[50,28] ἀλλ´ ἐρεῖ τις ὅτι καὶ συμμάχους πολλοὺς καὶ χρήματα πολλὰ
ἔχει. οὐκοῦν ὅπως μὲν τοὺς τὴν Ἀσίαν τὴν ἤπειρον οἰκοῦντας
νικᾶν εἰώθαμεν, οἶδε μὲν ὁ Σκιπίων ἐκεῖνος ὁ Ἀσιατικός, οἶδε δὲ
καὶ ὁ Σύλλας ὁ εὐτυχής, ὁ Λούκουλλος, ὁ Πομπήιος, ὁ Καῖσαρ ὁ
πατὴρ ὁ ἐμός, ὑμεῖς αὐτοὶ οἱ τοὺς μετά τε τοῦ Βρούτου καὶ τοῦ
Κασσίου στρατευσαμένους κεκρατηκότες. τούτου δὲ δὴ οὕτως
ἔχοντος, καὶ τὸν πλοῦτόν σφων ὅσῳ πλείονα ἑτέρων νομίζετε εἶναι,
τοσούτῳ μᾶλλον σπουδάσατε σφετερίσασθαι· ὑπὲρ γὰρ τῶν μεγίστων
ἄθλων μεγίστους καὶ τοὺς ἀγῶνας ἄξιόν ἐστι ποιεῖσθαι. καίτοι
μεῖζον οὐδὲν ἂν ἄλλο φήσαιμι ὑμῖν προκεῖσθαι τοῦ τὸ ἀξίωμα
τὸ τῶν προγόνων διασῶσαι, τοῦ τὸ φρόνημα τὸ οἰκεῖον φυλάξαι,
τοῦ τοὺς ἀφεστηκότας ἀφ´ ἡμῶν τιμωρήσασθαι, τοῦ τοὺς ὑβρίζοντας
ὑμᾶς ἀμύνασθαι, τοῦ πάντων ἀνθρώπων νικήσαντας ἄρχειν,
τοῦ μηδεμίαν γυναῖκα περιορᾶν μηδενὶ ἀνδρὶ παρισουμένην. ἢ
πρὸς μὲν Ταυρίσκους καὶ Ἰάπυδας καὶ Δελμάτας καὶ Παννονίους
προθυμότατα αὐτοὶ ὑμεῖς οἱ νῦν παρόντες ὑπὲρ ὀλίγων τινῶν τειχῶν
καὶ γῆς ἐρήμου πολλάκις ἐμαχέσασθε, καὶ πάντας αὐτοὺς καίτοι
πολεμικωτάτους ὁμολογουμένως ὄντας ἐχειρώσασθε, καὶ νὴ Δία καὶ
πρὸς Σέξτον ὑπὲρ Σικελίας μόνης καὶ πρὸς αὐτὸν τοῦτον τὸν Ἀντώνιον
ὑπὲρ Μουτίνης μόνης ὁμοίως ἠγωνίσασθε, ὥστ´ ἀμφοτέρων
αὐτῶν κρατῆσαι· πρὸς δὲ δὴ γυναῖκα πᾶσι τοῖς ὑμετέροις ἐπιβουλεύουσαν,
καὶ πρὸς τὸν ἄνδρα αὐτῆς τὸν τὰ ὑμέτερα τοῖς ἐκείνης
παισὶ διαδεδωκότα, καὶ πρὸς τοὺς καλοὺς αὐτῶν ἑταίρους καὶ
τραπεζεῖς, οὓς καὶ αὐτοὶ ἐκεῖνοι κοπρείας ἀποκαλοῦσιν, ἧττόν τι
προθυμηθήσεσθε; διὰ τί; διὰ τὸ πλῆθος αὐτῶν; ἀλλ´ οὐδὲν πλῆθος
σωμάτων ἀρετῆς κρατεῖ. διὰ τὸ γένος; ἀλλ´ ἀχθοφορεῖν μᾶλλον
ἢ πολεμεῖν μεμελετήκασι. διὰ τὴν ἐμπειρίαν; ἀλλ´ ἐρέττειν μᾶλλον
ἢ ναυμαχεῖν ἴσασιν. ἐγὼ μὲν καὶ αἰσχύνομαι ὅτι πρὸς τοιούτους
ἀνθρώπους ἀγωνίζεσθαι μέλλομεν, ὧν καὶ κρατήσαντες οὐκ εὐδοκιμήσομεν
καὶ ἡττηθέντες ἀσχημονήσομεν.
| [50,28] On dira qu'il a beaucoup d'alliés, beaucoup
d'argent. Eh bien! nous sommes habitués à vaincre
les habitants du continent asiatique; témoin Scipion
l'Asiatique, témoin et Sylla Félix, et Lucullus, et
Pompée, et César, mon père, et vous-mêmes, vous
qui avez vaincu ceux qui combattaient avec Brutus et
Cassius. Puis donc qu'il en est ainsi, plus vous les
croyez supérieurs à vous en richesses, plus vous devez
montrer de coeur pour vous en rendre maîtres ; car,
pour les plus grands intérêts, il est juste de soutenir
les plus grandes luttes. Malgré tout, je n'ai
pas à vous proposer de raison plus décisive que de
maintenir la dignité de vos ancêtres, de rester fidèles
à vos généreux sentiments, de punir ceux qui se
sont séparés de vous, de repousser l'injure qui vous
est faite, de commander à l'univers vaincu, de ne
souffrir qu'aucune femme s'égale à aucun homme.
Est-ce que vous, vous ici présents, vous qui avez en
maintes rencontres vaillamment combattu les Taurisques,
les Iapydes, les Dalmates, les Pannoniens, afin
de vous rendre maîtres de quelques murailles et d'une
terre déserte, et les avez tous subjugués, bien qu'ils
soient reconnus comme les plus belliqueux de tous les
peuples; est-ce que vous, qui, par Jupiter, avez pareillement
soutenu contre Sextus, rien qu'en vue de
posséder la Sicile, et contre ce même Antoine, rien
qu'en vue de vous emparer de Mutina, une lutte où
vous les avez vaincus l'un et l'autre, lorsque vous vous
trouverez aux prises avec une femme qui veut votre
malheur à tous, avec son mari qui livre vos biens
aux enfants de cette femme, avec ses illustres amis
et compagnons de table, qu'ils appellent eux-mêmes
des libertins, vous déploierez moins de courage ? Pourquoi ?
Serait-ce à cause de leur nombre ? Le nombre
des soldats n'est pas plus fort que la valeur. A cause de
la noblesse de leur origine ? Ils sont plutôt exercés à
porter des fardeaux qu'à faire la guerre. A cause de
leur expérience ? Ils savent mieux manier la rame que
combattre sur mer. A mes yeux, c'est presque une
honte pour nous d'avoir à lutter contre des hommes
tels, que le succès ne nous donnera pas de gloire, tandis
que la défaite nous couvrirait d'opprobre.
|