[1,14] XIV.
(1)<274> Ἡρώδης δὲ συντονώτερον ἤλαυνεν εἰς τὴν
Ἀραβίαν ὡς ἔτι τἀδελφοῦ ζῶντος ἐπειγόμενος
χρήματα παρὰ τοῦ βασιλέως λαβεῖν, οἷς μόνοις
πείσειν ὑπὲρ Φασαήλου τὴν τῶν βαρβάρων ἤλπιζεν
πλεονεξίαν. Ἐλογίζετο γάρ, εἰ τῆς πατρῴας φιλίας
ἀμνημονέστερος ὁ Ἄραψ γένοιτο καὶ τοῦ δοῦναι
δωρεὰν μικρολογώτερος, δανείσασθαι παρ' αὐτοῦ τὰ
λύτρα ῥύσιον θεὶς τὸν τοῦ λυτρουμένου παῖδα·
<275> καὶ γὰρ ἐπήγετο τὸν ἀδελφιδοῦν ὄντα ἐτῶν
ἑπτά· τάλαντα δ' ἦν ἕτοιμος τριακόσια δοῦναι
προστησάμενος Τυρίους παρακαλοῦντας. Τὸ χρεὼν δ'
ἄρα τὴν αὐτοῦ σπουδὴν ἐφθάκει καὶ Φασαήλου
τεθνηκότος εἰς κενὸν Ἡρώδης φιλάδελφος ἦν· οὐ μὴν
οὐδὲ παρὰ Ἄραψιν εὑρίσκει φιλίαν οὖσαν. <276> Ὁ
γοῦν βασιλεὺς αὐτῶν Μάλχος προπέμψας ἐκ τῆς
χώρας κατὰ τάχος προσέτασσεν ἀναστρέφειν,
προφάσει μὲν χρώμενος Πάρθοις, ἐπικηρυκεύσασθαι
γὰρ αὐτοὺς ἐκβαλεῖν Ἡρώδην τῆς Ἀραβίας, τῷ δὲ ὄντι
κατασχεῖν προαιρούμενος τὰ παρ' Ἀντιπάτρου χρέα
καὶ μηδὲν εἰς τὰς ἐκείνου δωρεὰς ἀντιπαρασχεῖν
χρῄζουσιν τοῖς τέκνοις δυσωπεῖσθαι. Συμβούλοις δ'
ἐχρῆτο τῆς ἀναιδείας τοῖς ὁμοίως ἀποστερεῖν τὰς
Ἀντιπάτρου παρακαταθήκας θέλουσιν· ἦσαν δὲ τῶν
περὶ αὐτὸν οἱ δυνατώτατοι.
(2)<277> Ἡρώδης μὲν δὴ πολεμίους τοὺς Ἄραβας εὑρὼν
δι' ἃ φιλτάτους ἤλπισεν καὶ τοῖς ἀγγέλοις
ἀποκρινάμενος ὡς ὑπηγόρευε τὸ πάθος ὑπέστρεψεν
ἐπ' Αἰγύπτου. Καὶ τὴν μὲν πρώτην ἑσπέραν κατά τι
τῶν ἐπιχωρίων ἱερὸν αὐλίζεται τοὺς ὑπολειφθέντας
ἀναλαβών, τῇ δ' ἑξῆς εἰς Ῥινοκούρουρα προελθόντι τὰ
περὶ τὴν τἀδελφοῦ τελευτὴν ἀπαγγέλλεται.
<278> Προσλαβὼν δὲ πένθους ὅσον ἀπεθήκατο
φροντίδων ᾔει προσωτέρω. Καὶ δὴ βραδέως ὁ Ἄραψ
μετανοήσας ἔπεμψεν διὰ τάχους τοὺς ἀνακαλέσοντας
τὸν ὑβρισμένον. Ἔφθανεν δὲ καὶ τούτους Ἡρώδης εἰς
Πηλούσιον ἀφικόμενος, ἔνθα τῆς παρόδου μὴ
τυγχάνων ὑπὸ τῶν ἐφορμούντων τοῖς ἡγεμόσιν
ἐντυγχάνει· κἀκεῖνοι τήν τε φήμην καὶ τὸ ἀξίωμα
τἀνδρὸς αἰδεσθέντες προπέμπουσιν αὐτὸν εἰς
Ἀλεξάνδρειαν. <279> Ὁ δὲ παρελθὼν εἰς τὴν πόλιν
ἐδέχθη μὲν λαμπρῶς ὑπὸ Κλεοπάτρας στρατηγὸν
ἐλπιζούσης ἕξειν εἰς ἃ παρεσκευάζετο·
διακρουσάμενος δὲ τὰς παρακλήσεις τῆς βασιλίδος
καὶ μήτε τὴν ἀκμὴν τοῦ χειμῶνος ὑποδείσας μήτε
τοὺς κατὰ τὴν Ἰταλίαν θορύβους ἐπὶ Ῥώμης ἔπλει.
(3)<280> Κινδυνεύσας δὲ περὶ Παμφυλίαν καὶ τοῦ
φόρτου τὸ πλεῖον ἐκβαλὼν μόλις εἰς Ῥόδον
διασώζεται σφόδρα τῷ πρὸς Κάσσιον πολέμῳ
τετρυχωμένην, δεχθεὶς ὑπὸ Πτολεμαίου καὶ
Σαπφινίου τῶν φίλων. Καίπερ δὲ ὢν ἐν ἀπορίᾳ
χρημάτων ναυπηγεῖται τριήρη μεγίστην, <281> ἐν ᾗ
μετὰ τῶν φίλων εἰς Βρεντέσιον καταπλεύσας
κἀκεῖθεν εἰς Ῥώμην ἐπειχθεὶς πρώτῳ διὰ τὴν
πατρῴαν φιλίαν ἐνετύγχανεν Ἀντωνίῳ καὶ τάς τε
αὐτοῦ καὶ τοῦ γένους συμφορὰς ἐκδιηγεῖτο, ὅτι τε
τοὺς οἰκειοτάτους ἐν φρουρίῳ καταλιπὼν
πολιορκουμένους διὰ χειμῶνος πλεύσειεν ἐπ' αὐτὸν
ἱκέτης.
(4)<282> Ἀντωνίου δὲ ἥπτετο πρὸς τὴν μεταβολὴν
οἶκτος, καὶ κατὰ μνήμην μὲν τῆς Ἀντιπάτρου ξενίας,
τὸ δὲ ὅλον καὶ διὰ τὴν τοῦ παρόντος ἀρετὴν ἔγνω καὶ
τότε βασιλέα καθιστᾶν Ἰουδαίων ὃν πρότερον αὐτὸς
ἐποίησεν τετράρχην. Ἐνῆγεν δὲ οὐκ ἔλαττον τῆς εἰς
Ἡρώδην φιλοτιμίας ἡ πρὸς Ἀντίγονον διαφορά·
τοῦτον γὰρ δὴ στασιώδη τε καὶ Ῥωμαίων ἐχθρὸν
ὑπελάμβανεν. <283> Καίσαρα μὲν οὖν εἶχεν
ἑτοιμότερον αὐτοῦ τὰς Ἀντιπάτρου στρατείας
ἀνανεούμενον, ἃς κατ' Αἴγυπτον αὐτοῦ τῷ πατρὶ
συνδιήνεγκεν, τήν τε ξενίαν καὶ τὴν ἐν ἅπασιν
εὔνοιαν, ὁρῶντά γε μὴν καὶ τὸ Ἡρώδου δραστήριον·
<284> συνήγαγεν δὲ τὴν βουλήν, ἐν ᾗ Μεσσάλας καὶ
μετ' αὐτὸν Ἀτρατῖνος παραστησάμενοι τὸν Ἡρώδην
τάς τε πατρῴας εὐεργεσίας καὶ τὴν αὐτοῦ πρὸς
Ῥωμαίους εὔνοιαν διεξῄεσαν, ἀποδεικνύντες ἅμα καὶ
πολέμιον τὸν Ἀντίγονον οὐ μόνον ἐξ ὧν διηνέχθη
τάχιον, ἀλλ' ὅτι καὶ τότε διὰ Πάρθων λάβοι τὴν ἀρχὴν
Ῥωμαίους ὑπεριδών. Τῆς δὲ συγκλήτου πρὸς ταῦτα
κεκινημένης ὡς παρελθὼν Ἀντώνιος καὶ πρὸς τὸν
κατὰ Πάρθων πόλεμον βασιλεύειν Ἡρώδην
συμφέρειν ἔλεγεν, ἐπιψηφίζονται πάντες.
<285> Λυθείσης δὲ τῆς βουλῆς Ἀντώνιος μὲν καὶ
Καῖσαρ μέσον ἔχοντες Ἡρώδην ἐξῄεσαν, προῆγον δὲ
σὺν ταῖς ἄλλαις ἀρχαῖς οἱ ὕπατοι θύσοντές τε καὶ τὸ
δόγμα ἀναθήσοντες εἰς τὸ Καπετώλιον. Τὴν δὲ
πρώτην Ἡρώδῃ τῆς βασιλείας ἡμέραν Ἀντώνιος εἱστία.
| [1,14] XIV.
1 <274> Cependant Hérode hâtait sa
marche vers l'Arabie, croyant son frère encore
vivant et pressé d'obtenir de l'argent du roi, seul
moyen de sauver Phasaël en flattant la cupidité
des Barbares. Au cas ou l'Arabe, oubliant l'amitié
qui l'unissait au père d’Hérode, lui refuserait par
avarice un présent, il comptait du moins se faire
payer le prix de la rançon, en laissant comme
otage le fils du prisonnier : car il emmenait avec lui
son neveu, enfant de sept ans. Il était d'ailleurs
prêt à donner jusqu’à trois cents talents, en
invoquant la caution des Tyriens qui s'offraient.
Mais la destinée prévint son zèle, et la mort de
Phasaël rendit vaine l'affection fraternelle
d'Hérode. Au reste, il ne trouva pas chez les
Arabes d'amitié durable. Leur roi Malichos envoya
au plus vite des messagers pour lui enjoindre de
quitter son territoire, sous prétexte que les Parthes
lui avaient mandé par héraut d'expulser Hérode de
l'Arabie : en fait, il préférait ne pas s'acquitter des
obligations qu’il avait contractées envers Antipater
et se refusait décidément à fournir, en échange de
tant de bienfaits, la moindre somme à ses fils
malheureux. Ceux qui lui conseillèrent cette
impudente conduite voulaient également
détourner les dépôts confiés à eux par Antipater,
et c’étaient les personnages les plus
considérables de sa cour.
2. <277> Hérode, trouvant les Arabes hostiles pour
les raisons mêmes qui lui avaient fait espérer leur
dévouement, donna aux envoyés la réponse que
lui dicta sa colère et se détourna vers l'Égypte. Le
premier soir, il campa dans un temple indigène, où
il rallia ceux de ses compagnons qu'il avait laissés
en arrière ; le lendemain, il parvint à
Rhinocouroura et y reçut la nouvelle de la mort de
son frère. Il accorda le temps nécessaire à sa
douleur, puis, secouant ses
préoccupations, reprit sa marche. Le roi
des Arabes, se repentant un peu tard, envoya en
hâte des messagers pour rappeler celui qu'il avait
offensé. Mais Hérode, les devançant, était déjà
arrivé à Péluse. Là il se vit refuser le trajet par les
navires qui stationnaient dans le port. Il alla donc
trouver les commandants de la place, qui, en
considération de sa renommée et de sa valeur,
l'accompagnèrent jusqu'à Alexandrie. Arrivé dans
cette ville, Cléopâtre le reçut avec éclat, espérant
lui confier le commandement d'une expédition
qu'elle préparait : mais il éluda les offres de la
reine et, sans considérer la rigueur de l'hiver ni les
troubles d'Italie. il s'embarqua pour Rome.
3. <280> Il faillit faire naufrage sur les côtes de
Pamphylie ; à grand-peine, après avoir jeté la plus
grande partie de la cargaison, il put trouver un
refuge dans l’île de Rhodes, fortement éprouvée
par la guerre contre Cassius. Accueilli par ses
amis Ptolémée et Sapphinias, il se fit
construire, malgré son dénuement, une
très grande trirème. C'est sur ce bâtiment qu'il se
rendit avec ses amis à Brindes, d'où il se hâta vers
Rome. Il alla d'abord voir Antoine, confiant dans
l'amitié qui l'unissait à son propre père ; il lui
raconta ses malheurs et ceux de sa famille, et
comment il avait laissé ses plus chers amis
assiégés dans une citadelle, pour traverser la mer
en plein hiver et venir se jeter à ses pieds.
4. <282> Antoine fut touché de compassion au récit
de ces vicissitudes ; le souvenir de la généreuse
hospitalité d'Antipater, et, en général, le mérite du
suppliant lui-même lui inspirèrent la résolution
d'établir roi des Juifs celui qu'il avait auparavant
lui-même fait tétrarque. Autant que son estime
pour Hérode, il écouta sa haine contre Antigone,
qu'il considérait comme un fauteur de troubles et
un ennemi de Rome. Il trouva César encore mieux
disposé que lui ; ce dernier rappelait à sa mémoire
les campagnes d'Egypte, dont Antipater avait
partagé les fatigues avec son père, l’hospitalité et
les continuelles marques d'amitié que celui-ci en
avait reçues ; il considérait aussi le caractère
entreprenant d'Hérode. Il rassembla donc
le Sénat, auquel Messala et après lui Atratinus
présentèrent Hérode : ils exposèrent les services
rendus par son père, la bienveillance du fils
envers les Romains et dénoncèrent l'hostilité
d'Antigone ; elle s'était déjà montrée à la
promptitude avec laquelle il leur avait cherché
querelle, mais plus encore à ce moment même,
quand il prenait le pouvoir avec l'appui des
Parthes, au mépris du nom romain. A ces paroles,
le Sénat s'émut, et quand Antoine s'avança pour
dire qu'en vue même de la guerre coutre les
Parthes, il était avantageux qu'Hérode fût roi, tous
votèrent dans ce sens. Le Sénat se sépara, et
Antoine et César sortirent ayant Hérode entre
eux ; les consuls et les autres magistrats les
précédèrent au Capitole pour sacrifier et y
consacrer le sénatus-consulte. Le premier jour du
règne d'Hérode, Antoine lui offrit à dîner.
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