[5,18] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΙΗ'.
Περὶ τῶν παρὰ τοῖς παλαιοῖς Ἕλλησιν μνημονευομένων χρηστηρίων.
Ἀλλ´ ἐπεὶ μὴ τοῖς πᾶσι γνώριμα τυγχάνει τὰ εἰρημένα, εὖ μοι δοκεῖ ἐντεῦθεν
ἐπὶ τὰ πᾶσι πρόδηλα τοῖς φιλολόγοις μεταβῆναι καὶ τοὺς παλαιτάτους τῷ
χρόνῳ χρησμοὺς ἐξετάσαι ἀνὰ στόμα πάντων Ἑλλήνων ᾀδομένους κἀν ταῖς κατὰ
πόλιν διατριβαῖς τοῖς ἐπὶ παιδείᾳ φοιτῶσι παραδιδομένους. Ἄνωθεν τοίνυν
ἀναλαβὼν τὰς παλαιὰς ἱστορίας ἐπίσκεψαι οἷα ὁ Πύθιος Ἀθηναίοις χρᾷ λοιμῷ
πιεσθεῖσιν διὰ τὴν Ἀνδρόγεω τελευτήν. Ἐλοίμωσσον δὲ πάντες Ἀθηναῖοι δι´
ἑνὸς ἀνδρὸς θάνατον, τῆς δ´ ἐκ τῶν θεῶν ἐπικουρίας τυχεῖν ἠξίουν. Τί ποτ´
οὖν αὐτοῖς ὁ σωτὴρ καὶ θεὸς παραινεῖ; Τάχα πού τις οἰήσεται δικαιοσύνης
τοῦ λοιποῦ καὶ φιλανθρωπίας ἐπιμελεῖσθαι καὶ τῆς ἄλλης ἀρετῆς, ἢ μετανοεῖν
ἐπὶ τῷ πλημμελήματι καί τι τῶν ὁσίων καὶ εὐσεβῶν ἐκτελεῖν, ὡς ἂν τῶν θεῶν
τούτοις ἱλασκομένων. Ἀλλὰ τούτων μὲν ἦν οὐδέν. Τί γὰρ δὴ καὶ μέλον ἦν
τούτων τοῖς θαυμασίοις θεοῖς, μᾶλλον δὲ τοῖς παμπονήροις δαίμοσιν; Πάλιν
οὖν τὰ αὐτοῖς συγγενῆ καὶ οἰκεῖα, τὰ ἀνηλεῆ καὶ ὠμὰ καὶ ἀπάνθρωπα, λοιμὸν
ἐπὶ λοιμῷ φασιν καὶ θανάτους ἐπὶ θανάτῳ. Κελεύει γοῦν ὁ Ἀπόλλων ἔτους
ἑκάστου πέμπειν αὐτοὺς τῶν ἰδίων παίδων ἄρρενας ἐνήβους ἑπτὰ καὶ θηλειῶν
ἰσαρίθμους παρθένους, ἀνθ´ ἑνὸς δέκα καὶ τέσσαρας ἀναιτίους καὶ
ἀπράγμονας, οὐκ εἰς ἅπαξ, ἀλλὰ καὶ κατὰ πᾶν ἔτος τυθησομένους ἐν Κρήτῃ
παρὰ τῷ Μίνωϊ· ὥστε καὶ μέχρι τῶν Σωκράτους χρόνων πλέον ἢ πεντακοσίοις
ὕστερον ἔτεσιν ὁ δεινὸς οὗτος καὶ ἀπανθρωπότατος δασμὸς μνήμην παρ´
Ἀθηναίοις διεφύλαττεν. Τοῦτο δὲ ἦν ἄρα τὸ καὶ Σωκράτει τὴν ἀναβολὴν τοῦ
θανάτου πεποιημένον. Τίθησιν γοῦν ὁμοῦ καὶ ἀπελέγχει τὸν χρησμὸν εὖ μάλα
τις τῶν νέων ἀνδρικῷ λογισμῷ Γοήτων φώραν ἐν οἰκείῳ συγγράμματι
πεποιημένος· οὗ καὶ αὐτοῦ τῶν φωνῶν, ἀλλὰ μὴ τῶν ἐμῶν ἄκουε, πρὸς τὸν
χρησμῳδὸν ὧδέ πως ἀποτεινομένου·
| [5,18] CHAPITRE XVIII
Des plus célèbres oracles connus dans l'ancienne Grèce.
Jusqu'ici nous n'avons rapporté que des faits qui sont en général peu
connus. Venons donc maintenant à ceux que personne n'ignore, pour peu
qu'il connaisse l'antiquité. Parlons de ces anciens oracles tant exaltés
par les Grecs, et transmis avec tant de soin aux jeunes gens que l'intérêt
de leurs études amenait dans les villes. Reprenons les choses d'un peu
plus haut, et voyons ce que répondit Pythius aux Athéniens désolés par une
peste affreuse à cause de la mort d'Androgée. Des milliers d'Athéniens
succombant sous le fléau pour la mort d'un seul homme, ils implorèrent
l'assistance des dieux. Eh bien! quelle fut la réponse de leur sauveur, de
leur Dieu? Vous croyez peut-être qu'il va leur recommander la justice,
l'humanité et toute espèce de vertu ou bien encore le repentir de leur
faute ou enfin l'accomplissement de quelques œuvres saintes et pieuses qui
puissent fléchir le courroux divin. Des dieux véritables l'eussent fait ;
mais qu'est-ce que tout cela pour ces admirables divinités ou plutôt pour
ces démons de la dernière perversité? Non : il leur faut des œuvres qui
soient en rapport avec leur propre nature, des cruautés, des barbaries,
des atrocités ; il faut qu'ils ajoutent un fléau à un autre fléau, une
mort à une autre mort. Aussi Apollon ordonne de choisir chaque année sept
jeunes gens et autant de jeunes filles, c'est-à-dire quatorze victimes
pour une, et encore des victimes innocentes et pures du meurtre qu'on
voulait punir, et cela, non pas une fois, mais tous les ans, et de les
envoyer en Crète pour être immolés à la vengeance de Minos. La mémoire de
cet affreux tribut se conserva chez les Athéniens jusqu'au temps de
Socrate, c'est-à-dire pendant plus de cinq cents ans : c'est même ce qui
fit que la mort de Socrate fut différée de quelques jours. Nous trouvons
cet oracle rapporté textuellement et combattu avec la plus grande vigueur
par un moderne, auteur d'un Recueil de prestiges et de maléfices. Je
substituerai ses paroles aux miennes : voyons donc les coups qu'il porte à
l'auteur de cet oracle.
|