[255] Ὁδοιπόροι καὶ κόραξ.
Πορευομένοις τισὶν ἐπὶ πρᾶξίν τινα κόραξ ὑπηντησε τὸν ἕτερον τῶν
ὀφθαλμῶν πεπηρωμένος. Ἐπιστραφέντων δὲ αὐτῶν καί τινος
ὑποστρέψαι παραινοῦντος, τουττο γὰρ σημαίνειν τὸν οἰωνόν, ἕτερος
ὑποτυχὼν εἶπε· "Καὶ πῶς οὗτος ἡμῖν δύναται τὰ μέλλοντα
μαντεύεσθαι, ὃς οὐδὲ τὴν ἰδίαν πήρωσιν προεῖδεν, ἵνα φυλάξηται;"
Οὕτω καὶ τῶν ἀνθρώπων οἱ ἐν τοῖς ἰδίοις ἄβουλοι καὶ εἰς τὰς τῶν
πέλας συμβουλίας ἀδόκιμοί εἰσιν.
| [255] LES VOYAGEURS ET LE CORBEAU
Des gens, qui voyageaient pour certaine affaire, rencontrèrent un corbeau qui
avait perdu un oeil. Ils tournèrent leurs regards vers lui, et l'un d'eux leur
conseilla de rebrousser chemin ; c'était, à son avis, ce que voulait dire le
présage. Mais un autre prenant la parole dit: «Comment cet oiseau pourrait-il
nous prédire l'avenir, lui qui n'a même pas prévu, pour l'éviter, la perte de son oeil ?»
Pareillement les hommes qui sont aveugles sur leurs propres intérêts sont mal
qualifiés pour conseiller leur prochain.
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