[204] Λέων καὶ λαγωός.
Λέων περιτυχών λαγωῷ κοιμωμένῳ, τοῦτον ἔμελλε καταφαγεῖν·
μεταξὺ δὲ θεασάμενος ἔλαφον παριοῦσαν, ἀφεὶς τὸν λαγωόν,
ἐκείνην ἐδίωκεν. Ὁ μὲν οὖν παρὰ τὸν ψόφον ἐξαναστὰς ἔφυγεν. Ὁ δὲ
λέων ἐπὶ πολὺ διώξας τὴν ἔλαφον, ἐπειδὴ καταλαβεῖν οὐκ ἠδυνήθη,
ἐπανῆλθεν ἐπὶ τὸν λαγωόν· εὑρων δὲ καὶ αὐτὸν πεφευγότα ἔφη·
"Ἀλλ' ἐγὼ δίκαια πέπονθα, ὅτι ἀφεὶς τὴν ἐν χερσὶ βοράν, ἐλπίδα
μείζονα προέκρινα."
Οὕτως ἔνιοι τῶν ἀνθρώπων μετρίοις κέρδεσι μὴ ἀρκούμενοι,
μείζονας δὲ ἐλπίδας διώκοντες λανθάνουσι καὶ τὰ ἐν χερσὶ
προϊέμενοι.
| [204] LE LION ET LE LIÈVRE
Un lion, étant tombé sur un lièvre endormi, allait le dévorer ; mais entre temps
il vit passer un cerf : il laissa le lièvre et donna la chasse au cerf. Or le
lièvre, éveillé par le bruit, prit la fuite; et le lion, ayant poursuivi le cerf
au loin, sans pouvoir l'atteindre, revint au lièvre et trouva qu'il s'était
sauvé lui aussi. « C'est bien fait pour moi, dit -il, puisque lâchant la pâture
que j'avais en main, j'ai préféré l'espoir d'une plus belle proie. »
Ainsi parfois les hommes, au lieu de se contenter de profits modérés,
poursuivent de plus belles espérances, et lâchent imprudemment ce qu'ils ont en main.
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