[50,33] ἀγχωμάλου οὖν ἐπὶ πολὺ τῆς ναυμαχίας οὔσης καὶ μηδετέρων
ὑπερέχειν πῃ δυναμένων τέλος τοιόνδε τι ἐγένετο. ἡ Κλεοπάτρα
κατόπιν τῶν μαχομένων ἀποσαλεύουσα οὐκ ἤνεγκε τὴν πολλὴν καὶ
ἄκριτον τοῦ ἀδήλου μέλλησιν, ἀλλ´ ἀποκναισθεῖσα, ἀπό τε τοῦ
γυναικείου καὶ ἀπὸ τοῦ Αἰγυπτίου, τῇ τε ἐπὶ πολὺ μετεώρῳ ἀγωνίᾳ
καὶ τῇ ἀεὶ ἐφ´ ἑκάτερα περιδεεῖ προσδοκίᾳ αὐτή τε ἐς φυγὴν
ἐξαπιναίως ὥρμησε καὶ τοῖς ἄλλοις τοῖς ὑπηκόοις σημεῖον ἦρε.
καὶ οὕτω τά τε ἱστία αὐτῶν εὐθὺς ἀραμένων καὶ ἐς τὸ πέλαγος
ἀφέντων, ἀνέμου τινὸς κατὰ τύχην φοροῦ συμβάντος, νομίσας ὁ
Ἀντώνιος οὐχ ὑπὸ τῆς Κλεοπάτρας αὐτοὺς ἐκ παραγγέλσεως ἀλλ´
ὑπὸ δέους ὡς καὶ νενικημένους φεύγειν ἐφέσπετό σφισι. γενομένου
δὲ τούτου καὶ οἱ λοιποὶ στρατιῶται καὶ ἠθύμησαν καὶ ἐταράχθησαν,
καὶ προσαποδρᾶναι καὶ αὐτοὶ τρόπον τινὰ ἐθελήσαντες οἱ
μὲν τὰ ἱστία ἤγειρον, οἱ δὲ τούς τε πύργους καὶ τὰ ἔπιπλα ἐς
τὴν θάλασσαν ἐρρίπτουν, ὅπως κουφίσαντες διαφύγωσι. καὶ αὐτοῖς
περὶ ταῦτα ἔχουσιν οἱ ἐναντίοι προσπεσόντες (τοὺς γὰρ φεύγοντας,
ἅτε καὶ ἄνευ ἱστίων ὄντες καὶ πρὸς τὴν ναυμαχίαν μόνην παρεσκευασμένοι,
οὐκ ἐπεδίωξαν) πολλοὶ {τε} ἑκάστῃ νηὶ καὶ ἕκαθεν καὶ
ἐν χρῷ ἐμαχέσαντο, ὥστε καὶ ποικιλώτατον καὶ ὀξύτατον ἀπ´ ἀμφοτέρων
ὁμοίως τὸν ἀγῶνα γενέσθαι. οἱ μὲν γὰρ τά τε κάτω τῶν
νεῶν πάντα πέριξ ἐκακούργουν καὶ τὰς κώπας συνέθραυον τά τε
πηδάλια ἀπήραττον, καὶ ἐπαναβαίνοντες ἐπὶ τὰ καταστρώματα
τοὺς μὲν κατέσπων ἀντιλαμβανόμενοι τοὺς δὲ ἐώθουν, τοῖς δὲ
ἐμάχοντο ἅτε καὶ ἰσοπληθεῖς αὐτοῖς ἤδη ὄντες· οἱ δὲ τοῖς τε κοντοῖς
σφᾶς διεωθοῦντο καὶ ταῖς ἀξίναις ἔκοπτον, πέτρους τε καὶ
ἄλλους τινὰς ὄγκους ἐπ´ αὐτὸ τοῦτο παρεσκευασμένους ἐπικατέβαλλον,
καὶ τούς τε ἀναβαίνοντας ἀπεκρούοντο καὶ τοῖς ἐς χεῖρας
ἰοῦσι συνεφέροντο. εἴκασεν ἄν τις ἰδὼν τὰ γιγνόμενα, ὡς μικρὰ
μεγάλοις ὁμοιῶσαι, τείχεσί τισιν ἢ καὶ νήσοις πολλαῖς καὶ πυκναῖς
ἐκ θαλάσσης πολιορκουμέναις. οὕτως οἱ μὲν ἐπιβῆναί τε τῶν σκαφῶν
ὥσπερ ἐπ´ ἠπείρου καὶ ἐρύματός τινος ἐπειρῶντο, καὶ πάντα
τὰ ἐς τοῦτο φέροντα σπουδῇ προσῆγον· οἱ δὲ ἀπεωθοῦντο αὐτούς,
ὅ τι ποτὲ ἐν τῷ τοιούτῳ φιλεῖ δρᾶσθαι μηχανώμενοι.
| [50,33] Le combat, longtemps douteux parce qu'aucun
des deux partis ne pouvait l'emporter sur l'autre, se termina
de cette maniére : Cléopâtre, dont le vaisseau,
mouillé derrière les combattants, était battu par les vagues,
ne supporta pas l'attente d'un événement qui tardait
tant à se décider ; dévorée par une impatience féminine
et digne d'une Égyptienne, par l'inquiétude qui
la tenait si longtemps suspendue, et par une anxiété
qui se renouvelait sans cesse dans l'un ou l'autre sens,
Cléopâtre prit elle-même la fuite et en éleva le signal
pour ses sujets. A cet ordre, les Égyptiens, ayant incontinent
déployé leurs voiles et pris le large, favorisés
par une brise qui vint à souffler, Antoine, dans la persuasion
que ce n'était pas l'ordre de Cléopâtre, mais
la crainte, résultat d'une défaite, qui les poussait à fuir,
courut à leur suite. Alors le découragement et le trouble
s'emparèrent du reste des soldats ; pleins du désir de
s'échapper, eux aussi, n'importe de quelle façon, les
uns serraient les voiles, les autres précipitaient dans
la mer les tours et les manoeuvres, afin de s'alléger
dans leur fuite. Les voyant dans ces dispositions,
l'ennemi, fondant sur eux (il ne poursuivit pas ceux qui
étaient en fuite, attendu qu'il n'avait pas de voiles et
qu'il ne s'était préparé que pour le combat), attaqua
de loin et de près un seul vaisseau avec deux ou trois
à la fois ; en sorte que, d'un côté comme de l'autre,
la lutte présenta des chances aussi variées que rapides.
Les uns, en effet, portaient le ravage partout dans les
parties inférieures des vaisseaux, brisaient les rames et
arrachaient les gouvernails; puis, montant à l'abordage,
ils entraînaient ceux-ci en les saisissant corps à corps,
repoussaient ceux-là et engageaient la lutte avec eux,
égaux désormais en nombre ; les autres, de leur côté,
refoulaient les assaillants avec des crocs, les tuaient à
coups de hache, les écrasaient sous des masses de pierres
et autres matières, uniquement rassemblées à cette intention,
et, quand on en venait aux mains, se portaient
contre l'ennemi. A la vue de ce qui se passait, on
eût dit, pour comparer les petites choses aux grandes,
des murailles ou des îles nombreuses et serrées les unes
près des autres, assiégées par mer, tant les uns faisaient
d'efforts pour monter à bord de l'ennemi, comme si c'eût
été une citadelle sur la terre ferme, et mettaient d'ardeur
à se servir de tout ce qui devait les conduire à leur
but; tant les autres faisaient usage de tous les moyens
qu'on a coutume d'employer en pareilles circonstances.
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