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[71,7] τοὺς δὲ Ἰάζυγας οἱ Ῥωμαῖοι ἔν τε τῇ γῇ {ποτε} τότε καὶ μετὰ
τοῦτο καὶ ἐν τῷ ποταμῷ ἐνίκησαν. λέγω δὲ οὐχ ὅτι ναυμαχία τις
ἐγένετο, ἀλλ´ ὅτι διὰ τοῦ Ἴστρου πεπηγότος φεύγουσί σφισιν ἐπακολουθήσαντες
καὶ ἐκεῖ ὡς ἐν ἠπείρῳ ἐμαχέσαντο. αἰσθόμενοι γὰρ οἱ
Ἰάζυγες ὅτι ἐπιδιώκονται, ὑπέστησαν αὐτοὺς ἐλπίσαντες ῥᾳδίως ἅτε
καὶ ἀήθεις τοῦ κρυστάλλου ὄντας κατεργάσεσθαι, καὶ οἱ μὲν κατὰ
πρόσωπον αὐτοῖς συνέρραξαν, οἱ δὲ ἐκ τῶν πλαγίων παριππεύσαντες·
οἱ γὰρ ἵπποι σφῶν δεδιδαγμένοι καὶ ἐν τῷ τοιούτῳ θεῖν
ἀσφαλῶς ἦσαν. ἰδόντες δὲ τοῦτο οἱ Ῥωμαῖοι οὐκ ἐφοβήθησαν
ἀλλὰ συστραφέντες καὶ πᾶσιν ἅμα αὐτοῖς ἀντιμέτωποι γενόμενοι
τάς τε ἀσπίδας οἱ πλείους ἔθηκαν, καὶ τὸν ἕτερον πόδα ἐπ´ αὐτῶν,
ὅπως ἧττον ὀλισθαίνωσιν, ἀπερείσαντες ἐδέξαντό σφας προσπεσόντας,
καὶ ἀντιλαμβανόμενοι οἱ μὲν τῶν χαλινῶν οἱ δὲ τῶν ἀσπίδων
τῶν τε κοντῶν ἐπεσπῶντο αὐτούς, κἀκ τούτου συμπλεκόμενοι κατέβαλλον
καὶ τοὺς ἄνδρας καὶ τοὺς ἵππους· ἐκ γάρ τοι τῆς βίας
οὐκέτ´ ἀντέχειν πρὸς τὸν ὄλισθον ἐδύναντο. ὠλίσθαινον μὲν γὰρ
καὶ οἱ Ῥωμαῖοι· ἀλλ´ εἴθ´ ὕπτιός τις αὐτῶν ἔπεσε, συνεφείλκετο
τὸν ἀντίπαλον καὶ τοῖς ποσὶν ἐς τοὐπίσω ἀνερρίπτει ὥσπερ ἐν πάλῃ,
καὶ οὕτως ἐπάνωθεν αὐτοῦ ἐγίγνετο· εἴτε καὶ ἐπὶ στόμα, κατελάμβανεν
αὐτὸν προκαταπίπτοντα αὐτῷ τῷ στόματι. οἱ γὰρ βάρβαροι
καὶ ἄπειροι τοιουτοτρόπου ἀγωνίας καὶ κουφότεροι ὄντες οὐχ οἷοί
τε ἦσαν ἀντέχειν, ὥστε καὶ ἀπὸ πολλῶν ὀλίγοι διέφυγον.
| [71,7] Les Romains vainquirent alors les Iazyges sur terre, et ensuite sur le
fleuve. Je ne prétends pas dire qu'il y ait eu combat naval, mais
seulement que les Romains, ayant suivi leurs ennemis qui fuyaient sur
l'Ister glacé, y combattirent comme sur la terre ferme. Les Iazyges, se
sentant poursuivis, soutinrent l'attaque des Romains , persuadés qu'ils
viendraient aisément à bout de troupes qui n'avaient pas l'habitude de la
glace, et fondirent sur eux avec leurs chevaux, les uns de front, les
autres par le flanc, car leurs chevaux étaient dressés à courir sûrement
sur cette glace. A cette vue, les Romains ne s'effrayèrent pas, mais, se
massant et faisant face à tous à la fois, ils mirent bas, pour la plupart,
leurs boucliers, et, appuyant un pied dessus, afin de moins glisser, ils
reçurent le choc des barbares ; puis, saisissant les uns les freins, les
autres les boucliers et les lances, ils attiraient à eux les ennemis : s'y
attachant ensuite corps à corps, ils renversaient hommes et chevaux, qui,
cédant à la violence de cet effort, ne pouvaient plus s'empêcher de
glisser. Les Romains glissaient aussi ; mais, quand ils tombaient à la
renverse, ils entraînaient avec eux chacun son adversaire, et, par les
pieds, ils le retournaient sur le dos comme à la lutte, et se trouvaient
ainsi sur lui ; quand, au contraire, ils tombaient sur la bouche, chacun
saisissait avec la bouche l'adversaire tombé avant lui. Les barbares, qui
n'étaient point accoutumés à cette manière de combattre et qui étaient
armés à la légère, furent dans l'impossibilité de résister ; de sorte que,
d'un grand nombre qu'ils étaient, peu s'échappèrent.
| [71,8] Μαρκομάνους μὲν οὖν καὶ Ἰάζυγας πολλοῖς καὶ μεγάλοις ἀγῶσι
καὶ κινδύνοις Μᾶρκος ὑπέταξεν· ἐπὶ δὲ τοὺς καλουμένους Κουάδους
καὶ πόλεμος αὐτῷ συνέστη μέγας καὶ νίκη παράδοξος εὐτυχήθη,
μᾶλλον δὲ παρὰ θεοῦ ἐδωρήθη. κινδυνεύσαντας γὰρ ἐν τῇ μάχῃ
τοὺς Ῥωμαίους παραδοξότατα τὸ θεῖον ἐξέσωσε. κυκλωσάντων
γὰρ αὐτοὺς τῶν Κουάδων ἐν τόποις ἐπιτηδείοις συνασπίσαντες οἱ
Ῥωμαῖοι προθύμως ἠγωνίζοντο, καὶ οἱ βάρβαροι τὴν μὲν μάχην
ἐπέσχον, προσδοκήσαντές σφας ῥᾳδίως ὑπό τε τοῦ καύματος καὶ
ὑπὸ τοῦ δίψους αἱρήσειν, πάντα δὲ τὰ πέριξ διαλαβόντες ἀπέφραξαν,
ὅπως μηδαμόθεν ὕδωρ λάβωσι· πολὺ γὰρ καὶ τῷ πλήθει
περιῆσαν. τῶν οὖν Ῥωμαίων ἐν παντὶ κακοῦ καὶ ἐκ τοῦ καμάτου
καὶ ἐκ τῶν τραυμάτων τοῦ τε ἡλίου καὶ τοῦ δίψους γενομένων,
καὶ μήτε μάχεσθαι διὰ ταῦτα μήτε χωρῆσαί πῃ δυναμένων, ἀλλ´
ἔν τε τῇ τάξει καὶ τοῖς τόποις ἑστηκότων καὶ κατακαιομένων,
νέφη πολλὰ ἐξαίφνης συνέδραμε καὶ ὑετὸς πολὺς οὐκ ἀθεεὶ κατερράγη·
καὶ γάρ τοι λόγος ἔχει Ἀρνοῦφίν τινα μάγον Αἰγύπτιον
συνόντα τῷ Μάρκῳ ἄλλους τέ τινας δαίμονας καὶ τὸν Ἑρμῆν τὸν
ἀέριον ὅτι μάλιστα μαγγανείαις τισὶν ἐπικαλέσασθαι καὶ δι´ αὐτῶν
τὸν ὄμβρον ἐπισπάσασθαι.
| [71,8] Marc-Antonin soumit les Marcomans et les Iazyges, après avoir livré
plusieurs combats importants et couru des dangers ; il soutint aussi une
grande guerre contre le peuple appelé Quades, et il eut le bonheur de
remporter la victoire contre son attente, ou plutôt elle lui fut donnée
par un dieu. Ce fut, en effet, la protection divine qui sauva, contre
toute attente, les Romains du danger où ils étaient engagés dans le
combat. Entourés par les Quades qui avaient pour eux l'avantage de la
position, les Romains se défendaient vaillamment avec leurs boucliers ;
les barbares cessèrent de combattre, dans l'espoir que la chaleur et la
soif leur livreraient l'ennemi sans peine, et s'emparèrent de tous les
alentours, qu'ils fortifièrent, afin de l'empêcher de prendre de l'eau
nulle part, car ils étaient bien supérieurs en nombre. Or, tandis que les
Romains étaient réduits à la dernière extrémité par la fatigue, les
blessures, le soleil et la soif, ne pouvant ni combattre ni faire
retraite, et qu'ils se tenaient à leurs rangs et à leur poste, dévorés par
la chaleur, tout à coup des nuages s'assemblèrent en grand nombre, et il
tomba des flots de pluie, non sans une intervention divine ; car, dit-on,
un mage égyptien, Arnuphis, qui était avec Marc-Antonin, invoqua par des
enchantements plusieurs autres génies, et principalement Mercure Aérien,
et, grâce à eux, amena la pluie.
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