[50,18] λέγω δὲ ταῦτα ἐν εἰδόσι, μάρτυρας ὑμᾶς τοὺς ἀκούοντας αὐτῶν
ποιούμενος, οὐχ ἵν´ ἄλλως τι περὶ ἐμαυτοῦ κομπάσαιμι (ἱκανὸν
γάρ μοι πρὸς εὔκλειαν τὸ συνειδὸς ὑμῶν ὑπάρχει) ἀλλ´ ἵνα καὶ
ἐκ τούτων καταμάθητε ὅσῳ βέλτιον τῶν ἐναντίων παρεσκευάσμεθα.
ἐλαττούμενοι γὰρ ἡμῶν καὶ τῷ πλήθει τῶν τε στρατιωτῶν ἅμα
καὶ τῶν χρημάτων καὶ τῷ πολυειδεῖ τῆς παρασκευῆς, οὐδενὶ τῶν
πάντων τοσοῦτον ἐλλείπουσιν ὅσον τῇ τε ἡλικίᾳ καὶ τῇ ἀπειρίᾳ
τοῦ στρατηγοῦντος αὐτῶν. περὶ οὗ τὰ μὲν ἄλλα οὐδὲν δέομαι
καθ´ ἕκαστον ἀκριβῶς εἰπεῖν, κεφαλαιώσας δὲ ἐρῶ τοῦτο ὃ καὶ
ὑμεῖς ἐπίστασθε, ὅτι τε ἀρρωστότατος τῷ σώματί ἐστι, καὶ ὅτι
οὐδεμίαν πώποτε ἐπιφανῆ μάχην οὔτε ἐν τῇ ἠπείρῳ οὔτε ἐν τῇ
θαλάσσῃ αὐτὸς νενίκηκεν. ἀμέλει καὶ ἐν τοῖς Φιλίπποις ἐν τῷ
αὐτῷ ἀγῶνι ἐγὼ μὲν ἐκράτησα ἐκεῖνος δὲ ἡττήθη.
τοσοῦτον μὲν ἀλλήλων διαφέρομεν, τὰ δὲ δὴ πολλὰ τῶν ἄμεινον
παρεσκευασμένων καὶ αἱ νῖκαι γίγνονται. εἰ δ´ οὖν τινα καὶ ἐκεῖνοι
ἰσχὺν ἔχουσιν, ἀλλ´ ἔν τε τῷ ὁπλιτικῷ καὶ κατὰ τὴν γῆν εὕροιτ´ ἂν
αὐτὴν οὖσαν, ταῖς δὲ δὴ ναυσὶν οὐδ´ ἀντᾶραι τὸ παράπαν ἡμῖν
δυνήσονται. ὁρᾶτε γάρ που καὶ αὐτοὶ καὶ τὸ μέγεθος καὶ τὸ
πάχος τῶν ἡμετέρων σκαφῶν, ὥστε εἰ καὶ τὸν ἀριθμὸν ἰσοπαλεῖς
αὐταῖς ἐκεῖναι ἦσαν, ἀλλ´ ὑπό γε τούτων οὐδὲν ἂν οὔτε ταῖς ἐμβολαῖς
οὔτε ταῖς προσβολαῖς ἐκακούργησαν· τὸ μὲν γὰρ ἡ παχύτης
τῶν ξύλων, τὸ δὲ αὐτὸ τὸ ὕψος τῶν νεῶν, καὶ εἰ μηδεὶς ἀπ´ αὐτῶν
ἠμύνετο, πάντως ἂν ἐπέσχε. ποῦ δὴ καὶ τοξοτῶν καὶ σφενδονητῶν
τοσούτων ἐπιπλεόντων, καὶ προσέτι καὶ ἀπὸ τῶν πύργων
ἄνωθεν αὐτῶν ἐφικνουμένων, δυνήσεταί τίς σφισι προσμῖξαι; εἰ
δὲ δὴ καὶ πλησιάσειέ τις, πῶς μὲν ἂν οὐχ ὑπ´ αὐτοῦ τοῦ πλήθους
τῶν κωπῶν βαπτισθείη, πῶς δ´ οὐκ ἂν ὑπὸ πάντων τῶν τε ἀπὸ τῶν
καταστρωμάτων καὶ τῶν ἀπὸ τῶν πύργων βαλλόμενος καταποντωθείη;
| [50,18] Je parle à des hommes qui me connaissent,
lorsque je vous prends à témoin, vous qui m'entendez ;
ce n'est pas forfanterie de ma part (il suffit pour
ma gloire que vous en ayez la conscience), c'est désir
de vous mieux faire connaître par là combien nos
moyens l'emportent sur ceux de nos adversaires. Inférieurs
à nous et par le nombre de leurs soldats
et par l'argent dont ils disposent, par les ressources
de toute sorte, ils ne nous cèdent en rien tant que
par la jeunesse et par l'inexpérience de leur chef.
Sans avoir besoin d'entrer dans un long détail à son
sujet, je dirai, en somme, ce que vous savez, vous
aussi, qu'il est d'une faible constitution et qu'il n'a
jamais remporté, ni sur terre ni sur mer, aucune victoire
digne d'être signalée. A Philippes, par exemple,
dans le même combat, tandis que j'étais victorieux, il
a été vaincu. Telle est la différence qui existe entre
nous deux; or, la plupart du temps, la victoire appartient
à celui qui est le mieux préparé. Si donc ils ont
une force quelconque, c'est dans leurs légions et dans
leurs troupes de terre qu'on peut la trouver ; car,
pour leurs vaisseaux, il leur sera tout à fait impossible
de marcher à notre rencontre. Vous voyez vous-mêmes
la grandeur et la hauteur de nos bâtiments;
en sorte que, même en supposant les vaisseaux de
nos adversaires capables de soutenir la lutte, les
nôtres n'auraient, qu'ils soient heurtés par l'éperon
ou attaqués en flanc, aucune avarie à redouter de leur
part; ils ont des murs assez épais, une hauteur assez
grande pour pouvoir, même en l'absence de combattants
à leur bord, résister sans peine. D'ailleurs, avec
tant d'archers, tant de frondeurs qui montent nos
vaisseaux, qui, de plus, atteindront de loin nos adversaires
du haut des tours, où un seul de leurs navires
pourra-t-il engager un combat ? Si cependant un seul
ose s'approcher, comment ne sombrera-t-il pas sous
les coups multipliés de nos rames ? comment ne sera-t-il
pas englouti sous les traits lancés de nos ponts et de nos tours ?
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