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| [47,38] οὗτοι μὲν οὖν δὴ διά τε ταῦτα καὶ διὰ τὸν Σέξτον τήν τε
 Σικελίαν ἔχοντα καὶ τῆς Ἰταλίας πειρῶντα, μὴ καὶ χρονισάντων
 αὐτῶν τήν τε Ἰταλίαν καταλάβῃ καὶ ἐς τὴν Μακεδονίαν ἔλθῃ,
 ὤργων. ὁ δὲ δὴ Κάσσιος ὅ τε Βροῦτος ἄλλως μὲν οὐκ ὤκνουν
 τὴν μάχην (ὅσον γὰρ τῇ ῥώμῃ τῶν στρατιωτῶν ἠλαττοῦντο, τοσοῦτον 
 τῷ πλήθει ἐπλεονέκτουν), ἐκλογιζόμενοι δὲ τά τε ἐκείνων
 καὶ τὰ σφέτερα (σύμμαχοί τε γὰρ αὐτοῖς καθ´ ἑκάστην ἡμέραν
 προσεγίγνοντο, καὶ τὴν τροφὴν ἄφθονον ὑπὸ τῶν νεῶν εἶχον) ἀνεβάλλοντο, 
 εἴ πως ἄνευ κινδύνου καὶ φθόρου τινῶν ἐπικρατήσειαν·
 ἅτε γὰρ δημεράσται τε ἀκριβῶς ὄντες καὶ πρὸς πολίτας ἀγωνιζόμενοι 
 ἐκείνων τε οὐδὲν ἧττον ἢ τῶν συνόντων σφίσι διεσκόπουν,
 καὶ ἐπεθύμουν ἑκατέροις ὁμοίως καὶ τὴν σωτηρίαν καὶ τὴν ἐλευθερίαν 
 παρασχεῖν. χρόνον μὲν οὖν τινα διὰ ταῦτα ἀνέσχον, οὐκ
 ἐθέλοντές σφισιν ἐς χεῖρας ἐλθεῖν· ὡς μέντοι τὰ στρατεύματα,
 ἅτε ἐκ τοῦ ὑπηκόου τὸ πλεῖστον ὄντα, τῇ τε τριβῇ βαρυνόμενα
 καὶ τῶν ἀντιπολεμούντων καταφρονήσαντα, ὅτι τὸ καθάρσιον τὸ
 πρὸ τῶν ἀγώνων γιγνόμενον ἐντὸς τοῦ ἐρύματος ὡς καὶ δεδιότες
 ἐποιήσαντο, ἔς τε τὴν μάχην ὥρμησαν καὶ διελάλουν ὅτι, ἂν ἐπὶ
 πλεῖον διατριφθῶσι, τό τε στρατόπεδον ἐκλείψουσι καὶ διασκεδασθήσονται, 
 οὕτω δὴ καὶ ἄκοντες συνέμιξαν.
 | [47,38] Ces motifs et la crainte que Sextus, qui occupait la 
Sicile et tentait de passer en Italie, ne s'emparât de ce 
pays, s'ils tardaient, et ne vînt en Macédoine, 
enflammaient leur impatience. Quant à Cassius et à 
Brutus, ils ne redoutaient pas un combat (car, s'ils 
étaient inférieurs pour la valeur des soldats, ils avaient 
l'avantage pour le nombre) : d'un autre côté, considérant 
la situation de l'ennemi et la leur (chaque jour il leur 
arrivait des alliés, et leurs vaisseaux leur fournissaient 
des vivres en abondance), ils différaient dans l'espoir de 
remporter peut-être la victoire sans danger et sans perte 
d'hommes; car, comme ils aimaient véritablement le 
peuple et qu'ils combattaient contre des concitoyens, ils 
ne songeaient pas moins à leurs adversaires qu'à leurs 
propres soldats, et ils désiraient procurer aux uns et aux 
autres le salut et la liberté. Ils restèrent donc quelque 
temps en suspens, sans vouloir en venir aux mains. 
Cependant, comme leurs troupes, composées en 
majeure partie de peuples soumis, étaient fatiguées du 
retard et pleines de mépris pour des ennemis qui avaient 
fait dans l'intérieur des retranchements la lustration 
ordinaire avant une bataille comme s'ils y eussent été 
obligés par la frayeur, brûlaient de combattre et 
parlaient, si l'on tardait plus longtemps, d'abandonner 
l'armée et de se séparer, ils se virent, malgré eux, 
contraints d'engager l'action.
 |  | [47,39] μέγιστον δὴ τὸν ἀγῶνα τοῦτον καὶ ὑπὲρ πάντας τοὺς ἐμφυλίους
 τοὺς τοῖς Ῥωμαίοις γεγονότας οὐκ ἀπεικότως ἄν τις συμβῆναι νομίσειεν, 
 οὐχ ὅτι καὶ τοῖς πλήθεσιν ἢ καὶ ταῖς ἀρεταῖς τῶν μαχεσαμένων 
 διήνεγκεν αὐτῶν (πολλῷ γὰρ καὶ πλείους καὶ ἀμείνους
 σφῶν πολλαχόθι ἠγωνίσαντο), ἀλλ´ ὅτι περί τε τῆς ἐλευθερίας καὶ
 τῆς δημοκρατίας τότε ὡς οὐπώποτε ἐπολέμησαν. συνέπεσον μὲν
 γὰρ καὶ αὖθις ἀλλήλοις, ὥσπερ καὶ πρότερον· ἀλλ´ ἐκείνους μὲν
 τοὺς ἀγῶνας ὑπὲρ τοῦ τίνος ἐπακούσουσιν ἐποιήσαντο, τότε δὲ
 οἱ μὲν ἐς δυναστείαν αὐτοὺς ἦγον, οἱ δὲ ἐς αὐτονομίαν ἐξῃροῦντο.
 ὅθεν οὐδ´ ἀνέκυψεν ἔτι πρὸς ἀκριβῆ παρρησίαν ὁ δῆμος καίπερ 
 ὑπ´ οὐδενὸς ἀλλοτρίου ἡττηθείς (τὸ γάρ τοι ὑπήκοον τό τε συμμαχικὸν 
 τὸ τότε αὐτοῖς παραγενόμενον ἐν προσθήκης μέρει τοῦ
 πολιτικοῦ ἦν), ἀλλ´ αὐτός τε ἑαυτοῦ κρείττων τε ἅμα καὶ ἥττων
 γενόμενος καὶ ἔσφηλεν ἑαυτὸν καὶ ἐσφάλη, κἀκ τούτου τό τε δημοκρατικὸν 
 συμπαρανάλωσε καὶ τὸ μοναρχικὸν ἐκράτυνε. καὶ οὐ
 λέγω ὡς οὐ συνήνεγκεν αὐτοῖς ἡττηθεῖσι τότε· τί γὰρ ἄν τις ἄλλο
 περὶ αὐτῶν ἀμφοτέρωθεν μαχεσαμένων εἴποι ἢ ὅτι Ῥωμαῖοι μὲν
 ἐνικήθησαν, Καῖσαρ δὲ ἐκράτησεν; ὁμοφρονῆσαι μὲν γὰρ ἐν τῷ
 καθεστῶτι τρόπῳ τῆς πολιτείας οὐκέθ´ οἷοί τε ἦσαν· οὐ γὰρ ἔστιν
 ὅπως δημοκρατία ἄκρατος, ἐς τοσοῦτον ἀρχῆς ὄγκον προχωρήσασα, 
 σωφρονῆσαι δύναται· πολλοὺς δ´ ἂν ἐπὶ πολλοῖς καὶ αὖθις
 ἀγῶνας ὁμοίους ἀνελόμενοι πάντως ἄν ποτε ἐδουλώθησαν ἢ καὶ
 ἐφθάρησαν.
 | [47,39] Que cette bataille ait été la plus grande et la plus 
importante de toutes celles qui eurent lieu dans les 
guerres civiles entre les Romains, on peut justement se 
le figurer. Ce n'est pas qu'elle l'ait emporté par le 
nombre ou par la valeur des combattants (il y eut 
maintes fois en présence des combattants bien plus 
nombreux et bien plus braves): mais c'est que la liberté 
et la république étaient ici, plus qu'elles ne l'avaient 
jamais été, le motif de la guerre. On en vint donc de 
nouveau aux mains comme auparavant ; mais, dans les 
luttes précédentes, il s'agissait de décider à qui on 
obéirait, au lieu que, dans la circonstance actuelle, un 
parti conduisait le peuple romain à la domination d'un 
seul, tandis qu'un autre s'efforçait de lui rendre son 
indépendance. Aussi le peuple, bien que n'ayant été 
vaincu par aucune nation étrangère, ne leva-t-il plus 
désormais la tête à un langage vraiment libre (les sujets 
et les alliés qui prirent part à la lutte n'étaient, en 
quelque sorte, que l'accessoire des citoyens romains): 
supérieur et, en même temps, inférieur à lui-même, il 
fut lui-même l'auteur et la victime de sa chute, et à 
partir de ce moment l'esprit populaire se perdit, tandis 
que l'esprit monarchique se fortifia. Je ne prétends pas 
dire par là que cette défaite ne fut pas alors utile pour 
les Romains. Que dire, en effet, de ceux qui 
combattirent des deux côtés, sinon que des Romains 
furent vaincus et que ce fut César qui remporta la 
victoire? Les Romains, dans la position où se trouvait la 
république, n'étaient plus capables de concorde; car il 
n'est pas possible qu'un gouvernement purement 
populaire, parvenu à un empire aussi excessif, puisse se 
maintenir dans les bornes de la modération. Plus d'une 
lutte pareille, engagée pour plus d'une raison, aurait 
inévitablement amené la servitude ou la ruine.
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