15] XV. <1> Εἶχον ἡμᾶς Ἀθῆναι, καθάπερ τι ῥεῦμα ποτάμιον, ἀπὸ μιᾶς
σχισθέντας πηγῆς τῆς πατρίδος εἰς διάφορον ὑπερορίαν κατ' ἔρωτα τῆς
παιδεύσεως καὶ πάλιν εἰς τὸ αὐτὸ συνελθόντας, ὥσπερ ἀπὸ συνθήματος
οὕτω Θεοῦ κινήσαντος. Εἶχον δὲ μικρῷ μὲν ἐμὲ πρότερον, τὸν δ' εὐθὺς
μετ' ἐμέ, μετὰ πολλῆς προσδεχθέντα καὶ περιφανοῦς τῆς ἐλπίδος. <2> Καὶ
γὰρ ἐν πολλῶν γλώσσαις ἔκειτο πρὶν ἐπιστῆναι, καὶ μέγα ἑκάστοις ἦν
προκαταλαβεῖν τὸ σπουδαζόμενον. Οὐδὲν δὲ οἷον καὶ ἥδυσμά τι
προσθεῖναι τῷ λόγῳ μικρὸν ἀφήγημα, τοῖς μὲν εἰδόσιν ὑπόμνησιν, τοῖς δὲ
ἀγνοοῦσι διδασκαλίαν. <3> Σοφιστομανοῦσιν Ἀθήνησι τῶν νέων οἱ πλεῖστοι
καὶ ἀφρονέστεροι· οὐ τῶν ἀγεννῶν μόνον καὶ τῶν ἀνωνύμων, ἀλλ' ἤδη καὶ
τῶν εὖ γεγονότων καὶ περιφανεστέρων, ἅτε πλῆθος σύμμικτον ὄντες καὶ
νέοι καὶ δυσκάθεκτοι ταῖς ὁρμαῖς. <4> Ὅπερ οὖν πάσχοντας ἔστιν ἰδεῖν περὶ
τὰς ἀντιθέτους ἱπποδρομίας τοὺς φιλίππους τε καὶ φιλοθεάμονας· πηδῶσι,
βοῶσιν, οὐρανῷ πέμπουσι κόνιν, ἡνιοχοῦσι καθήμενοι, παίουσι τὸν ἀέρα,
τοὺς ἵππους δὴ τοῖς δακτύλοις ὡς μάστιξι, ζευγνύουσι, μεταζευγνύουσιν·
οὐδενὸς ὄντες κύριοι ἀντιδιδόασι ἀλλήλοις ῥᾳδίως ἡνιόχους, ἵππους,
ἱπποστασίας, στρατηγούς· καὶ ταῦτα τίνες; οἱ πένητες πολλάκις καὶ ἄποροι
καὶ μηδ' ἂν εἰς μίαν ἡμέραν τροφῆς εὐπορήσαντες. <5> Τοῦτο καὶ αὐτοὶ
πάσχουσι ἀτεχνῶς περὶ τοὺς ἑαυτῶν διδασκάλους καὶ ἀντιτέχνους, ὅπως
πλείους τε ὦσιν αὐτοὶ κἀκείνους εὐπορωτέρους ποιῶσι δι' ἑαυτῶν
σπουδὴν ἔχοντες· καὶ τὸ πρᾶγμά ἐστιν ἐπιεικῶς ἄτοπον καὶ δαιμόνιον.
<6>Προκαταλαμβάνονται πόλεις, ὁδοί, λιμένες, ὀρῶν ἄκρα, πεδία, ἐσχατιαί,
οὐδὲν ὅ τι μὴ τῆς Ἀττικῆς μέρος ἢ τῆς λοιπῆς Ἑλλάδος, αὐτῶν τῶν
οἰκητόρων οἱ πλεῖστοι· καὶ γὰρ τούτους μεμερισμένους ταῖς σπουδαῖς
ἔχουσιν.
| [15] XV. <1> Nous appartenions à Athènes, après avoir, comme le courant
d'un fleuve, été séparés au sortir d'une unique source natale pour aller par
des chemins différents au-delà des frontières par amour du savoir, de
nouveau réunis au même endroit, comme s'il y avait eu entente là où il n'y
avait qu'impulsion divine. Moi, j'appartenais à Athènes depuis peu de
temps; lui m'y suivit de près, attendu avec une impatience vive et
manifeste. <2> Son nom était sur toutes les lèvres avant son arrivée, et
chacun mettait de l'importance à s'emparer le premier de l'objet aimé. Et
on ne saurait mieux faire que d'agrémenter ce discours en y ajoutant
une petite anecdote, souvenir pour ceux qui savent, instruction pour ceux
qui ignorent.
<3> Il règne une sophistomanie à Athènes, dans la plus grande partie
de la jeunesse et la moins sérieuse; et non pas seulement chez les jeunes
gens sans naissance et sans nom, mais même chez les jeunes gens de
famille et qui sont en vue ; car ils forment une masse confuse, à la fois
jeune et impatiente du frein. <4> On peut remarquer la façon dont se
comportent aux luttes de l'hippodrome les amateurs de chevaux ou de
spectacles; ils bondissent, ils crient, ils envoient la poussière au ciel ; ils
font le cocher de leur place, frappent l'air, frappent les chevaux avec les
doigts en guise de fouet; ils attellent, attellent autrement ; et sans rien
avoir à eux, ils ne se gênent pas pour échanger cochers, chevaux,
écuries, stratèges ; et qui fait cela? Les pauvres souvent, les gens sans
ressources et qui n'ont même pas de nourriture pour un seul jour. <5> C'est
ainsi que les étudiants se comportent exactement à l'égard de leurs
maîtres et des maîtres rivaux, faisant diligence pour croître en nombre et
s'employer à les enrichir, et la chose ne va pas sans absurdité ni
extravagance. <6> Ils assiègent villes, routes, ports, sommets des
montagnes, plaines, déserts, sans omettre un seul point de l'Attique ou du
reste de la Grèce, la plupart des habitants même, car ils les amènent par
leurs cabales à prendre parti.
| [16] XVI. <1> Ἐπειδὰν οὖν τις ἐπιστῇ τῶν νέων καὶ ἐν χερσὶ γένηται τῶν
ἑλόντων, γίνεται δὲ ἢ βιασθεὶς ἢ ἑκών, νόμος οὗτός ἐστιν αὐτοῖς Ἀττικὸς καὶ
παιδιὰ σπουδῇ σύμμικτος. Πρῶτον μὲν ξεναγεῖται παρά τινι τῶν
προειληφότων ἢ φίλων ἢ συγγενῶν ἢ τῶν ἐκ τῆς αὐτῆς πατρίδος ἢ τῶν
ὅσοι περιττοὶ τὰ σοφιστικὰ καὶ προσαγωγοὶ τῶν λημμάτων, κἀντεῦθεν
μάλιστα διὰ τιμῆς ἐκείνοις· ἐπεὶ καὶ τοῦτο μισθός ἐστιν αὐτοῖς τῶν
σπουδαστῶν τυγχάνειν. <2> Ἔπειτα ἐρεσχελεῖται παρὰ τοῦ βουλομένου
παντός· βούλεται δὲ αὐτοῖς, οἶμαι, τοῦτο τῶν νεηλύδων συστέλλειν τὸ
φρόνημα καὶ ὑπὸ χεῖρα σφῶν ἀπ' ἀρχῆς ἄγειν· ἐρεσχελεῖται δέ, παρὰ μὲν
τῶν θρασύτερον, παρὰ δὲ τῶν λογικώτερον, ὄπως ἂν ἀγροικίας ἢ
ἀστειότητος ἔχῃ. <3> Καὶ τὸ πρᾶγμα, τοῖς μὲν ἀγνοοῦσι λίαν φοβερὸν καὶ
ἀνήμερον, τοῖς δὲ προειδόσι καὶ μάλα ἡδὺ καὶ φιλάνθρωπον· πλείων γάρ
ἐστιν ἡ ἔνδειξις ἢ τὸ ἔργον τῶν ἀπειλουμένων. Ἔπειτα πομπεύει διὰ τῆς
ἀγορᾶς ἐπὶ τὸ λουτρὸν προαγόμενος. <4> Ἡ πομπὴ δέ· διατάξαντες ἑαυτοὺς
στοιχηδὸν κατὰ συζυγίαν ἐκ διαστήματος, οἱ
τελοῦντες τῷ νέῳ τὴν πρόοδον ἐπὶ τὸ λουτρὸν προπέμπουσιν. <5>
Ἐπειδὰν δὲ πλησιάσωσι, βοῇ τε πολλῇ καὶ ἐξάλμασι χρώμενοι καθάπερ
ἐνθουσιῶντες· κελεύει δὲ ἡ βοὴ μὴ προβαίνειν, ἀλλ' ἵστασθαι, ὡς τοῦ
λουτροῦ σφᾶς οὐ παραδεχομένου· καὶ ἅμα τῶν θυρῶν ἀρασσομένων,
πατάγῳ τὸν νέον φοβήσαντες, εἶτα τὴν εἴσοδον συγχωρήσαντες, οὕτως
ἤδη τὴν ἐλευθερίαν διδόασιν, ὁμότιμον ἐκ τοῦ λουτροῦ καὶ ὡς αὐτῶν ἕνα
δεχόμενοι· καὶ τοῦτό ἐστιν αὐτοῖς τῆς τελετῆς τὸ τερπνότατον, ἡ ταχίστη
τῶν λυπούντων ἀπαλλαγὴ καὶ κατάλυσις. <6> Τότε τοίνυν ἐγὼ τὸν ἐμὸν καὶ
μέγαν Βασίλειον, οὐκ αὐτὸς δι' αἰδοῦς ἦγον μόνον, τό τε τοῦ ἤθους
στάσιμον καθορῶν καὶ τὸ ἐν λόγοις καίριον, ἀλλὰ καὶ τοὺς ἄλλους ἔπειθον
ὁμοίως ἔχειν, ὅσοι τῶν νέων ἀγνοοῦντες τὸν ἄνδρα ἐτύγχανον· τοῖς γὰρ
πολλοῖς εὐθὺς αἰδέσιμος ἦν, ἀκοῇ προκατειλημμένος. Ἐξ οὗ τί γίνεται;
μόνος σχεδὸν τῶν ἐπιδημούντων, τὸν κοινὸν διέφυγε νόμον, κρείττονος ἢ
κατὰ νέηλυν ἀξιωθεὶς τῆς τιμῆς.
| [16] XVI. <1> Donc dès qu'il arrive un nouveau, et qu'il tombe aux mains
qui s'en emparent — et il y tombe de force ou de gré — ils observent une
coutume attique, et où le badinage s'unit au sérieux. Il commence par
devenir l'hôte de l'un de ceux qui l'ont pris, un ami, un parent, un
compatriote, un des experts en sophistique et des pourvoyeurs d'argent,
et par là tenus en haute estime par ceux-là ; car il y va de leur salaire de
tomber sur des hommes zélés. <2> Puis il est plaisanté par le premier venu
; leur intention, je pense, c'est de rabaisser les prétentions des nouveaux
venus et de les réduire en leur pouvoir dès le début. Et on le plaisante, les
uns avec plus d'insolence, les autres avec plus d'esprit, suivant le degré
de rusticité ou d'élégance de chacun. <3> La chose, quand on l'ignore,
effraie beaucoup par sa brutalité ; mais quand on est prévenu elle est
pleine d'un charme aimable, car il y a plus de mise en scène que de
réalité dans ces menaces. Puis en pompe, à travers l'agora, on le conduit
au bain. <4> Voici le cortège. Placés en files, deux de front, à distance,
ceux qui se chargent de la procession en l'honneur du nouveau l'escortent
en avant jusqu'au bain. <5> Une fois tout proches, ils poussent de grands
cris en bondissant comme dans un accès de folie : ce cri, c'est l'ordre de
ne pas avancer, et de s'arrêter comme si le bain leur refusait l'accès ; en
même temps ils frappent aux portes, et quand ils ont effrayé le nouveau
par du tapage et qu'ensuite ils lui ont accordé l'entrée, alors seulement ils
lui donnent la liberté et ils l'admettent comme leur pair à la suite du bain et
comme l'un des leurs. Le plus réjouissant de la cérémonie, c'est l'extrême
rapidité avec laquelle ces fâcheux se séparent et se dispersent.
<6> Donc à ce moment pour mon grand Basile, je ne me contentais
point du respect que je ressentais personnellement, à voir sa gravité
de mœurs et sa maturité de paroles; mais je tâchais de les faire partager
aux autres, à cette partie de la jeunesse qui ignorait l'homme : car pour le
plus grand nombre il fut tout de suite un objet de vénération, ayant été
devancé par la renommée. La conséquence de cela? c'est qu'il fut à peu
près le seul des arrivants à échapper à la loi commune, distinction qui
dépassait la condition d'un nouveau-venu.
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