[50,11] τοιούτων δὴ σημείων προφανέντων σφίσιν οὔτε ἐφοβήθησαν
οὔθ´ ἧττόν τι ἐπολέμησαν, ἀλλὰ τὸν μὲν χειμῶνα κατασκοπαῖς τε
χρώμενοι καὶ παραλυποῦντες ἀλλήλους διετέλεσαν (ὁ γὰρ Καῖσαρ
ἐξανήχθη μὲν ἐκ τοῦ Βρεντεσίου καὶ ἔπλευσε μέχρι τῆς Κερκύρας
ὡς καὶ ἀπροσδοκήτοις τοῖς πρὸς τῷ Ἀκτίῳ ὁρμοῦσιν ἐπιθησόμενος,
χειμῶνι δὲ περιπεσὼν καὶ πονηθεὶς ἀνεχώρησε), τοῦ δὲ δὴ ἦρος ὁ
μὲν Ἀντώνιος οὐδαμῇ ἐκινήθη (οἵ τε γὰρ τριηρῖται, ἅτε καὶ σύμμικτοι
ἐκ παντοδαπῶν ἐθνῶν ὄντες καὶ πόρρω ἀπ´ αὐτοῦ χειμάζοντες,
οὔτε τινὰ ἄσκησιν ἐπεποίηντο καὶ νόσῳ αὐτομολίαις τε
ἠλάττωντο· καὶ ὁ Ἀγρίππας τήν τε Μεθώνην ἐκ προσβολῆς λαβὼν
καὶ τὸν Βογούαν ἐν αὐτῇ κτείνας, τάς τε κατάρσεις τῶν ὁλκάδων
ἐπιτηρῶν καὶ ἀποβάσεις ἄλλοτε ἄλλῃ τῆς Ἑλλάδος ποιούμενος,
ἰσχυρῶς αὐτὸν ἐτάραττεν), ὁ δὲ δὴ Καῖσαρ ἐπί τε τούτοις θαρσήσας
καὶ βουληθεὶς ὅτι τάχιστα τῇ τοῦ στρατεύματος ὁρμῇ λαμπρῶς
ἠσκημένου χρήσασθαι, τόν τε πόλεμον καὶ ἐν τῇ Ἑλλάδι καὶ πρὸς
τοῖς ἐκείνου μᾶλλον ἢ ἔν τε τῇ Ἰταλίᾳ καὶ πρὸς τῇ Ῥώμῃ ποιήσασθαι,
πάντας μὲν τοὺς στρατιώτας ὧν τι ὄφελος ἦν, πάντας
δὲ τούς τι δυναμένους καὶ τῶν βουλευτῶν καὶ τῶν ἱππέων ἐς τὸ
Βρεντέσιον συνήγαγε, τοὺς μὲν ὅπως τι συμπράξωσιν αὐτῷ, τοὺς
δ´ ὅπως μηδὲν μονωθέντες νεοχμώσωσι, τό τε μέγιστον ὅπως ἐνδείξηται
τοῖς ἀνθρώποις ὅτι καὶ τὸ πλεῖστον καὶ τὸ κράτιστον τῶν
Ῥωμαίων ὁμογνωμονοῦν ἔχοι. κἀντεῦθεν τακτόν τε τῶν οἰκετῶν
ἀριθμὸν πᾶσιν ἐπαγαγέσθαι καὶ τὴν τροφὴν αὐτοὺς ἑαυτοῖς, πλὴν
τῶν στρατιωτῶν, ἐπικομίσασθαι κελεύσας, ἀθρόᾳ τῇ παρασκευῇ
τὸν Ἰόνιον διέβαλεν.
| [50,11] Malgré l'apparition de tels présages avant la
lutte, les deux adversaires ne furent pas effrayés et ne
s'en firent pas moins la guerre ; loin de là, ils passèrent
l'hiver à s'espionner et à se causer mutuellement des
ennuis (César partit de Brindes et fit voile jusqu'à Corcyre,
dans l'intention d'attaquer à l'improviste son ennemi
mouillé à Actium ; mais, surpris par une tempête
et après avoir éprouvé des avaries, il dut revenir en arrière);
néanmoins, au printemps, Antoine ne bougea pas
(ses équipages, ramassis de nations diverses, hivernant
loin de lui, ne s'étaient pas exercés et étaient encore
diminués par la maladie et par les désertions; de plus,
Agrippa, qui, après avoir pris d'assaut Méthone, où il
tua Bogus, explorait, sur les côtes de Grèce, les endroits
propices pour faire aborder des vaisseaux de transports
et des lieux favorables à un débarquement, ne laissait
pas que de l'inquiéter vivement) : César, de son côté,
enhardi par les hésitations de son rival, et voulant profiter
au plus tôt de l'ardeur d'une armée parfaitement
exercée, préférant d'ailleurs engager la guerre en Grèce
et près des possessions de son rival, plutôt qu'en Italie,
près de Rome, rassembla à Brindes tous les soldats
dont il pouvait tirer quelque utilité, ceux des sénateurs
et des chevaliers qui jouissaient de quelque influence
les uns, afin de s'assurer leur concours ; les autres, afin
de les empêcher de rien tenter, s'ils restaient seuls, et,
ce qui était le plus important, afin de montrer à l'univers
que la partie la plus nombreuse et la meilleure des
Romains était avec lui. Puis, après avoir enjoint à tous
d'amener un certain nombre d'esclaves et d'avoir à s'entretenir
eux-mêmes, les soldats exceptés, il traversa la
mer Ionienne avec tout cet appareil.
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