[9] Φέρε μηδὲ τοῦτο τῶν Καισαρίου καλῶν παρέλθωμεν,
ὃ τοῖς μὲν ἄλλοις ἴσως μικρὸν καὶ οὐδὲ μνήμης ἄξιον,
ἐμοὶ δὲ καὶ τότε καὶ νῦν μέγιστον ἔδοξεν, εἴπερ τῶν ἐπαινετῶν
ἡ φιλαδελφία, καὶ οὐ παύσομαι τιθεὶς ἐν πρώτοις,
ὁσάκις ἂν τὰ ἐκείνου ἐκδιηγῶμαι.
Κατεῖχε μὲν αὐτὸν αἷς εἶπον τιμαῖς ἡ πόλις, καὶ
οὐδ´ ἂν εἴ τι γένοιτο μεθήσειν ἔφασκεν· ἐγὼ δὲ ἀνθέλκων
ἴσχυσα, ὁ πάντα Καισαρίῳ πολὺς καὶ τίμιος, καὶ τοῖς
γονεῦσι τὴν εὐχὴν πληρῶσαι, καὶ τῇ πατρίδι τὸ χρέος, καὶ
ἐμαυτῷ τὸν πόθον, λαβὼν τῆς ὁδοῦ κοινωνὸν καὶ συνέμπορον,
καὶ προτιμηθεὶς οὐ πόλεων καὶ δήμων μόνον,
οὐδὲ τιμῶν καὶ πόρων, οἳ πολλοὶ καὶ πολλαχόθεν, οἱ μὲν
συνέρρεον ἐκείνῳ, οἱ δὲ ἠλπίζοντο, ἀλλὰ καὶ αὐτοῦ βασιλέως
σχεδόν, καὶ τῶν ἐκεῖθεν ἐπιταγμάτων.
Ἐντεῦθεν ἐγὼ μὲν φιλοσοφεῖν διέγνων, καὶ πρὸς
τὸν ἄνω βίον μεθαρμοσθῆναι, ὥσπερ τινὰ βαρὺν δεσπότην
καὶ ἀρρώστημα χαλεπὸν πᾶσαν φιλοτιμίαν ἀποσεισάμενος·
μᾶλλον δὲ ὁ μὲν πόθος πρεσβύτερος, ὁ δὲ βίος ὕστερος.
Τὸν δέ, τὰ πρῶτα τῆς παιδεύσεως ἀναθέντα τῇ ἑαυτοῦ
πατρίδι καὶ θαυμασθέντα τῶν πόνων ἀξίως, μετὰ τοῦτο
δόξης ἐπιθυμία καὶ τοῦ προστατεῖν τῆς πόλεως, ὡς ἐμέ
γε συνέπειθε, τοῖς βασιλείοις δίδωσιν, οὐ πάνυ μὲν ἡμῖν
φίλα ποιοῦντα καὶ κατὰ γνώμην (καὶ γὰρ ἀπολογήσομαι
πρὸς ὑμᾶς, ὅτι πολλοστὸν τετάχθαι παρὰ Θεῷ κρεῖττον
{εἶναι δοκεῖ τε} καὶ ὑψηλότερον ἢ παρὰ τῷ κάτω βασιλεῖ τὰ
πρῶτα φέρεσθαι), οὐ μὴν ἄξιός γε μέμψεως.
Φιλοσοφεῖν μὲν γὰρ ὅσῳ μέγιστον, τοσούτῳ καὶ χαλεπώτατον, καὶ
οὐ πολλῶν τὸ ἐγχείρημα, οὐδ´ ἄλλων ἢ τῶν ὑπὸ τῆς θείας
προκεκλημένων μεγαλονοίας, ἣ τοῖς προῃρημένοις καλῶς
χεῖρα δίδωσιν·
οὐ μικρὸν δὲ εἴ τις, τὸν δεύτερον προστησάμενος
βίον, καλοκαγαθίας μεταποιοῖτο, καὶ πλείω
λόγον ἔχοι Θεοῦ καὶ τῆς ἑαυτοῦ σωτηρίας ἢ τῆς κάτω
λαμπρότητος· καὶ τὴν μὲν ὡς σκηνὴν προβάλλοιτο, ἤ τι
προσωπεῖον τῶν πολλῶν καὶ προσκαίρων, τὸ τοῦ κόσμου
τούτου δρᾶμα ὑποκρινόμενος, αὐτὸς δὲ ζῴη Θεῷ, μετὰ τῆς
εἰκόνος ἣν οἶδε παρ´ ἐκείνου λαβὼν καὶ ὀφείλων τῷ δεδωκότι·
ὅπερ ἀμέλει καὶ Καισάριον διανοηθέντα γινώσκομεν.
| [9] IX. Voyons! gardons-nous aussi d'omettre une des belles actions de Césaire,
que les autres peut-être trouvent petite et même indigne de mémoire, mais qui, à
mes yeux, paraissait à cette époque et paraît encore aujourd'hui très grande, — si
toutefois l'amour fraternel est une chose louable, — et que je ne cesserai de placer
en première ligne, chaque fois que j'aurai à passer en revue ses actions.
<2> La ville voulait le retenir par les honneurs dont j'ai parlé et, quoi qu'il arrivât,
protestait qu'elle ne le lâcherait point ; mais je tirai en sens contraire et je réussis,
moi qui, en toutes circonstances, eus une grande place dans l'estime de Césaire, à
satisfaire les parents dans leur vœu, la patrie dans une dette, moi-même dans mon
désir. <3> Je le pris pour associé de ma route et compagnon de voyage, et je me vis
préférer non seulement à des villes et à des peuples, à des honneurs et à des
richesses, qui, en grand nombre et de tous côtés, ou bien affluaient vers lui ou bien
se laissaient espérer, mais presque à l'empereur lui-même et aux ordres partis de là.
<4> Dès lors je résolus de vivre en philosophe et de me conformer à la vie d'en-haut, après avoir, comme un lourd despote et une pénible maladie, secoué toute
ambition ; ou plutôt le désir était ancien, la vie vint plus lard. <5> Pour lui, quand il
eut consacré les prémices de sa science à sa patrie, et excité une admiration digne
de ses travaux, après cela un désir de gloire, de se faire le protecteur de la ville,
comme il me le persuadait le livre à la cour, fait qui n'était pas précisément pour me
plaire, ni à mon gré, — car je dirai pour m'excuser auprès de vous qu'une place
quelconque auprès de Dieu est meilleure et plus haute que le premier rang auprès
du roi d'ici-bas ; — pourtant il ne méritait pas de blâme. <6> En effet, vivre en
philosophe, si c'est une chose très grande, c'est aussi par là même une chose très
difficile ; l'entreprise n'est pas à la portée d'un grand nombre, mais seulement de
ceux qui sont appelés par la grande intelligence divine qui prête une main
opportune aux élus. <7> D'autre part, ce n'est pas peu de chose, quand on s'est
proposé la seconde vie, de participer à la vertu ; de faire plus d'estime de Dieu et
de son propre salut que de l'éclat d'en bas ; de considérer cet éclat comme un
théâtre ou un masque des choses vulgaires et éphémères pour jouer la comédie de
ce monde, tandis que soi-même on vit pour Dieu, avec l'image qu'on sait avoir
reçue de lui et devoir à celui qui l'a donnée : réflexions auxquelles nous savons
avec certitude que Césaire s'est livré.
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