[17,66] Ὁ δὲ ᾿Αλέξανδρος παραλαβὼν τὴν πόλιν καὶ τοὺς ἐν
τοῖς βασιλείοις θησαυροὺς εὗρεν ἀσήμου χρυσοῦ καὶ
ἀργύρου πλείω τῶν τετρακισμυρίων ταλάντων. (2)
Ταῦτα δὲ ἐκ πολλῶν χρόνων οἱ βασιλεῖς ἄθικτα
διετήρησαν, πρὸς τὰ παράλογα τῆς τύχης ἀπολιπόντες
αὑτοῖς καταφυγάς. Χωρὶς δὲ τούτων ὑπῆρχεν
ἐνακισχίλια τάλαντα χρυσοῦ χαρακτῆρα δαρεικὸν
ἔχοντα. (3) Ἰδιον δέ τι συνέβη γενέσθαι τῷ βασιλεῖ κατὰ
τὴν παράληψιν τῶν χρημάτων. Καθίσαντος γὰρ αὐτοῦ
ἐπὶ τὸν βασιλικὸν θρόνον καὶ τούτου μείζονος ὄντος ἢ
κατὰ τὴν συμμετρίαν τοῦ σώματος, τῶν παίδων τις
ἰδὼν τοὺς πόδας ἀπολείποντας πολὺ τοῦ κατὰ τὸν
θρόνον ὑποβάθρου βαστάσας τὴν Δαρείου τράπεζαν
ὑπέθηκε τοῖς ποσὶν αἰωρουμένοις. (4) Ἁρμοστῆς δὲ
γενομένης ὁ μὲν βασιλεὺς ἀπεδέξατο τὴν τοῦ πράξαντος
εὐστοχίαν, τῶν δὲ παρεστώτων τις τῷ θρόνῳ εὐνοῦχος
κινηθεὶς τὴν ψυχὴν τῇ μεταβολῇ τῆς τύχης ἐδάκρυσεν.
(5) Ὃν ἰδὼν ὁ ᾿Αλέξανδρος ἤρετο, τί κακὸν ἰδὼν γεγονὸς
κλαίεις; Ὁ δὲ εὐνοῦχος ἔφησε, νῦν μὲν σός εἰμι δοῦλος,
πρότερον δὲ Δαρείου, καὶ φύσει φιλοδέσποτος ὢν
ἤλγηκα ἰδὼν τὸ παρ' ἐκείνῳ μάλιστα τιμώμενον νῦν
ἄτιμον γεγονὸς σκεῦος. (6) Ὁ δὲ βασιλεὺς διὰ τῆς
ἀποκρίσεως λαβὼν ἔννοιαν τῆς ὅλης κατὰ τὴν
Περσικὴν βασιλείαν μεταβολῆς ὑπέλαβεν ἑαυτὸν
ὑπερήφανόν τι πεποιηκέναι καὶ τῆς πρὸς τὰς
αἰχμαλωτίδας ἐπιεικείας ἀλλοτριώτατον. (7) Διόπερ
προσκαλεσάμενος τὸν θέντα τὴν τράπεζαν ἐπέταξεν
ἆραι πάλιν. Ἐνταῦθα παρεστὼς Φιλώτας, ἀλλ' οὐχ ὕβρις
ἐστίν, εἶπεν, τὸ μὴ ὑπὸ σοῦ προσταχθέν, ἀλλὰ δαίμονός
τινος ἀγαθοῦ προνοίᾳ καὶ βουλήσει. Ὁ δὲ βασιλεὺς
οἰωνισάμενος τὸ ῥηθὲν προσέταξεν ἐᾶν κειμένην ὑπὸ τῷ
θρόνῳ τὴν τράπεζαν.
| [17,66] Il est vrai qu'Alexandre trouva dans Suse et dans le palais impérial la valeur
de plus de quarante mille talents d'or ou d'argent non encore monnayé. (2) Les rois
précédents avaient amassé successivement cette somme sans y avoir encore touché,
pour trouver une ressource dans les revers imprévus de la fortune. Il y
avait outre cela une réserve de neuf mille talents d'or frappés en Dariques,
monnaie de Perse. (3) Mais il arriva quelque chose de particulier à
Alexandre lorsqu'on étalait ses trésors en sa présence. On l'avait fait
asseoir sur le siège ordinaire du roi ; et comme ce siège était trop haut
pour lui, un des pages de Darius qui se trouva là, remarquant que les
jambes du roi étaient pendantes, alla chercher une table de Darius pour la
mettre sous les pieds du roi. (4) Comme il se trouva alors à son aise, il sut
bon-gré au page de cette attention: mais un des eunuques du trône touché
en ce moment du revers de la fortune de son prince se mit à pleurer. (5)
Alexandre lui demanda aussitôt quelle était la cause de ses larmes.
L'eunuque lui répondit naïvement : j'étais autrefois le serviteur de Darius et
je suis maintenant le vôtre : et je pleure de ce qu'un meuble honorable du
temps de mon premier maître est avili sous le second. (6) Alexandre
faisant alors réflexion sur le renversement universel de l'empire et de la
fortune de la Perse, se reprocha intérieurement à lui-même d'avoir abusé
de sa prospérité présente et de n'avoir pas assez respecté le malheur de
ceux qu'il avait lui-même vaincus. (7) Aussitôt appelant celui qui lui avait
apporté cette table, il lui ordonna de la reporter où il l'avait prise. Philotas
arrivant là-dessus, lui dit que cet incident n'était point un outrage qu'il eut
fait à la fortune de Darius et que la chose avait plutôt été conduite par une
providence particuliers des dieux. Le roi tranquillisé par cette dernière
interprétation fit laisser la table sous ses pieds comme on l'avait mise.
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