| [10] Τάττεται μὲν γὰρ τὴν πρώτην ἐν ἰατροῖς τάξιν,
οὐδὲ πολλοῦ πόνου προσδεηθείς, ἀλλ´ ἐπιδείξας μόνον
τὴν παίδευσιν, μᾶλλον δὲ βραχύν τινα τῆς παιδεύσεως
οἷον πρόλογον, κἀν τοῖς φίλοις τοῦ βασιλέως εὐθὺς ἀριθμούμενος, 
τὰς μεγίστας καρποῦται τιμάς.
Ἄμισθον δὲ τὴν τῆς τέχνης φιλανθρωπίαν τοῖς ἐν τέλει προτίθησιν,
εἰδὼς οὐδὲν οὕτως ὡς ἀρετὴν καὶ τὸ ἐπὶ τοῖς καλλίστοις
γινώσκεσθαι προάγειν εἰς τὸ ἔμπροσθεν· καὶ ὧν τῇ τάξει
δεύτερος ἦν, τούτων κατὰ πολὺ περιῆν τῇ δόξῃ, πᾶσι μὲν
ὢν διὰ σωφροσύνην ἐπέραστος, καὶ διὰ τοῦτο τὰ τίμια
πιστευόμενος καὶ μηδὲν Ἱπποκράτους ὁρκιστοῦ προσδεόμενος, 
ὡς μηδὲν εἶναι καὶ τὴν Κράτητος ἁπλότητα 
πρὸς τὴν ἐκείνου θεωρουμένην·   πᾶσι δὲ πλέον ἢ κατὰ
τὴν ἀξίαν αἰδέσιμος, μεγάλων μὲν ἀεὶ τῶν παρόντων
ἀξιούμενος, μειζόνων δὲ ἄξιος εἶναι τῶν ἐλπιζομένων
κρινόμενος τοῖς τε βασιλεῦσιν αὐτοῖς καὶ ὅσοι τὰ πρῶτα
μετ´ ἐκείνους ἔχουσιν. Τὸ δὲ μέγιστον, ὅτι μήτε ὑπὸ
τῆς δόξης μήτε ὑπὸ τῆς ἐν μέσῳ τρυφῆς τὴν τῆς ψυχῆς
εὐγένειαν διεφθάρη· ἀλλὰ πολλῶν καὶ μεγάλων ὑπαρχόντων 
αὐτῷ, πρῶτον ἦν εἰς ἀξίωμα Χριστιανὸν καὶ εἶναι
καὶ ὀνομάζεσθαι, καὶ πάντα ὁμοῦ παιδιά τις ἐκείνῳ καὶ
λῆρος πρὸς ἓν τοῦτο κρινόμενα·  τὰ μὲν γὰρ ἄλλα ὡς
ἐπὶ σκηνῆς καὶ ἄλλοις παίζεσθαι, τάχιστα πηγνυμένης τε
καὶ καταλυομένης, τάχα δὲ φθειρομένης ῥᾷον ἢ συνισταμένης, 
ὡς εἶναι ἰδεῖν ἐκ τῶν πολλῶν τοῦ βίου μεταβολῶν,
καὶ τῆς ἄνω καὶ κάτω μεταπιπτούσης εὐετηρίας· μόνον δὲ
ἴδιον ἀγαθὸν εἶναι καὶ παραμένον ἀσφαλῶς, τὴν εὐσέβειαν.
 | [10] X. D'une part, il occupe le premier rang parmi les médecins, sans avoir besoin 
de beaucoup d'effort, et en se bornant à montrer son savoir, ou plutôt une sorte de 
court préliminaire de son savoir ; et aussitôt compté au nombre des amis de 
l'empereur, il recueille les plus grands honneurs. <2> Mais d'autre part il offre 
gratuitement aux magistrats la charité de son art, persuadé qu'il n'y a rien comme la 
vertu et le renom que donnent les plus belles actions pour pousser en avant. Ceux 
à qui il était inférieur par le rang, il les surpassait de beaucoup par la réputation ; 
aimé de tous pour sa réserve, et à cause de cela se voyant confier les objets 
précieux, sans qu'il eût besoin du serment d'Hippocrate, si bien que la simplicité de 
Cratès n'était rien, en regard de la sienne ; <3> entouré par tous d'un respect qui 
dépassait sa dignité ; toujours estimé digne de sa grande fortune présente, et jugé 
digne de la fortune plus grande qui se laissait espérer, aux yeux des empereurs 
eux-mêmes et de tous ceux qui tiennent la première place après eux. <4> Et le plus 
important, c'est que ni la réputation ni les plaisirs qui étaient à sa portée ne 
corrompirent la noblesse de son âme ; mais entre les titres nombreux et 
considérables qui lui appartenaient, le premier dans son estime, c'était d'être 
chrétien et de porter le nom de chrétien, et tous les biens ensemble n'étaient pour 
lui qu'enfantillage et bagatelle auprès de ce seul bien-là. <5> Le reste n'était que jeux 
destinés à autrui et sur une sorte de théâtre bien vite dressé et disparu, plus facile 
peut-être à détruire qu'à édifier, comme on peut voir par les nombreuses 
vicissitudes de la vie et par les alternatives de hauts et de bas de la prospérité ; il 
n'y avait qu'un bien qu'on possède en propre, et qui reste sûrement, la piété. 
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