HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Grégoire de Nazianze, Discours funèbre en l'honneur de Basile de Césarée

Chapitre 11-12

  Chapitre 11-12

[11] XI. <1> Οἶμαι δὲ πᾶσιν ἀνωμολογῆσθαι τὸν νοῦν ἐχόντων, παίδευσιν τῶν παρ' ἡμῖν ἀγαθῶν εἶναι τὸ πρῶτον· οὐ ταύτην μόνην τὴν εὐγενεστέραν καὶ ἡμετέραν, πᾶν τὸ ἐν λόγοις κομψὸν καὶ φιλότιμον ἀτιμάζουσα μόνης ἔχεται τῆς σωτηρίας καὶ τοῦ κάλλους τῶν νοουμένων· ἀλλὰ καὶ τὴν ἔξωθεν, ἣν οἱ πολλοὶ Χριστιανῶν διαπτύουσιν, ὡς ἐπίβουλον καὶ σφαλερὰν καὶ Θεοῦ πόρρω βάλλουσαν, κακῶς εἰδότες. <2> Ὥσπερ γὰρ οὐρανὸν καὶ γῆν καὶ ἀέρα καὶ ὅσα τούτων, οὐκ ἐπειδὴ κακῶς τινες ἐξειλήφασιν ἀντὶ Θεοῦ τὰ τοῦ Θεοῦ σέβοντες, διὰ τοῦτο περιφρονητέον· ἀλλ' ὅσον χρήσιμον αὐτῶν καρπούμενοι πρός τε ζωὴν καὶ ἀπόλαυσιν ὅσον ἐπικίνδυνον διαφεύγομεν, οὐ τῷ κτίστῃ τὴν κτίσιν ἐπαν ιστάντες κατὰ τοὺς ἄφρονας, ἀλλ' ἐκ τῶν δημιουργημάτων τὸν δημιουργὸν καταλαμβάνοντες, καὶ φησιν θεῖος Ἀπόστολος, αἰχμαλωτίζοντες πᾶν νόημα εἰς Χριστόν· <3> ὡς δὲ καὶ πυρὸς καὶ τροφῆς καὶ σιδήρου καὶ τῶν ἄλλων οὐδὲν καθ' ἑαυτὸ χρησιμώτατον ἴσμεν βλαβερώτατον, ἀλλ' ὅπως ἂν δοκῇ τοῖς χρωμένοις· ἤδη δὲ καὶ τῶν ἑρπυστικῶν θηρίων ἔστιν τοῖς πρὸς σωτηρίαν φαρμάκοις συνεκεράσαμεν· οὕτω καὶ τούτων τὸ μὲν ἐξεταστικόν τε καὶ θεωρητικὸν ἐδεξάμεθα, ὅσον δὲ εἰς δαίμονας φέρει καὶ πλάνην καὶ ἀπωλείας βυθὸν διεπτύσαμεν· ὅτι μὴ κἀκ τού των πρὸς θεοσέβειαν ὠφελήμεθα, ἐκ τοῦ χείρονος τὸ κρεῖττον καταμαθόντες, καὶ τὴν ἀσθένειαν ἐκείνων ἰσχὺν τοῦ καθ' ἡμᾶς λόγου πεποιημένοι. <4> Οὔκουν ἀτιμαστέον τὴν παίδευσιν, ὅτι τοῦτο δοκεῖ τισιν· ἀλλὰ σκαιοὺς καὶ ἀπαιδεύτους ὑποληπτέον τοὺς οὕτως ἔχοντας, οἳ βούλοιντ' ἂν ἅπαντας εἶναι καθ' ἑαυτούς, ἵν' ἐν τῷ κοινῷ τὸ κατ' αὐτοὺς κρύπτηται, καὶ τοὺς τῆς ἀπαιδευσίας ἐλέγχους διαδιδράσκωσιν. Ἐπεὶ δὲ τοῦτο ὑπεθέμεθα καὶ ἀνωμολογησάμεθα, φέρε τὰ κατ' αὐτὸν θεωρήσωμεν. [11] XI. <1> Je crois que tous les hommes de sens conviennent que l'éducation, parmi nos biens, tient le premier rang; et non pas seulement la plus noble, la nôtre, qui dédaigne toutes les ambitieuses parures du discours, pour ne s'attacher qu'au salut et à la beauté de la pensée, mais aussi celle du dehors, que la plupart des chrétiens repoussent comme un piège, un danger, un obstacle qui nous rejette loin de Dieu, par erreur de jugement. <2> De même que le ciel, la terre, l'air et tout ce qu'ils renferment, pour être mal compris par des hommes qui à la place de Dieu honorent les créatures de Dieu, n'en sont pas pour cela à mépriser : au contraire nous y recueillons tout ce qu'ils offrent d'avantages pour la vie et pour l'utilité, el nous y évitons tout ce qui est dangereux, sans dresser en face du Créateur la créature, à l'imitation des insensés, mais des œuvres nous élevant à la connaissance de l'ouvrier (Sap., xiii, 5), et, comme dit le divin Apôtre, amenant au Christ toute pensée captive (II Cor., x, 5); <3> de même que dans le feu, dans la nourriture, dans le fer et dans le reste, nous savons qu'il n'y a rien en soi de souverainement utile ou nuisible, et que tout dépend de l'intention de ceux qui s'en servent : il n'y a pas jusqu'à des reptiles, qu'on ne mélange à des remèdes salutaires ; de même aussi nous prenons là tout ce qui peut nous porter à l'étude et à la contemplation ; mais tout ce qui conduit aux démons, à l'erreur, à l'abîme de perdition, nous le rejetons, sauf que même de ces choses nous tirons profit pour la piété, car du mal nous apprenons à tirer le bien, et de leur faiblesse nous faisons la force de notre doctrine. <4> Il ne faut donc pas mépriser la science parce que quelques-uns en jugent ainsi ; il faut plutôt considérer comme ignorants et sans culture les gens qui se comportent de la sorte, et qui voudraient voir tout le monde semblable à eux, pour que dans la masse leur cas fût inaperçu et que leur ignorance s'épargnât des reproches. Ce principe une fois posé et admis, allons, examinons ce qui concerne notre héros.
[12] XII. <1> Τὰ μὲν δὴ πρῶτα τῆς ἡλικίας ὑπὸ τῷ μεγάλῳ πατρί, ὃν κοινὸν παιδευτὴν ἀρετῆς Πόντος τηνικαῦτα προὐβάλλετο, σπαργανοῦται καὶ διαπλάττεται πλάσιν τὴν ἀρίστην τε καὶ καθαρωτάτην, ἣν ἡμερινὴν θεῖος Δαβὶδ καλῶς ὀνομάζει καὶ τῆς νυκτερινῆς ἀντίθετον. <2> Ὑπὸ δὴ τούτῳ, καὶ βίον καὶ λόγον συναυξανομένους τε καὶ συνανιόντας ἀλλήλοις θαυμάσιος ἐκπαιδεύεται· οὐ Θετταλικόν τι καὶ ὄρειον ἄντρον αὐχῶν ὡς ἀρετῆς ἐργαστήριον, οὐδέ τινα Κένταυρον ἀλαζόνα τῶν κατ' αὐτὸν ἡρώων διδάσκαλον· οὐδὲ πτῶκας βάλλειν κατατρέχειν νεβρῶν θηρεύειν ἐλάφους ὑπ' αὐτοῦ διδασκόμενος, τὰ πολεμικὰ κράτιστος εἶναι πωλοδαμνεῖν ἄριστα, τῷ αὐτῷ πώλῳ καὶ διδασκάλῳ χρώμενος, μυελοῖς ἐλάφων τε καὶ λεόντων τοῖς μυθικοῖς ἐκτρεφόμενος· ἀλλὰ τὴν ἐγκύκλιον παίδευσιν παιδευόμενος καὶ θεοσέβειαν ἐξασκούμενος καί, συνελόντι φάναι, πρὸς τὴν μέλλουσαν τελειότητα διὰ τῶν ἐξ ἀρχῆς μαθημάτων ἀγόμενος. <3> Οἱ μὲν γὰρ βίον μόνον, λόγον κατωρθωκότες, τῷ ἑτέρῳ δὲ λείποντες, οὐδὲν τῶν ἑτεροφθάλμων, ἐμοὶ δοκεῖν, διαφέρουσιν, οἷς μεγάλη μὲν ζημία, μεῖζον δὲ τὸ αἶσχος ὁρῶσι καὶ ὁρωμένοις. Οἷς δὲ κατ' ἀμφότερα εὐδοκιμεῖν ὑπάρχει καὶ εἶναι περιδεξίοις, τούτοις καὶ τὸ εἶναι τελείοις καὶ βιοτεύειν μετὰ τῆς ἐκεῖθεν μακαριότητος. <4> Ὅπερ οὖν ἐκείνῳ συμβέβηκεν εὖ ποιοῦν οἴκοθεν ἔχοντι τῆς ἀρετῆς τὸ παράδειγμα, πρὸς βλέπων εὐθὺς ἄριστος ἦν. Ὥσπερ τοὺς πώλους καὶ τοὺς μόσχους ὁρῶμεν ὁμοῦ τῇ γενέσει ταῖς μητράσιν ἑαυτῶν παρασκαίροντας, οὕτω καὶ αὐτὸς τῷ πατρὶ παραθέων ἐγγύθεν ἐν πωλικῷ τῷ φρυάγματι καὶ τῶν ἄκρων τῆς ἀρετῆς κινημάτων οὐ παρὰ πολὺ λειπόμενος· εἰ βούλει δέ, κἀν τῇ σκιαγραφίᾳ τὸ μέλλον τῆς ἀρε τῆς κάλλος ὑποσημαίνων καὶ πρὸ τοῦ καιροῦ τῆς ἀκριβείας τὰ τῆς ἀκριβείας προχαραττόμενος. [12] XII. <1> Dans le premier âge, c'est sous la direction de l'illustre père que le Pont se proposait alors comme maître de vertus pour tous, que dès les langes il reçoit une formation éminente et très pure, que le divin David a raison de nommer la formation au grand jour , par opposition à celle qui se donne la nuit. <2> C'est sous lui que, faisant aller de pair le progrès et l'ascension dans sa vie et dans son éloquence, ce prodige fait son éducation. Il n'a pas la gloire d'avoir eu un antre des montagnes de Thessalie comme officine de vertu ; ni un Centaure fanfaron, maître des héros de son temps ; il n'a pas appris de lui à abattre les lièvres, à courir le faon ou à chasser la biche ; à être très fort dans les choses de la guerre, à exceller au dressage des chevaux avec lui en même temps pour monture et pour maître ; il n'a pas eu des moelles de cerf et de lion, comme dans la fable, pour se nourrir. Mais on lui enseigne le cercle des sciences, on l'exerce à la piété ; pour parler en abrégé, ses études du début le mettent sur la voie de sa perfection future. <3> Ceux qui perfectionnent seulement soit leur vie, soit leur éloquence, et l'une à l'exclusion de l'autre, ne se distinguent en rien, il me semble, des borgnes, dont le désavantage est grand, mais la difformité plus grande dès qu'ils regardent ou qu'on les regarde. Mais ceux qui sous les deux rapports se font apprécier et ont de la dextérité, ceux-là sont des hommes accomplis et vivent avec la félicité de là-bas. <4> C'est l'heureuse destinée qui lui échut ; il puisa chez lui le modèle de la vertu, il n'eut qu'à y jeter les yeux pour être tout de suite excellent. Comme nous voyons les poulains et les veaux, dès leur naissance, sauter à côté de leur mère, ainsi de son côté il courait tout près de son père, avec une ardeur de poulain, et sans se laisser beaucoup devancer par les élans sublimes de sa vertu ; et si on préfère, cette ébauche laissait deviner la beauté de sa vertu future ; et avant l'âge de la perfection, il offrait déjà en lui une esquisse de la perfection.


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Dernière mise à jour : 23/06/2009