[50,12] ἦγε δὲ αὐτοὺς οὐκ ἐς τὴν Πελοπόννησον
οὐδ´ ἐπὶ τὸν Ἀντώνιον, ἀλλὰ πρὸς τὸ Ἄκτιον, ἐν ᾧ τὸ πλεῖον αὐτῷ
τοῦ ναυτικοῦ ὥρμει, εἴ πώς σφας ἐθελοντὰς ἢ καὶ ἄκοντας προπαραστήσαιτο.
καὶ διὰ τοῦτο τόν τε πεζὸν ὑπὸ τὰ ὄρη τὰ Κεραύνια
ἐκβιβάσας ἐκεῖσε ἔπεμψε, καὶ αὐτὸς ταῖς ναυσὶ τὴν Κέρκυραν
ἐκλειφθεῖσαν ὑπὸ τῶν ἐμφρουρούντων λαβὼν ἐς τὸν λιμένα τὸν
γλυκὺν ὠνομασμένον κατέσχε (καλεῖται δὲ οὕτως ὅτι πρὸς τοῦ
ποταμοῦ τοῦ ἐς αὐτὸν ἐσβάλλοντος γλυκαίνεται), καὶ ναύσταθμόν
τε ἐν αὐτῷ ἐποιήσατο καὶ ἐκεῖθεν ὁρμώμενος ἐπὶ τὸ Ἄκτιον ἐπέπλει.
ὡς δ´ οὐδείς οἱ οὔτ´ ἀντανήγετο οὔτ´ ἐς λόγους ᾔει, καίτοι δυοῖν
αὐτοῦ θάτερον ἢ πρὸς ὁμολογίαν σφᾶς ἢ πρὸς μάχην προκαλουμένου
(τὴν μὲν γὰρ τῇ πίστει τὴν δὲ τῷ δέει οὐκ ἐδέχοντο), κατέλαβε
τὸ χωρίον τοῦτο ἐν ᾧ νῦν ἡ Νικόπολίς ἐστι, καὶ ἐν αὐτῷ ἐπὶ
μετεώρου, ὅθεν ἐπὶ πάντα ὁμοίως τῆς τε ἔξω τῆς πρὸς Πάξοις
θαλάσσης καὶ τῆς εἴσω τῆς Ἀμπρακικῆς τῆς τε ἐν τῷ μέσῳ αὐτῶν,
ἐν ᾧ οἱ λιμένες οἱ πρὸς τῇ Νικοπόλει εἰσίν, ἄποπτόν ἐστιν, ἱδρύθη.
καὶ αὐτό τε ἐκρατύνατο καὶ τείχη ἀπ´ αὐτοῦ ἐς τὸν λιμένα τὸν ἔξω
τὸν Κόμαρον καθῆκε, κἀκ τούτου καὶ ἐφήδρευε καὶ ἐφώρμει τῷ
Ἀκτίῳ καὶ κατὰ γῆν καὶ κατὰ θάλασσαν. ἤδη μὲν γὰρ ἤκουσα
ὅτι καὶ τριήρεις ἐκ τῆς ἔξω θαλάσσης ἐς τὸν κόλπον διὰ τοῦ τειχίσματος
ὑπερήνεγκε, βύρσαις νεοδάρτοις ἀντὶ ὁλκῶν ἐλαίῳ ἐπαληλιμμέναις
χρησάμενος· ἔχω δ´ οὐδὲν ἔργον τῶν νεῶν τούτων ἐν τῷ
κόλπῳ γενόμενον εἰπεῖν, καὶ διὰ τοῦτο οὐδὲ πιστεῦσαι τῷ μυθολογήματι
δύναμαι· οὐδὲ γὰρ οὐδὲ σμικρὸν τὸ πρᾶγμα ἦν, διὰ χωρίου
οὕτως ὀλίγου καὶ ἀνωμάλου τριήρεις ἐπὶ βυρσῶν διαγαγεῖν.
τοῦτο μὲν οὖν οὕτω λέγεται γενέσθαι, τὸ δ´ Ἄκτιον Ἀπόλλωνος
ἱερόν ἐστι, καὶ πρὸ τοῦ στόματος τοῦ πορθμοῦ τοῦ κόλπου τοῦ
Ἀμπρακικοῦ κατ´ ἀντιπέρας τῶν πρὸς τῇ Νικοπόλει λιμένων κεῖται.
ὅ τε πορθμὸς ἴσος ἐπὶ πολὺ διὰ στενοῦ τείνει, καὶ ἔστι καὶ αὐτὸς
καὶ τὰ πρὸ αὐτοῦ πάντα καὶ ἐνορμίσασθαι καὶ ἐνναυλοχήσασθαι.
ταῦτ´ οὖν προκατασχόντες οἱ Ἀντωνίειοι ἐπί τε τοῦ στόματος πύργους
ἑκατέρωθεν ἐπῳκοδόμησαν καὶ τὸ μέσον ναυσὶ διέλαβον, ὥστε
σφίσι καὶ τοὺς ἔκπλους καὶ τὰς ἀναχωρήσεις ἀσφαλεῖς εἶναι· αὐτοί
τε ἐπὶ θάτερα τοῦ πορθμοῦ κατὰ τὸ ἱερόν, ἐν χωρίῳ ὁμαλῷ μὲν
καὶ πλατεῖ, ἐμμαχέσασθαι δὲ ἢ ἐνστρατοπεδεύσασθαι ἐπιτηδειοτέρῳ,
ἐνηυλίζοντο· ἐξ οὗπερ οὐχ ἥκιστα τῇ νόσῳ καὶ ἐν τῷ χειμῶνι, καὶ
ἐν τῷ θέρει πολὺ μᾶλλον, ἐπιέσθησαν.
| [50,12] Ce ne fut ni dans le Péloponnèse ni contre Antoine
qu'il mena ses troupes, mais à Actium, où se tenait
à l'ancre la plus grande partie de la flotte de son adversaire,
dans l'intention de s'en rendre maître de gré ou
de force. Pour cette raison, il y envoya son armée de
terre, qui débarqua au pied des monts Cérauniens, et,
s'étant lui-même, avec ses vaisseaux, emparé de Corcyre
abandonnée de sa garnison, il vint stationner dans le
port le Doux (le nom donné à ce port vient de ce que
le fleuve qui s'y jette en adoucit les eaux), où il mouilla,
et, de ce port, il fit voile pour se rendre à Actium.
Comme personne, non seulement ne venait à sa rencontre,
mais même n'entrait en pourparler avec lui,
bien qu'il proposât à ses adversaires, de deux choses
l'une, une conférence ou un combat (ils refusèrent ces
propositions, l'une par défiance de lui, l'autre par
crainte), il se saisit de l'endroit où est aujourd'hui Nicopolis,
et posa son camp sur une hauteur d'où la vue
plongeait également sur toute l'étendue de la mer, tant
sur la partie située au dehors, du côté de Paxos, que sur
celle qui est au-dedans d'Ambracie, et sur celle du milieu
où se trouvent les ports avoisinant Nicopolis. Il fortifia
cette position, y établit des murailles qui allaient jusqu'au
port extérieur appelé Gomarus, et de là il se mit
à observer Actium, qu'il tint assiégé par terre et par
mer. J'ai également entendu dire qu'il transporta par-dessus
ce mur, au moyen de peaux fraîches enduites
d'huile, en guise de rouleaux, des trirèmes de la mer
extérieure dans le golfe; mais, ce que firent ces vaisseaux
dans le golfe, je n'en ai pas connaissance, et c'est
pour cela que je ne saurais ajouter foi à un récit mensonger,
car ce n'était pas petite chose que de transporter
sur des peaux des trirèmes à travers un endroit si étroit
et si inégal. La chose, cependant, eut ainsi lieu, dit-on.
Quant à Actium, c'est un temple d'Apollon ; il se trouve
en avant de la passe du détroit formé par le golfe d'Ambracie,
en face des ports qui avoisinent Nicopolis. Le
détroit, d'une largeur uniforme, s'étend fort loin à travers
cet espace resserré; il offre, ainsi que toute la partie
qui le précède, un lieu propice pour le mouillage et
pour le stationnement des vaisseaux. Les gens d'Antoine
s'étant donc à l'avance emparés de la position,
élevèrent des tours des deux côtés de la passe et en
occupèrent le milieu avec leur flotte, en sorte qu'ils
pouvaient sortir et rentrer sans danger; de plus, ils s'établirent
près du temple, sur un des côtés du détroit,
dans une plaine large et unie, plus commode pour engager
un combat que pour asseoir un camp, et ce ne
fut pas une des moindres causes de la maladie qui, l'hiver,
et bien plus encore l'été, sévit contre eux.
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