[5,28] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΚΗ'.
Τὰ περὶ Λυκούργου τοῦ Λακεδαιμονίων νομοθέτου ὅτι μὴ θεοῦ ἄξια.
« Ἀλλὰ σὺ τὸν Τυρταίου προκαθηγεμόνα καὶ σκοπὸν ἐλθόντα ποτὲ ὡς σὲ ἥκειν
ἔφης ἐκ κοίλης Λακεδαίμονος ‘Ζηνὶ φίλον καὶ πᾶσιν Ὀλύμπια δώματ´ ἔχουσι’,
δίζησθαί τε ἢ θεὸν αὐτὸν μαντεύσῃ ἢ ἄνθρωπον, ἀλλ´ ἔτι καὶ μᾶλλον θεόν,
ὅτι ἦλθεν εὐνομίην αἰτήσων. Καὶ πῶς, εἰ θεός, οὐκ ἠπίστατό πω νόμον
πολιτικὸν ὁ φίλος τοῦ Διὸς καὶ πάντων τῶν Ὀλυμπίων; Ἀλλ´ ἐπεί τοι καὶ οὐ
δίχα θεοῦ ἴσως τὰ τοιαῦτα εὑρίσκεται, ἃ δέδεικται τῷ θειοτάτῳ ἀνθρώπων τῇ
ἀπὸ τοῦ θεοῦ φωνῇ, φέρε ἴδωμεν τὴν θείαν φωνὴν καὶ ἃ ἐδίδαξας τὸν
Λυκοῦργον·
« Ἥκεις εὐνομίην διζήμενος, αὐτὰρ ἐγώ τοι δώσω. »
Δός, εἴποιμι ἂν ἐγώ· οὐδεμίαν γάρ πω δόσιν οὐδενὶ ἐπηγγείλω τοιαύτην.
« Ἕως ἂν μαντείῃσιν ὑποσχέσιάς τε καὶ ὅρκους
καὶ δίκας ἀλλήλοισι καὶ ἀλλοδαποῖσι διδῶτε,
ἁγνῶς καὶ καθαρῶς πρεσβηγενέας τιμῶντες,
Τυνδαρίδας δ´ ἐποπιζόμενοι, Μενέλαν τε καὶ ἄλλους
ἀθανάτους ἥρωας, οἳ ἐν Λακεδαίμονι δίῃ,
οὕτω δή χ´ ὑμῶν περιφείδοιτ´ εὐρύοπα Ζεύς. »
Ἄπολλον, διδασκαλίας καὶ παρεγγυήσεως θείας καὶ οὐ μακρὸς ἕνεκα τούτων ὁ
στόλος οὐδὲ ὅπως εἰς Δελφοὺς ἐκ Πελοποννήσου, ἀλλ´ οὐδ´ εἰς Ὑπερβορέους
αὐτούς, ὅθεν ἀφῖχθαι λέγουσιν κατὰ χρησμὸν Ἀστερίας ἄλλης μάντεως οἰκητὰς
Δήλοιο θυώδεος ἠδ´ ἱερῆας. Δοκεῖ δέ μοι ὁ Λυκοῦργος οὗτος οὐκ ἐσχηκέναι
τιτθὴν οὐδ´ ἐν συνθώκῳ πρεσβυτέρων οὐδέποτε κεκαθικέναι, παρ´ ὧν καὶ
παρ´ ἧς εἶχεν καλλίω τούτων ἀκοῦσαι καὶ σοφώτερα. Τάχα δέ πού τι
προσθήσεις, ἐάν σε λιπαρῇ ὁ Λυκοῦργος εἰπεῖν τι σαφές. Εἰ οἱ μὲν εὖ
‘ἡγοῖντο, οἱ δ´ ἕποιντο’, ἔτι φήσω τοῦ αὐτοῦ εἶναι συνθώκου τοῦτο καὶ
ἀξιώσω τὸν Λυκοῦργον μὴ ἀποκαμεῖν εἴ τι δύναιτο πολιτικὸν παρὰ σοῦ δίδαγμα
ἀναλαβὼν ἀπιέναι εἰς τὴν Σπάρτην·
« Εἰσὶν ὁδοὶ δύο πλεῖστον ἀπ´ ἀλλήλων ἀπέχουσαι,
ἡ μὲν ἐλευθερίας εἰς τίμιον οἶκον ἄγουσα,
ἡ δ´ ἐπὶ δουλείας φυκτὸν δόμον ἡμερίοισι·
καὶ τὴν μὲν διά τ´ ἀνδροσύνης ἱερῆς θ´ ὁμονοίας
ἔστι περᾶν, ἣν δὴ λαοῖς ἡγεῖσθε κέλευθον,
τὴν δὲ διὰ στυγερῆς ἔριδος καὶ ἀνάλκιδος ἄτης
εἰσαφικάνουσιν, τὴν δὴ πεφύλαχθε μάλιστα. »
Ἀνδρείους εἶναι κελεύεις· τοῦτο μὲν καὶ παρὰ τῶν δειλῶν πολλάκις
ἠκούσαμεν. Ἀλλὰ καὶ ὁμόφρονας· τοῦτο οὐ παρὰ τῶν σοφῶν μόνων, ἀλλ´ ἤδη καὶ
παρ´ αὐτῶν τῶν στασιαζόντων. Ὥστε τούτου μὲν τοῦ παρεγγυήματος ἀφίεμέν σε.
Καίτοι μάντις ὢν οὐκ ἔγνως ἡμᾶς πολλάκις καὶ παρὰ πολλῶν εἰληφότας αὐτό,
οὔτε τῆς δάφνης ἐμφαγόντων οὔτε τὸ Κασταλίας ὕδωρ πιόντων οὐδ´ ἐπὶ σοφίᾳ
τὴν ὀφρύν ποτε ἀνασπασάντων; Λέγ´ οὖν περὶ ἀνδρείας, λέγε περὶ ἐλευθερίας,
λέγε περὶ ὁμοφροσύνης, τίνα τρόπον ἐγγίνεται ταῦτα πόλει, καὶ μὴ ἡμᾶς
τοὺς οὐκ εἰδότας κέλευε ἡγεῖσθαι τοῖς λαοῖς τῆς κελεύθου ταύτης, ἀλλ´
αὐτὸς ἡγοῦ. Καλὴ μὲν γάρ, ἀλλ´ ἄπορος ἡμῖν καὶ φοβερά. »
Τούτοις προστίθησι λέγων·
| [5,28] CHAPITRE XXVIII
Que la réponse faite à Lycurgue, législateur des Lacédémoniens, n'est pas
digne d'un dieu.
« Lorsque Lycurgue, le chef et le législateur de son peuple, vint à toi
des vallées de Lacédémone, tu le proclamas chéri de Jupiter et de tous les
dieux de l'Olympe ; tu hésitais si tu devais l'appeler homme ou dieu; mais
tu finis par lui donner le titre de dieu, parce qu'il venait chercher une
bonne législation. Mais comment donc ignorait-il les lois d'une sage
politique, lui dieu, lui cher à Jupiter et a tous les dieux de l'Olympe?
Mais puisqu'on ne pouvait apprendre que de la bouche d'un dieu ce que ta
divine parole a révélé au plus divin des hommes, écoutons cette voix
divine et recueillons les renseignements que te doit Lycurgue :
« Tu viens chercher une sage législation, je le la donnerai. »
Donne, aurais-je répondu, car je ne sache pas que tu aies jamais promis à
personne un semblable présent.
« Tant que, dociles aux oracles, vous serez fidèles à vos promesses, que
vous garderez vos serments, que vous observerez la justice envers vos
concitoyens et envers les étrangers, que vous aurez pour la vieillesse un
saint et religieux respect, que vous honorerez les Tyndarides, Ménélas et
les autres héros immortels de Lacédémone, Jupiter au regard pénétrant
veillera sur votre ville.»
Quelle doctrine, ô Apollon ! quelles promesses ! Une pareille sagesse
méritait bien un si long voyage ! Ce n'était pas trop d'être venu pour
cela du Péloponnèse à Delphes, ou même jusqu'aux régions hyperboréennes,
d'où sont venus, dit-on, sur la réponse d'un autre oracle, appelé Astérie,
les habitants de la terre odoriférante et sacrée de Délos. Assurément
Lycurgue n'avait jamais eu une nourrice, jamais il ne s'était assis au
milieu d'une réunion de vieillards ; car cette nourrice, ces vieillards
lui auraient donné de plus belles et plus sages leçons. Mais peut-être
ajouteras-tu quelque chose, si Lycurgue le presse de parler plus
clairement. Si les chefs commandent avec justice, et que le peuple obéisse
avec soumission, je n'attribuerai plus ceci à l'assemblée des vieillards,
et je conseillerai à Lycurgue de retourner satisfait à Lacédémone, s'il
peut obtenir de toi quelque sage leçon de politique.
« Il y a deux chemins que sépare l'un de l'autre une distance infinie :
l'un aboutit à l'auguste demeure de la liberté, l'autre conduit au triste
séjour de l'esclavage. On marche par le premier à l'aide du courage et de
la concorde : c'est lui que tu montreras à ton peuple : on ne s'avance
dans le second qu'à travers les tristes dissensions, les fléaux désolants.
Celui-ci, il le faut donc éviter avec soin. »
Ainsi, Apollon, tu veux que les hommes soient courageux : nous avons
souvent entendu le même conseil donné par des lâches. Tu veux que la
concorde règne entre les citoyens : nous l'avons entendu proclamer non
seulement par des hommes sages, mais même par des séditieux. Mais nous ne
te tourmenterons pas par rapport à cet enseignement. Seulement, toi qui es
devin, tu ignores une chose que nous avons apprise mille fois des hommes
qui n'avaient point mangé du laurier, qui ne s'étaient point désaltérés à
la fontaine de Castalie, qui n'affectaient pas d'orgueilleuses prétentions
à la sagesse. Ainsi tu parles de courage, de liberté, de concorde; mais
dis-nous comment on met une ville en possession de ces avantages. Cesse de
nous envoyer conduire les peuples par une voie que nous ne connaissons pas
nous-mêmes. Sois plutôt toi-même notre guide dans cette vie. Elle nous
paraît belle, mais incertaine et pleine d'écueils. »
Puis notre auteur continue ainsi.
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