[23] (Version A) Ἁλιεῖς λίθον ἀγρεύσαντες.
Ἁλιεῖς σαγήνην εἷλκον: βαρείας δὲ αὐτῆς οὔσης, ἔχαιρον καὶ
ὠρχοῦντο, πολλὴν εἶναι νομίζοντες τὴν ἄγραν. Ὡς δὲ ἀφελκύσαντες
ἐπὶ τὴν ἠιόνα τῶν μὲν ἰχθύων ὀλίγους εὗρον, λίθων δὲ καὶ ἄλλης
ὕλης μεστὴν τὴν σαγήνην, οὐ μετρίως ἐβαρυθύμουν, οὐ τοσοῦτον ἐπὶ
τῷ συμβεβηκότι δυσφοροῦντες ὅσον ὅτι καὶ τὰ ἐναντία
προειλήφεισαν. Εἷς δέ τις ἐν αὐτοῖς γηραιὸς ὢν εἶπεν: "Ἀλλὰ
παυσώμεθα, ὦ ἑταῖροι: χαρᾶς γάρ, ὡς ἔοικεν, ἀδελφή ἐστιν ἡ λύπη,
καὶ ἡμᾶς ἔδει τοσαῦτα προησθέντας πάντως παθεῖν τι καὶ λυπηρόν."
Ἀτὰρ οὖν καὶ ἡμᾶς δεῖ τοῦ βίου τὸ εὐμετάβλητον ὁρῶντας μὴ τοῖς
αὐτοῖς πράγμασιν ἀεὶ ἐπαγάλλεσθαι, λογιζομένους ὅτι ἐκ πολλῆς
εὐδίας ἀνάγκη καὶ χειμῶνα γενέσθαι.
(Version B)
Ἁλιεῖς λίθον ἀγρεύσαντες.
Ἁλιεῖς σαγήνην εἷλκον. βαρείας δὲ αὐτῆς οὔσης, ἔχαιρον καὶ
ὠρχοῦντο, πολλὴν εἶναι νομίζοντες τὴν ἄγραν. Ὡς δὲ εἷλκυσαν
αὐτήν, ἰχθύας μὲν εὗρον ὀλίγους, λίθον δὲ μέγιστον ἐν τῇ σαγήνῃ
ἀνήγαγον. Οἱ δὲ ἁλιεῖς οὐ μετρίως ἐβαρυθύμουν, οὐ τοσοῦτον ἐπὶ τῇ
τῶν ἰχθύων ὀλιγότητι ὅσον ὅτι καὶ τὰ ἐναντία προειλήφασιν. Εἷς δέ
τις ἐξ αὐτῶν γηραιὸς ἐξεῖπε· Μὴ ἀχθώμεθα, ὦ ἑταῖροι· χαρᾶς γάρ, ὡς
ἔοικεν, ἀδελφή ἐστιν ἡ λύπη, καὶ ἡμᾶς ἔδει τοσαῦτα προηδυνθέντας
πάντως τι λυπηθῆναι.
Ὁ μῦθος δηλοῖ ὅτι οὐ δεῖ λυπεῖσθαι ἐπὶ ταῖς ἀποτυχίαις, γινώσκοντας
τὰς τοῦ βίου τύχας.
| [23] LES PÊCHEURS QUI ONT PÊCHÉ UNE PIERRE
Des pêcheurs trairaient une seine ; comme elle était lourde, ils se
réjouissaient et dansaient, s'imaginant que la pêche était bonne. Mais quand ils
eurent tiré la seine sur le rivage, ils y trouvèrent peu de poisson : c'étaient
des pierres et autres matières qui la remplissaient. Ils en furent vive-ment
contrariés, moins pour le désagrément qui leur arrivait que pour avoir préjugé
le contraire. Mais l'un d'eux, un vieillard, leur dit : « Cessons de nous
affliger, mes amis ; car la joie paraît-il, a pour soeur le chagrin; et il
fallait qu'après nous être tant réjouis à l'avance, nous eussions de toute façon
quelque contrariété. »
Or donc nous non plus nous ne devons pas, si nous considérons combien la vie est
changeante, nous flatter d'obtenir toujours les mêmes succès, mais nous dire
qu'il n'y a si beau temps qui ne soit suivi de l'orage.
(Version B - traduction DDC) :
Des pêcheurs traînaient une seine. Qu’elle était lourde ! Ils se réjouissaient et dansaient, croyant leur prise abondante. Quand ils eurent fini de la tirer, ils n’y trouvèrent que quelques poissons : c’était une énorme pierre qu’ils avaient ramenée dans leur seine ! Les pêcheurs de laisser éclater une colère démesurée, pas tellement à cause de la rareté des poissons, mais pour s’être d’avance accrochés à l’idée contraire
L’un d’eux, un homme âgé, déclara : « Amis, ne nous affligeons pas ! Car la joie, parait-il, a pour sœur le chagrin et, puisque nous nous sommes tellement réjouis, il fallait que de toute façon nous soyons un peu contrariés ».
La fable démontre qu’il ne faut pas se laisser contrarier par les échecs quand on prend conscience des hasards de la vie.
Commentaire DDC :
Ce texte reprend textuellement des passages entiers de la version A. Le texte s’appauvrit quand il explique la raison de la colère des pêcheurs : si dans la version A apparaît alors ce qui sous-tend le récit, l’impuissance mal assumée des hommes devant les caprices du hasard, dans la version B la rareté de la prise ne fait pas le poids avec le constat qu’on fait d’office trop confiance aux idées préconçues. N’est pas explicite non plus, comme dans la version A, le lien entre grand âge et sagesse. Enfin la présentation de l’inévitable alternance entre joie et contrariété est nettement plus sommaire.
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