[5,35] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΛΕ'.
Ὅτι καὶ τοὺς τυράννους ἐκολάκευον.
« Ὄλβιος οὗτος ἀνήρ, ὃς ἐμὸν δόμον ἐσκαταβαίνει,
Κύψελος Αἰακίδης, βασιλεὺς κλεινοῖο Κορίνθου· »
οὐκοῦν καὶ οἱ τύραννοι, οὐ μόνον οἱ τῶν τυράννων ἐπίβουλοι, Κύψελος, ὃς δὴ
πολλὰ Κορίνθῳ πήματα τεύξει, καὶ Μελάνιππος ὁ πολλὰ ἀγαθὰ τῇ Γελῴων πόλει
τεύξας. Πῶς δ´ εἰ Κύψελος ὄλβιος, ὦ κακόδαιμον, οὐ καὶ Φάλαρις ὄλβιος,
ὁμότροπος ὢν Κυψέλῳ; Ὥστ´ ἂν ἐκείνως ἄμεινον εἶναι ὑμῖν·
« Εὐδαίμων Φάλαρις καὶ Μελάνιππος ἔφυ,
θείας ἁγητῆρες ἐν ἀνθρώποις διχονοίας. »
Ἤκουσα δέ σου καὶ διαλελυμένον χρησμὸν περὶ τοῦ Φαλάριδος, ἐπαινοῦντα καὶ
τιμῶντα, ὅτι λαβὼν ἐπιβουλεύοντας ᾐκίσατο μέν, καρτεροῦντας δὲ ἀγάμενος
ἀφῆκεν· Λοξίας καὶ Ζεὺς πατὴρ ἀναβολὴν ἐψηφίσαντο θανάτου Φαλάριδι, ἀνθ´
ὧν ἡμέρως Χαρίτωνι καὶ Μελανίππῳ προσηνέχθη· ἀλλ´ εὖ γε καὶ μόλις ἡμῖν τὰ
περὶ τοῦ θανάτου ἔδειξας καὶ τῆς ζωῆς, ὅτι κάλλιστόν τι ἐστὶν ἡ ζωή. »
Ἐπὶ τούτοις ἅπασι καὶ τόδε προσκείσθω·
| [5,35] CHAPITRE XXXV
Que ces dieux aiment à flatter les tyrans.
« Heureux l'homme qui entre en ce moment dans mes parvis, Cypsélus, fils
d'Éaque, souverain de la fameuse Corinthe. »
Ainsi ce ne sont pas seulement ceux qui dressent des pièges aux tyrans, ce
sont les tyrans eux-mêmes qu'il faut féliciter; car ce Cypsélus est celui
qui doit être pour Corinthe l'auteur d'une infinité de maux, comme
Ménalippe est celui auquel la ville de Gélos doit beaucoup de biens. Mais
comment, méchant démon, appeler heureux, Cypsélus, sans donner le même
titre à Phalaris qui lui ressemblait sous tous les rapports ? Tu devais
donc dire plutôt :
« Heureux Phalaris, et Ménalippe, qui ont donné aux hommes l'exemple d'une
dissension divine. »
Je me souviens du reste que tu as fait preuve d'une lâche flatterie dans
un oracle que tu as rendu au sujet de ce même Phalaris. Tu le loues, tu
l'élèves bien haut, parce que s'étant saisi des conspirateurs qui
tramaient contre lui, il se contenta de les faire battre de verges, puis
il les laissa aller, dans son admiration pour leur courage. Aussi Lexias
et Jupiter résolurent-ils de différer la mort de Phalaris, en
considération de l'acte de clémence qu'il avait fait en faveur de Chariton
et de Ménalippe. Et ici tu nous fais voir, quoiqu’avec une sorte de
regret, ce qu'il faut penser de la vie et de la mort, c'est que la vie est
quelque chose de préférable. »
Enfin ajoutons un dernier trait à tout ce que nous venons de dire.
|