HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

DION CASSIUS, L'Histoire romaine, livre LXXI

Chapitre 5-6

  Chapitre 5-6

[71,5] ἐν δὲ τῷ πολέμῳ τοῦ Μάρκου τῷ πρὸς τοὺς Γερμανούς, ἵνα καὶ ταῦτα μνήμης ἀξιωθείη, μειράκιον μὲν αἰχμάλωτον ἐρωτηθέν τι ὑπ´ αὐτοῦ "οὐ δύναμαι" ἔφη "ἀποκρίνασθαί σοι ὑπὸ τοῦ ῥίγους· ὥστε εἴ τι μαθεῖν ἐθέλεις, κέλευσόν μοι ἱματίδιόν τι, εἴγε ἔχεις, δοθῆναι·" στρατιώτης δέ τις νυκτὸς φυλακὴν τοῦ Ἴστρου ποιούμενος, καί τινα βοὴν ἐκ τῆς περαίας συστρατιωτῶν ἑαλωκότων ἀκούσας, διενήξατό τε εὐθὺς ὥσπερ εἶχε, καὶ λύσας αὐτοὺς ἀνεκομίσθη. ἦν δὲ τῷ Μάρκῳ Ῥοῦφος Βασσαῖος ἔπαρχος, τὰ μὲν ἄλλα ἀγαθός, ἀπαίδευτος δὲ ὑπ´ ἀγροικίας, καὶ τὰ πρῶτά γε τοῦ βίου ἐν πενίᾳ τραφείς· ἀναδενδράδα δέ ποτε αὐτὸν κλῶντα ἀνέλαβέ τις, καὶ ἐπειδή γε μὴ εὐθὺς ἅμα τῷ πρώτῳ κελεύσματι κατέβη, ἐπετίμησεν αὐτῷ καὶ ἔφη "ἄγε, ἔπαρχε, κατάβηθι". τοῦτο γὰρ ὡς καὶ πρὸς ὑπερηφανοῦντα καὶ τεταπεινωμένον αὐτὸν εἶπεν· ὅπερ τύχη μετὰ ταῦτα αὐτῷ ἔδωκεν. [71,5] Dans la guerre de Marc-Antonin contre les Germains (car je ne veux pas omettre des détails qui méritent un souvenir), un jeune prisonnier à qui il adressait une question, lui dit : «Le froid m'empêche de te répondre ; si donc tu veux savoir quelque chose, commande, si tu en as, qu'on me donne un vêtement». Un soldat qui faisait sentinelle pendant la nuit sur le bord de l'Ister, ayant entendu de l'autre côté les cris de soldats prisonniers, passa aussitôt le fleuve à la nage, dans l'état où il se trouvait, et revint après les avoir délivrés. Marc-Antonin avait pour préfet du prétoire Rufus Bassaeus, homme de bien d'ailleurs, mais sans instruction par suite de son origine rustique et de la pauvreté où s'étaient passés les premiers temps de sa vie : quelqu'un le surprit un jour occupé à tailler une vigne sur un arbre, et, comme Rufus ne descendait pas sur-le-champ au premier commandement, il l'en reprit et lui dit : «Allons, préfet, descends». Il donnait ainsi à Bassaeus, comme à un homme qui, malgré la bassesse de sa condition, se laisse emporter à l'orgueil, un titre que la fortune lui accorda dans la suite.
[71,6] δ´ αὐτοκράτωρ ὁσάκις ἀπὸ τοῦ πολέμου σχολὴν ἦγεν, ἐδίκαζε, καὶ ὕδωρ πλεῖστον τοῖς ῥήτορσι μετρεῖσθαι ἐκέλευε, τάς τε πύστεις καὶ τὰς ἀνακρίσεις ἐπὶ μακρότερον ἐποιεῖτο, ὥστε πανταχόθεν τὸ δίκαιον ἀκριβοῦν. καὶ κατὰ τοῦτο καὶ ἕνδεκα πολλάκις καὶ {ἐν} δώδεκα ἡμέραις τὴν αὐτὴν δίκην, καίπερ νυκτὸς ἔστιν ὅτε δικάζων, ἔκρινε. φιλόπονος γὰρ ἦν, καὶ ἀκριβῶς πᾶσι τοῖς τῇ ἀρχῇ προσήκουσι προσεφέρετο, καὶ οὐδὲν ἐν παρέργῳ οὔτε ἔλεγεν οὔτε ἔγραφεν οὔτε ἐποίει, ἀλλ´ ἔστιν ὅτε καὶ περὶ τοῦ βραχυτάτου ἡμέρας ὅλας ἀνήλισκεν, οὐκ ἀξιῶν τὸν αὐτοκράτορα ἐξ ἐπιδρομῆς τι πράττειν· καὶ γὰρ ἐνόμιζεν ὅτι κἂν ἐλάχιστόν τι παρίδῃ, διαβολὴν αὐτῷ τοῦτο καὶ ἐπὶ τὰ ἄλλα πάντα οἴσει. καίτοι οὕτως ἀσθενὴς τῷ σώματι ἐγένετο ὥστε μήτε τὸ ψῦχος τήν γε πρώτην ὑπομεῖναι, ἀλλὰ καὶ πρὶν διαλεχθῆναι τοῖς στρατιώταις συνεληλυθόσιν ἤδη κατὰ τὸ παρηγγελμένον ἀναχωρῆσαι, καὶ τροφὴν βραχυτάτην, καὶ ταύτην ἐν νυκτὶ ἀεί, λαμβάνειν. οὐ γὰρ ἔστιν τι μεθ´ ἡμέραν πλὴν τοῦ φαρμάκου τοῦ θηριακοῦ καλουμένου ἐσιτεῖτο. ἐλάμβανε δὲ τοῦ φαρμάκου οὐχ οὕτως ὅτι ἐδεδίει τι, ὡς ὅτι τοῦ τε στομάχου καὶ τοῦ θώρακος φαύλως εἶχε· καί φασιν ὅτι δι´ ἐκεῖνο ἀνταρκεῖν πρός τε τἆλλα καὶ πρὸς τοῦτο ἐδύνατο. [71,6] Quant à l'empereur, toutes les fois que la guerre lui en laissait le loisir, il rendait la justice et faisait mesurer largement l'eau aux orateurs ; il informait et examinait longuement, afin que la justice fût exacte de tout point. Aussi consacrait-il souvent onze et douze jours, tout en restant parfois même la nuit sur son tribunal, à la même affaire, avant de prononcer. Car il avait l'amour du travail et il se portait exactement à tous les devoirs de l'autorité ; il ne disait, il n'écrivait, il ne faisait rien par manière d'acquit ; au contraire , il donnait quelquefois des jours entiers à l'affaire la plus légère, convaincu que l'empereur ne doit rien faire avec précipitation ; car, selon lui, la moindre négligence aurait suffi pour que le blâme s'étendît à tous ses autres actes. Cependant il était si faible de tempérament que, dans les premiers temps, il ne pouvait supporter le froid, et qu'avant de parler aux soldats déjà rassemblés par son ordre, il se retirait un instant et prenait, toujours de nuit, un peu de nourriture. Jamais, le jour, il ne mangeait que le remède appelé thériaque. Il prenait ce remède moins par crainte que par faiblesse d'estomac et de poitrine ; ce moyen lui permettait, dit-on, de résister à ses autres infirmités ainsi qu'à cette faiblesse.


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Dernière mise à jour : 24/05/2007