[20,82] ὃ δὴ συνορῶν ὁ Ἀντίγονος καὶ σπεύδων αὐτοὺς
ἀποσπάσαι τῆς πρὸς ἐκεῖνον ἐπιπλοκῆς τὸ μὲν πρῶτον
πρεσβευτὰς ἀπέστειλε καθ´ ὃν καιρὸν ὑπὲρ τῆς Κύπρου
διεπολέμει πρὸς Πτολεμαῖον, ἀξιῶν αὐτῷ συμμαχεῖν καὶ ναῦς
συναποστεῖλαι τῷ Δημητρίῳ· οὐ προσεχόντων δ´ αὐτῶν
ἀπέστειλέ τινα τῶν στρατηγῶν μετὰ νεῶν, συντάξας τοὺς
πλέοντας εἰς Αἴγυπτον ἐκ τῆς Ῥόδου κατάγειν καὶ
περιαιρεῖσθαι τὰ φορτία. τούτου δ´ ἐκβληθέντος ὑπὸ
τῶν Ῥοδίων φήσας αὐτοὺς ἀδίκου κατῆρχθαι πολέμου
διηπειλήσατο πολιορκήσειν δυνάμεσιν ἁδραῖς τὴν πόλιν.
οἱ δὲ Ῥόδιοι τὸ μὲν πρῶτον ἐψηφίσαντο μεγάλας αὐτῷ
τιμὰς καὶ πέμψαντες πρέσβεις ἠξίουν μὴ βιάσασθαι
τὴν πόλιν προπεσεῖν παρὰ τὰς συνθήκας εἰς τὸν πόλεμον πρὸς
Πτολεμαῖον. τραχύτερον δὲ τοῦ βασιλέως
ἀπαντῶντος καὶ τὸν υἱὸν Δημήτριον ἐκπέμψαντος μετὰ
δυνάμεως καὶ πολιορκητικῶν ὀργάνων φοβηθέντες τὴν
ὑπεροχὴν τοῦ βασιλέως τὸ μὲν πρῶτον ἀπέστειλαν πρὸς
τὸν Δημήτριον, φήσαντες συμπολεμήσειν Ἀντιγόνῳ
πρὸς Πτολεμαῖον· ὡς δ´ ἐκεῖνος ὁμήρους ἑκατὸν ᾔτει
τοὺς ἐπιφανεστάτους καὶ τοῖς λιμέσι δέχεσθαι τὸν
στόλον προσέταττεν, ὑπολαβόντες ἐπιβουλεύειν αὐτὸν
τῇ πόλει, τὰ πρὸς πόλεμον παρεσκευάζοντο. Δημήτριος
δὲ πᾶσαν τὴν δύναμιν ἀθροίσας εἰς τὸν ἐν Λωρύμοις
λιμένα στόλον ἐξήρτυε πρὸς τὸν ἐπίπλουν τὸν ἐπὶ τὴν
Ῥόδον. εἶχε δὲ ναῦς μακρὰς μὲν παντοίας μεγέθει
διακοσίας, ὑπηρετικὰ δὲ πλείω τῶν ἑκατὸν ἑβδομήκοντα·
ἐν δὲ τούτοις ἐκομίζοντο στρατιῶται βραχὺ
λειπόμενοι τῶν τετρακισμυρίων σὺν ἱππεῦσι καὶ τοῖς
συμμαχοῦσι πειραταῖς. ὑπῆρχε δὲ καὶ βελῶν παντοίων
πλῆθος καὶ πάντων τῶν πρὸς πολιορκίαν χρησίμων
μεγάλη παρασκευή. χωρὶς δὲ τούτων ἰδιωτικὰ πόρια
συνηκολούθει τῶν ταῖς ἀγοραῖς χρωμένων βραχὺ λειπόμενα τῶν
χιλίων· πολλὰ γὰρ ἔτη τῆς χώρας τῆς Ῥοδίων
ἀπορθήτου γεγενημένης συνέρρει πανταχόθεν πλῆθος τῶν
εἰωθότων ὠφελείας ἰδίας ἡγεῖσθαι τὰ τῶν πολεμουμένων ἀτυχήματα.
| [20,82] Antigone, auquel rien de tout cela n'avait
échappé, s'empressa d'entraîner les Rhodiens dans son
parti. Déjà à l'époque où ils faisaient la guerre ayec Ptolémée
au sujet de la guerre de Cypre, il avait envoyé des
députés pour les engager à conclure avec lui un traité d'alliance
et à fournir des vaisseaux à Démétrius ; les Rhodiens
s'y étant refusés, Antigone avait détaché un de ses nauarques
avec l'ordre de capturer tous les bâtiments qui se rendraient
de Rhodes en Égypte, et de confisquer leurs cargaisons.
Mais ce commandant ayant été repoussé par les
Rhodiens, Antigone prit ce prétexte pour les accuser d'être
cause d'une guerre injuste, et les menaça de venir assiéger
leur ville avec des forces considérables. Dans le premier
moment, les Rhodiens décrétèrent à Antigone de grands
honneurs et lui envoyèrent une députation pour le supplier
de ne pas forcer leur ville à violer les traités eu prenant
part à une guerre contre Ptolémée. Cette députation fut
très mal accueillie par le roi, qui fit partir son fils Démétrius
avec une armée et des machines de guerre. Les Rhodiens,
effrayés de la supériorité des forces du roi, envoyèrent
une députation à Démétrius, et promirent de seconder
Antigone dans sa guerre contre Ptolémée. Mais Démétrius
exigea qu'on lui livrât en otage cent citoyens des plus notables,
et que sa flotte fût reçue dans les ports de l'île. Les
Rhodiens s'imaginèrent que Démétrius avait médité quelque
projet contre leur ville; ils se préparèrent donc activement
à la guerre. De son côté, Démétrius rassembla
toutes ses troupes dans le port de Loryme et appareilla sa
flotte pour attaquer l'île de Rhodes. Cette flotte était formée
de deux cents vaisseaux longs et de plus de cent soixante-dix
bâtiments de transport, sur lesquels étaient embarqués
environ quarante mille hommes, y compris quelques cavaliers
et des pirates alliés. Indépendamment d'une immense
quantité d'armes de trait et de machines de siége, cette flotte
était suivie de près de mille bâtiments privés; car, comme
depuis bien des années le territoire des Rhodiens n'avait
point été ravagé par l'ennemi, on voyait accourir de tous
côtés une foule de gens qui font métier de tirer profit du
malheur d'autrui.
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