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[71,21] ὅτι καὶ Ναρισταὶ ταλαιπωρήσαντες τρισχίλιοι ἅμα
ηὐτομόλησαν καὶ γῆν ἐν τῇ ἡμετέρᾳ ἔλαβον.
| [71,21] Les Naristes aussi, ayant eu à souffrir, passèrent, au nombre de
trois mille, du côté des Romains, et reçurent des terres sur notre territoire.
| [71,22] τοῦ δὲ Περτίνακος ἐπὶ ταῖς ἀνδραγαθίαις ὑπατείαν λαβόντος,
ὅμως ἦσαν οἳ νεμεσῶντες ἐπὶ τῷ εἶναι αὐτὸν τὸ γένος ἐξ ἀφανῶν
τὸ τῆς τραγῳδίας ἐπέλεγον, "τοιαῦθ´ ὁ τλήμων πόλεμος ἐξεργάζεται",
οὐκ εἰδότες ὅτι καὶ μοναρχήσει.
τοῦ δὲ Κασσίου κατὰ τὴν Συρίαν νεωτερίσαντος σφόδρα
ἐκπλαγεὶς ὁ Μᾶρκος τὸν Κόμμοδον τὸν υἱὸν ἐκ τῆς Ῥώμης,
ὡς καὶ ἐς ἐφήβους ἤδη τελεῖν
δυνάμενον, μετεπέμψατο. ὁ δὲ δὴ Κάσσιος Σύρος μὲν ἐκ τῆς
Κύρου ἦν, ἀνὴρ δὲ ἄριστος ἐγένετο, καὶ ὁποῖον ἄν τις αὐτοκράτορα
ἔχειν εὔξαιτο, πλὴν καθ´ ὅσον Ἡλιοδώρου τινὸς ἀγαπητῶς
ἐς τὴν τῆς Αἰγύπτου ἡγεμονίαν ἐξ ἐμπειρίας ῥητορικῆς προχωρήσαντος
υἱὸς ἦν. τοῦτο δὲ δὴ δεινῶς ἥμαρτεν ὑπὸ Φαυστίνης
ἀπατηθείς· αὕτη γὰρ τὸν ἄνδρα ἀρρωστήσαντα (ἦν δὲ τοῦ Εὐσεβοῦς
Ἀντωνίνου θυγάτηρ) προσδοκήσασα ὅσον οὐκ ἤδη τελευτήσειν,
ἐφοβήθη μὴ τῆς ἀρχῆς ἐς ἄλλον τινά, ἅτε τοῦ Κομμόδου καὶ
νέου καὶ ἁπλουστέρου τοὺς τρόπους ὄντος, περιελθούσης ἰδιωτεύσῃ,
καὶ ἔπεισε τὸν Κάσσιον δι´ ἀπορρήτων παρασκευάσασθαι
ἵν´, ἄν τι ὁ Ἀντωνῖνος πάθῃ, καὶ αὐτὴν καὶ τὴν αὐταρχίαν λάβῃ.
| [71,22] Pertinax ayant reçu le consulat en récompense de ses exploits, il y
eut des gens qui, indignés de cette élévation à cause de l'obscurité de la
naissance du consul, lui appliquèrent ce vers de la tragédie :
"Voilà les fruits de cette guerre déplorable".
ne sachant pas qu'il régnerait un jour. Frappé d'un vif effroi par la
révolte de Cassius en Syrie, Marc-Antonin fit venir de Rome son fils
Commode, comme si on eût pu déjà le compter comme parvenu à l'âge de
puberté. Pour ce qui est de Cassius, il était natif de Cyros en Syrie ;
c'était un homme d'un grand mérite et ayant les qualités qu'on aurait pu
désirer dans un empereur, s'il n'eût pas été fils d'un certain Héliodoros,
qui avait dû à son habileté dans la science de la rhétorique de parvenir à
la préfecture d'Egypte. Quant à Cassius, ce fut trompé par Faustine qu'il
commit cette grave faute ; Faustine, en effet (elle était fille d'Antonin
le Pieux), s'attendant à ce que son mari, qui était d'une mauvaise santé,
allait mourir d'un instant à l'autre, craignit que l'empire, Commode étant
jeune et d'un caractère trop simple, ne vînt à passer entre les mains d'un
autre qui la réduisît à une condition privée, et elle persuada en secret à
Cassius de se tenir prêt, pour le cas où il arriverait un accident à
Antonin, à l'épouser et à s'emparer du pouvoir suprême.
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