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Du texte à l'hypertexte

ÉSOPE, Les Fables, première partie (fables 1 à 50)

[6] L'AIGLE AUX AILES ÉCOURTÉES ET LE RENARD

  [6] L'AIGLE AUX AILES ÉCOURTÉES ET LE RENARD

[6] (version A) Ἀετὸς τὰ πτερὰ τιλθείς καὶ ἀλώπηξ. Ποτὲ ἀετὸς ἑάλω ὑπ' ἀνθρώπου. Τούτου δὲ τὰ πτερὰ ἄνθρωπος κόψας ἀφῆκε μετὰ τῶν ὀρνίθων ἐν οἴκῳ εἶναι. δὲ ἦν κατηφὴς καὶ οὐδεν ἤσθιεν ἐκ τῆς λύπης. ὅμοιος δὲ ἦν βασιλεῖ δεσμώτῃ. Ἕτερος δὲ τις τοῦτον ὠνησάμενος καὶ τὰ πτερὰ ἀνασπάσας καὶ μύρῳ χρίσας ἐποίησε πτερῶσαι. δὲ πετασθεὶς καὶ τοῖς ὄνυξι λαγωὸν ἁρπάσας ἤνεγκεν αὐτῷ δῶρον. Ἀλώπηξ δὲ ἰδοῦσα εἶπεν "Μὴ τούτῳ δίδου, ἀλλὰ τῷ πρώτῳ, ὅτι μὲν φύσει ἀγαθός ἐστιν. Ἐκεῖνον δὲ μᾶλλον ἐξευμενίζου, μή πως πάλιν λαβών σε τῶν πτερῶν ἐρημώσῃ. Ὅτι δεῖ χρηστὰς ἀμοιβὰς τοῖς εὐεργέταις παρέχειν, τοὺς πονηροὺς δὲ φρονίμως τροποὺσθαι.

(version B)
Ἀετὸς τὰ πτερὰ τιλθεὶς καὶ ἀλώπηξ. Ἀετός ποτε ἑάλω ὑπ' ἀνθρώπου, ὅστις τὰ πτερὰ αὐτοῦ εὐθέως τίλας εἴασεν αὐτὸν ἐκ οἴκῳ σὺν ὀρνίθοις. δὲ κατηφὴς ἐκ τῆς λύπης ὑπῆρχεν. Ἕτερος δέ τις τοῦτον ἐξαγοράσας ἀνεπτέρωσε τὸν ἀετὸν αὐτίκα. δὲ πετασθεὶς καὶ λαγωὸν ἁρπάσας, ἤνεγκεν εὐθὺς δῶρον τῷ εὐεργέτῃ. Τοῦτο ἀλώπηξ κατιδοῦσα ἐβόα· Μὴ τοῦτον σὺ ξένιζε, ἀλλὰ τὸν πρῶτον, μήπως αὐτός σε πάλιν κυνηγήσας αὖθις τὰ πτερὰ τὰ σὰ κατερημώσῃ. μῦθος δηλοῖ ὅτι δεῖ χρηστὰς ἀμοιβὰς τοῖς εὐεργέταις παρέχειν, τοὺς δὲ κακοὺς ἐκφεύγειν.

[6] L'AIGLE AUX AILES ÉCOURTÉES ET LE RENARD Un jour un aigle fut pris par un homme. Celui-ci lui rogna les ailes et le lâcha dans sa basse-cour pour vivre avec la volaille. Alors l'oiseau baissait la tête et, de chagrin, ne mangeait plus : on l'eût pris pour un roi prisonnier. Mais un autre homme l'ayant acheté, lui arracha les plumes de l'aile, puis les fit repousser en en frottant la place avec de la myrrhe. Alors l'aigle, prenant l'essor, saisit un lièvre dans ses serres et le lui rapporta en présent. Un renard, l'ayant aperçu, lui dit : «Ce n'est pas à celui-ci qu'il faut le donner, mais à ton premier maître ; le deuxième en effet est naturellement bon ; tâche plutôt de te faire bien venir de l'autre, de peur qu'il ne te reprenne et ne t'arrache les ailes.» Cette fable montre qu'il faut généreusement payer de retour ses bienfaiteurs, et tenir prudemment les méchants à l'écart.

(version B - traduction DDC)
Un jour un aigle fut capturé par un homme qui lui pluma immédiatement les ailes pour le mettre dans le poulailler avec les volailles, puis s’en désintéressa. Tout triste l’aigle demeurait replié sur lui-même. Un autre homme le racheta qui lui rendit bientôt l’usage de ses ailes. Prenant son envol l’aigle enleva un lièvre qu’il rapporta immédiatement pour l’offrir à son bienfaiteur. Un renard, qui avait observé la scène, lui criait : « Ne fais pas de cadeau à celui-là, mais au premier, afin que si en chassant il t’attrape à nouveau, il ne te dépouille une fois encore de tes ailes » ! La fable démontre qu’il faut témoigner bien de la reconnaissance envers les bienfaiteurs et fuir les méchants.

Commentaire (DDC) :
Dans les deux versions la morale est curieusement en contradiction avec le récit.


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Dernière mise à jour : 4/05/2005