[5,19] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΙΘ'.
Πρὸς τὸν Ἀπόλλω κελεύσαντα δὶς ἑπτὰ παῖδάς τε καὶ κόρας σφαγησομένους
ἐκπέμπεσθαι Κρησὶν ὑπὸ Ἀθηναίων.
« Τί δ´; Οὐκ Ἀθηναῖοι τὸν Ἀνδρόγεων ἀποκτείναντες καὶ λοιμώξαντες ἐπὶ
τούτῳ εἶπον ἂν μετανοεῖν; Ἢ μὴ λεγόντων, οὔ σε προσῆκον ἦν εἰπεῖν
« Μετανοεῖτε μᾶλλον ἢ
λιμοῦ καὶ λοιμοῦ τέλος ἔσσεται, ἤνπερ ἑαυτῶν
σώματ´ ἀπὸ κλήρου ἄρσεν καὶ θῆλυ νέμητε
Μίνωϊ, εἰς ἅλα δῖαν ἀποστέλλοντες, ἀμοιβὴν
τῶν ἀδίκων ἔργων· οὕτω θεὸς ἵλαος ἔσται. »
Ἐῶ γὰρ τὸ Ἀνδρόγεω μὲν Ἀθήνησιν ἀποθανόντος ὑμᾶς ἀγανακτεῖν, τῶν δὲ
τοσούτων καὶ πανταχόθι καὶ πάντοτε καθεύδειν. Καίτοι εἰδὼς ὅτι
ἐθαλασσοκράτει τότε ὁ Μίνως καὶ μέγα ἠδύνατο καὶ πᾶσα ἡ Ἑλλὰς τοῦτον
ἐθεράπευεν καὶ ἦν καὶ διὰ τοῦτο δικαιότατος καὶ νομοθέτης ἀγαθὸς καὶ Ὁμήρῳ
ἐδόκει Διὸς μεγάλου εἶναι ὀαριστὴς καὶ ἀποθανὼν ἐν Ἅιδου δικαστής, καὶ σὺ
διὰ τοῦθ´ ὑπὲρ αὐτοῦ τὰς δίκας ταύτας εἰσεπράττου; Ἀλλὰ παραλείπω γε οὐδὲν
ἧττον ταῦτα ὑμῶν καὶ ὅτι τοὺς φονεῖς ἐάσαντες τοὺς οὐδὲν αἰτίους πέμπειν
ἐκελεύετε ἀποθανουμένους, καὶ ταῦτ´ ἐπ´ ἄνδρα, ὃν ἀναδεικνύναι ἐμέλλετε
κοινὸν ἀνθρώπων δικαστήν, ὃς οὐδ´ αὐτὸ τοῦτο ἠπίστατο δικάσαι. Καίτοι
πόσους ὑμεῖς οἱ θεοὶ ἀντὶ τούτων τῶν κόρων δίκαιοι πέμπειν ἐστὲ Ἀθηναίοις,
οὓς ἀδίκως ὑπὲρ Ἀνδρόγεω ἀπεκτείνατε; »
Ὁ δ´ αὐτὸς οὗτος συγγραφεὺς ὁπόσοις ὁ Ἀπόλλων διὰ τῆς τῶν χρησμῶν
ἀμφιβολίας θανάτου αἴτιος γέγονεν, τὴν ἀμφὶ τοὺς Ἡρακλείδας ἀναλαβὼν
ἱστορίαν, εὐθύνει λέγων οὕτως·
| [5,19] CHAPITRE XIX
Invectives contre Apollon au sujet de l'obligation imposée par lui aux
Athéniens d'envoyer en Crète sept jeunes gens et sept jeunes filles pour y
être immolés.
« Les Athéniens coupables du meurtre d'Androgée, et punis déjà par un
horrible fléau, n'avaient-ils pas protesté assez hautement de leur
repentir ? et s'ils ne l'eussent pas fait, n'était-ce pas à toi de
l'exiger d'eux, ce repentir, plutôt que de leur dire : Vous verrez le
terme du double fléau de la peste et de la famine, lorsque le sort aura
désigné parmi vous des victimes des deux sexes, que vous enverrez à Minos,
comme tribut expiatoire, pour votre forfait : à cette condition les dieux
vous deviendront propices? En effet je vous passe votre indignation pour
le meurtre commis par les Athéniens sur Androgée, je vous passe, dis-je,
cette indignation, à vous autres dieux, bien que d'ailleurs vous
paraissiez si insensibles à tant de milliers de morts dont l'univers est
témoin tous les jours. Mais toi, Apollon, qui savais que Minos avait alors
l'empire de la mer, que sa puissance était immense, qu'il était révéré de
toute la Grèce à cause de sa justice, que c'était le plus sage des
législateurs, qu'il vécut, d'après Homère, dans l'intimité du grand
Jupiter, et qu'après sa mort, il fut établi juge des enfers : c'est envers
un tel homme que tu exiges une pareille réparation! Mais je passe
là-dessus, comme vous faites vous-mêmes : j'oublie un instant que vous
laissez vivre une multitude d'assassins, et que vous envoyez à la mort
tant d'innocents, et cela pour satisfaire à un homme dont vous voulez
faire le juge universel du genre humain, et qui eût été lui-même
embarrassé pour porter son jugement dans une semblable cause. Mais je vous
demanderai combien de jeunes gens la justice vous forcera d'envoyer aux
Athéniens, pour tous ceux que vous avez envoyés injustement pour être
immolés aux mânes d'Androgée. »
Le même auteur, s'appuyant sur l'histoire des Héraclides qu'il rapporte,
reproche à Apollon d'être la cause de la mort d'une infinité d'hommes qui
ont péri victimes de l'ambiguïté de ses oracles : voici en quels termes il
le presse.
|