[11] Ταῦτα Καισαρίῳ ἐφιλοσοφεῖτο κἀν τῇ χλανίδι· ταύταις
καὶ συνέζησε ταῖς ἐννοίαις καὶ συναπῆλθε, μείζω
τῆς φαινομένης εἰς τὸ κοινὸν εὐσεβείας Θεῷ γνωρίζων
καὶ παριστὰς τὴν κατὰ τὸν κρυπτὸν ἄνθρωπον. Καὶ εἴ
με δεῖ, πάντα παρέντα, τὴν προστασίαν τῶν ἐκ γένους
ἀτυχησάντων, τὴν ὑπεροψίαν τοῦ τύφου, τὴν πρὸς τοὺς
φίλους ἰσοτιμίαν, τὴν πρὸς τοὺς ἄρχοντας παρρησίαν,
τοὺς ὑπὲρ ἀληθείας ἀγῶνας καὶ λόγους, οὓς πολλοὺς πολλάκις
καὶ πρὸς πολλοὺς συνεστήσατο, οὐ λογικῶς μόνον,
ἀλλὰ καὶ λίαν εὐσεβῶς τε καὶ διαπύρως, ἓν ἀντὶ πάντων
εἰπεῖν τῶν ἐκείνου τὸ γνωριμώτατον· ἐλύσσα
καθ´ ἡμῶν βασιλεὺς ὁ δυσώνυμος, καὶ καθ´ ἑαυτοῦ πρῶτον
μανεὶς, ἐκ τῆς εἰς Χριστὸν ἀθετήσεως ἀφόρητος ἤδη
καὶ τοῖς ἄλλοις ἦν, οὐδ´ ἐν ἴσῳ τοῖς λοιποῖς χριστομάχοις
μεγαλοψύχως ἀπογραφόμενος εἰς τὴν ἀσέβειαν,
ἀλλὰ κλέπτων τὸν διωγμὸν ἐν ἐπιεικείας πλάσματι,
καὶ κατὰ τὸν σκολιὸν ὄφιν, ὃς τὴν ἐκείνου κατέσχε
ψυχήν, παντοίαις μηχαναῖς ὑποσπῶν τοὺς ἀθλίους εἰς τὸ
ἑαυτοῦ βάραθρον. Καὶ τὸ μὲν πρῶτον αὐτοῦ τέχνασμά
τε καὶ σόφισμα, πάσχοντας ὡς Χριστιανούς, ὡς κακούργους
κολάζεσθαι, ἵνα μηδὲ τῆς ἐπὶ τοῖς ἄθλοις τιμῆς
τυγχάνοιμεν· ἐφθόνει γὰρ καὶ ταύτης Χριστιανοῖς ὁ
γεννάδας· τὸ δὲ δεύτερον, πειθοῦς ὄνομα προσεῖναι τῷ
γινομένῳ, μὴ τυραννίδος, ὡς ἂν μεῖζον ᾖ τοῦ κινδύνου
τὸ τῆς αἰσχύνης αὐθαιρέτως χωροῦσι πρὸς τὴν ἀσέβειαν·
καὶ τοὺς μὲν χρήμασι, τοὺς δὲ ἀξιώμασι, τοὺς δὲ ὑποσχέσεσι,
τοὺς δὲ παντοίαις τιμαῖς ὑφελκόμενος, ἃς οὐδὲ
βασιλικῶς προσῆγεν, ἀλλὰ καὶ λίαν δουλοπρεπῶς, ἐν
ταῖς ἁπάντων ὄψεσι, πάντας δὲ τῇ γοητείᾳ τῶν λόγων
καὶ τῷ καθ´ ἑαυτὸν ὑποδείγματι, ἐπὶ πολλοῖς πειρᾶται
καὶ Καισαρίου. Φεῦ τῆς παραπληξίας καὶ τῆς ἀνοίας,
εἰ Καισάριόν τε ὄντα καὶ ἀδελφὸν ἐμὸν καὶ τῶν γονέων
τούτων συλήσειν ἤλπισεν.
| [11] XI. Voilà quelle était la philosophie de Césaire, même sous la chlamide; voilà
dans quelles pensées il vécut et s'en alla, manifestant sous le regard de Dieu une
piété plus grande que celle qui paraissait en public, la piété de l'homme caché
(I Petr., III, 4). <2> Et s'il faut que je laisse tout de côté : la protection accordée à ceux
de sa famille qui avaient eu des revers, son mépris du faste, son égalité pour ses
amis, sa franchise avec les magistrats, et en faveur de la vérité les luttes et les
discours sans nombre où il s'engagea bien des fois et contre bien des hommes,
non seulement avec sa raison, mais encore avec toute l'ardeur de sa piété, — il y a
un trait que je vais raconter pour les remplacer tous, c'est ce qu'il y a de plus
notable chez lui. <3> Il déchaînait sa rage contre nous, l'empereur au nom odieux.
Sa fureur avait débuté contre lui-même, et sa renonciation au Christ l'avait déjà
rendu insupportable aux autres. Il n'apportait même pas la même grandeur d'âme
que le reste des ennemis du Christ à se faire inscrire dans l'impiété, mais il
escamotait le persécuteur sous une apparence de modération ; et semblable au
serpent tortueux qui posséda son âme, il usait de toutes sortes de manœuvres pour
entraîner les malheureux dans son propre abîme. <4> Son début dans l'artifice et la
ruse, ce fut, ceux qui souffraient comme chrétiens, de les punir comme malfaiteurs,
pour nous priver même de la gloire des combats; car il enviait jusqu'à cela aux
chrétiens, le brave. Le second, ce fut qu'on donna à ce qui se faisait le nom de
persuasion et non celui de tyrannie, afin qu'il y eût plus de honte que de danger
pour ceux qui passeraient de leur plein gré du côté de l'impiété. <5> Attirant les uns
par des richesses, les autres par des dignités, d'autres par des promesses, d'autres
par des honneurs de tout genre qu'il n'offrait même pas en roi, mais en pur esclave,
aux yeux de tous, tous enfin par la magie des discours et par son propre exemple, il
en arrive, après bien des hommes, à tenter même Césaire. Hélas! quel égarement
et quelle folie, s'il espérait dans un Césaire, dans mon frère, dans le fils des parents
que vous savez, trouver une proie!
|