[51,4] καὶ ὁ μέν, ὡς οὐδενὸς ἔτι δεινοῦ παρὰ τῶν ἐστρατευμένων
ἐσομένου, τά τε ἐν τῇ Ἑλλάδι διῴκησε καὶ τῶν τοῖν θεοῖν μυστηρίων
μετέλαβεν, ἔς τε τὴν Ἀσίαν κομισθεὶς καὶ ἐκεῖνα προσκαθίστατο,
τά τε τοῦ Ἀντωνίου ἅμα ἐκαραδόκει· οὐ γάρ πω σαφές τι
ὅπῃ διεπεφεύγει ἐπέπυστο, καὶ παρεσκευάζετο ὡς καὶ ἐπ´ αὐτὸν
ὁρμήσων, ἄν τι ἀκριβώσῃ. θορυβησάντων δ´ αὐτῶν ἐν τούτῳ φανερῶς
ἅτε καὶ πολὺ ἀπὸ σφῶν ἀπαρτῶντος αὐτοῦ, ἐφοβήθη μή τι
κακὸν προστάτου τινὸς λαβόμενοι δράσωσι, καὶ διὰ τοῦτ´ Ἀντώνιον
μὲν ἄλλοις ἀναζητῆσαι προσέταξεν, αὐτὸς δὲ ἐς τὴν Ἰταλίαν ἠπείχθη
μεσοῦντος τοῦ χειμῶνος ἐν ᾧ τὸ τέταρτον μετὰ Μάρκου Κράσσου
ἦρχεν· οὗτος γάρ, καίπερ τά τε τοῦ Σέξτου καὶ τὰ τοῦ Ἀντωνίου
πράξας, τότε μηδὲ στρατηγήσας συνυπάτευσεν αὐτῷ. ἐλθὼν δὲ ἐς
τὸ Βρεντέσιον οὐκέτι περαιτέρω προυχώρησεν. ἐπεὶ γὰρ ἥ τε γερουσία
πυθομένη τὸν πρόσπλουν αὐτοῦ πᾶσα ἐκεῖσε, πλὴν τῶν τε
δημάρχων καὶ στρατηγῶν δύο κατὰ δόγμα καταμεινάντων, ἀπήντησε,
καὶ ἡ ἱππὰς τοῦ τε δήμου τὸ πλεῖον καὶ ἕτεροι, οἱ μὲν κατὰ πρεσβείας
οἱ δὲ ἐθελονταί, πολλοὶ συνῆλθον, οὐκέτ´ οὐδὲν ὑπ´ οὐδενὸς
πρός τε τὴν ἄφιξιν αὐτοῦ καὶ πρὸς τὴν τῶν πλειόνων σπουδὴν
ἐνεοχμώθη. καὶ γὰρ ἐκεῖνοι οἱ μὲν φόβῳ οἱ δὲ ἐλπίσιν, οἱ δὲ καὶ
μετάπεμπτοι, πρὸς τὸ Βρεντέσιον ἀφίκοντο· καὶ αὐτῶν ὁ Καῖσαρ
τοῖς μὲν ἄλλοις χρήματα ἔδωκε, τοῖς δὲ διὰ παντὸς αὐτῷ συστρατεύσασι
καὶ γῆν προσκατένειμε. τοὺς γὰρ δήμους τοὺς ἐν τῇ
Ἰταλίᾳ τοὺς τὰ τοῦ Ἀντωνίου φρονήσαντας ἐξοικίσας τοῖς μὲν
στρατιώταις τάς τε πόλεις καὶ τὰ χωρία αὐτῶν ἐχαρίσατο, ἐκείνων
δὲ δὴ τοῖς μὲν πλείοσι τό τε Δυρράχιον καὶ τοὺς Φιλίππους ἄλλα
τε ἐποικεῖν ἀντέδωκε, τοῖς δὲ λοιποῖς ἀργύριον ἀντὶ τῆς χώρας τὸ
μὲν ἔνειμε τὸ δ´ ὑπέσχετο. συχνὰ μὲν γὰρ καὶ ἐκ τῆς νίκης ἐκτήσατο,
πολλῷ δὲ ἔτι πλείω ἀνήλισκε. καὶ διὰ τοῦτο καὶ προέγραψεν
ἐν τῷ πρατηρίῳ τά τε ἑαυτοῦ κτήματα καὶ τὰ τῶν ἑταίρων,
ἵνα ἄν τε πρίασθαί τι αὐτῶν ἄν τε καὶ ἀντιλαβεῖν τις ἐθελήσῃ,
τοῦτο ποιήσῃ. καὶ ἐπράθη μὲν οὐδέν, οὐδ´ ἀντεδόθη οὐδέν· τίς
γὰρ ἂν καὶ ἐτόλμησεν ὁποτερονοῦν αὐτῶν πρᾶξαι; τῆς δὲ δὴ ἐπαγγελίας
ἀναβολὴν ἐκ τούτου εὐπρεπῆ λαβὼν ὕστερον αὐτὴν ἐκ τῶν
Αἰγυπτίων λαφύρων ἀπήλλαξε.
| [51,4] César, comme s'il n'y eût plus eu rien à craindre
de la part des vétérans, organisa les affaires de la Grèce
et se fit initier aux mystères des deux Déesses ; puis,
s'étant rendu en Asie, il y régla également les affaires, et
en même temps attendit avec impatience des nouvelles
d'Antoine ; car il ne savait pas encore bien clairement de
quel côté il avait dirigé sa fuite, et il se disposait à marcher
contre lui aussitôt qu'il aurait quelques renseignemonts
exacts. Mais les vétérans, sur ces entrefaites,
ayant profité du grand éloignement où il était d'eux,
pour exciter des troubles, il craignit qu'ils ne fissent
du mal, s'ils trouvaient un chef. Il confia à d'autres le
soin de chercher Antoine et revint lui-même en hâte en
Italie, au milieu de l'hiver, où il fut consul pour la quatrième
fois avec M. Crassus. Crassus, en effet, bien
qu'ayant suivi le parti de Sextus et d'Antoine, fut alors,
sans même avoir passé par la préture, le collègue de
César dans le consulat. Arrivé à Brindes, César n'alla
pas plus loin. En effet, le sénat, instruit de son débarquement,
s'étant, à l'exception des tribuns du peuple
et de deux préteurs, restés à Rome en vertu d'un
sénatus-consulte, porté tout entier au-devant de lui
en cet endroit; puis le corps des chevaliers, la plus
grande partie du peuple, d'autres encore, soit par des
députations, soit volontairement, s'y étant rendus en
grand nombre, personne, à cause de son arrivée et
de la faveur générale dont il était l'objet, ne songea
plus à tenter aucun mouvement. Les soldats eux-mêmes,
ceux-ci par crainte, ceux-là par espoir, les autres parce
qu'ils y avaient été mandés, vinrent aussi à Brindes.
César leur donna de l'argent, et, de plus, il distribua
des terres à ceux qui avaient fait avec lui toutes
les campagnes. Il chassa de leurs demeures les peuples
d'Italie qui avaient suivi le parti d'Antoine, pour faire
présent de leurs villes et de leurs terres à ses soldats ;
quant à eux, il leur donna pour la plupart,
comme compensation, des établissements à Dyrrachium,
à Philippes et ailleurs; quant aux autres, tantôt il leur
distribua de l'argent pour prix de leurs terres, tantôt il
se contenta de leur en promettre. La victoire lui en avait
beaucoup procuré, mais il en dépensa bien plus encore.
Ce fut pour cette raison qu'il mit publiquement en vente
sous la haste ses biens et ceux de ses amis, afin que si
quelqu'un voulait en acheter quelque partie ou la prendre
en échange, il pût le faire. Mais rien ne fut ni vendu
ni pris en échange : qui, en effet, eût osé l'un ou l'autre?
Ce fut donc pour lui un prétexte de remettre honnêtement
l'exécution de sa promesse, qu'il dégagea plus
tard avec les dépouilles de l'Égypte.
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