HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

DION CASSIUS, L'Histoire romaine, livre LVII

Chapitre 4-5

  Chapitre 4-5

[57,4] τοῦτον μὲν οὖν αὐτίκα ὑπεξείλετο, τὸν δὲ δὴ Γερμανικὸν δεινῶς ἐφοβεῖτο. ἐθορύβησαν μὲν γὰρ καὶ οἱ ἐν τῇ Παννονίᾳ στρατιῶται, ἐπειδὴ τάχιστα τῆς τοῦ Αὐγούστου μεταλλαγῆς ᾔσθοντο· καὶ συνελθόντες ἐς ἓν τεῖχος, καὶ ἐκεῖνο κρατυνάμενοι, πολλὰ καὶ στασιαστικὰ ἔπραξαν. τά τε γὰρ ἄλλα καὶ τὸν ἄρχοντά σφων Ἰούνιον Βλαῖσον ἀποκτεῖναι ἐπεχείρησαν, τούς τε δούλους αὐτοῦ συλλαβόντες ἐβασάνισαν. τό τε σύμπαν οὔθ´ ὑπὲρ ἑκκαίδεκα ἔτη στρατεύεσθαι ἤθελον, καὶ δραχμὴν ἡμερησίαν φέρειν τά τε ἆθλα εὐθὺς αὐτοῦ ἐν τῷ στρατοπέδῳ λαμβάνειν ἠξίουν, ἀπειλοῦντες, ἂν μὴ τύχωσιν αὐτῶν, τό τε ἔθνος ἀποστήσειν καὶ ἐπὶ τὴν Ῥώμην ἐλάσειν. οὐ μὴν ἀλλ´ ἐκεῖνοι μὲν τότε τε μόλις ποτὲ ὑπὸ τοῦ Βλαίσου πεισθέντες πρέσβεις πρὸς τὸν Τιβέριον ὑπὲρ αὑτῶν ἔπεμψαν· ἐν γὰρ τῇ μεταβολῇ τῆς ἀρχῆς πάνθ´ ὅσα ἐπεθύμουν, αὐτὸν ἐκφοβήσαντες καὶ ἄλλῳ τινὶ τὸ κράτος δόντες, καταπράξειν ἤλπιζον· καὶ μετὰ ταῦτα τοῦ Δρούσου σὺν τοῖς δορυφόροις ἐπελθόντος σφίσιν ἐταράχθησαν μέν, ἐπεὶ μηδὲν αὐτοῖς βέβαιον ἐλέγετο, καὶ τῶν τε συνόντων αὐτῷ κατέτρωσάν τινας καὶ αὐτὸν τῆς νυκτὸς περιεφρούρησαν, μὴ διαφύγῃ, τῆς δὲ δὴ σελήνης ἐκλιπούσης ἐνθυμηθέντες ἀπημβλύνθησαν, ὥστε κακὸν μὲν μηδὲν ἔτ´ αὐτοὺς ποιῆσαι, πρέσβεις δ´ αὖθις πρὸς τὸν Τιβέριον ἀποστεῖλαι. κἀν τούτῳ χειμῶνος μεγάλου γενομένου, καὶ δι´ αὐτὸν ἐς τὰ οἰκεῖα ἑκάστων τείχη ἀναχωρησάντων, οἵ τε θρασύτατοι ὑπό τε τοῦ Δρούσου καὶ ἐν αὐτῇ γε τῇ σκηνῇ αὐτοῦ, μεταπεμφθέντες ὡς καὶ ἐπ´ ἄλλο τι, καὶ ὑπὸ τῶν συνακολουθησάντων αὐτῷ ἄλλοι κατ´ ἄλλον τρόπον ἐφθάρησαν, καὶ οἱ λοιποὶ κατέστησαν, ὥστε καὶ πρὸς τιμωρίαν τινὰς ὡς καὶ αἰτίους τῆς στάσεως γεγονότας ἐκδοῦναι. [57,4] Tibère fit donc sur-le-champ disparaître Agrippa; mais il redoutait beaucoup Germanicus. En effet, les légions de Pannonie se mutinèrent aussitôt qu'elles apprirent la mort d'Auguste ; les soldats, rassemblés dans un camp qu'ils fortifièrent, s'y livrèrent à une foule d'actes séditieux. Ainsi, ils tentèrent de tuer leur chef, Junius Blésus, et se saisirent de ses esclaves, qui furent mis à la torture. En un mot, ils voulaient ne pas servir plus de seize ans, gagner une drachme par jour, et demandaient à recevoir immédiatement leur récompense, dans le camp même, menaçant, s'ils n'obtenaient leur demande, de soulever la province et de marcher sur Rome. A la fin, cependant, cédant avec peine aux conseils de Blésus, ils envoyèrent à Tibère des députés chargés de leurs intérêts: ils espéraient, à la faveur du changement de gouvernement, arriver au but de leurs désirs, soit en effrayant le prince, soit en donnant l'empire à un autre. Drusus étant ensuite venu vers eux avec les gardes prétoriennes, des troubles éclatèrent, vu qu'il ne leur promettait rien d'assuré; quelques hommes de sa suite furent blessés, et lui-même fut cerné, pendant la nuit, de peur qu'il ne prît la fuite. Mais une éclipse de lune leur inspira une crainte qui émoussa leur courroux, au point qu'ils renoncèrent à faire aucun mal à personne, et envoyèrent de nouveaux députés à Tibère. Pendant ce temps, l'hiver, qui fut rigoureux, les ayant décidés à se retirer chacun dans son propre camp, les plus mutins, mandés comme pour un tout autre motif, furent mis à mort par Drusus, dans sa tente même et par ceux de sa suite, l'un d'une façon, l'autre d'une autre; le reste se calma, au point de livrer, pour être traînés au supplice, quelques-uns d'entre eux qu'ils accusaient d'avoir été les instigateurs de la sédition. C'est ainsi que le calme fut rétabli.
[57,5] καὶ οὗτοι μὲν οὕτως ἡσύχασαν, οἱ δὲ ἐν τῇ Γερμανίᾳ, καὶ πολλοὶ διὰ τὸν πόλεμον ἠθροισμένοι καὶ τὸν Γερμανικὸν καὶ Καίσαρα καὶ πολὺ τοῦ Τιβερίου κρείττω ὁρῶντες ὄντα, οὐδὲν ἐμετρίαζον ἀλλὰ τὰ αὐτὰ προτεινόμενοι τόν τε Τιβέριον ἐκακηγόρησαν καὶ τὸν Γερμανικὸν αὐτοκράτορα ἐπεκάλεσαν. ἐπειδή τε ἐκεῖνος πολλὰ εἰπὼν καὶ μὴ δυνηθεὶς αὐτοὺς καταστῆσαι, τέλος τὸ ξίφος ὡς καὶ ἑαυτὸν καταχρησόμενος ἐσπάσατο, ἐπεβόησάν οἱ αἰάζοντες, καί τις αὐτῶν τὸ ἑαυτοῦ ξίφος ἀνατείνας "τοῦτο" ἔφη "λαβέ· τοῦτο γὰρ ὀξύτερόν ἐστιν." οὖν Γερμανικὸς ἰδὼν ὅποι τὸ πρᾶγμα προεληλύθει, ἀποκτεῖναι μὲν ἑαυτὸν οὐκ ἐτόλμησε διά τε τἆλλα καὶ ὅτι στασιάσειν αὐτοὺς οὐδὲν ἧττον ἤλπισε, γράμματα δὲ δή τινα ὡς καὶ παρὰ τοῦ Τιβερίου πεμφθέντα συνθείς, τήν τε δωρεὰν τὴν ὑπὸ τοῦ Αὐγούστου καταλειφθεῖσάν σφισι διπλῆν ὡς καὶ παρ´ ἐκείνου ἔδωκε, καὶ τοὺς ἔξω τῆς ἡλικίας ἀφῆκε· καὶ γὰρ ἐκ τοῦ ἀστικοῦ ὄχλου, οὓς Αὔγουστος μετὰ τὴν τοῦ Οὐάρου συμφορὰν προσκατέλεξεν, οἱ πλείους αὐτῶν ἦσαν. τότε μὲν οὖν οὕτω στασιάζοντες ἐπαύσαντο· ὕστερον δὲ πρεσβευτῶν παρὰ τοῦ Τιβερίου βουλευτῶν ἐλθόντων, οἷς ἐκεῖνος ἐν ἀπορρήτῳ μόνα εἶπεν ὅσα τὸν Γερμανικὸν μαθεῖν ἠθέλησεν (εὖ τε γὰρ ἠπίστατο πάντως σφᾶς ἐροῦντάς οἱ πάντα τὰ ἑαυτοῦ διανοήματα, καὶ οὐκ ἠβουλήθη παρὰ ταῦτα οὐδέν, ὡς καὶ μόνα ὄντα, οὔτε ἐκείνους οὔτε τὸν Γερμανικὸν πολυπραγμονῆσαι), τούτων οὖν ἀφικομένων οἱ στρατιῶται τό τε τοῦ Γερμανικοῦ στρατήγημα μαθόντες, καὶ τοὺς βουλευτὰς ὡς καὶ ἐπὶ τῇ τῶν πεπραγμένων ὑπ´ αὐτοῦ καταλύσει παρόντας ὑποπτεύσαντες, ἐθορύβησαν αὖθις, καὶ τῶν τε πρέσβεων ὀλίγου τινὰς ἀπέσφαξαν καὶ ἐνέκειντο, τήν τε γυναῖκα αὐτοῦ Ἀγριππῖναν, τοῦ τε Ἀγρίππου καὶ τῆς Ἰουλίας τῆς τοῦ Αὐγούστου {θυγατρὸς} θυγατέρα οὖσαν, καὶ τὸν υἱόν, ὃν Γάιον Καλιγόλαν, ὅτι ἐν τῷ στρατοπέδῳ τὸ πλεῖστον τραφεὶς τοῖς στρατιωτικοῖς ὑποδήμασιν ἀντὶ τῶν ἀστικῶν ἐχρῆτο, προσωνόμαζον, ὑπεκπεμφθέντας ποι ὑπὸ τοῦ Γερμανικοῦ συνέλαβον. καὶ τὴν μὲν Ἀγριππῖναν ἐγκύμονα οὖσαν ἀφῆκαν αὐτῷ δεηθέντι, τὸν δὲ δὴ Γάιον κατέσχον. χρόνῳ δ´ οὖν ποτε καὶ τότε, ὡς οὐδὲν ἐπέραινον, ἡσύχασαν, καὶ ἐς τοσαύτην γε μεταβολὴν ἦλθον ὥστε καὶ αὐτοὶ τοὺς θρασυτάτους σφῶν αὐτοκέλευστοι συλλαβεῖν καὶ τοὺς μὲν ἰδίᾳ ἀποκτεῖναι, τοὺς δὲ καὶ ἐς τὸ μέσον ἀγαγόντες ἔπειτα πρὸς τὸ τῶν πλειόνων βούλημα τοὺς μὲν ἀποσφάξαι τοὺς δ´ ἀπολῦσαι. [57,5] D'un autre côté, en Germanie, les troupes qu'on y avait concentrées en grand nombre à cause de la guerre, voyant que Germanicus était aussi un César et qu'il était supérieur à Tibère, ne gardèrent aucune mesure ; mettant en avant les mêmes prétextes, elles se répandirent en injures contre Tibère, et saluèrent Germanicus empereur. Celui-ci n'ayant pu, malgré de nombreuses remontrances, les faire rentrer dans l'ordre, et même, à la fin, ayant tiré son épée comme pour se tuer, elles se mirent à pousser un cri de douleur; alors un soldat lui tendant la sienne Prends celle-ci, lui dit-il, elle est plus pointue. Germanicus alors, voyant à quel point les choses en étaient venues, n'osa pas se donner la mort, parce que, entre autres motifs, il pensait que la sédition n'en continuerait pas moins. Composant une lettre qu'il dit avoir été envoyée par Tibère, il leur paya double les legs faits par Auguste, comme s'il eût agi d'après les ordres de Tibère, et accorda leur congé aux soldats qui avaient passé l'âge; car le plus grand nombre d'entre eux appartenait à cette foule de citadins qu'Auguste avait enrôlés après le désastre de Varus. C'est ainsi que se termina cette sédition. Plus tard, à l'arrivée de sénateurs députés par Tibère, qui ne leur donna en secret d'autres instructions que ce qu'il voulait faire connaître à Germanicus (il savait bien, en effet, qu'en n'importe quel état de choses, ils ne manqueraient pas de lui découvrir tous ses desseins, et son intention était qu'en dehors de ces desseins, comme s'ils eussent été les seuls qu'il méditait, ni eux ni Germanicus ne se préoccupassent de rien), à l'arrivée, dis-je, des députés, les soldats, comprenant le stratagème de Germanicus et soupçonnant les sénateurs de n'être venus que pour annuler les concessions de leur général, recommencèrent à se mutiner ; ils faillirent même égorger quelques-uns des députés ; ils pressèrent vivement Germanicus, et se saisirent de sa femme Agrippine, fille d'Agrippa et de Julie fille d'Auguste, ainsi que de son fils, qu'ils nommaient Caius Caligula, parce que, élevé en grande partie dans le camp, il portait la chaussure militaire au lieu de la chaussure des habitants des villes, tous les deux secrètement éloignés. A sa prière, ils relâchèrent Agrippine, qui était grosse, et retinrent Caius. Au bout de quelque temps, comme ils ne gagnaient rien, ils se tinrent en repos, et changèrent de dispositions au point que, de leur propre mouvement, ils se saisirent des plus mutins, et, de leur autorité privée, en mirent quelques-uns à mort ; puis, après avoir produit les autres au milieu d'une assemblée, ils massacrèrent les uns et relâchèrent les autres, sur décision prise à la pluralité des voix.


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Dernière mise à jour : 26/05/2006