[50,19] μὴ γάρ, ὅτι περὶ Σικελίαν Ἀγρίππας ἐναυκράτησε,
παρὰ τοῦτο καὶ ἀρετὴν αὐτοὺς ναυτικὴν ἔχειν ἡγεῖσθε· οὔτε γὰρ
πρὸς τὸν Σέξτον ἀλλὰ πρὸς τοὺς δούλους αὐτοῦ, οὔτε πρὸς ὁμοίαν
ἡμῖν ἀντιπαρασκευὴν ἀλλὰ πρὸς πολὺ διάφορον ἠγωνίσαντο. εἴ
τέ τις τὴν εὐτυχίαν αὐτῶν ἐκείνην ἐν μεγάλῳ τιθείη, δίκαιός ἐστι
καὶ τὴν ἧτταν τὴν αὐτοῦ τοῦ Καίσαρος, ἣν ὑπ´ αὐτοῦ τοῦ Σέξτου
ἐνικήθη, ἀντιλογίσασθαι· καὶ οὕτως οὐχ ὅπως ἴσα πρὸς ἴσα, ἀλλὰ
καὶ πολὺ πλείω καὶ κρείττω πάντα τὰ ἡμέτερα τῶν ἐκείνοις ὑπαρχόντων
εὑρήσει. τὸ δ´ ὅλον, πόστην μὲν ἡ Σικελία μερίδα τῆς
ἄλλης ἀρχῆς, πόστην δὲ ἡ τοῦ Σέξτου δύναμις τῆς ἡμετέρας παρασκευῆς
εἶχεν, ὥστε τινὰ εἰκότως ἂν τὰ τοῦ Καίσαρος, τὰ αὐτὰ
ἐκεῖνα ὄντα καὶ μήτε πλείω μήτ´ ἀμείνω γεγονότα, καταδεῖσαι μᾶλλον
ἐξ ὧν ηὐτύχησεν ἢ θαρσῆσαι ἐξ ὧν ἔπταισεν. ὅθεν που καὶ
ἐγὼ ταῦτα λογιζόμενος οὐκ ἠθέλησα τῷ πεζῷ προαποκινδυνεῦσαι,
ἐν ᾧ δὴ δοκοῦσι τρόπον τινὰ ἰσχύειν, ἵνα μηδεὶς ὑμῶν πταίσματός
τινος ἐν ἐκείνῳ γενομένου ἀθυμήσῃ, ἀλλὰ ταῖς ναυσίν, αἷς κράτιστοί
τε ἐσμὲν καὶ παμπληθὲς αὐτῶν περίεσμεν, ἵν´ ἐν ταύταις
κρατήσαντες καὶ τοῦ πεζοῦ σφων καταφρονήσωμεν. εὖ γὰρ δὴ
τοῦτο ἴστε, ὅτι πᾶσα ἡ τοῦ πολέμου ῥοπὴ ἐντεῦθεν ἐκ τοῦ ναυτικοῦ
ἀμφοτέροις ἡμῖν ἤρτηται· κἂν τούτῳ περιγενώμεθα, οὐδὲν ἔτι
δεινὸν οὐδ´ ὑπὸ τῶν ἄλλων πεισόμεθα, ἀλλ´ ὥσπερ ἐν νησιδίῳ τινὶ
αὐτούς, ἅτε πάντων τῶν πέριξ ἡμετέρων ὄντων, ἀπειληφότες ἀκονιτί,
κἂν μηδενὶ ἄλλῳ, τῷ γε λιμῷ χειρωσόμεθα.
| [50,19] « Parce qu'Agrippa, dans les parages de la Sicile,
a remporté une victoire navale, n'allez pas pour
cela croire qu'ils sont valeureux sur mer : ce n'est
pas à Sextus, mais à ses esclaves; ce n'est pas à des
forces telles que les nôtres, mais à des forces bien
différentes qu'ils ont eu à faire. Si l'on met un haut
prix à ce succès, il est juste de leur porter aussi en
ligne de compte la défaite essuyée par César en personne
contre Sextus; de la sorte, on trouvera que,
chez nous, il y a, non seulement égalité pour égalité,
mais encore supériorité en tout et pour le nombre et
pour la force. En un mot, quelle faible partie du reste
de l'empire occupe la Sicile, à quelle faible partie
de nos ressources étaient comparables les troupes de
Sextus, pour que l'armée de César, qui est la même
qu'auparavant, qui n'est devenue ni plus nombreuse
ni plus vaillante, puisse à juste titre nous inspirer
plutôt la crainte par une victoire remportée que la
confiance par les échecs éprouvés ? Aussi, guidé par
ces réflexions, je n'ai pas voulu engager d'abord l'action
sur terre, où nos ennemis semblent avoir quelque
force, de peur que quelqu'un de vous, s'il survenait
un échec, ne se sentît découragé; j'ai préféré l'engager
sur la mer, où est notre supériorité, et où le
nombre immense de nos vaisseaux nous assure l'avantage,
afin que, victorieux sur cet élément, nous
puissions avoir en mépris jusqu'à leurs troupes de
terre. D'ailleurs, vous le savez, pour l'un comme
pour l'autre, c'est de notre flotte que dépend ici le
résultat de la guerre : la flotte une fois victorieuse,
plus de dangers à courir pour nous de la part du
reste de l'armée; cernés comme dans une île, attendu
que tous les alentours seront en notre pouvoir, la
famine seule, à défaut d'autres moyens, suffira pour
en venir à bout sans combattre.
|