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[45,14] ἦρχε μὲν δὴ τότε τῆς χώρας ἐκείνης ὁ Βροῦτος ὁ Δέκιμος,
καὶ αὐτοῦ ὁ Ἀντώνιος ἐλπίδα πολλὴν εἶχεν ἅτε καὶ τὸν Καίσαρα
ἀπεκτονότος· ἐπράχθη δὲ ὧδε. ὁ Δέκιμος οὔτε τι ἐς τὸν Καίσαρα
ὑποπτεύων (οὐδὲ γὰρ ἐπηπείλει τι τοῖς σφαγεῦσι) καὶ τὸν Ἀντώνιον
οὐδὲν μᾶλλον ἐκείνου πολέμιον ἢ καὶ ἑαυτοῦ τῶν τε ἄλλων τῶν τι
δυναμένων ὑπ´ ἐμφύτου πλεονεξίας ὁρῶν ὄντα, οὐχ ὑπεῖξεν αὐτῷ.
μαθὼν οὖν τοῦτο ὁ Καῖσαρ ἐπὶ πολὺ μὲν ἠπόρησεν ὅ τι πράξῃ.
ἐμίσει μὲν γὰρ ἀμφοτέρους αὐτούς, οὐ μέντοι καὶ εἶχεν ὅπως ἑκατέρῳ
ἅμα μάχοιτο· οὐδὲ γὰρ τῷ ἑτέρῳ σφῶν ὁποτερῳοῦν ἀντίπαλος
ἤδη ἦν, πρὸς δὲ καὶ ἐδεδίει μὴ τοῦτο τολμήσας συστήσῃ
τε αὐτοὺς ἀλλήλοις καὶ καθ´ ἓν ἀμφοτέροις πολεμήσῃ. λογισάμενος
οὖν ὅτι ὁ μὲν πρὸς τὸν Ἀντώνιον ἀγὼν ἤδη τε ἐνέστηκε καὶ ἐπείγει,
τῆς δὲ τιμωρίας τῆς τοῦ πατρὸς οὐδέπω καιρὸς εἴη, τὸν Δέκιμον
προσηταιρίσατο. καὶ γὰρ εὖ ἠπίστατο ὅτι τούτῳ μέν, ἂν τῶν ἀντικαθεστηκότων
δι´ αὐτοῦ κρατήσῃ, οὐδὲν μέγα ἔργον μετὰ τοῦτό
οἱ προσπολεμήσας ἕξει, ἐκεῖνον δὲ ἰσχυρὸν αὖθις πολέμιον σχήσει·
| [45,14] Le gouverneur de cette province était Décimus
Brutus, et Antoine avait grand espoir en lui, parce qu'il
était un des meurtriers de César. Mais voici ce qui arriva.
Décimus n'ayant aucune défiance contre César (il
n'avait fait aucune menace contre les meurtriers) et
voyant qu'Antoine, par son ambition naturelle, n'était
pas plus l'ennemi de César que le sien et celui des autres
qui avaient quelque pouvoir, ne lui céda pas. A cette
nouvelle, César fut longtemps incertain de ce qu'il ferait.
Il les haïssait, il est vrai, tous les deux, mais il lui était
impossible de combattre l'un et l'autre à la fois; car il
n'était pas assez fort pour lutter contre l'un ou l'autre
des deux, et de plus il craignait, s'il l'osait faire, de les
réunir contre lui et d'avoir à les combattre ensemble.
Calculant donc que la lutte contre Antoine était déjà engagée
et pressante, tandis que le moment de venger son
père n'était pas encore arrivé, il se réconcilia avec Décimus.
Il savait bien en effet que l'un, si, avec son aide,
il sortait victorieux des circonstances présentes, ne lui
donnerait jamais grande peine à combattre, tandis que
l'autre deviendrait pour lui un adversaire puissant, tant
leur inimitié était profonde.
| [45,15] τοσοῦτόν που ἀλλήλων διέφερον. πέμψας οὖν πρὸς τὸν Δέκιμον
φιλίαν τε αὐτῷ ἐπηγγείλατο, καὶ συμμαχίαν, ἂν μὴ τὸν Ἀντώνιον
δέξηται, προσυπισχνεῖτο. καὶ διὰ τοῦτο καὶ οἱ ἐν τῷ ἄστει τὴν
χάριν τὴν τοῦ Καίσαρος συνῄροντο. τότε μὲν οὖν (ἤδη γὰρ ὅ τε
ἐνιαυτὸς ἐξῄει καὶ ὕπατος οὐδεὶς παρῆν· ὁ γὰρ Δολοβέλλας ἐς τὴν
Συρίαν ὑπὸ τοῦ Ἀντωνίου προεξεπέπεμπτο) ἔπαινοι ἐν τῇ βουλῇ
αὐτοῖς τε ἐκείνοις καὶ τοῖς στρατιώταις τοῖς τὸν Ἀντώνιον ἐγκαταλιποῦσι,
τῶν δημάρχων ἐπιψηφισάντων, ἐγένοντο. καὶ ὅπως γε
μετὰ ἀδείας τοῦ νέου ἔτους ἐνστάντος βουλεύσωνται περὶ τῶν παρόντων,
φρουρᾷ σφίσι στρατιωτῶν ἐν τῷ συνεδρίῳ χρῆσθαι ἔδοξε.
ταῦτα γὰρ ἤρεσκε μὲν καὶ τοῖς ἄλλοις τοῖς πλείοσι τῶν ἐν τῇ
Ῥώμῃ τότε ὄντων (τὸν γὰρ Ἀντώνιον δεινῶς ἐμίσουν), μάλιστα
δὲ δὴ τῷ Κικέρωνι· διὰ γὰρ τὸ πρὸς αὐτὸν ἔχθος σφοδρότατον
ὑπάρχον τόν τε Καίσαρα ἐθεράπευε, καὶ πᾶν ὅσον ἐδύνατο καὶ
λόγῳ καὶ ἔργῳ τούτῳ τε ἐβοήθει καὶ ἐκεῖνον ἐκάκου. καὶ διὰ
τοῦτο, καίτοι ἐκχωρήσας ἐκ τῆς πόλεως ὡς καὶ τὸν υἱὸν Ἀθήναζε
ἐπὶ παιδείᾳ προπέμψων, ἐπανῆλθεν ἐπειδήπερ ἐκπεπολεμωμένους
σφᾶς ᾔσθετο.
| [45,15] Il envoya donc vers Décimus pour lui offrir son
amitié et lui promettre son alliance, s'il ne recevait pas
Antoine. Cette démarche fit que, même à Rome, la faveur
publique fut acquise à César. Alors, comme l'année était
sur le point de finir, et qu'aucun des consuls n'était présent
(Dolabella avait été envoyé à l'avance en Syrie par Antoine),
des éloges furent, sur la proposition des tribuns du
peuple, accordés en plein sénat à César et à Décimus, ainsi
qu'aux soldats qui avaient abandonné Antoine. Afin de
pouvoir, au commencement de la nouvelle année, délibérer
sans crainte sur les circonstances présentes, on
résolut de faire garder par des troupes l'assemblée du
sénat. Ces mesures furent approuvées par le plus grand
nombre de ceux qui se trouvaient alors dans Rome
et qui haïssaient vivement Antoine, mais surtout par
Cicéron, car c'était à cause de son inimitié contre Antoine
qu'il servait César, et faisait, par sa parole et par ses
actions, tout ce qu'il pouvait pour aider l'un et pour
nuire à l'autre. C'est aussi pour ce motif que, après
avoir quitté Rome sous prétexte d'accompagner son fils
à Athènes, où il allait étudier, il revint sur ses pas dès
qu'il eut appris que la guerre avait éclaté entre eux.
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