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[71,9] ταῦτα μὲν περὶ τούτων ὁ Δίων φησίν, ἔοικε δὲ ψεύδεσθαι, εἴτε ἑκὼν εἴτε
ἄκων. οἶμαι δὲ τὸ πλέον ἑκών· καὶ πῶς γὰρ οὔ, ὅστις οὐκ ἠγνόει τὸ τάγμα
τῶν στρατιωτῶν τὸ κεραυνοβόλον ἰδίως καλούμενον (ἐν γὰρ τῷ τῶν λοιπῶν
καταλόγῳ καὶ αὐτοῦ μνημονεύει), ὅπερ ἀπ´ οὐδεμιᾶς ἑτέρας αἰτίας (οὐδὲ γὰρ
ἄλλη τις λέγεται) ἢ ἀπὸ τοῦ κατὰ τόνδε συμβάντος τὸν πόλεμον οὕτω προσηγορεύθη.
ὃ καὶ αἴτιον τότε τοῖς τε Ῥωμαίοις τῆς σωτηρίας ἐγένετο καὶ τοῖς
βαρβάροις τῆς ἀπωλείας, ἀλλ´ οὐχ ὁ Ἀρνοῦφις ὁ μάγος· οὐδὲ γὰρ μάγων συνουσίαις
καὶ γοητείαις ὁ Μάρκος χαίρειν ἱστόρηται. ἔστι δὲ ὃ λέγω τοιοῦτον.
τάγμα ἦν τῷ Μάρκῳ (καλοῦσι δὲ τὸ τάγμα οἱ Ῥωμαῖοι λεγεῶνα) τῶν ἀπὸ
Μελιτηνῆς στρατιωτῶν· εἰσὶ δὲ τὸν Χριστὸν πρεσβεύοντες ἅπαντες. ἐν οὖν
τῇ μάχῃ ἐκείνῃ προσιόντα τῷ Μάρκῳ τὸν ἔπαρχον, ἀμηχανοῦντι πρὸς τὴν
περίστασιν καὶ δεδιότι περὶ σύμπαντι τῷ στρατῷ, εἰπεῖν λέγεται ὡς οἱ καλούμενοι
Χριστιανοὶ οὐκ ἔστιν ὅ τι οὐ δύνανται ταῖς εὐχαῖς, καὶ ὅτι παρὰ σφίσι
τάγμα ὅλον τυγχάνει ὂν τούτου τοῦ γένους. τὸν οὖν Μάρκον ἀκούσαντα παρακλήσει
χρήσασθαι πρὸς αὐτοὺς ὡς ἂν εὔξωνται τῷ σφετέρῳ θεῷ, εὐξαμένων
δὲ αὐτῶν παραχρῆμα ἐπακούσαντα τὸν θεὸν τοὺς μὲν πολεμίους κεραυνῷ
βαλεῖν, τοὺς δὲ Ῥωμαίους ὄμβρῳ παραμυθήσασθαι· ἐφ´ οἷς καταπλαγέντα
τὸν Μάρκον ἰσχυρῶς τούς τε Χριστιανοὺς κατὰ δόγμα τιμῆσαι καὶ τὴν λεγεῶνα
κεραυνοβόλον προσαγορεῦσαι. λέγεται δὲ καὶ ἐπιστολήν τινα περὶ τούτων εἶναι
τοῦ Μάρκου. ἀλλ´ οἱ Ἕλληνες, ὅτι μὲν τὸ τάγμα κεραυνοβόλον λέγεται, ἴσασι
καὶ αὐτοὶ μαρτυροῦσι, τὴν δὲ αἰτίαν τῆς προσηγορίας ἥκιστα λέγουσι.
| [71,9] Voilà ce que Dion raconte à ce sujet ; mais il semble en imposer,
volontairement ou involontairement. Je crois plutôt qu'il l'a fait
volontairement. Comment, en effet, n'en serait-il pas ainsi ?
Il n'ignorait pas qu'il y avait une compagnie (il la cite lui-même dans la
liste des autres) appelée la Fulminante, nom qui ne lui fut pas donné pour
une autre raison (on n'en cite aucune, en effet) que pour ce qui arriva
dans cette guerre. Car ce fut à cette compagnie qu'on dut alors le salut
de l'armée et la perte de celle des barbares, et non au mage Arnuphis ;
l'histoire, en effet, ne rapporte pas que Marc-Antonin se complût au
commerce et aux enchantements des mages. Voici donc ce que je veux dire.
Marc-Antonin avait une compagnie (les Romains appellent la compagnie
légion) composée de soldats venus de la Mélitène ; tous faisaient
profession de religion chrétienne. Pendant ce combat, le préfet du
prétoire étant venu trouver Marc-Antonin, que les circonstances présentes
mettaient dans une extrême perplexité et qui craignait pour l'armée
entière, lui représenta, dit-on, qu'il n'y avait rien que ceux qu'on
nommait chrétiens ne pussent obtenir par leurs prières, et qu'il se
trouvait alors parmi les troupes une compagnie tout entière composée de
soldats de cette religion. Marc-Antonin, réjoui de cette nouvelle, leur
demanda de prier leur dieu ; celui-ci, ayant exaucé sur-le-champ leur
prière, frappa les ennemis de la foudre et consola les Romains par la
pluie ; vivement frappé de ce succès , l'empereur honora les chrétiens par
un édit et surnomma cette légion la Fulminante. On prétend même qu'il
existe une lettre de Marc-Antonin à ce sujet. Les païens savent bien que
cette compagnie est appelée la Fulminante et ils l'attestent eux-mêmes,
mais ils dissimulent l'occasion pour laquelle elle fut ainsi surnommée.
| [71,10] προστίθησι δὲ ὁ Δίων ὅτι τοῦ ὄμβρου καταρραγέντος πρῶτον
μὲν ἄνω πάντες ἀνέκυπτον καὶ ἐς τὰ στόματα αὐτὸν ἐδέχοντο,
ἔπειτα οἱ μὲν τὰς ἀσπίδας οἱ δὲ καὶ τὰ κράνη ὑποβάλλοντες αὐτοί
τε χανδὸν ἔσπων καὶ τοῖς ἵπποις πίνειν ἐδίδοσαν, καὶ τῶν βαρβάρων
σφίσιν ἐπιδραμόντων ἔπινόν τε ὁμοῦ καὶ ἐμάχοντο, καὶ ἤδη
γέ τινες τιτρωσκόμενοι τό τε αἷμα περιχεόμενον ἐς τὰ κράνη καὶ
τὸ ὕδωρ ἅμα ἀνερρόφουν. κἂν ἔπαθόν τι δεινὸν ὑπὸ τῶν πολεμίων
ἐπικειμένων αὐτοῖς, περὶ τὸ πίνειν οἱ πλείους ἠσχολημένοι, εἰ μὴ
χάλαζα ἰσχυρὰ καὶ κεραυνοὶ οὐκ ὀλίγοι τοῖς πολεμίοις ἐνέπεσον.
ἦν οὖν ὁρᾶν ἐν τῷ αὐτῷ χωρίῳ ὕδωρ τε ἅμα καὶ πῦρ ἐκ τοῦ οὐρανοῦ
φερόμενα· καὶ οἱ μὲν ὑγραίνοντό τε καὶ ἔπινον, οἱ δὲ ἐπυροῦντο
καὶ ἔθνησκον. καὶ οὔτε τῶν Ῥωμαίων τὸ πῦρ ἥπτετο, ἀλλ´
εἴ που καὶ προσέμιξέ σφισιν, εὐθὺς ἐσβέννυτο· οὔτε τοὺς βαρβάρους
ὁ ὑετὸς ὠφέλει, ἀλλὰ καὶ ἐπὶ μᾶλλον τὴν φλόγα αὐτῶν ὥσπερ
ἔλαιον ἤγειρεν, ὕδωρ τε ὑόμενοι ἐζήτουν. καὶ οἱ μὲν ἑαυτοὺς ἐτίτρωσκον
ὡς καὶ τῷ αἵματι τὸ πῦρ κατασβέσοντες, οἱ δὲ καὶ πρὸς
τοὺς Ῥωμαίους προσέτρεχον ὡς καὶ μόνους σωτήριον ὕδωρ ἔχοντας·
ἠλέησε γοῦν αὐτοὺς καὶ ὁ Μᾶρκος. παρὰ δὲ τῶν στρατιωτῶν
τὸ ἕβδομον αὐτοκράτωρ προσηγορεύθη. καίπερ δὲ οὐκ εἰωθώς,
πρὶν τὴν βουλὴν ψηφίσασθαι, τοιοῦτόν τι προσίεσθαι, ὅμως
ἐδέξατό τε αὐτὸ ὡς καὶ παρὰ θεοῦ λαμβάνων, καὶ τῇ γερουσίᾳ ἐπέστειλεν.
ἡ μέντοι Φαυστῖνα μήτηρ τῶν στρατοπέδων ἐπεκλήθη.
| [71,10] Dion ajoute que, lorsque la pluie commença à tomber, tout le monde
leva d'abord la tête vers le ciel, et reçut l'eau dans la bouche ;
qu'ensuite, tendant les uns leurs boucliers, les autres leurs casques, ils
avalèrent l'eau la bouche ouverte et donnèrent à boire à leurs chevaux ;
que, chargés alors par les barbares, ils buvaient et combattaient à la
même place ; que plusieurs, étant blessés, avalaient avec l'eau le sang
qui coulait dans leurs casques. Ils eussent sans doute été notablement
incommodés de cette attaque, le plus grand nombre étant occupé à boire,
sans une forte grêle et des foudres nombreuses qui tombèrent sur les
ennemis. On pouvait voir l'eau et le feu se répandre ensemble du haut du
ciel ; les uns étaient rafraîchis et buvaient, les autres brûlaient et
mouraient. Le feu n'atteignait pas les Romains, ou, s'il venait à les
toucher, il s'éteignait aussitôt ; de même que la pluie, au lieu de
soulager les barbares, ne faisait, comme l'huile, qu'exciter davantage la
flamme qui les dévorait, et, bien que trempés par la pluie, ils
cherchaient encore de l'eau. Les uns se blessaient eux-mêmes, comme si
leur sang eût dû éteindre le feu ; les autres accouraient vers les
Romains, comme si, de ce côté seulement, l'eau pouvait leur être
salutaire. Marc-Antonin eut compassion d'eux, et il fut alors proclamé par
les soldats imperator pour la septième fois. Bien qu'il n'eût pas coutume
d'accepter ce titre avant que le sénat le lui eût déféré, il le reçut
néanmoins alors comme venant également d'un dieu, et il en écrivit au
sénat. Quant à Faustine, elle fut appelée Mère du camp.
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